Bien que n'ayant aucun attachement particulier à l'original signé John Boorman avec ses fameux splitscreens et ses références permanentes au maître du suspense, aka Kubrick, sans oublier sa scène fétiche dite du "crucifix dans l'anus", nous avons fini une soirée devant cette énième resucée infâme, dont le working title était "Remake #00094857383221". Pour ceux qui ignorent encore l'histoire de Carrie : dans la petite ville de Castle Rock (Ontario), la jeune Carrie, qui a grandi sous les chicken wings d'une mère poule, subit la petite blague de trop de la part de ses camarades de classe, assez taquins. Elle se rend alors compte qu'un surplus d'adrénaline provoque chez elle des dons de télékinésie et de psychothérapie. De fil en aiguille, la mère croyante de Carrie tricote des pulls à sa fille, mais ça ne suffit plus à calmer les sautes d'humeur de la lycéenne qui, lors du bal de fin d'année, et après une ultime farce de ses camarades enjoués, finit par se venger de tous dans un bain de sang démesuré.
Julianne Moore, que diable es-tu venue faire dans cette galère ? Nathalie Kosciusko-Morizet était faite pour le rôle !
Cette histoire, qui dégénère à vue d’œil et dresse un portrait au vitriol de l'adolescence américaine, est sortie du plumeau du King. John Boorman l'a adaptée au cinéma pour pasticher, à la sauce post-moderne et dadaïste, son modèle de toujours, le célèbre "Kub". Kimberley Pierce quant à lui l'a reprise pour nous servir une soupe à la grimace cinématographique, une bouillabaisse filmique dépourvue du moindre intérêt, dont la seule tentative - actualiser l'humiliation en la faisant passer par les écrans de téléphones portables et autres écrans géants du traditionnel bal de fin d'année, et en profiter pour suggérer la mise en abyme écranique générale du merdier (Kub via Boorman via Pierce) - se solde par un échec cuisant. Récemment on a cloué au mur un type qui s'est amusé à torturer un chat innocent. Rappelons aux parigots et aux cons en général que ce fameux animal torturé, Toxic le chat, lancé en l'air contre des parpaings dans des vidéos qui ont fait le tour du web, n'est pas un cas isolé. Quinze fois par minute en moyenne (source IPSOS), d'autres chats du même acabit meurent sous les coups d'enfants désœuvrés de proche banlieue ou des campagnes les plus reculées. Parfois même il advient que des chats de bonne famille meurent intoxiqués après avoir simplement gobé le poisson rouge aux yeux globuleux qui, faute d'apports nutritionnels journaliers, surnageait depuis une paye à la surface de l'aquarium familial.
Chloë Grace Moretz a été désignée Scream Queen grâce à Kimberley Pierce, quant à elle depuis longtemps consacrée Screen Gouine.
C'est précisément la tragédie qui est arrivée au chat d'un ami à nous, appelé "Henri portrait d'un sérial killer" (c'était le nom de son chat, pas le sien !). Son bestiau de compagnie a vu là une aubaine incroyable de bouffer du poisson pour la première fois de sa vie, et en prime ça tombait un vendredi. Le greffe n'a pas eu son week-end... Il est mort en un éclair. L'animal a eu ce soubresaut qu'ont les félins à chaque déglutition, sauf que ce spasme fut aussi celui de sa mort. A peine passée la glotte, le poisson's poison l'a laissé pour mort. Mais ce qu'on a reproché au bourreau de youtube, ce jeune homme qui, comme tant d'autres, a décapsulé un chat, mais qui a eu l'idée de le faire devant sa webcam pour devenir une star, et ce dont le monde entier s'est ému dans un bel élan collectif (chacun ses sources d'indignation...), c'est que la chose ait été filmée et montrée. Or, si l'on applique la jurisprudence "Toxic le chat", le Carrie, la revanche de Kimberley Pierce, étant précisément un objet filmé, mérite lui aussi l'opprobre et la crucifixion.
Carrie, la revanche de Kimberley Pierce avec Chloé Grace Moretz et Julianne Moore (2013)