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We Need to Talk About Kevin

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Je croyais que la double-peine avait été abolie dans ce pays, apparemment non puisqu'après avoir vu ce film, je vais en parler. Je pourrais copier-coller la critique de Sleeping Beautyen changeant le titre du film, et en rajoutant peut-être un gros zeste de rage et d'effarement, mais ça ne suffirait pas. Nous avons là affaire à un autre film sûr de lui et qui se sait malin, un film suffisant qui se présente comme génial et subtil alors qu'il n'est que facilités, raccourcis, bêtise crasse, et se révèle idéologiquement puantissime. Proposant un discours nauséabond servi par une esthétique aléatoirement dispensable ou insupportable, We Need to Talk About Kevin pousse le vice jusqu'au racolage en faisant tenir le spectateur par un suspense morbide, comme s'il souhaitait à toute force le rendre aussi crétin et voyeur qu'il l'est lui-même. Nous citons le film de Julia Leigh mais on peut aussi penser à Haneke, au Haneke de Funny Games notamment (mais pas seulement), puisque le film, qui fait le portrait d'un jeune tueur, coupable d'un massacre de masse au sein de son lycée, tâche de nous asséner une thèse et de nous rendre coupables de ce qu'il est : voyeuriste et malsain. C'est ce que tente par exemple Lynne Ramsay quand la mère du tueur (Tilda Swinton) regarde une interview télévisée de son fils après le drame, où ce dernier s'adresse au spectateur (de l'émission et du film) en affirmant que seuls les gens comme lui intéressent les autres et que tout le monde aurait déjà zappé sur une autre chaîne s'il était sympathique et doué à l'école. La brillante mise en abyme a pour fonction de nous incriminer directement : vous-mêmes, spectateurs, regardez mon œuvre parce que je filme un cas psychologique aberrant et séduisant, nous dit Lynne Ramsay, et vous vous régalez. Nous sommes faibles, nous sommes médiocres, Lynne Ramsay le sait et nous le reproche. Elle nous pervertit et nous accuse de l'être dans le même temps. Si l'on regarde son film jusqu'au bout c'est en partie parce que le point de vue porté sur ce cas psychologique est si puant qu'il interroge (on ne peut pas y croire, on attend un revirement, qui viendra bel et bien, et on regrettera de l'avoir souhaité), mais c'est aussi parce que la cinéaste met tout en œuvre pour qu'on soit fasciné par ce personnage improbable, par les atrocités qu'il a commises et qui tardent à nous être présentées. Ou quand le suspense cinématographique ne sert plus qu'à faire bander les foules avec une bonne dose de sensationnalisme morbide à la clé. Un peu comme dans Sleeping Beauty, le film repose sur une étrange fascination pour son acteur vedette juvénile, au physique si particulier, Ezra Miller (qui semble-t-il prêtait déjà ses traits à un personnage équivalent dans Afterschool en 2008, que je n'ai pas vu), bizarrement aussi beau que laid ; et fonctionne sur l'attente de l'horreur macabre à laquelle ce drôle de personnage au physique ambivalent va se retrouvé mêlé. Mais en vérité ce film est plus détestable encore que celui de Julia Leigh, car il n'est pas qu'une fumisterie esthétique et intellectuelle, il est un manifeste idéologique en tous points gerbant.


Voici la mère de Kevin, l'imbuvable Tilda Swinton, dans une fête de la tomate, figure à la fois christique et souillée par le sang du Diable. C'est un des premiers plans de ce film qui sera donc placé sous le sceau du symbolisme le plus lourd du monde.

