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Channel: Il a osé !
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Alien 3

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Il est toujours difficile pour nous d'aborder la sortie d'un nouveau Fincher. Pas tellement par crainte de ne pas piger le titre, ni de découvrir des goofs insensés, ou de se retrouver nez à nez avec Mr. Tissier, le dentiste de Limoux, sosie officieux de La Finche, qui voulait absolument combler mes dents du bonheur en quatrième, alors qu'elles font "mon charme" selon les meufs. Non, s'il est si difficile de se rendre dans une salle obscure pour un nouveau Fincherman friend, c'est parce que Le Mal, un ami très proche de notre mentor Le Tank, a perdu la vie lors de l'avant-première d'Alien 3, ou Alienε, à l'instant même où Sigourney Waffer se jetait dans les flammes. Le Tank se plait d'ailleurs à raconter cette anecdote selon laquelle à l'enterrement, où chacun répétait "Il est parti trop tôt", il avait trouvé bon de rétorquer "Trop tôt, trop tôt, il s'est quand même fadé 2 heures de péloche...". Il faut quand même préciser que Le Mal était aveugle et sourd, "Mais hélas pas muet !", renchérit Le Tank...


Une vue de la plage où les parents du Mal ont échoué après le Vietnam...

Le Mal ne devait ce sobriquet qu'à son état civil. En effet, ses parents vietnamiens, boat-people fraichement débarqués en Lorraine par l'intermédiaire du Tank, avaient eu le malheur de déclarer leur enfant devant l'employée de mairie de Thionville, ouvertement raciste. Ils proposèrent le prénom "Max" (qui sonnait américain, ce qui devait les protéger), mais la secrétaire crut entendre "Marc", ce à quoi les parents répondirent "Non, non, c'est entendu mal" avec un accent à couper au couteau. La chargée de l'état civil, un poil procédurière, leur annonça alors que le "Mal"était fait, et en cela devenait le prénom officiel de l'enfant, en vertu de la règle dite du photomaton "La deuxième photo sera la bonne, de toute façon pas le choix". Pas rancunier, Le Mal s'asseyait quelques 20 années plus tard au guichet de cette même mairie, vivant une existence plutôt paisible, laissant la vie de débauche au Tank, le sauveur de ses parents, qui avait pourtant pris le "petit malin", comme il aimait à l'appeler, sous son aile.


Chez Lerouge, les meilleurs rillons de porc de Lorraine !

Mais un malheureux accident de la vie allait tourner irréversiblement Le Mal vers le malin, au grand plaisir de notre mentor... Victime d'un faux pas et d'un clebs un peu trop collant lors du montage de sa véranda, Le Mal s'encastrait dans la baie vitrée, entre les deux yeux, devenant définitivement aveugle. Entré dans une rage folle après qu'on lui ait signifié qu'il ne pouvait plus officier à l'accueil des nouveaux Thionvillois, le Mal sombra définitivement : il se mit à fixer le Soleil chaque jour durant de longues heures, bien décidé à devenir sourd... "Appelez moi Alain Keller !", vociférait-il. Le Tank exauça finalement le vœu de celui qu'il avait vu naître (littéralement), en hurlant dans un mégaphone porté successivement à ses deux oreilles "Tu fais quoi p'tit malin ? Tu regardes les étoiles couillon ?". Après cette nuit, Le Mal pouvait enfin jouer au dur, prétendant devoir son infirmité à la guerre en Afghanistan, celle-ci n'ayant pourtant pas encore eu lieu...


Charles Dance n'est pas verni : après s'être fait bouffer par un Alien, son personnage de Tywin Lannister se fait assassiner à l'arbalète par son propre fils dans le dernier épisode de Game of Thrones *spoiler off*

Le Tank, voyant enfin son protégé marcher dans ses pas, devenait alors son meilleur et, à vrai dire, seul ami. Le Mal croyait correspondre avec lui en morse (code qu'il ne maitrisait pas), tandis que le Tank s'amusait seulement à le malmener en lui envoyant des coups de lattes dans les cuisses avec sa jambe de bois. Un beau soir de 1979, après une exténuante journée de roadtrip dans la campagne mosellane et alors que le Tank ruinait une nouvelle fois le jambon de son pote, le Mal déchiffra dans la souffrance le message que lui envoyait son terrible ami : "taaak... taktaktaktaktaktak... tak, tak, tak, taaaaak". Traduction : "On se fait une petite toile ?". Réponse : "J'vois que dalle et j'entends rien, tu me prends pour un con ?". Taktaktaktak ratatatatatatak. "Bon allez, banco, j'te suis !".


La derrière échographie du Tank avant son opération de l'appendicite... Pas de nouvelle du médecin...

C'est ainsi que le Tank et le Mal se retrouvèrent devant Alien, après une course d'éclopés pour choper du popcorn avant le début des pubs. Le Mal se découvrit alors une vibrante passion pour le ciné... Surtout le ciné avec du gros son, comme cette stéréo six pistes qui officiait sur l'opus de Ridley Scott. A chaque moment de tension, de vibrations, on pouvait entendre Le Mal suffoquer, s'étrangler, lâcher des "OOOOOOH PUTAIN", "Vous l'avez senti ?", "Raaaaah c'est boooohonhon", "Puissaaaaant". Invariablement, la salle sortait exaspérée, à bout, devant un Tank hilare, qui profitait du générique pour labourer le flanc droit du Mal en mode "On se casse, c'est fini le film !",  qui était systématiquement reçu par un "Attends... y'a surement un bêtisier..." plein d'espoir. En plein essor de cette merveille technologique qu'était la VHS, le Mal s'était offert une petite télé de "9 pouces/ongles, je sais plus...", uniquement pour pouvoir la raccorder à son magnétoscope, mais surtout au système de son Philips haute fidélité afin de profiter de ces trois K7 vidéo : Alien, Aliens et E.T...


Le chant du cygne de Ripley, le dernier râle du Mal...

Malheureusement tel Boris Vian, fauché dans un cinoche devant une adaptation de son œuvre, c'est devant Alien 3, ce film maudit à tous les niveaux, sur un ultime "raaaaaaaaaaaah", un saut de Sigourney dans le vide, une piste Dolby Surround réglée un peu fort que Le Mal s'est soudainement éteint. Les médecins légistes n'ont jamais su élucider les circonstances de sa mort, mais le Tank jure avoir vu Le Mal se tourner vers les chiottes vers une heure et demie de film. "Je ne sais pas ce qu'il avait, mais il était parti vomir, comme une meuf enceinte. J'ai mis ça sur le compte du dégout devant ce qui avait été fait des deux premiers films... Mais maintenant que j'y repense, je me dis que je ne crois pas aux coïncidences...".

Depuis ce jour-là, le Tank s'empresse de voir tous les Fincher, "pour se vider la tronche". Pour s'exorciser aussi, peut-être. Nous, on a toujours peur d'y entrer avec lui, on ne sait jamais ce qui pourrait sortir de son bide...

† RIP LE MAL †


Alien 3 de David Fincher avec Sigourney Weaver, Charles Dance, Lance Henriksen, Pete Postlethwaite et Charles S. Dutton (1992)

Gone Girl

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Même si j'essaierai de dévoiler le moins possible de l'intrigue particulièrement retors du nouvel opus de David Fincher, je conseille d'emblée de passer leur chemin à ceux qui comptent le voir bientôt et désirent se réserver un maximum de surprises. Pour ma part, j'ignorais totalement où le cinéaste allait me mener et c'était très bien comme ça, cela m'a permis de passer un chouette moment. Je savais simplement que Ben Affleck allait se retrouver dans la tourmente suite à la mystérieuse disparition de sa femme, incarnée par Rosamund Pike. C'est tout. Et c'est bien tout ce que nous dépeint tranquillement la première partie du film durant laquelle Ben Affleck, mari infidèle que toutes les preuves accablent, se retrouve progressivement pris dans l'étau. Une première partie prenant son temps, un peu longue, mais nécessaire pour nous faire mordre à l'hameçon avant que la mécanique perverse ne se mette en marche...




Je diviserai en effet ce long métrage (2h25 au compteur) en deux grandes parties, légèrement déséquilibrées mais bien distinctes : le début, autrement dit la première partie, assez courte mais qui paraît longue, puis tout le reste, c'est-à-dire la deuxième partie, nettement plus longue mais qui paraît courte, dont je situe le début, le commencement, à partir du moment où la disparue refait surface. C'est là que le film prend une nouvelle tournure, une autre dimension, que sa construction s'alambique, se disjoint, tout en restant parfaitement limpide et cohérent. Il y a pourtant bien un moment charnière délicat où David Fincher joue avec le feu et où j'ai failli perdre pied. Ce passage durant lequel Rosamund Pike, en voix off, nous éclaire considérablement le script et change radicalement notre perception des événements passés. C'est bien l'un des seuls moments où notre as de la caméra tombe un peu dans la facilité, à coups de monologues et de flashbacks explicatifs, procédés assez maladroits mais bien pratiques pour se dépêtrer d'une scénario tordu au possible.




Gone Girl trouve ensuite son agréable rythme de croisière et réussit à surprendre très régulièrement, gardant toujours un léger temps d'avance sur nous. On se laisse ainsi manipuler et prendre au jeu avec un plaisir évident.Deux personnages évoluent alors en parallèle, l'un, en solitaire, lancé dans sa folie effrayante et entièrement calculée, l'autre, très entouré, guidé par sa volonté tenace et tout aussi réfléchie de se défendre coûte que coûte. Deux trajectoires qui parviennent à intéresser tout autant. On rigole même à l'occasion, surtout dans la dernière partie (car oui, on pourrait aussi scinder tout ça en trois, avec un ultime chapitre correspondant au retour au bercail de la disparue...), où le grotesque de la situation paraît totalement assumée. On nage alors en plein délire, comme lors de cette scène d'interrogatoire improvisé à l'hôpital, dominée par l'actrice fraîchement réapparue, intouchable, sur son nuage. 




David Fincher s'amuse et nous avec lui. Il délaisse les effets de style outranciers et souvent agaçants de ses précédents films pour une mise en scène élégante et fluide, ne se lâchant que le temps d'une scène de meurtre particulièrement gore et graphique, bien de son cru, qui intervient dans ce qui pourrait être considéré comme une sous-partie au sein de la deuxième partie (dans le cadre de ma théorie des deux grandes parties uniques). Le générique d'ouverture, d'une sobriété et d'une simplicité rares pour un Fincher, annonce bien le style. La bande originale signée par l'habituel duo Trent Reznor et Atticus Ross ne gâche rien à la fête, elle contribue grandement à donner au film son atmosphère détachée de la réalité, aérienne, survolant des bulles déconnectées de notre monde, habitées par des égos improbables. Le savoir-faire de David Fincher permet de nous faire avaler un scénario compliqué, écrit par un malade complet sans doute très malheureux en ménage. Gone Girl trouve également son salut dans une ironie et un cynisme sous-jacents qui permettent d'accepter le comportement et le caractère tout à fait invraisemblables de personnages empêtrés dans leurs nombreuses contradictions, leur narcissisme sans limite et leur désir souverain de sauver les apparences, car il n'y a bien que ça qui compte désormais, les apparences. 




