L'histoire de la Bête du Gévaudan me fascine depuis mon plus jeune âge. Plus exactement depuis ce maudit soir où feue ma grand-mère me l'a racontée avec peut-être un peu trop de conviction et de talent. J'ai pas mal lu sur le sujet, je me suis rendu plusieurs fois sur les lieux, j'ai confronté toutes les hypothèses existantes, j'ai versé une larme devant la daube de Christophe Gans. Bref, cette histoire me tient à cœur, alors quand j'ai lu que ce film-là en proposait une nouvelle relecture, j'ai foncé les yeux fermés... Droit dans le mur, comme d'habitude. Mais j'éprouve bien moins d'animosité pour une telle œuvre, aussi anodine soit-elle, que pour un gros truc survendu. Sean Ellis ne cherche pas à mal faire, c'est évident, il est animé de bonnes intentions, il aborde le sujet avec sérieux et un certain classicisme dans la forme. On a presque envie d'y croire, avant de décrocher progressivement face à la prévisibilité et au manque d'originalité du projet, que symbolisent des personnages ennuyeux au possible campés par des acteurs fatigués (Boyd Holbrook, Kelly Reilly), et la redondance de scènes de cauchemars franchement pénibles.
Le mythe du Gévaudan est donc ici remixé avec quelques ingrédients classiques du folklore entourant la figure du loup-garou. Toutes les idées ne sont pas mauvaises et le film contient notamment une scène d'autopsie qui surprend par sa dégueulasserie. Globalement, hélas, Sean Ellis n'est pas aidé par des CGI franchement pas jojo et une photographie grisâtre comme on en a beaucoup trop vues ces derniers temps. C'est qu'il ne faudrait pas oublier que l'action se déroule dans la campagne française au XIXe siècle... Le scénario nous propose enfin une nouvelle théorie sur la fameuse Bête (attention au spoiler – je préviens au cas où deux ou trois pelés s'aventureraient encore par ici). La Bête du Gévaudan, c'était donc encore un sale coup des gitans ! Un de leurs maudits sorts. Le genre qu'ils jettent sur ta famille et ce pour plusieurs générations si tu as le malheur de les éjecter un poil violemment d'un terrain ne leur appartenant évidemment pas et sur lequel ils ont pris leurs aises. Je sais pas vous, mais moi, j'élimine direct cette théorie de ma longue liste des possibles et retourne à mes recherches.
The Cursed de Sean Ellis avec Boyd Holbrook, Kelly Reilly et Amelia Crouch (2023)