Pendant tout le film, on tient uniquement grâce à l'attente du carnage et de la clé du mystère, la solution à l'énigme Kevin. Pour résumer l'histoire que nous raconte Lynne Ramsay, la vie du couple formé par Tilda Swinton et John C. Reilly (que fout-il là mon Dieu...) bascule à la naissance de leur petit garçon, un trublion XXL bien décidé dès son premier jour à leur cramer l'humeur, en particulier celle de sa mère complètement désarçonnée face à tant de haine gratuite (on la comprend). Le finale consiste en une tuerie dans un lycée qui nous sera dévoilée à rebours et au compte-goutte au travers des réminiscences fragmentaires d'une mère démolie. On est donc dès le début du film placé dans l'esprit de Tilda Swinton, mais la réalisatrice Lynne Ramsay, qui nous transporte à intervalles réguliers depuis le présent post-massacre de cette mère traumatisée à son passé remémoré, organise les souvenirs du personnage dans un ordre chronologique bien respecté : la mère se rappelle régulièrement le fil des événements menant de la naissance de son fils à son emprisonnement, sauf qu'à chaque fois qu'elle s'est interrompue dans son roman intérieur, pour dormir ou autre, elle reprend gentiment le film de sa vie là où elle l'avait laissé, comme un magnétoscope humain. Mieux, la maman a la bonté d'interrompre ses pensées toujours au bon moment, ellipses idéalement distillées pour qu'on doive attendre la fin des deux heures que dure le supplice avant de savoir ce qu'a réellement fait son sale gosse. Une scène résume bien les effets de ce procédé narratif : on voit dans un premier gros plan la main de la mère qui aligne des cotons-tiges pleins de pus avec lesquels elle nettoie l’œil mort de sa fille (sans doute crevé par Kevin, ou avec son aide, on l'ignore, la très subtile Lynne Ramsay ayant encore une fois placé une ellipse au moment crucial), puis le plan suivant montre la mère de dos, placée devant la fille et cachant l’œil crevé de celle-ci, et on attend et on craint de voir une cavité purulente dès que la mère va bouger, sauf que quand elle le fait on ne voit qu'un pansement. La réalisatrice nous a foutu les glandes en nous préparant un déballage horrible et finalement ne montre rien. Tant mieux. Mais alors pourquoi nous faire croire qu'elle allait nous le montrer ? Voilà un condensé de Lynne Ramsay. La réalisatrice se plaît à instaurer un suspense répugnant voué à nous scotcher à l'écran avec une suite de scènes anxiogènes et manipulatrices. C'est l'intégralité du projet du film que cette séquence résume. On ne tient ce long métrage misérable jusqu'au bout que pour découvrir ce qui s'est passé, de la même manière qu'on approche sur l'autoroute d'un accident qu'on ne veut pas voir mais qu'on regarde quand même. Pourtant il n'y a strictement rien à voir. Les incessants flashbacks sur l'enfance du meurtrier ne sont là que pour présenter toujours le même problème immuable, qui n'évolue jamais, Kevin étant une ordure sans nom et sans raison dès le départ, et chaque retour en arrière enfonce le clou, nous rapprochant du dérapage, c'est-à-dire du massacre, que l'on espère voir quand même, tant qu'à faire... Lynne Ramsay ne veut pas s'embêter à tenter de montrer ce qu'est réellement un tel personnage, elle veut nous montrer un monstre commettant des forfaits toujours plus sordides, et le film fonctionne donc comme n'importe quel thriller présentant les crimes toujours plus sanglants d'un individu maléfique. We need to talk about Kevin ne veut ni voir ni comprendre, il veut séduire avec un monstre séduisant par nature, car forcément mystérieux. Voici la grande idée de Lynne Ramsay, ou son aveu d'impuissance et d'insuffisance intellectuelle : parce qu'il est impossible d'expliquer un personnage comme Kevin, il faut du coup selon elle se complaire dans cet impossibilité en faisant du personnage un être inhumain, ce qui dès lors résout l'équation, puisque le mystère est résolu sans l'être. Si c'est impossible à comprendre autant rendre la chose définitivement incompréhensible, et comment s'y prendre mieux qu'en faisant de Kevin un alien ? Cqfd.


Dans cette séquence, qui se situe après le massacre commis par son fils, la mère, postée devant douze mille boîtes de sauce tomate rouge sang qui en disent long sur la finesse d’exécution de Lynne Ramsay, est évidemment coiffée comme un balais à chiottes et maquillée comme un cadavre, mais, étant mal dans sa peau, elle porte en outre un immense imperméable gris qui la recouvre jusqu'aux chevilles, un imper que même le tueur de Seven n'oserait pas porter...

On pense encore à Sleeping Beauty (désolé d'y revenir... les deux films sont sortis presque en même temps et inspirent le même agacement terrible) pour le symbolisme lourd à mourir de Lynne Ramsay, notamment l'usage de la couleur rouge, la pierre angulaire de l'échafaudage symboliste du film, qu'il s'agisse d'un souvenir de bain de tomate de la mère, des éclaboussures de peinture jetée gratuitement par Kevin sur les murs fraîchement tapissés par sa génitrice (qui, entre parenthèses, décore son bureau avec un patchwork de cartes de géographie grisâtres, révélant par cet acte une forme de folie qui expliquerait en partie celle du gosse, affublé d'un antécédent psychologique certain) à l'aide d'un pistolet à eau, arme qui préfigure son déferlement de violence ultérieur alors qu'il n'a encore que 4 ans, ou qu'il s'agisse encore du gamin salop devenu ado qui porte un t-shirt à taches rouges quand ses parents le sermonnent pour avoir laissé - ou poussé - sa sœur à se griller un œil avec du Desktop. Il y a aussi ce plan, au supermarché (cf. photogramme ci-dessus), où Swinton Tilda, que j'ai envie de rebaptiser Sweeney Todd, est tétanisée devant un rayon de boîtes de conserves de jus concentré de tomate… L'utilisation du rouge atteint son comble quand la mère nettoie son porche que des voisins ont maculé de peinture pour la faire chier et l'incriminer façon Scarlet Letter. Ramsay, scénariste dont les talents d'écriture font décidément froid dans le dos, étend cette séance de nettoyage à tout le film, Swinton lessivant son passé par un travail de mémoire tout en faisant son ascèse en souffrant d'abord - cheminement obligatoire pour se mettre dans la peau de son fils (qui ronge ses ongles et les aligne sur la table du parloir comme elle mange de la coquille d’œuf et en aligne les copeaux sur le bord de son assiette dans un montage parallèle fort délicat) - en nettoyant le sang déversé aussi, ou ce qui le représente (la peinture rouge si vous suivez), accédant ainsi au pardon et compagnie. Sweeney Todd atteint carrément dans le dernier plan la lumière de Dieu, ouvrant la porte du parloir où son fils vient de la prendre dans ses bras pour sortir dans un grand halo de lumière aveuglante qui s'éteint pour laisser place au générique... Ce n'est pas lourd du tout.