Et quand je parle de personnages invraisemblables, je fais bien sûr surtout allusion à celui campé par la blonde Rosamund Pike qui entre directement au Panthéon des plus grandes timbrées jamais filmées. L'actrice, qui n'avait jusqu'alors pas prouvé grand chose et s'était le plus souvent contentée de promener sa beauté lisse et glacée devant la caméra, est vraiment remarquable dans ce rôle impossible qu'elle participe à teinter d'un humour mordant par ses expressions chafouines et son charme ambivalent. Un personnage qui risque de longtemps lui coller à la peau... Car s'il y a bien une image qui reste en mémoire, c'est celle de son regard indéchiffrable, à la fois doux, menaçant, fragile et supérieur. Troublant. Quant à l'inénarrable Ben Affleck, dont on pouvait légitimement se demander s'il était à même de porter un tel projet, l'inertie terrible qu'il dégage dans la première partie agace d'abord, avant de totalement faire sens avec son personnage de léger tocard, d'homme piégé, dépassé par les événements et, finalement, infantilisé, prisonnier, coincé. Flasque, nonchalant, indécis, atone, comme à son habitude, l'acteur, qui dit s'être inspiré du cas Michael Peterson, assure malgré tout, son jeu ne donne pas l'impression d'être très travaillé tant son aura naturel est parfaitement exploité. Ben Affleck apparaît idéalement choisi et trouve peut-être son plus grand rôle. Big up !




Sans rentrer dans une analyse approfondie du regard que porte notre ami Fincher sur l'amour, le mariage, les médias, ou que sais-je, sans resituer précisément le film dans sa filmographie pour mieux en souligner les nombreux liens et récurrences thématiques (je tiens tout de même à reconnaître que j'ai été sensible à la présence, en guise de clin d’œil réconciliateur, du fameux chat roux d'Alien, que le réalisateur avait injustement évincé de sa suite par pure insolence juvénile, provoquant la colère des fans), je dirai simplement que Gone Girl est un thriller haut de gamme, jubilatoire, maîtrisé et bien fichu, comme on en voit, hélas, trop rarement. Il s'agit sans doute du meilleur film de son auteur. A vrai dire, l'un des seuls qui m'ait pas foutu à cran !


Gone Girl de David Fincher avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Kim Dickens, Carrie Coon, Neil Patrick Harris, Tyler Perry et Patrick Fugit (2014)

Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia

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Sam Peckinpah a fait montre, tout au long de sa carrière, d'une obsession torturée pour les morts inutiles et le gâchis humain sous toutes ses formes (inutile de préciser qu'à parler des morts au cinéma, la menace du fameux "spoil" est permanente... méfiance donc). Le massacre introductif de La Horde sauvage en est un exemple majeur : si, à la fin du film, les personnages principaux n'ont guère d'autre choix que se sacrifier dans un ultime baroud d'honneur pour venger leur ami Angel et débarrasser par la même occasion les rebelles mexicains d'une bonne partie de l'armée tyrannique du général Mapache, la fusillade générale massivement meurtrière de l'ouverture n'a, quant à elle, pratiquement aucun but. Sous prétexte d'abattre la troupe de hors-la-loi menée par William Holden, les scélérats placés sous les ordres de son ancien compagnon et nouveau pourchassant, interprété par Robert Ryan, s'en donnent à cœur joie en ouvrant le feu sans retenue sur des civils en pleine procession religieuse. Largement étendue dans la durée, répondant à un montage aussi rapide que brutal et ne se faisant pas prier pour surdramatiser la mort au ralenti, la scène frappe d'emblée par sa brutale absence de sens, la décharge de violence excédant toute effort de rationalisation de la part d'un spectateur forcément effaré.


Scène de meurtre de masse au début de La Horde sauvage, où les civils comptent comme dommages collatéraux d'une tentative d'arrestation ratée.

Pat Garrett et Billy le Kid se présente quant à lui comme le récit d'une traque inassumée et d'un meurtre inutile commis au nom des plus vils intérêts pour remplir un contrat minable qui, du reste, ne sera pas honoré (le meurtre de son ami n'apportera rien à Pat Garrett, aka James Coburn, sinon sa propre fin). L'assassinat du Kid vient couronner une entreprise sans fondement et gâche stupidement une grande figure de liberté, ruinant toute la légende du Grand Ouest américain par la même occasion. L'inanité de cette trajectoire idiote s'illustre dans une scène poignante où Billy le kid (Kris Kristofferson), après avoir partagé un dernier repas avec un ancien ami (Jack Elam, l'acteur au strabisme hallucinant - son œil droit jouait au billard pendant que le gauche comptait les points -, connu notamment pour son rôle d'ennemi des mouches dans la mythique introduction d'Il était une fois dans l'ouest), engagé entretemps par Garrett pour l'arrêter, interrompt leur menu pour aller affronter le pauvre homme devant toute la maisonnée réunie en silence : Kristofferson et Elam se regardent d'un air désolé, se tournent le dos, échangent quelques mots, concluent qu'il n'y a pas d'autre option envisageable, puis s'éloignent l'un de l'autre et accomplissent un duel sans éclat. Après avoir tué son ami, le Kid s'éloigne dans le désert, laissant le corps inerte de ce bon vivant de Jack Elam, abattu sans raison, mort pour rien à la fin d'une époque pressée de balayer les valeurs d'antan sur l'autel du dollar tout-puissant et voyant venir sans ciller le règne du non-sens.


Dans Pat Garrett et Billy le kid, Kris Kristofferson abat un vieil ami sous le seul prétexte que des contrats viennent de le décider.

Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia parvient malgré tout à pousser le bouchon de l'inutile et de l'insensé encore plus loin. Dans une grande hacienda mexicaine, El Jefe (Emilio Fernandez, le Mapache de La Horde Sauvage, acteur fétiche de Peckinpah), un riche propriétaire terrien, fait casser les bras de sa propre fille pour l'entendre dire le nom de celui qui l'a mise enceinte. Ayant obtenu ce qu'il voulait, il demande à ses tueurs de lui rapporter la tête d'Alfredo Garcia. Un petit pianiste de bar nommé Benny, campé par l'immense Warren Oates, apprend la nouvelle et, alléché par la récompense promise, décide de traquer le fameux Garcia quand il apprend que sa compagne Elita l'a trompé avec ce dernier quelques jours plus tôt, et qu'après avoir mis les voiles Alfredo s'est tué dans un accident de voiture. Benny s'engage aussitôt dans une quête absurde : retrouver la tombe de l'amant de sa femme pour récupérer sa tête et empocher le pactole.


Inconscients de ce qui les attend, Benny et sa future femme commencent leur aventure morbide par une halte pastorale.

L'incongruité d'une telle odyssée est alors exacerbée, et c'est tout le talent de scénariste de Peckinpah, par une dramaturgie surprenante qui ouvre le voyage avec une longue scène bucolique où les amants sont enlacés contre un arbre et où Benny demande Elita en mariage. Plus tard ils se proposeront de faire un pique-nique en bord de route et la scène aurait tout de l'escale champêtre paradisiaque si deux motards (dont Kris Kristofferson) ne venaient les menacer, ce qui donnera à Peckinpah l'occasion d'une scène de viol à demi-consenti réservant à Elita un rôle au moins aussi ambigu que ceux tenus par la compagne d'Angel dans La Horde sauvage, vendue de son propre chef au général Mapache pour une vie meilleure, ou l'épouse de Dustin Hoffman (Susan George) dans Les Chiens de paille.


Warren Oates retrouve Isela Vega effondrée sous la douche après l'altercation avec les bikers et la troublante scène de viol impliquant Kris Kristofferson.

En chemin, le couple rencontre bien d'autres déboires, au point qu'à l'arrivée plus de vingt cadavres sont à déplorer, autant d'hommes et de femmes morts pour un mort, ou comment porter à son comble la notion de gâchis humain. Spielberg et son Il faut sauver le soldat Ryan peuvent aller se rhabiller, chez Peckinpah les hommes ne se fusillent pas pour sauver une tête, ils le font pour en posséder une déjà coupée… La force du film est d'ailleurs de parvenir à faire d'une simple tête tranchée et promenée dans un sac en toile couvert de mouches un personnage à part entière, notamment dans une séquence où Warren Oates, après avoir perdu sa femme et retrouvé la tête dérobée d'Alfredo Garcia, se trouve au volant de sa vieille voiture cabossée toutes fenêtres ouvertes avec le sac posé sur le siège passager et n'a de cesse d'adresser des reproches à ce fameux Al', tout en foutant des coups de coude rageurs dans cette pauvre tête empaquetée. Et Benny se plaint notamment de ce que cette tête de mort ne méritait pas que sa femme, désormais enterrée avec le reste du corps de son ancien amant, meure pour elle et pour dix mille vulgaires dollars. Dans cette scène du cimetière, qui hantera le spectateur un moment, et dans celles qui suivent, Peckinpah a peut-être filmé l'une des plus justes représentations de la mort, dans sa gigantesque absurdité et son inacceptable irrémédiabilité.


Alors qu'il s'apprêtait à trancher la tête du macchabée, Warren Oates reçoit un coup et se réveille à demi enterré avec Alfredo Garcia et Elita.

Il suffit de se mettre à la place de Benny, et le film y invite en ne lâchant pas d'une semelle le personnage, pour buter soi-même devant sa situation ahurissante. L'affiche dit : "Est-ce que la vie d'un homme valait un million de dollars et la mort de vingt-et-une personnes ?", mais devrait, en lieu et place de "la vie d'un homme", parler de "la tête d'un macchabée"... On n'en revient pas et Warren Oates non plus, qui n'aura de cesse de ressasser sa rancœur mêlée de culpabilité et brûlera de se venger de la malédiction Alfredo Garcia en manipulant sans ménagement sa tête coupée pour lui faire subir toutes sortes d'épreuves : conservée dans de la glace, la tête sera ensuite placée sous un jet d'eau bouillante dans la cabine de douche où Elita se remettait du choc de la rencontre avec les bikers au début du film, comme si Benny voulait exorciser la cohabitation morbide des deux anciens amants occasionnels, réunis physiquement dans la mort. Plus encore, le superbe et pitoyable anti-héros du film, désormais dévasté, se vengera, quitte à y laisser sa peau, de celui qui aura donné le "la" de ce vaste ballet macabre absurde en demandant la tête d'Alfredo Garcia, El Jefé, responsable d'un gâchis dément qui le rattrape au dernier moment pour le voir compter parmi les pertes peut-être les plus improbables et inutiles qu'il nous ait été donné de compter sur un écran de cinéma. 


Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia de Sam Peckinpah avec Warren Oates, Isela Vega, Gig Young, Emilio Fernandez et Kris Kristofferson (1974)

Allons voir Ayer...

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Connaissez-vous David Ayer ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas les seuls. Cinéaste au look de skinhead, David Ayer s’est fait remarquer par des films troués d’éclats de violence d’un réalisme très cru et parfois gratuit. Son premier film, le plus amusant, Bad Times (Harsh Times en anglais), se présentait comme une adaptation non-officielle du jeu vidéo best-seller GTA San Andreas, avec Christian Bale dans le premier rôle, celui du teubé à la démarche chaloupée et aux fringues impossibles, un tantinet colérique et impulsif, que tout joueur de GTA a conduit au meurtre de masse (c’était pas vraiment un rôle de composition pour celui que ses proches surnommaient déjà le Dark Knight bien avant la naissance de Michael Keaton). De ce film, on se souviendra surtout du beau personnage de Toussaint, un dealer lunaire et attachant, ne rechignant jamais à la tâche et fidèle en amitié, aux dialogues particulièrement soignés. A coup sûr, le plus remarquable personnage de la "galaxie Ayer".




