Deuxième film de et avec Nicolas Giraud, l'acteur-réalisateur avec la tronche et le patronyme les plus banals du monde. Après ça, pas dit que je rattrape son premier opus. Sur le papier, pourtant, l'accroche me branchait bien. Un type qui tente de réaliser le premier vol spatial habité amateur de l'histoire. Et je n'ai guère trop souffert durant le film, fenêtre ouverte, il faisait super beau, pas trop chaud, pas besoin du ventilo, j'avais pour une fois bien pris l'air, je pouvais donc à l'aise supporter un truc si grisâtre et terne pour boucler ma journée. C'est passé sans souci. En revanche, quelques temps après, avec un peu de recul, je me suis dit "tout ça pour ça ?!". Le pire, c'est que le pitch est menteur. Le type en question est un brillant ingénieur en aéronautique, recalé de peu au concours pour devenir astronaute (on lui a préféré un dénommé Thomas Pesquet). Nicolas Giraud, qui se fait ici appeler Jim, taffe chez Ariane et pique en loucedé tout le matos reçu à son boulot pour reconfigurer une fusée dans la grange de sa grand-mère. Je ne vois donc pas où réside l'exploit et l'amateurisme là-dedans, vu que notre petit génie frustré et ambitieux chourrave du matériel de pro et qu'il bénéficie en outre de beaucoup d'aide extérieure. Giraud s'entoure en effet d'une fine équipe de bras cassés, à commencer par Matt Kassovitz, plutôt crédible en vieille gloire du tennis français, Bruno Lochet, l'ancien Deschiens reconverti fournisseur de kérosène, et une jeune étudiante ultra douée mais un brin chtarbée, qui finira évidemment sous le charme de l'irrésistible chef de projet. Sans compter l'indispensable Mamie Gâteau, jouée sans effort par Hélène Vincent, qui nourrit, loge et blanchit tout ce beau monde, les abreuvant de cookies délicieux et de petits plats mitonnés avec amour. Là où ça coince, c'est du côté des parents de Jim, et Giraud nous sert de la psychologie de comptoir à base de relations filiales conflictuelles et de grandes réconciliations finales.
Bref, le film est donc ultra gris, sa photographie semble s'échiner à
décliner toutes les nuances de la chevelure de son auteur. Il est prévisible de bout en bout et, surtout, sérieux comme c'est pas permis.
Pas une touche d'humour là-dedans, malgré les petits sourires en coin
de Kassovitz, que l'on sent bridé, presque constipé, peut-être malade.
Ah si, il y a un petit moment drôle, d'une durée de 3 secondes, lorsque
Kassovitz surprend Giraud en pleine méditation solitaire contre un arbre : ils
buguent et se regardent en ayant l'air de se dire "What the fuck ?!".
Faut pas louper ce passage-là, ça paraît pas raconté comme ça, mais c'est une bouffée d'air frais. À la fin, nous voyons évidemment Giraud s'accorder quelques minutes d'autosatisfaction dans l'espace (comme si tout le film ne suffisait pas), conclusion silencieuse mais très attendue d'un suspense mort-né. Il se rabiboche avec tout le monde, ferme pas mal de bouches, cloue d'autres becs et, enfin, fait le deuil de son grand-père, son inspirateur, mordu d'astronomie. Et l'on se dit que Nicolas Giraud aurait très bien pu rester prothésiste dentaire sans que l'art cinématographique n'y perde grand chose.
L'Astronaute de Nicolas Giraud avec Nicolas Giraud, Mathieu Kassovitz, Bruno Lochet et Hélène Vincent (2023)