Malgré sa posture et sa tronche en biais, ce n'est pas César, le singe numérique star de La Planète des singes : les origines, mais bien Kevin, un être tout aussi "programmé", qui vient de flinguer la tapisserie et les vitres de sa mère gratos. César, d'apparence simiesque, avait une intelligence humaine. Pour Kevin c'est l'inverse.

Tout ce "travail" narratif et iconographique porte en prime un discours dégueulasse à souhait : le film veut nous apprendre que le ver est dans la pomme, que le mal est là dès le départ, que la délinquance serait génétique (ce film devrait plaire à quelques personnes, qui furent notamment à la tête de notre beau pays récemment...), et que les meurtriers le seraient par nature. L'enfant du film n'est pas un enfant, c'est Damien la malédiction, un monstre pur et simple, un diable, un salopard machiavélique, cruel, inhumain, qui calcule son coup depuis la naissance. Sa mère l'aime, quand bien même elle pète un plomb après l'accouchement, car l'enfant ne cesse de pleurer, mais Kevin est convaincu du contraire, aussi n'aime-t-il personne et encore moins sa mère. Il tarde volontairement à parler, chie dans sa couche jusqu'à neuf ans pour embêter sa maman, ne sourit jamais, ne rit jamais, n'a aucun ami, lance des regards de tueur depuis le berceau et finit par tuer amis et proches de sang froid. C'est Belzébuth réincarné. La réalisatrice égrène rapidement d'autres causes à la folie meurtrière de son personnage, qu'elle balaye cependant tout aussi rapidement, tels le jeu vidéo violent, la passion pour le tir-à-l'arc, une jalousie consécutive à la naissance de sa petite sœur, voire peut-être une homosexualité refoulée, le héros dégingandé et au regard presque maquillé ne portant que des pantalons treize fois trop étroits pour lui (au point qu'il reste moins de tissu sur son corps qu'à l'intérieur) et des t-shirts qui lui arrivent au nombril... voire encore un complexe d’œdipe king size. Mais contrairement à l'entreprise van santienne dans Elephant de présenter toutes les explications possibles à un tel geste pour en montrer les limites et pour dire à quel point elles ne peuvent suffire à comprendre les agissements meurtriers de jeunes personnages humains (trop humains, pour reprendre un titre Nietzschéen) et filmés avec humanité, Lynne Ramsay, qui ne manifeste aucun amour pour ses marionnettes ni aucun respect pour l'intelligence et la sensibilité de son spectateur, écrase ses propres tentatives d'explications et les réduit à néant tant Kevin est présenté depuis sa conception comme une créature maléfique irrécupérable et née pour faire le mal. La réalisatrice nous l'a très vite signifié avec un plan magnifique sur un spermatozoïde de John C. Reilly contaminant un ovule de Tilda Swinton - on pense aux plans in utero,ou in cerebro, difficile à dire, de La Guerre est déclarée, qui pointent l'origine du mal chez l'enfant - durant la première copulation du couple d'amants, bourrés, éclairés par un néon rouge durant toute l'étreinte et jusqu'à ce que le père éjacule à minuit pile (un réveil filmé en gros plan nous l'a prouvé, et non, ce n'est pas l'ébauche d'une quelconque piste de scénario fantastique). Cet enfant est le Diable sur Terre, et il est venu foutre la merde. Voilà la seule et unique explication, tous les autres facteurs n'ayant eu aucune influence sur le cours de l'existence de Kevin puisque l'enfant affiche le même comportement depuis son premier cri.


Pour moi John C. Reilly ne joue pas dans ce film. C'est dit. Foutez-moi la paix, ça me fait du bien.