Le second film d’Ayer, le plus sérieux, Au bout de la nuit (Street Kingsen anglais, soit « Les rois de la nuit »…), était un néo-polar mettant Keanu Reeves aux prises avec une bande de flics corrompus, menés par un Forrest Whitaker comme toujours reptilien. On se souviendra de ce film (à éviter) comme de l’un des rôles les moins ridicules de notre ami Keanu Reeves dans sa période post-Néo. Véritable development hell, scénar sous forme de post-its égarés dans différentes pièces (dont certaines verrouillées de l’intérieur), ce policier donnait l’impression d’un gâchis aimable, fait avec naïveté par un nostalgique des pires films des années 90. Il s’agit sans doute du film le moins rentable d'Ayer (à raison). Il y a donc une justice, contrairement à ce qu’affirme le film. On se souvient de cette dernière image cruelle de Keanu Reeves baignant dans son sang et n’ayant pas pu nettoyer sa ville de la pègre.




Son troisième film marquait une rupture nette en termes simples de qualité dans la filmographie d’Ayer. Tandis que les autres culminaient à respectivement 3,25/5 et 3/5, End of Watch accrochait péniblement 1,5 étoiles (dont une étoile bonus pour le passif sympathique d’un réalisateur qui a longtemps été dans notre « under the radar list »). Le réalisme est poussé au plus fort dans ce film qui nous met dans le froc de deux flics ayant sacrifié leur vie pour une « war on drugs » dans les bas-fonds miséreux de Los Angeles (une scène = une bavure), pour un documentaire fort moche tourné caméra au poing, agrippée au dos bodybuildé du duo Michael Pena et Jake Gyllenhaal (méconnaissable dans un rôle d’écorché vif, littéralement). Ce troisième opus d’Ayer nous a longtemps fait repenser au film culte d’Edouard Baer : Akoibon. Il nous laissait avec un mal de crâne massif, des céphalées persistantes et une douleur de tête accablante.




Le retour raté de Schwarzy épisode 3. Pendant le premier quart d’heure de Sabotage, nous avons considéré ce film comme un petit plaisir coupable. Ce quart d’heure passé on se sent seulement très coupable. Schwarzy (anagramme de Sarkozy, dont on espère qu’il ratera au moins trois fois son retour lui aussi) a cru bon de mettre entre les mains de David Ayer cette nouvelle tentative de come-back. Il devait apprécier et tenir en haute estime la filmographie dudit Ayer, dont le quatrième opus est pour le moins étonnant, qui parvient à condenser strictement tous les défauts des précédents, en laissant au congélo leurs maigres qualités. Pour la première fois le spectateur commence à sérieusement douter du look de David Ayer, qui n’a peut-être pas que le crâne de ras. Le cinéaste devient une parodie de lui-même avec sa fameuse touche personnelle qui prend ici la forme de tics idiots et totalement décoratifs, si on peut appeler décoratif un cycliste littéralement rincé par un bolide lancé à fond la caisse. David Ayer croit bon de se différencier de ses collègues abrutis en glissant  dans une scène d’action, en l’occurrence de course poursuite, un imprévu qu’il croit puissant de par sa dimension crédible et son originalité. Dans le car chase final, qui se veut épique et marquant, une bagnole empègue tout à coup un anonyme à vélo, qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, et qui passera l’intégralité de la scène collé au pare-brise, en sang. On se persuade qu’il jouera un rôle dans la scène puisqu’il apparaît dans un recoin de chaque plan, dans une sorte de caméo macabre et de longue durée. On attend le bon mot qui viendra justifier sa présence, ou au contraire l’expression d’un regret de la part du conducteur. Mais non. C’est juste un cadavre de plus, gratos, qui fait dire que le monde est putain de con. Une constante chez Ayer. Peut-être le vrai fil rouge de sa filmographie, qu’on a essayé ici de vous défricher un peu. Car c’est quand même assez touffu, plus en tout cas que le « crâne de peau » de David Ayer, son Crystal Skull renfermant les pires horreurs et les pires dommages collatéraux (clin d’œil ici à son omniprésent et omnipotent acteur principal, Arnold Schwarzenneger, star qui n’en finit pas de décliner et qui offre ici à son personnage "badass" - puisque c'est le terme qui revient dans toute pseudo-critique de ce film - une de ces sorties grandiloquentes dont il a le secret).




Bientôt sortira le cinquième film de David Ayer, Fury, avec Brad Pitt et Shia LeBeouf, qui se sont bien accrochés durant le tournage pour une sombre histoire d’hygiène corporelle et d’odeurs de pompes envahissantes. On attend le résultat forcément explosif de cette ambiance de plateau à se damner, et surtout le prochain « mort pour la France » de David Ayer.


Bad Times de David Ayer avec Christian Bale et Eva Longoria (2005)
Au Bout de la nuit de David Ayer avec Keanu Reeves et Forest Whitaker (2008)
End of Watch de David Ayer avec Jake Gyllenhaal et Michael Pena (2012)
Sabotage de David Ayer avec Arnold Schwarzenegger et Sam Worthington (2014) 

Les Évadés (The Shawshank Redemption)

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The Shawshang Redemption, un titre comme seul le King, Stephen King, auteur du roman dont le film est adapté, en a le secret. Ces trois mots frappent la conscience, leur assemblage est très laid, le sens nous est inconnu (même si on croit reconnaître un mot familier dans le lot), mais jamais on n'oubliera cet intitulé, ces syllabes qui rebondissent dans nos bouches comme un bon kefta. C'est peut-être l'explication du succès inespéré et a posteriori de ce film sur le site IMDb, l'incontournable bible de tout cinéphile branché sur le web, même de ceux qui le détestent, tels ces amoureux de l'aviron qui se payent L’Équipe chaque matin pour avoir les derniers chronos mais qui se torchent avec la Une sur Claude Puel et ses déboires au LOSC. En effet, tout en haut du fameux Top 250 de l'encyclopédie en ligne du 7ème art recensant les plus grands films de l'histoire du cinéma git l’œuvre de Frank Darabont, qui n'en espérait pas tant.




A ce titre, un bonus du dvd collector du film vaut carrément le détour, où l'on voit Frankie Darabont et ses deux stars, enfermés dans une pièce obscure, interrogés tour à tour par un interviewer musclé tout droit sorti des pires heures de la Stasi ou de la Gestapo (en tout cas de la Guerre Froide quand elle était la plus chaude). Le malabar leur demande comment ils justifient l'insolente domination de leur bébé au sommet du plus gros baromètre cinéphilique existant. Éclairé par un spot de flic, les yeux dilatés comme jamais et chaque imperfection de peau éclatée sous la chaleur, Morgan Freeman, étrangement pieds nus, préfère botter en touche et rejeter la faute sur ses collègues. Aux côtés d'un Tim Robbins muet comme une carpe, Darabont finit par prendre la parole pour dire "Je n'en sais rrrrrrien", avant d'avouer qu'il placerait lui-même la trilogie du Parrain de Coppola (au moins) au-dessus de son propre long métrage, pour lequel il reconnaît avoir quand même beaucoup d'affection et auquel il a tout de même donné 9/10 sur le site coupable.




Cherchant des excuses à droite à gauche en haussant les épaules frénétiquement, le cinéaste affiche cet air de culpabilité qui l'empêche de pioncer depuis des années, et qui dans le même temps le fait dormir comme un loir, avec une banane grande comme ça et une trique à défoncer des briques, les rares fois où il parvient à pioncer. Darabont, qui arbore dans ce bonus un t-shirt à l'effigie de Pacino dans Le Parrain II pour se dédouaner auprès de Coppola (même si les plus attentifs auront repéré qu'il porte un futal floqué Les Evadés, c'est-à-dire un pantalon orange de détenu carcéral), finit par émettre cette hypothèse : "Un black, un blanc, une amitié possible, ça a dû causer aux gens quatre ans avant France 98, la France black-blanc-beur, l'utopie Jospin, les années roses". Pour la petite histoire, il paraît qu'entre deux photos de Zizou et Barthez projetées sur l'Arc de Triomphe, le fameux soir du 12 juillet 1998, on pouvait voir des images subliminales de Freeman et Robbins. Dans un mot qu'il regrette aussitôt, Darabont, qui finit par penser tout haut, en vient à se demander pourquoi La Ligne verte n'est pas numéro 2 du Top 250 des meilleurs films de tous les temps, alors qu'il avait tout fait pour reproduire sa recette à l'identique ou presque (et on en profite pour dire RIP MCD, Michael Clarke Duncan, à qui le régime Dunkan aura été fatal après avoir fait de lui une montagne de muscles et de vitamines).




Tous les gens qui sont parvenus au bout des 142 minutes que dure le film se sont en fait probablement notés eux-mêmes sur IMDb, pressés d'attribuer une bonne note à leur preuve de sérieux face à un film académique et interminable mais bourré de belles et grandes valeurs. Plusieurs scènes de ce film, qui se donne le temps de les distiller, nous ont marqués, comme elles ont dû marquer les presque deux millions de personnes qui l'ont porté aux nues sur l'Internet Movie Database. D'abord cette scène où Tim Robbins, après avoir accumulé les petits écarts de conduite honorables voire héroïques (diffusion de musique classique dans toute l'enceinte de la prison ; bavardages à la cantoche du pénitencier ; jeux de mains jeux de vilain dans la cour de récré du bâtiment ; retard de retour de prêts à la BU centrale de l'établissement ; diffusion de magazines cochons porno gay dans les dortoirs ; détériorations des murs de sa cellule à peine dissimulées par un poster de Kim Kardashian, etc.) ressort de son cachot après une bonne semaine de mitard avec un sourire jusqu'aux oreilles (à croire qu'il connaissait déjà la note du film sur IMDb), à peine amaigri et en pleine possession de ses moyens, l'humeur au beau fixe, comme s'il venait de descendre un gros bol de chicorée.





Là ses amis détenus, effarés, s'attroupent autour de lui pour lui demander le secret de son bonheur, vu qu'aucun d'eux n'est sorti indemne d'une telle expérience. Et Tim Robbins, les mains dans les poches (comme dans chaque scène de ce film), décontracté comme jamais, répond en mangeant les syllabes et en tapotant ses tempes avec le bout de ses deux index : "Dans mon crâne c'était la Symphonie Fantastique, c'était le Casse-Noisette en boucle, c'était Everything in its right place, c'était Kid A, c'était No Woman No Cry, j'avais tout ça qui tournait dans ma tronche, tout Beethove en mode shuffle, tout Bach en stéréo, tous les grands romantiques, la fine fleur !" Le personnage explique donc là qu'avec un tout petit peu de culture gé et de musique dans la caboche il est facile de se tirer des situations les plus périlleuses. Ce genre d'idées, ça passe encore dans un Disney, dans Les Aristochats, où on imaginerait sans mal le gros chat siamois pédé expliquer à ses collègues qu'il s'en est tiré face à un gros clébard grâce à sa connaissance des tubes de Miles Davis, mais dans la bouche de Tim Robbins, dans un film pour adultes censé nous dépeindre la vie des taulards, avouons que la pilule a du mal à passer, même vingt ans après la sortie du film. 




