Passons rapidement sur le cas de Dream House, qui fut salué comme l'un des plus mauvais films sortis sur nos écrans l'an passé, si ce n'est le plus mauvais, et qui fut même renié par son propre auteur, Jim Sheridan himself. Remarquons tout de même qu'assez rares sont les films unanimement rejetés par la critique et le public, de cette façon, dans une lapidation verbale aussi harmonieuse que définitive. Et rares sont les films qui vont même jusqu'à être vigoureusement déconseillés et considérés comme des purges infâmes par leurs réalisateurs, honteux et demandant pardon. Mais c'est paradoxalement à cause du sort terrible réservé à ce film que j'ai eu envie d'y jeter un œil curieux ! Une curiosité assez mal placée, comme souvent, qui m'a amené devant un film pas spécialement révoltant ou dégueulasse, mais tout simplement raté de A à Z, et presque touchant dans sa nullité incontrôlée, comme peut l'être un triste téléfilm de deuxième partie de soirée. Un film qui nous offre le spectacle assez pitoyable d'acteurs perdus s'échinant à sauver les apparences, se débattant dans des situations improbables et alignant des dialogues qui sonnent toujours terriblement faux, le tout dicté par un scénario exécrable et grotesque, vu revu et rerevu. La pauvre Naomi Watts fait vraiment peine à voir. Rachel Weisz n'y croit pas une seconde et ça se voit. Et, parmi ces âmes en peine, ces stars traînées dans la boue, il y en a une qui attire ici tout particulièrement l'attention...
Profitons en effet de ce film minable pour dire quelques mots de son acteur principal, j'ai nommé Daniel Craig, le James Bond, et saisissons cette occasion en or pour dévoiler une anecdote véritable qui mériterait d'être mieux connue. Il faut pour cela se rappeler de la scène qui a fait exploser la popularité de l'acteur britannique au regard bleutée et aux oreilles décollées. 29ème minute du 21ème James Bond, Casino Royale : sur une plage des Bahamas, Daniel Craig sort de l'eau fièrement, le torse ruisselant, laissant apparaître un boxer particulièrement tendu sous la pression d'un service trois pièces au diapason, zélé, au service de sa majesté. Cette scène imprévue au tournage (l'acteur avait oublié sa tenue de bain habituelle - sa combinaison sous-marine - et la marée devait être plus haute) accoucha de l'image qui réussit dans le même temps à ressusciter celle de James Bond et à sacrifier toute entière la carrière de l'acteur, condamné dès lors à rouler des mécaniques sous sa barbaque au relief si travaillé. Dans chacun de ses contrats, une mention stipule que Daniel Craig doit obligatoirement apparaître en slibard et torse nu ! Piégé par son propre succès, il donne ainsi l'impression de montrer son corps ciselé à la moindre occasion et dans tous ses films, sans exception, même lorsqu'il est cerné par des nazis armés jusqu'aux dents (Les Insurgés) et même par -15°C sur une île perdue au large de la Suède (Millenium). Il en fait donc autant dans le triste Dream House, d'abord lors d'une pénible scène de douche inutile et anormalement longue, puis en extérieur, sous des conditions météorologiques encore très défavorables puisque l'action se déroule dans un paysage enneigé, en plein hiver, quelque part dans le Wisconsin. Malgré cette fâcheuse habitude, Daniel Craig ne m'est pas antipathique, avec sa grosse tronche ridée qui me rappelle quelqu'un, mais en tant qu'acteur, je ne lui fais pas confiance. Tout comme je ne fais plus confiance à Jim Sheridan, quelles que soient ses excuses et les circonstances atténuantes.
Dream House de Jim Sheridan avec Daniel Craig, Naomi Watts et Rachel Weisz (2011)