Du coup la démonstration de Ramsay se mord sans arrêt la queue et se contredit. Les parents sont incriminés, car la mère est maladroite, ne parvient pas à communiquer avec son enfant et ne lui montre pas suffisamment d'affection tandis que le père est aussi absent qu'aveugle, mais ils ont ensuite une petite fille avec qui tout se passe à merveille, un vrai petit ange, aussi ne sont-ils pas responsables d'avoir engendré le démon. A force de dire tout et son contraire, de montrer la mère comme une Rosemary moderne, innocente et coupable à la fois (puisqu'elle casse quand même le bras de son bambin, mais je ferais pareil si j'avais ce truc à la maison 24h/24, je le jure, foutez-moi en taule si c'est mal, makkash), à force de confondre qui plus est sentiment de culpabilité et culpabilité, bref avec cet indigeste gloubi-boulga psychologique le film n'assied finalement qu'une seule option : Kevin est né monstrueux, point barre. Cette idée, récurrente dans le cinéma fantastique, devient ici aussi ridicule que franchement douteuse dans un film qui se veut profondément réaliste, et qui entend donner un éclairage sérieux sur des faits divers actuels à peine détournés.


Immédiatement après la scène du coït alcoolisé, ce plan in utero sur la contamination, l'origine du Mal.

Le film n'assume même pas ce postulat aussi audacieux qu'abruti puisque dans la dernière minute Lynne Ramsay rachète son personnage monstrueux, qui tout d'un coup ne se rappelle plus pourquoi il a fait tout ça, pourquoi il a passé l'intégralité de ses 16 premières années de vie à pourrir celle de sa mère et de ses proches, y compris en prévoyant dès la prime enfance de la détester et de faire semblant d'adorer son père juste pour la faire chier (puisqu'il n'aime pas non plus son père, qu'il tuera sèchement à la fin d'une flèche tirée dans le dos, en même temps que sa petite sœur, meurtres principalement voués à faire suer la maman et commis à domicile avant d'aller massacrer les étudiants du lycée avec le même arc de compétition offert par un papa poule) ; y compris aussi en préparant un cd gravé sur lequel il écrit "I Love You", que sa mère pique dans sa chambre un jour où il est absent pour le lire sur son ordinateur afin de comprendre son enfant, découvrant en fait un virus vieux de dix piges qu'elle était la seule à ne pas connaître et qui crame son PC en deux secondes... et la mère dépitée d'aller voir Kevin dans sa chambre le soir venu, qui, sans la regarder, lui lance de sa voix éraillée : "Alors ? Ton ordi est mort ?", fier comme Artaban que son énième piège ait fonctionné à merveille. La loi de l'emmerdement maximum que pratique Kevin depuis le plus jeune âge et chaque jour que Dieu fait passe aussi par de plus menues actions, comme coincer le hamster de sa sœur dans le siphon de l'évier de la cuisine, ou bouffer (avec les doigts) un énorme poulet rôti entier juste avant d'aller au resto avec ses parents (il y a quand même du génie chez ce gosse).


Le symbolisme de Lynne Ramsay n'a pas de limites, la métaphore visuelle, c'est son grand dada. Ce plan est augmenté d'un lent zoom sur le centre de la cible reflétée et contenue dans la pupille de Kevin, constitutive de son regard, partie prenante de son être tout entier, la violence et le meurtre étant inscrits dans son empreinte génétique profonde.

A la fin, Kevin tombe donc finalement dans les bras de sa mère pour un rachat improbable par lequel la cinéaste croit s'éviter l'extrémisme idéologique des 119 minutes qui précèdent et qui se sont acharnées à nous détruire l'humeur à petit feu. De la même manière qu'il n'y avait aucune cause autre que génétique et innée à sa monstruosité, Kevin redevient humain sans préavis, le libre arbitre, le travail de conscience, l'éducation n'y sont pour rien, son regain potentiel de bonté, voire d'humanité, en passe par un déclic involontaire, chimique, risible. "Il faut qu'on parle de Kevin"... Très bien mais pour en dire quoi ? Il n'y a plus rien à dire après l'exposé de Lynne Ramsay. Plus rien à dire des tueurs de Columbine, d'Aurora et d'ailleurs : ce sont des tueurs-nés irrécupérables à moins d'une improbable épiphanie cérébrale miraculeuse, qu'on ferait aussi bien non pas d'envoyer à la chaise électrique mais de dépister in utero, ou au pire dans les crèches et les cours de récré, pour en débarrasser le monde illico. Ne regardons pas l'éléphant qui trône au milieu de la pièce, ou alors supprimons-le ni plus ni moins. Fin du débat.


We Need To Talk About Kevin de Lynne Ramsay avec Tilda Swinton, Ezra Miller et John C. Reilly (2011)

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