The Sawshane Redemption a donc su séduire son public (celui-là même qui voterait en masse et dès demain pour la réhabilitation de la peine de mort ou pour son maintien, selon les pays), grâce à de grands discours sur le rachat, la réinsertion, la sociabilisation des détenus et leur salut par la culture : on voit tous les prisonniers écouter Mozart les larmes aux yeux, tournés vers les haut-parleurs de la prison comme des demeurés, s'empiffrer des livres de la bibliothèque du centre tenue par un vieux crouton adorable, se branler devant les films du répertoire dans une salle de ciné privée, et ainsi de suite, toujours avec Tim Robbins aux manettes, le personnage décidément parfait, imprenable, injouable et pourtant joué par un grand dadet d'un mètre sur deux dont le seul fait réellement héroïque est de s'être agrippé à jamais aux obus de Susan Sarandon et d'avoir reproduit le modèle et ses armes mammaires de destruction massive en son sein, avec son accord. Et puis il y a aussi de l'humour là-dedans, de la vanne à qui mieux mieux, car un tel sujet est forcément propice à la franche marade et à la bonne rigolade. Quid de l'inévitable scène de douche avec savonnette (savon de marseille glissé là par un personnage de vieux nazi qui finira par se trouver du cœur à force d'écouter Schubert matin, midi et soir et de lire de ces romans d'aventure qui permettent aux évadés de s'évader), où c'est toujours un choc de se découvrir tout nu, surtout quand le Tim Robbins en question, malgré sa taille de bûcheron, découvre au-dessus de sa tête le tronc de sequoia géant de Morgan Freeman, l'homme libre que son blaze annonce.




Au sommet de cette montagne d'humour, de ce comique qui plaît à tout le monde, dont Stephen King a le secret en bon héritier de Walter Disney (facho entre guillemets), il y a ce gimmick monstrueusement comique, d'une drôlerie noire que même Todd Solondz n'aurait jamais imaginée et dont Gotlib n'aurait pas osé faire sa quatrième de couv', où le triste Morgan Freeman, à deux doigts de la retraite chaque année, tête baissée (comme toujours dans ce film), va demander à un guichetier de la prison si cette fois-ci c'est la bonne, la quille, la perm', l'issue de secours, la liberté pour le dire d'un mot, quand systématiquement l'agent d'accueil lui retourne une feuille tamponnée en lui disant : "Tiens ça bien au chaud, c'est un bon pour un an de bonus en taule, parmi nous, à l'année prochaine, même heure même endroit gros connard !" Les dialogues varient de trois quatre mots à chaque nouveau jour de l'an, d'une demi-phrase, le "bon pour un an" devenant un "ticket resto", le "un an de bonus en taule" changeant pour "une pige de plus dans le caftard" ou le "gros connard" final trouvant une variante subtile dans un "pur enfoiré" bien placé, mais globalement la scène revient systématiquement et à intervalles réguliers comme autant de répétitions espacées, supposées nous donner le sentiment d'éternité du bagne et qui trahissent au contraire l'incapacité de Darabont à nous faire ressentir le poids des années, le temps qui passe, tant on a l'impression que Freeman tente sa chance tous les matins, sans cesse ramassé à la petite cuillère par un Tim Robbins compatissant mais lassé.




La bonne recette de Darabont c'est le mélange de cet humour décapant et d'un sens aigu du drame, le pire qui soit : l'injustice. Tim Robbins nous est présenté dès le début du film comme un innocent, accusé et condamné à tort, une belle âme pure et lettrée, charitable et solidaire, dénuée de la moindre trace de dualité. Idem pour Freeman, forcément victime de sa couleur de peau et enfermé pour avoir répondu à une insulte raciste parmi tant d'autres en fumant littéralement son agresseur, brûlé vif dans un remake sans échappatoire de la torche humaine (légitime défense drôlement élaborée et mise au point par un détraqué total que le film veut innocenter alors qu'il a carrément sa place entre quatre murs). Tous les prisonniers ont leur petit quart d'heure de gloire, où ils finissent par avouer autour d'un feu de camp pourquoi ils sont là, et pour chacun d'entre eux il y avait bien sûr une "bonne excuse". Allons-y de l'ancien nazi qui se repent d'avoir apporté sa petite pierre à l'édifice d'Auschwitz-Birkenau en se prévalant d'avoir des amis juifs et de n'avoir fait qu'obéir aux ordres, avec certes un certain zèle mais comme poussé par le "souffle de l'époque", dit-il en plaçant le bout de son index et de son majeur collés l'un contre l'autre sous son nez de façon tout de même assez douteuse. C'est aussi le vieux bibliothécaire regrettant d'avoir organisé quelques auto-dafé de livres juifs sur la Berlin Alexanderplatz avec quelques personnes jetées au milieu des flammes dans un remake de Jeanne D'Arc. Ou encore ce personnage qui traverse le film sans dire un mot, comme un fantôme, toujours à l'arrière-plan, et qui partage sa peine d'avoir traîné sur trois cent kilomètres le cadavre d'un agent de la DDE coincé sous le pare-buffle de sa bécane sans s'en rendre compte, par un soir de brouillard maudit.




A la fin du film, nos deux tourtereaux enfin libres se retrouvent sur la plage dans une ambiance bon enfant quand Morgan Freeman déplie sa serviette de bain pour l'étendre sur le sol sous les yeux écarquillés de Tim Robbins, qui découvre qu'elle n'est autre que la peau du fameux guichetier qui lui refusait chaque année son bon de sortie, tannée par un expert en taxidermie. Deux plans plus loin, Freeman, léger comme un pinçon et heureux comme un gosse, sort de son sac de plage un ballon de volley-ball qui n'est autre que la tête coupée de l'agent d'accueil, tamponnée sur le front, et Morgan, l'homme plus libre que libre, de proposer à son acolyte un petit match tout en dévoilant un maillot fait de peau humaine, revêtu en prime du masque de Scream, devant un Robbins qui commence à penser que le guichetier du bahut avait quand même le compas dans l’œil pour repérer les malades. Au spectateur quant à lui de saisir ici la patte du King, habitué aux horreurs et qui ne peut s'empêcher de glisser, y compris dans ses comédies, des instants de pure sauvagerie (quid de cette scène de Miseryoù James Caan se fait ratiboiser le pied dans un scénario pourtant léger signé Rob Reiner, le gros fêtard d'Hollywood). Bref tout était là pour que le film plaise aux masses malgré un happy end au goût amer, et il n'est pas étonnant que The Shoeshane Redemption culmine au firmament des plus grandes œuvres cinématographiques de tous les temps. Darabont, nostalgique de son succès dès le lendemain de la première avant-première, a voulu remettre le couvert à maintes reprises en réadaptant le King à toutes les sauces, y compris les pires brouillons de l'écrivain écrits sur les quatre coins de son lit de mort à l'hosto, mais ces tentatives n'ont donné que de plus relatifs succès tels que La Ligne verte et The Mist, et quelques autres films qui en fait ne sont pas de Darabont.


Les Évadés (The Shawshank Redemption) de Frank Darabont avec Tim Robbins et Morgan Freeman (1994)

La Terre de la folie

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Je venais de lire un recueil de critiques de Luc Moullet, l'excellent Piges choisies (de Griffith à Elroy), édité chez Capricci et accompagné du livre d'entretiens Notre alpin quotidien, quand j'ai vu ce film au cinéma il y a déjà quatre ans. Il me faudrait le revoir pour trancher car je garde une vraie sympathie pour ce film tout en ne sachant pas s'il la mérite vraiment ou si c'est celle de son auteur qui rejaillit sur lui. Car Luc Moullet est un personnage éminemment sympathique, et ce film, qui est un vrai documentaire, lui ressemble en cela qu'il est impérieusement sérieux et néanmoins comique. Notre homme est un pince sans rire notoire (dans ses écrits comme dans ses films, rappelons-nous par exemple de son excellent court-métrage Foix, mockumentaire affûté sur une ville immonde).




La Terre de la folie est lui aussi un presque mockumentaire (pour ceux qui l'ignorent : "mockery" + "documentary" = mockumentary), alors que ça n'est pas du tout un rockumentaire (pas de bande originale dans le film, sauf un morceau de 13 secondes), ce n'est pas à proprement parler un faux-cumentaire (documentaire de type hypocrite), ni un documenteur (faux-reportage, qui peut se coupler de mockumentaire pour donner un mockumenteur, un faux documentaire moqueur). Ce n'est pas non plus un tractumentaire (films qui ont une portée documentaire sur un ou plusieurs engins de type tracteur, ou dont le script focalise en grande partie sur des tractopelles de tous modèles, genre cinématographique que David Lynch a inventé et enterré avec Une Histoire vraie), ce n'est pas davantage un trocumentaire (documentaire sur les trocantes et brocantes, et par extension sur tous les échanges commerciaux répondants aux critères du troc, catégorie trainée dans la boue par Victor Lanoux pendant des années dans Louis la brocante), pas non plus un phockumentaire ("phockery" + "documentary" = phockumentaire, document sur la vie des phoques, une spécialité de YAB, Yann Arthus-Bertrand), encore moins un orcumentaire (le doc sur les orques, dernier exemple en date, le traumatisant Blackfish), ni un tocumentaire (sur les différents types de tocs dont souffrent différents types de tocards, sujet favori des charognards de la télé-réalité, de feu Jean-Luc Delarue aux actuels Tellement vrai et autres ersatz de la télé-poubelle actuelle). Enfin ce n'est pas non plus un filmumentaire (à la fois film de fiction et making-of, genre très rare mais très prisé par Danièle Thompson et qui consiste en un film de fiction, interprété par des acteurs, mais qui laisse parfois entrevoir les moyens de production, allant du fauteuil du dirlo photo visible dans le champ à la tignasse de la réalisatrice couvrant la moitié de l'objectif, en passant par le micro qui tutoie les comédiens ou fait du djembé sur le sommet de leurs crânes, chauves de préférence, cf. Le Code a changé, un filmumartyr de première).




Bref, le film de Moullet est juste un documentaire teinté d'humour, et c'est déjà pas mal. Le pentagone tracé grâce à des punaises reliées par des élastoques que vous voyez sur l'affiche désigne une certaine aire dans le sud-est de la France que Luc Moullet désigne preuves à l'appui comme "Terre de la folie". C'est une région dans les Alpes de Haute-Provence notoirement sujette aux crimes de folie, impulsifs, sans mobile et sauvages de préférence. Les raisons de ces assassinats incompris, parfois irrésolus, sont probablement nombreuses mais demeurent hypothétiques. Moullet mène l'enquête et propose des pistes de réponses, qui vont du paysage noir des Tourbières au vent qui rend fou, en passant par l'isolation des maisons et des villages où "personne ne vous entend crier", façon Alien, le huitième passager. Mais au vu du QI moyen dans la région, qui vole en rase-mottes, on pense plutôt à un cross-over américano-franco-belge des films de Ridley Scott et de Jaco Van Dormael :Alien, le huitième jour. Et Moullet déroule cet éventail des possibles dans une enquête scrupuleuse, souvent drolatique, d'un humour noir sympathique, peut-être simplement deux fois trop longue pour nous tenir en haleine tout du long. J'ai quand même été amusé de constater que pile au centre dudit pentagone se trouve le village de mon enfance, et il est rare que l'auteur d'une critique - actuellement face aux flics et spot dans la gueule - se trouve incarner l'astuce aux énigmes criminelles posées par le film... Petit conseil, pour finir : faites-moi pas trop chier.


La Terre de la folie de Luc Moullet avec Luc Moullet (2010)

Edge of Tomorrow

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Je viens de regarder ce film dans le train et je m'apprête à le critiquer dans la foulée. Deux heures de trajet gagnées contre 30% de batterie perdue, le deal était plutôt honnête. Et j'avais hâte de savoir si ma théorie sur les films avec Tom Cruise allait se vérifier. Cette théorie est toute simple : Tom Cruise, acteur tout-puissant, serait l'une des rares stars américaines à encore nous proposer des blockbusters matables, disons au-dessus de la moyenne, pas complètement débiles. J'avais apprécié son sens de l'autodérision dans Jack Reacher, thriller old school ayant le chic de ne pas vraiment se prendre au sérieux. Oblivion n'était pas géant, bien sûr, mais je l'ai vu au cinéma, j'ai survécu et j'en suis ressorti sans mal de crâne. Si j'avais subi Pacific Rim, Godzilla ou Transformers 6 sur grand écran, je ne sais pas du tout si je pourrais en dire autant. Quant à ses Missions Impossibles, je ne les reverrai pour rien au monde mais il s'agit selon moi du haut du panier actuel en terme de film d'action US. J'applique donc la politique du pire et je sais que ça n'a rien de glorieux, mais tout de même... C'est ma théorie : quand un film est piloté par Tom Cruise, on se dit qu'il y a quelqu'un au volant, quelqu'un qui nous prend un peu moins pour des demeurés, dont on sent qu'il a fréquenté quelques pointures.




Je vous l'annonce tout de suite : Edge of Tomorrow, film i-dé-al pour un voyage en train à écourter, n'a pas contredit ma petite théorie. C'est pas génial mais ça passe à l'aise ! J'ai lancé ce film alors que ma voisine d'iDTGV, une vieillarde à la mine peu commode, venait de se taper un énorme sandwich bien dégueu. Deux tranches généreuses de pain de campagne rustique renfermant difficilement du jambon de pays et des œufs durs bien craspecs. En la matant savourer tout lentement ce sandar de dingue, prenant son pied comme jamais, comme pour me narguer, j'avais la haine. Je me répétais intérieurement "Pas de scandale même si t'as la dalle ! Reste zen, pas de crime de haine !". Étant donné l'heure, il s'agissait simplement de son goûter, imaginez donc la tronche de ses petits dej' ! La vieille a enchainé en tombant une tablette entière de chocolat au lait Lindt extra fin. Peut-être risque-t-elle un AVC mais pour mener une vie pareille, ça valait le coup ! C'est donc aussi pour la calmer que j'ai sorti mon matos et maté Edge of Tomorrow, m'isolant sans scrupule, la privant du son et essayant de lui cacher au maximum mon écran.




Les premières minutes du film, petit condensé de news itélé, nous apprennent rapidement que l'humanité est en guerre : une invasion extraterrestre a mis la planète à feu et à sang. Pendant une (longue) seconde, François Hollande apparaît à l'image, en gros plan. Peut-être un signe de solidarité entre nains de 1m66 de la part de Tom Cruise ? En tout cas, c'est une chose que l'on pourra ajouter au bilan de son triste mandat : une apparition dans un film dépassant la note de 8/10 sur iMDB ! Sans doute est-il le seul président de la Vème république à avoir accompli cet exploit. Mais passons. Tom Cruise incarne ici un commandant de l'armée, persuadé que les aliens sont désormais prenables grâce aux super tenues robotiques conçues pour les soldats. Suite à un malentendu, il est envoyé sur le front pour combattre en armure. Tom Cruise se retrouve bloqué dans une boucle temporelle et le voilà condamné, tel Bill Murray, à revivre sans cesse la même journée. À chacune de ses morts sur le champ de bataille, il se réveille 24h plus tôt, à son arrivée au camp, accueilli par le revenant Bill Paxton. Bien sûr, il va profiter de cette faille temporelle pour sauver l'humanité, trouvant une alliée de poids en la personne d'Émily Blunt, qui fut elle aussi coincée dans une même boucle lors d'une bataille précédente mais a depuis perdu le mojo.




Comme presque tous les films avec aléas temporels, Edge of Tomorrow est sans doute une montagne de goofs. Déjà, comment expliquer que seul Tom Cruise, en clamsant, fasse remonter le temps à l'humanité et au monde tout entier ? Ne pourrait-il pas s'agir de sa seule perception ? Un autre soldat ne peut-il pas connaître le même sort que lui ? Après tout, les conditions ne semblent pas si rudes à réunir... Le film ne s'interroge pas là-dessus. Il ne cherche qu'à nous divertir efficacement. Ses intentions ont au moins le mérite d'être clairement affichées. Le phénomène de boucle temporelle nous est tout de même rapidement expliqué : il serait dû à certains aliens bleutés directement reliés à un gros cerveau alien contrôlant tout, temps compris, et ayant élu refuge sous le musée du Louvre. Bon... Je vous l'avoue tout net, pour apprécier ce film, j'ai honoré le fameux dicton d'Igor d'Hossegore : cherche pas, t'as tort. C'est une bonne solution pour suivre un tel film sans mettre en pause toutes les deux minutes pour s'assurer de comprendre tous les aspects du scénario ou relever ses moindres couacs. On peut quand même se demander comment cela se fait qu'Hollywood paraisse aujourd'hui incapable de produire des films de SF aux pitchs cohérents, simples mais originaux...




Doug Liman nous propose finalement un blockbuster correct dont les références, les influences sont plus à chercher du côté du jeu vidéo qu'ailleurs. Comment, en effet, ne pas penser à un jeu vidéo lambda quand on voit le personnage de Tom Cruise mourir et revivre à l'infini pour réessayer sa mission ? Les dialogues fourmillent également de références vidéoludiques, Tom Cruise parlant de "game over" si tel ou tel mouvement n'est pas exécuté au bon moment, au bon endroit. Les brèves discussions de Blunt et Cruise entre les scènes de bataille nous donnent d'ailleurs aussi la vive impression de voir deux gamers réfléchir entre eux, sur leur canapé, pour décider de la meilleure stratégie à adopter pour passer un niveau à la difficulté particulièrement relevée. Certains plans semblent tout droit sortir d'un FPS (first-person shooter) à la Duke Nukem, Quake ou Call of Duty (rayer les titres inutiles selon votre âge), avec ici le point de vue de Tom Cruise. Ce choix, allié à un certain savoir-faire et une légèreté affirmée, permet à Edge of Tomorrow d'avoir un côté ludique pas déplaisant, mais il réduit aussi considérablement les enjeux d'un film, ma foi, très anecdotique. À la toute fin, après avoir ôté mon casque, la passagère au délicieux sandar sise à coté de moi et qui avait suivi tout le long en lisant les sous-titres, m'a tapé du doigt sur l'épaule avant de me faire une longue énumération de tous ces goofs que j'avais choisi d'ignorer. Je lui ai éternué au visage.


Edge of Tomorrow de Doug Liman avec Tom Cruise, Emily Blunt et Bill Paxton (2014)

Le Flambeur (The Gambler)

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On annonce aujourd'hui un remake mettant en vedette Mark Wahlberg du film de Karel Reisz sorti en 1974, The Gambler. Inspiré de la nouvelle de Dostoïevski, Le Joueur, et basé sur l'expérience personnelle du scénariste, James Toback, on y suit les mésaventures d'un homme, issu d'un milieu aisé et professeur de littérature, qui souffre d'une très sévère addiction aux jeux d'argent. Alors qu'il commence le film avec une importante dette à régler, il remet systématiquement en jeu tout l'argent nécessaire à la rembourser et qu'il récolte bien difficilement en pariant auprès de bookmakers véreux. Cet addict complet est incarné par James Caan, tout bonnement excellent dans la peau de ce personnage difficile à cerner. On se dit d'abord que sa débordante confiance en lui est typiquement celle propre aux héros de ce genre de films, finissant toujours par s'en tirer en beauté sans jamais oublier de placer quelques bons mots ici ou là. Puis on devine progressivement que cette confiance n'est que de façade et cache une immense faiblesse, le film nous révélant petit à petit, et assez subtilement, les rapports compliqués du "flambeur" avec sa mère et son père adoptif (joué par un excellent Morris Carnovsky), très éclairants sur son cas.




Au sommet de son art, le charisme au beau fixe, James Caan réussit parfaitement à donner vie à toute l’ambiguïté de ce personnage, lui qui à l'époque luttait en réalité contre son addiction à la drogue. Je l'ai rarement vu aussi bon. Il arrive également à être très crédible en prof de littérature, les scènes où nous le voyons donner des cours magistraux à un par-terre d'étudiants conquis sont très réussies. Karel Reisz parvient alors sans lourdeur, assez miraculeusement, à relier les œuvres analysées et les passages citées par professeur Caan aux thèmes et aux enjeux de son film, participant ainsi à l'illuminer intelligemment. On a aussi le plaisir de retrouver au casting la trop rare Lauren Hutton, que j'avais déjà vue et appréciée dans Someone's Watching Me, l'excellent téléfilm très hitchockien de John Carpenter. Cette actrice, qui a débuté sa carrière comme mannequin, a un visage atypique avec ses dents du bonheur et son très léger strabisme, mais elle montre de sacrées gambas et a une présence toujours agréable. On pourra aussi s'amuser de croiser James Woods, en employé de banque zélé qui, lors d'une très courte apparition, trouve le temps de se faire violemment secouer par James Caan (ce dernier l'étrangle d'une manière raffinée avec le cordon de son téléphone pour lui réclamer quelques sous, et cela s'avère diablement efficace... bon à savoir !).




Le film, très captivant, est donc particulièrement intéressant dans le superbe portrait qu'il nous offre de ce personnage autodestructeur et obnubilé par le goût du risque, attiré de toutes ses forces par le danger, la défaite, et totalement prisonnier d'un cercle vicieux dont la scène finale, aussi déconcertante que géniale, nous montre qu'il n'est pas prêt d'en sortir. Un joueur invétéré qui rejoint ceux, parfois tout aussi fascinants, interprétés par Steve McQueen (Le Kid de Cincinnati) et, surtout, Paul Newman (L'Arnaqueur). A noter que la musique, signée Jerry Fielding (le compositeur attitré de Sam Peckinpah), reprend des symphonies de Gustav Mahler pour un très bel effet et participe pleinement à la singularité du film. The Gambler fut donc pour moi une belle découverte, d'autant plus qu'a priori, le pitch ne me disait rien et je redoutais quelque chose ayant très mal vieilli. Il n'en est vraiment rien. The Gambler est à l'évidence un film plutôt mésestimé des années 70, à redécouvrir. De mon côté, je compte bien m'intéresser à d'autres œuvres de Karel Reisz, cinéaste britannique d'origine tchèque qui fut l'un des piliers du free cinema anglais des années 50-60.


Le Flambeur (The Gambler) de Karel Reisz avec James Caan, Lauren Hutton, Morris Carnovsky, Jacqueline Brookes et Paul Sorvino (1974)

Zero Theorem

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Zero Theorem offre l’opportunité pas si fréquente de jeter un œil, curieux et malsain, sur le dernier geste libre d’un homme sur le point d’être interné en HDTT (Hospitalisation à la Demande d’un Tas de Tiers) dans un hôpital psy. Les gens se demandent souvent, à propos des fous : « C’était quoi son dernier acte avant de finir à l’ombre ? » Pour Terry Gilliam, la réponse sera donc : Zero Theorem. Gloubi boulga, méli-mélo, fourre-tout, Zero Theorem est un film totalement dépourvu de sens dans lequel on reconnait tous les films précédents de Gilliam, cinéaste en déroute mentale qui bégaye son cinéma. Tiens, Brazil par ci, The Fisher King par là, L’armée des douze singes ci-après et tous les autres ci-contre. Gilliam, bloqué sur 1984 depuis au moins 1984, nous déballe une énième dystrophie crasseuse. C’est un objet filmique d’une laideur à toute épreuve, comme le film de John Woo A toute épreuve, d'une laideur à toute épreuve, comme le film de John Woo.


Le futur selon le visionnaire Terry Gilliam. Y'aurait pas comme un air de Déjà vu ?

Scénario monstrueux donc pour un film d’une hideur sans pareille, et ce ne sont pas les seuls symptômes de la folie douce de Gilliam, qui a aussi flashé comme un malade sur Mélanie Thierry, faisant de l’actrice un pur objet sexuel, et c’est aussi touchant que malaisant. Devant cela on repense à certains de ces tontons qui sont tombés amoureux d’une compagne que leur neveu a pu ramener par mégarde à la maison pour un week-end en famille, et qui, louchant sur la nouvelle venue, ont passé des plombes à répéter : « Elle est vrrrrrrraiment mignonne ta copine », prononçant « mignonne » en mimant deux obus avec les mains dans un geste sans équivoque. Gilliam est un peu comme ces tontons. Et pourtant, il est parvenu à dégoûter tous nos cousins de son cinéma, des fans de longue date, que ce seul film a suffi à ébranler dans toutes leurs certitudes, remettant en cause leur goût même du cinéma, écroulant leur cinéphilie, à la charpente certes bien branlante.


Gilliam a proposé de jouer la main dans cet insert.

Christoph Waltz, en mode crâne d’œuf halluciné posé sur un corps de protagoniste du jeu Worms, joue un pur illuminé des familles, dépourvu de sourcils et impatient de pénétrer dans ses propres rêves délurés (autant d’offenses caractérisées au bon goût), ce qui finira bien sûr par lui arriver, comme dans tout bon film de Gilliam qui se respecte. Les rêves de Gilliam n’ont pas beaucoup bougé depuis des lustres, devenant juste plus gerbants de film en film. On peut sans scrupule ne pas tenir une seconde et demi devant cette décharge. C’est bien légitime. On ne conçoit pas une once de respect pour l’homme qui a filmé ça et qui jouit encore, malgré tout, d’une forme d’admiration béate de la part de tout un public, y compris pour de telles insanités. Un public tout de même délesté de nos cousins, qui, tels les fans de Radiohead qui sont allés au terme de King of Limbs pour en avoir le cœur net, se sont infligés Zero Theorem jusqu’à la lie, pur chemin de croix, pour s’assurer d’avoir définitivement paumé la foi. Quelques fans de Terry Gilliam en moins sur sa page Facebook. Quelques uns de plus, bizarrement, sur celle de Mélanie Thierry.


Zero Theorem de Terry Gilliam avec Christoph Waltz, David Thewlis, Mélanie Thierry, Matt Damon et Tilda Swinton (2014)

The House of Usher / L'Enterré vivant

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Deux Corman, deux adaptations de Poe, et deux œuvres bénéficiant, comme la plupart des épisodes de la série de films consacrés à l’écrivain de Baltimore par le cinéaste qui murmurait à l'oreille des chevaux (ne parle-t-on pas toujours de l'écurie Corman ?), d'une sublime affiche, déjà, mais surtout d’un soin tout à fait délectable apporté aux décors, aux costumes, aux petits détails en même

Chef

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Jon Favreau. Jon Favreau. Je l'écris en même temps que je le répète à voix haute... JON FAVREAU. "T'es allé voir le dernier Jon Favreau ?". "Alors, c'est un bon Favreau celui-ci ou un Favreau mineur ?". "On attend le prochain film de Jon Favreau !". "Il déboîte, ce Favreau-là, je te le recommande !". "Costaud le nouveau Favreau !". Je pourrais en trouver d'autres, des dizaines d'autres, et

Les Frères Solomon

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Si j'avais découvert ce film à l'âge de 10 ans, j'aurais certainement été très emballé, j'en garderais encore un souvenir ému, je serais président du fan-club français. Hélas, je l'ai maté presque 20 ans trop tard... Les Frères Solomon est une petite comédie américaine pratiquement de et avec Will Forte : l'acteur en a signé le scénario et a sans doute embauché un simple et sympathique faiseur

La Femme-guêpe

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Dans cette série-B de Roger Corman, que certains ont prise à sa sortie pour un mockumentaire sur les femmes blanches, anglo-saxonnes et protestantes, la directrice et égérie d’une agence de cosmétiques, Janice Starlin (Susan Cabot), ayant atteint la quarantaine, recrute un savant de premier choix (il est allé jusqu’en classe de troisième avec accent allemand troisième langue) qui vient de

Deux hommes dans l'ouest (Wild Rovers)

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Contrairement à ce que peut laisser penser la cependant très belle affiche américaine de ce film, il ne s’agit pas d'un Brokeback Mountain avant l’heure. Non, Wild Rovers (littéralement « les vagabonds sauvages », excellent titre de porno gay il est vrai) se contente de raconter l’amitié particulièrement touchante de deux cowboys (au sens le plus strict, ce sont des garçons vachers), l’un

Le Rôle de ma vie

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La vie de Zach Braff, chapitre 2. Après la crise de la trentaine, voici donc celle de la quarantaine. On saura tout des petits tracas de l'acteur-réalisateur, qui a enfin pu poursuivre l'aventure après avoir racketté ses fans via Kickstarter. Quel scandale quand on mate le résultat de ce gigantesque vol organisé ! Rien ne nous sera épargné dans ce nouveau film largement autobiographique où l'on suit donc les déboires d'un pur zonard qui se retrouve encore une fois à un moment charnière de son existence : acteur raté, père de deux enfants, marié à Kate Hudson, il doit faire face à ses échecs professionnels et familiaux quand il apprend que son vieux père, gravement malade, n'en a plus pour très longtemps. Dès les premières minutes, c'est un festival Zach Braff, il nous submerge de mots d'esprit et de vannes lamentables. "Il conduisait un Hummer jaune. Qui conduit ça ? Il veut faire la guerre au soleil ?" entend-on lors d'une scène de petit-déjeuner qui ouvre les hostilités. Comment enchaîner après ça ?! Zach Braff doit cultiver cet humour pas drôle qui recherche son effet comique de par sa simplicité affligeante et son absence totale de drôlerie assumée. Sauf qu'il faut tout de même un certain talent pour manier cet humour-là et quand le comique est immédiatement pris en grippe, on a toutes les chances d'être d'humeur colérique face à tous ces échecs répétés dont on doute qu'ils soient véritablement assumés. Moi, ça me fout juste sur les nerfs !




Le titre français du film, d'une niaiserie abominable, est superbement bien choisi. L'apprenti réalisateur nous inonde de moments "trop mignons" qu'il doit imaginer irrésistibles. En signe de révolte, sa fille se coupe les cheveux, alors son père ultra cool lui permet de choisir la perruque de son choix dans un magasin qui en propose de toutes sortes. Elle en prend une rose fluo, et nous voyons ensuite toute la petite famille marcher de front dans la rue, le sourire aux lèvres, l'air insolent, les cheveux au vent, au ralenti, accompagné d'une musique pop insupportable. Les ralentis, Zach Braff adore ça. On doit en compter davantage que dans un John Woo lambda ! Après cette scène, toute la joyeuse bande a la chic idée de se rendre chez un concessionnaire auto. Ce dernier est incarné par l'acolyte oublié de Scrubs, Donald Faison. C'est bien, les fans de la série seront heureux de l'y retrouver, les autres jugeront cette apparition pitoyable et ce clin d’œil cruel, du même tonneau que toutes ces références geeks qui parasitent la moitié des dialogues. Trompé par la perruque de l'ado, qu'il imagine au stade terminal d'une maladie incurable, l'idiot marchand de bagnoles les autorise à faire un tour gratuit dans une voiture de luxe. Et rebelote. Nous devons ensuite les admirer sur les routes californiennes, sous un coucher de soleil et des lumières chatoyantes, encore une fois au ralenti, toujours avec une zik dégueulasse à plein volume, conduits par un Zach Braff visiblement très fier de lui. C'est à gerber.




Braff enchaîne de la même façon les situations où l'émotion est censée être à son paroxysme. Sauf que ça ne marche jamais. Kate Hudson vient ainsi faire la morale à son beau-père acariâtre, sur son lit de mort, afin que celui-ci renoue avec ses deux cons de fils avant de passer l'arme à gauche. Les larmes coulent à flots sur leurs joues tandis que nos poings se serrent et nos dents grincent... Le pire moment du film est peut-être celui où Zach Braff et Kate Hudson entonnent une chanson d'amour pendant qu'ils s'enlacent fiévreusement. Ils ont très envie d'avoir une relation sexuelle, là, tout de suite, sur le sèche-linge de la cave, mais doivent s'arrêter aux préliminaires. On est supposés trouver adorable ce vieux couple solide, qui affronte la vie main dans la main et dont la sexualité semble à peine entravée par l'existence de ces deux gosses dont il faut toujours s'occuper. Perso, j'avais envie de les exploser... Lors de cette scène, notons que Kate Hudson arbore un mini-short en jean ultra tight que même ma mère n'oserait pas porter lorsqu'elle part s'occuper seule de son jardin en plein été. C'est pour nous montrer que l'on peut toujours être sexy à 40 balais. L'actrice est soudainement filmée comme si elle était la star d'un BangBros, source d'inspiration évidente de son collègue malingre. Ça fout mal à l'aise. Elle est pourtant plutôt bien bâtie, c'est un fait. Mais quand on regarde son visage, c'est toujours la même rengaine, on tombe systématiquement dans le panneau : à la vue de sa mâchoire carrée et particulièrement virile, on se rappelle qu'elle est la fille Kurt Russell, puis on vérifie sur internet, et on découvre avec surprise qu'elle est seulement sa belle-fille, Goldie Hawn l'ayant conçue avant de rencontrer l'amour de sa vie. Seule éclaircie à l'horizon : la grosse tronche de Zach Braff, qui embellit en vieillissant. Les rides ne lui vont pas mal. Il est juste un peu moins laid qu'avant ! Mais en 10 ans, Zach Braff n'a en réalité pas changé d'un poil. Il bégaie de nouveau le pire du cinéma indé US. Un film d'un autre âge. Tout ce qu'on ne veut plus voir. Une triste chanson des Shins, le groupe qu'il a participé à rendre mainstream avec Garden State, décore le générique final. Ouf, c'est fini. Tirez la chasse !


Le Rôle de ma vie de Zach Braff avec Zach Braff, Kate Hudson, Josh Gad, Mandy Patinkin, Jim Parsons et Joey King (2014)

How do you know

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Je me suis franchement demandé pourquoi ce film apparaissait dans tant de tops de fin d'année en 2011 (pas tant que ça en réalité, mais même si peu c'était mystérieux). Ne voulant surtout pas être passé à côté d'une grande comédie romantique américaine contemporaine de merde, je me suis dit "vois-le, y'a peut-être moyeeeen...". Je l'ai donc lancé comme on va au boulot. Si je devais essayer d'expliquer de façon organisée et respectable la raison du succès relatif de ce film auprès d'une certaine frange de la cinéphilie française, je dirais, aidé dans ma quête de sens par mon acolyte Félix, qui a lancé ce film de son côté longtemps avant moi et qui n'a pas tenu un quart d'heure devant, que c'est à cause de James L. Brooks, réalisateur, quatorze ans plus tôt, de Pour le pire et pour le meilleur, une comédie romantique plaisante, le haut du panier de ces vingt dernières années, ménageant la romance idyllique entre un vieux tocard plein de tics (Jack Nicholson) et une serveuse à gros nibards (Helen Hunt), avec un électron libre homosexuel entre les deux incarné par un Greg Kinnear à voile et à vapeur.




C'est assez typique de certains critiques français que de s'amouracher d'un ou deux auteurs de films populaires plus finauds que la moyenne et de vouloir dénicher à tout prix LA comédie ricaine maudite, incomprise, méprisée par le commun des mortels incapable d'en saisir tous les enjeux narratifs et de déceler un discours passionnant derrière des pirouettes légères, pour mieux lui rendre justice de façon tout à fait démesurée. Funny People, du triste Judd Apatow, a pu bénéficier du même traitement de faveur usurpé. On trouve une profondeur folle à des saloperies terribles qui, même si elles ont peut-être deux ou trois idées de plus que la base des films du genre, restent essentiellement laides, et sont une telle plaie à regarder qu'on devrait s'en foutre royalement. Quelques fans se sont extasiés sur la scène dont est tiré le photogramme ci-dessus, qui se veut un pur cadeau de James L. Brooks pour Owen Wilson (je ne dirai pas un mot d'insulte envers ce con dans cette critique), ici dans la peau d'un sportif plein aux as et totalement débile (personnage très "apatowien" d'ailleurs, en décalage par rapport aux autres protagonistes du film) qui passe le script à draguer Reese Witherspoon. Une fois arrivé avec elle en bas de l'hôtel qui lui sert de garçonnière, il recule aux côtés du portier pour laisser à sa conquête "de l'espace pour réfléchir" et prendre sa décision avec les coudées larges. Cette drôle d'idée donne lieu à une scène étrange, ni drôle ni franchement brillante, tout juste surprenante par son déroulement aussi improbable que sans intérêt, qui a suscité chez certains un engouement incroyable et les a poussés à parler pour James L. Brooks d'un génie du traitement de l'espace ! Rien que ça... C'est du délire mais franchement j'ai envie de saluer sincèrement, et sans ironie, les gens qui arrivent à se mettre en mode "analyse" devant un truc si naze, et à porter un jugement aussi excessivement enthousiaste sur des scènes merdiques au pire, complètement factices et faiblardes au mieux. Faut quasiment avoir un grain pour faire ça mais c'est cool d'être fan à ce point.




Bref, que voulez-vous, certains semblent avoir envie de trouver le film maudit du cinéaste populaire plus méticuleux qu'il n'en a l'air, réfléchi sous ses airs de yesman, reconnu par des esprits éclairés comme un véritable auteur à saluer, et à ne surtout pas ignorer, contrairement aux Américains, sous prétexte qu'il fait de la comédie. Apatow est un exemple idéal, James Leroy Brooks aussi désormais, voire même Woody Allen, qui pour le coup a un solide statut d'auteur, et qui a réalisé par le passé (ça remonte...) de très bons films, mais qui jouit quand même quelque part du privilège de ne pas plaire à ces-cons-d'Américains qui ne savent pas voir la qualité de leurs auteurs, alors que nous, spirituels européens, nous ne les comprenons que trop bien (y compris les films récents de Woody qui, et depuis déjà un paquet d'années, sont des purges horribles à côté desquelles même How do you know est un plaisir coupable de spectateur).




Mais si je devais tâcher d'expliquer, de façon moins organisée, le petit succès dont jouit ce film, je ne dirais que deux mots (qui en appellent bien d'autres, affaire à suivre) : Reese Witherspoon. Moi-même, je vous l'avoue, je ne suis pas clean sur ce coup-là, et si je n'ai pas complètement détesté ce triste How Do You Know c'est uniquement grâce à la dénommée Reesy Witherspoon. Le film dure deux heures (c'est déjà une aberration pour une comédie romantique de ce genre), or mon "dvd" (notez les guillemets et faites moi un procès !) s'est arrêté net à 1h20 de film, sans raison apparente. J'ai relancé la lecture : idem. J'ai supprimé les fichiers image et son du "dvd" officiel du film, puis je les ai re-copiés sur ledit "dvd""acheté""35 euros" en "version simple" sans "bonus"à la "Fnac" du coin, j'ai relancé, rebelote. Comment expliquer mon comportement de malade mental méga maso ? Comment expliquer une telle dépense d'énergie, un tel acharnement pour aller au bout de How Do You Know ? Si ce n'est par la prise de pouvoir d'un calcif Bodywear sur mon cervelet (rendu HS il est vrai par le projet inique du film de Brooks).




Tout ça à cause de Witherspoon, cette actrice qui jusqu'ici ne m'évoquait absolument rien d'autre que quelques moqueries finement ciblées sur la partie inférieure atrophiée de son visage prognathe, qui lui a valu un rôle dans Mysterious Chin de Gregg Araki. Comme plein de gens je me suis foutu de son menton de malade, qui lui a aussi permis un caméo dans The Chin du diable de Guillermo Del Toro. Tapez "chin" dans google image et la tronche de Witherspoon apparaîtra sur toutes les images de la première page de résultats, véridique ! Je n'ai pas essayé de taper "face de pioche" parce que j'ai trop peur de tomber sur les mêmes photos, et comme désormais j'ai un passif avec cette actrice, je me préserve.




Et pourtant... Witherspoon... C'était pas du tout un de mes highlights... James L. Brooks m'a pris à revers, il m'a pris en traitre avec un "service calbar", je m'attendais à tout sauf à ça, et finalement c'est là son vrai, son seul talent sur ce film, c'est d'avoir su filmer une actrice à mi-chemin entre la belle et la bête (dur...) de telle façon que le spectateur mâle ait les yeux plus ou moins scotchés à l'écran. J'avais envie de partager les tenues faussement sportswear et réellement sexy que trimballe l'actrice dans chaque scène de ce film. On sent que le réalisateur aurait aimé être tout nu derrière sa caméra, pour être plus tranquille (ça a dû lui arriver une paire de fois à mon avis). Reese Witherspoon est elle-même dénudée sans l'être, épaule perçante, jambes aux quatre coins, du rouge à lèvre sur tous les orteils, et j'en passe. Le réal devait être au moins en short lui aussi, dans la même tenue que Reese sur l'image ci-dessus, pour diriger le film depuis le fauteuil de tournage floqué à son nom, je ne vois pas comment c'est possible autrement, on ne peut porter un falzar jusqu'aux chevilles dans ces conditions. J'ai maté ça sur ma télé et j'avais moi-même envie de trancher les manches de mon pull et de mon pantalon pour mater le film tel quel, je vous le dis à vous, je pourrais le dire à d'autres.


How Do You Know de James L. Brooks avec Reese Witherspoon, Owen Wilson, Paul Rudd et Owen Wilson (2011)

Jodorowsky's Dune

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Cinéphile très attiré par les œuvres aussi cultes qu'obscures, je n'ai pourtant jamais regardé le cultissime western psychédélique d'Alejandro Jodorowsky, El Topo, le film le plus connu de son auteur. J'ai bien essayé, un beau soir, en compagnie de mon acolyte, mais nous nous étions endormis très vite avec, à notre réveil, la certitude que nous ne retenterions guère l'expérience de si tôt. Preuve en est, quelques années plus tard, nous ne l'avons toujours pas vu ! Mais l'envie existe et elle vient même d'être sacrément ragaillardie par la vision de ce documentaire consacré à l'un des plus fameux projets inachevés de l'Histoire du cinéma : la tentative d'adaptation de Dune par l'insaisissable Jodorowsky, un cinéaste dont ma connaissance se limite en réalité à l'étrange Santa Sangre, vu il y a des années et dont je garde un souvenir assez trouble.




Il est inutile de connaître la carrière de Jodorowsky ou d'aimer ses quelques films pour être pris d'affection pour l'individu qu'il semble être devant l'excellent documentaire réalisé par Frank Pavich. Ce dernier s'intéresse donc en détails au projet mené par le cinéaste d'origine chilienne au début des années 70, celui d'adapter l'un des livres les plus lus au monde pour en faire une sorte de film ultime, une expérience sensorielle et mystique dépassant le cinéma, recherchant à provoquer l'effet d'une drogue, et visant donc à provoquer de terribles hallucinations. Tout au long du documentaire, "Jodo" nous décrit longuement son projet faramineux, son rêve démesuré, des étoiles encore plein les yeux, l'esprit hyperactif, dévoilant à tout-va des anecdotes qui paraissent toutes fraîches, comme si tout cela lui était arrivé hier et, surtout, comme si tout avait réellement pu se concrétiser, comme si le film existait vraiment.




Jodorowsky en parle avec une passion terriblement communicative, celle-là même qui peut animer un cinéphile lambda quand il s'invente un film idéal à partir d'un scénario rêvé. Dune, cette adaptation incroyable de l'incontournable pavé signé Frank Herbert, Dune, ce film de science-fiction dépassant le 2001 de Kubrick par son ampleur, sa force et son ambition, Dune, ce chef-d’œuvre messianique dont on ne ressort pas indemne, Dune, ce classique absolu qui n'existe pas, Alejandro Jodorowsky le regarde quand il veut, il se le passe dans sa tête, il le connaît par cœur et nous le raconte avec la folie et l'enthousiasme de son créateur-spectateur halluciné.




Le documentaire nous dévoile progressivement la dream team que réussit à former Jodorowsky pour préparer son film : Dan O'Bannon, pour les effets spéciaux car ceux de Dark Star l'avaient séduit, H. R. Giger, engagé suite au refus de Douglas Trumbull et dont les travaux seront réutilisés pour Alien des années plus tard,  Moebius, qui concevra un story-board très détaillé et présenté comme une œuvre à part entière, les Pink Floyd, qui acceptèrent de signer la musique parce que Roger Waters était un fan d'El Topo, et enfin Salvador Dalí, embauché pour un salaire astronomique qui aurait fait de lui l'acteur le mieux payé au monde... Suivre rétrospectivement la constitution de cette fine équipe a quelque chose de très plaisant.




Jodorowsky et les autres intervenants, parmi lesquels le producteur Michel Seydoux, Nicolas Winding Refn, Amanda Lear et Gary Kurtz, retracent ainsi l'histoire de ce film manqué, et essaient finalement d'expliquer les raisons de son échec. Le documentaire en fait peut-être un peu trop quand il insiste, lors de sa dernière partie, sur l'influence forcément immense qu'eurent les préparatifs de Dune sur quelques grands classiques sortis par la suite et ayant vraisemblablement puisé dans le story-board et beaucoup d'autres éléments visuels créés pour le film. Mais on s'en fiche, l'essentiel n'est pas là. On a tôt fait de se rendre compte que Dune n'est pas vraiment le sujet central du documentaire mais qu'il s'agit en fait de Jodorowsky lui-même.




Jodorowsky's Dune est avant tout le portrait en creux d'un artiste fou mais diablement attachant. Frank Pavich se plaît à nous montrer ce vieux poète illuminé être interrompu dans ses monologues enflammés par son chat siamois, accueilli amoureusement sur ses genoux. Il porte sur cet homme encore obnubilé par ses rêves et ses idées sans limite un regard rempli d'une affection hautement transmissible. On sort de ce documentaire sans ressentir l'amertume d'être passé à côté de ce qui aurait dû être une date dans l'Histoire du cinéma, mais avec ce plaisir simple que l'on peut ressentir après une très jolie rencontre. Ce docu passionnant est à la fois le fascinant portrait d'un homme un peu allumé, artiste jusqu'au bout des ongles, et un très beau film sur le cinéma, dont on aimerait qu'il soit bien plus souvent si intimement rattaché au rêve.


Jodorowsky's Dune de Frank Pavich avec Alejandro Jodorowsky, Brontis Jodorowsky, Chris Foss, Michel Seydoux, Nicolas Winding Refn, Devin Faraci, Christian Vander et Diane O'Bannon (2014)

Une Rencontre

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Nous rêvons de tourner le remake de ce film, à ceci près que la rencontre concernerait un de nos pires glaviots et l'objectif de la caméra de Liza Azuelos (voire une parcelle, même infime, de l'un de ses costumes en marbre). Pourtant Azuelos tourne ici son meilleur film. Pourquoi ? C'est le plus court. Une heure dix montre en main. On en est agréablement étonné. Et puis, nouveauté chez Azuelos, le film a une très forte et une vraie cohérence visuelle d'un bout à l'autre : c'est de la chienlit du premier instant jusqu'au tout dernier. A l'image de l'affiche, le projet consiste en des tonnes de halos et de lense-flares-du-bec avec dominantes violet et orange, deux couleurs effectivement complémentaires mais qui se foutent sur la gueule constamment tout au long du film, comme dans le jeu Seven Colors (le premier jeu PC de l'histoire, jamais compris le principe).




Marceau... On l'a souvent épargnée pour les pires raisons, promotion canapé oblige, mais faut revoir sa filmographie à la loupe, ses choix de carrière, les phrases qu'elle débite en interview et qui n'ont aucun sens, son jeu aussi, si on peut parler de jeu, car elle s'amuse toute seule. L'actrice préférée des français est aussi la meilleure amie d'Azuelos. Or rappelez-vous que les amis de mes ennemis sont mes sacrés ennemis, mes pires ennemis même vu qu'ils sont les meilleurs amis de mes ennemis. Quand on voit certains cinéphiles s'en prendre à des gens comme Juliette Binoche, ou Catherine Deneuve, en les traitant de cruches ou de bourgeoises insupportables, on se demande ce qu'il faudrait dire de Sophie Marceau. Mais à la rigueur, on commence à s'habituer à la voir enchaîner les horreurs, depuis environ La Boom.




Alors que Cluzet... comment gérer le cas Cluzet ? Quelle attitude adopter devant cet homme qui peut être attachant, agréable à vivre, et qui régulièrement fout la rouste à notre bon sens. Par exemple quand il va tourner pour Azuelos, dont le film est un enchaînement de clips exécrables qui donnent l'occasion à la réalisatrice de nous confirmer que ses goûts musicaux sont aussi cradingues qu'on pouvait l'imaginer. Mine de rien, Azuelos est en train de se fabriquer une filmographie singulière dans le paysage cinématographique mondial, qui a la particularité de dégager une odeur digne de ces égouts londondiens qui ont fait le buzz l'an passé parce qu'ils étaient remplis à craquer de formidables amas de graisse de cuisine et de déjections organiques embaumant les rues et répandant dans les nez un mal équivalent à celui qu'est supposé renfermer le Necronomicon.


Une Rencontre de Liza Azuelos avec François Cluzet, Sophie Marceau, et mon poing affûté (hope so) (2014)

Whiplash

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"Un film coup de poing", "Jouissif", "Une claque"... Voilà quelques-uns des termes qui accompagnent Whiplash depuis sa découverte au dernier festival de Sundance, et plus encore depuis sa sortie sur les écrans français. Le film semble laisser son public dans un état étrange, entre euphorie et hébétude. Il est vrai que Whiplash est un film étourdissant, au sens premier du terme. On est à peu près constamment emporté par son énergie, son rythme, son montage virtuose et fou : beaucoup, beaucoup de plans très courts, d'inserts, de très gros plans sur des bouts de visage, de mains, de batterie, de cuivres... Cette frénésie formelle, en accord avec la musique, a quelque chose d'immédiatement satisfaisant voire réjouissant, et puis quand on essaye de s'éclaircir un peu les idées pour y penser, et encore plus après le film, on se dit qu'il y a quand même un problème.




On peut penser qu'une des idées fondatrices de Chazelle fut de transposer la première partie de Full Metal Jacket dans le milieu des grandes écoles de jazz : Andrew, un jeune batteur de 19 ans qui rêve de devenir le nouveau Buddy Rich, subit comme la plupart de ses camarades la terreur psychologique et parfois physique de son prestigieux professeur et mentor, Terrence Fletcher, qui de temps en temps se fait doux comme un agneau pour mieux l'humilier ensuite. Le schéma est immuable : adoubement, humiliation, compliment, violence, compliment, humiliation, réconciliation, humiliation... pendant 1h50. La morale de cet homme, et celle du film si on en croit sa conclusion, c'est que cette violence et un entraînement forcené, jusqu'à s'en faire saigner les mains, sont nécessaires et finalement salutaires. C'est comme ça qu'on forme les génies quitte à sacrifier les hommes. Car Andrew, dans sa quête de perfection, se voit obligé de renoncer à toute véritable relation familiale, amicale ou amoureuse (là encore le film en fait autant, la jeune fille avec qui Andrew entame une histoire étant expédiée en deux scènes de séduction et de rupture, toutes deux dans un restaurant ; même chose pour le père, qu'on ne voit guère que partager du pop-corn avec son fils devant des mauvais films).




Le problème n'est pas tant la minceur ou le côté douteux du propos du film (un film n'a aucune obligation de défendre un propos) que la façon qu'il a de se perdre dans ses répétitions et sa frénésie, qui s'apparentent parfois à de la gesticulation. On peut objecter qu'il s'agit du sujet-même du film : Andrew se noie dans la répétition, obsessionnelle et violente, des mêmes gestes, qu'il veut toujours plus rapides et plus parfaits, jusqu'à s'en étourdir et jouer dans un état proche de l'inconscience. Mais ce choix de mise en scène, pour immersif qu'il soit, déçoit sur la durée par trop de démonstratisme. La longue scène où Andrew arrive en retard à un concours, à cause d'un pneu crevé, puis de l'oubli de ses baguettes, puis d'un accident de voiture, avant qu'il n'atteigne quand même sa batterie, en sang, tout ça filmé et monté à 100 à l'heure... c'est trop, trop d'esbrouffe et de surlignage. Même chose pour l'attendue et interminable scène finale, qui scelle l'issue du duel entre l'élève et le mentor.




Damien Chazelle jouit déjà d'une réputation de petit génie, et il serait injuste de nier son talent pour le découpage (en tous cas un certain genre de montage, très nerveux), pour la création d'une atmosphère, d'une tension... On est plus dubitatif sur sa capacité à créer de l'émotion sur la durée (à l'origine Whiplash était un court-métrage, sûrement très bon) par une vraie qualité de regard, des enjeux narratifs et des personnages forts. Car si les comédiens font le job (encore que J.K. Simmons en fait parfois des tonnes en père fouettard insultant au crâne rasé et à l'oeil bleu acier, sans pour autant rivaliser même de loin avec la prestation aussi terrifiante qu'hilarante de R. Lee Ermey dans le film de Kubrick), on ne sort jamais des rails que Chazelle semble avoir posé pour eux dès le départ. Andrew comme Fletcher semblent condamnés à la souffrance, à l'aliénation, toute notion de plaisir leur semble interdite. Et notre propre plaisir devant la qualité formelle indéniable de beaucoup de scènes s'en trouve fortement altéré.


Whiplash de Damien Chazelle avec Miles Teller, J.K. Simmons, Melissa Benoist, Paul Reiser (2014)

Dracula Untold

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SALAMANCA (De notre envoyé spécial) -- Ayant raté la diffusion du film, trop vite retiré de l'affiche dans l'Hexagone et les DOM-TOM, je me suis déplacé à Salamanque, berceau du castillan, pour voir Drácula, la leyenda jamás contada, profitant d'un bon plan Eurolines, et contribuant ainsi (très modestement) à hauteur de 75€ au remboursement des frais engagés par Legendary Pictures. Après les films "à voir avec", cette énième digression autour de la légende transylvanienne, vue en VE (versión española), inaugure la catégorie des films "à voir dans une autre langue qu'on ne maitrise pas totalement". En conséquence, mon petit résumé pourrait s'avérer inexact, tant ma compréhension de la langue de Cervantès est encore limitée...


Avant de voir le film, j'ai fait la connaissance de Carolina, jolie hôtesse qui m'a vendu ce billet et ces pop-corns. Des Palomitas, tout ce que j'avais envie d'envoyer à la tronche du réalisateur pendant les 90 minutes du film, temps additionnel, 3 minutes minimum.

En gros c'est l'histoire de Drácula (Luke Evans, le frère de McGrégoire, un Viggo Mortensen payé au RSA), un prince roumain qui doit allégeance au sultan turc (Dominique Cooper, un cousin de Lee, un espèce de Robert Downey Jr. du pauvre). Ce dernier a besoin de renouveler ses troupes et lui demande 1000 gamins (niños), dont Drácula Junior (hijodepu), pour taper les manouches du coin. Notre héros déclarera "Avec des amis comme ça, pas la peine d'avoir d'ennemi !" (¡Joder, con amigos así, no necesitamos enemigo!), en espagnol dans le texte. Pour protéger son royaume et son fils, Drácula décide d'aller voir un vieux type, Charles Dance (le médecin malheureux d'Alien 3), qui lui fait boire son sang dans une caverne. Cette boisson peu rafraîchissante lui donne le pouvoir de 1/ zieuter en Technicolor comme le Predator, 2/ être très lié aux chauves-souris, au moins autant que le Batman, 3/ courir super vite comme le Flash, 4/ être très très fort. Par contre, après une soirée bien arrosée en sangria de ses victimes, il se rend compte qu'il devient vulnérable à la lumière (la luz). Cela le différencie de ses super-égos alter-héros, à l'exception de The Shadow et peut-être aussi du Bruce Wayne hamster de Nolan, dont on peut douter qu'il soit tout à fait à l'aise en plein jour.


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Drácula est ainsi devenu un pur loup-garou et fort de ses nouveaux pouvoirs, il s'en va récupérer son fils des mains du sultan au terme d'un duel joué à pile ou face, mais non sans avoir perdu sa femme, connement tombée d'une falaise (acantilado) en début de matinée. On retrouve finalement Drácula, ou Sylvain le Trans à notre époque, en Roumanie post-Ceaușescu, en réalité dans la banlieue de Cincinnati, où il réussit à séduire et à inviter une jeune femme, réincarnation de son ancienne épouse et par là même de l'adaptation de Coppola. Il est suivi de près par son maître vampire, Charles Dance (prisonnier malheureux d'Alien 3), qui clôt le long métrage en déclarant "El juego empieza", rendant ainsi hommage à la série Game of Thrones (dont il est l'un des héros malheureux) et ouvrant hélas la porte à une suite qu'on suppose aussi vilaine.


Charles Dance a ici plus de chance que dans Juego de Tronos, car il est encore vivant à la fin du film. Ou mort, car je n'ai toujours pas bien compris si les vampires sont des vivants, des morts, ou des morts-vivants.

Comme souvent ces derniers temps dans les films d'action, on regrette énormément que Drácula Untold se prenne tant au sérieux, et si on rigole parfois, c'est surtout par le ridicule de certains plans, notamment celui où Drácula empale un soldat turc devenu vampire et le maintient dans les airs au bout de sa lance. C'est très mal filmé (effets ralentis, accélérés, combats en gros plans donc on voit rien). Mais ça passe très vite (1h30, mais avec générique, donc en 1h20 c'est plié). N'espérez pas y voir un téton mais vous aurez de très beaux plans sur l'artère carotide de Sarah Gadon.


Artère carotide de Sarah Gardon. Alors qu'ils sont sur le point de faire l'amour après une victoire éclatante - de nuit - contre les Austro-Hongrois, Drácula a une soudaine envie de cou saignant. Perso, je demande toujours bien cuit.

Un conseil, si vous souhaitez voir un film sur le comte Dracula, préférez le Nosferatu de Werner Herzog... Quitte à se déplacer jusqu'à Baden-Baden et le voir dans une langue que vous pigez encore moins que l'espingouin...


Dracula Untold de Gary Shore avec Luke Evans, Dominic Cooper, Sarah Gadon et Charles Dance (2014)
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