Drôle de film que ce Resolution. Présentée comme un film d'horreur, cette œuvre inclassable co-signée Justin Benson et Aaron Moorhead s'est faite remarquer à différents festivals de films indépendants avant de débouler sur la toile, accompagnée d'une réputation enviable et grandissante. A l'image de films de genre récents comme The House of the Devil et The Pact, Resolution ne connaîtra sans doute pas les honneurs d'une sortie en salles. Allez savoir pourquoi. Peut-être le film a-t-il été jugé trop exigeant, trop singulier et trop intéressant par rapport aux sorties horrifiques habituelles ? On se le demande. Heureusement, des chemins de traverse plus ou moins recommandés existent encore pour réussir à mettre la main sur de telles étrangetés. C'est avec un vrai plaisir et un certain sens du devoir que l'on se charge ensuite de participer à leurs belles petites renommées...
A la lecture du pitch et à la vue d'une de ses affiches, je redoutais pourtant le pire, ou en tout cas, un film pas du tout pour moi, louchant plutôt du côté du torture porn bien dégueu que vers celui de ce que l'on pourrait appeler l'horreur intello. J'imaginais en effet un nouveau film de séquestration comme il y en a eu tant ces dernières années. J'avais tout faux ! Vraiment tout faux ! Et heureusement... Resolution nous narre l'histoire d'un gars, prénommé Michael (Peter Cilella), qui décide d'employer une méthode radicale pour sauver son meilleur pote, Chris (Vinny Curran), de son addiction à la drogue. Michael se rend un beau matin dans la baraque abandonnée que squatte son ami, puis le menotte par surprise à un tuyau, bien éloigné de sa came, le condamnant, pour son bien, à la sobriété totale, tout en s'occupant de ses besoins primaires. Alors que l'on peut logiquement craindre que ce point de départ donne lieu à un huis clos sadique opposant les deux hommes, une bobine d'horreur tendue et éprouvante où la terreur mentale nous ferait patienter avant une confrontation physique violente, Resolution surprend complètement dans tous les choix qu'il décide de prendre à partir de sa base. C'est bien simple : rien n'est ici prévisible. On dirait que ses deux auteurs se sont donnés comme premier objectif de systématiquement nous amener là où on ne s'attend pas, avec une règle d'or, celle de toujours nous surprendre de la plus étrange, mais étonnamment cohérente, des manières.
Perdue dans les bois au milieu des collines, écrasée par un soleil de plomb permanent, la baraque insalubre et délabrée qui abrite nos deux hommes ne s'avérera ni hantée par un douloureux passé remontant à la surface ni encerclée par de dangereux dégénérés comme il est de coutume d'en croiser dans les films d'horreur dès qu'ils s'éloignent un peu trop des villes. Elle est par contre située en plein cœur d'une réserve indienne et rôdent aux alentours les membres d'une secte d'illuminés dans l'attente de la venue du Messie. Un hôpital psychiatrique, d'où fuguent régulièrement quelques patients mal lunés, est également implanté non loin, et il paraîtrait qu'une équipe de scientifiques français aurait récemment quitté les lieux dans l'urgence, abandonnant tout leur matériel sur place. Dans ce contexte, Michael découvre un à un des indices de plus en plus étranges et inquiétants, qui semblent lui être destinés... On ne peut pas vraiment en dévoiler davantage sur un scénario dont les contours restent longtemps très flous.
A la lecture du pitch et à la vue d'une de ses affiches, je redoutais pourtant le pire, ou en tout cas, un film pas du tout pour moi, louchant plutôt du côté du torture porn bien dégueu que vers celui de ce que l'on pourrait appeler l'horreur intello. J'imaginais en effet un nouveau film de séquestration comme il y en a eu tant ces dernières années. J'avais tout faux ! Vraiment tout faux ! Et heureusement... Resolution nous narre l'histoire d'un gars, prénommé Michael (Peter Cilella), qui décide d'employer une méthode radicale pour sauver son meilleur pote, Chris (Vinny Curran), de son addiction à la drogue. Michael se rend un beau matin dans la baraque abandonnée que squatte son ami, puis le menotte par surprise à un tuyau, bien éloigné de sa came, le condamnant, pour son bien, à la sobriété totale, tout en s'occupant de ses besoins primaires. Alors que l'on peut logiquement craindre que ce point de départ donne lieu à un huis clos sadique opposant les deux hommes, une bobine d'horreur tendue et éprouvante où la terreur mentale nous ferait patienter avant une confrontation physique violente, Resolution surprend complètement dans tous les choix qu'il décide de prendre à partir de sa base. C'est bien simple : rien n'est ici prévisible. On dirait que ses deux auteurs se sont donnés comme premier objectif de systématiquement nous amener là où on ne s'attend pas, avec une règle d'or, celle de toujours nous surprendre de la plus étrange, mais étonnamment cohérente, des manières.
Perdue dans les bois au milieu des collines, écrasée par un soleil de plomb permanent, la baraque insalubre et délabrée qui abrite nos deux hommes ne s'avérera ni hantée par un douloureux passé remontant à la surface ni encerclée par de dangereux dégénérés comme il est de coutume d'en croiser dans les films d'horreur dès qu'ils s'éloignent un peu trop des villes. Elle est par contre située en plein cœur d'une réserve indienne et rôdent aux alentours les membres d'une secte d'illuminés dans l'attente de la venue du Messie. Un hôpital psychiatrique, d'où fuguent régulièrement quelques patients mal lunés, est également implanté non loin, et il paraîtrait qu'une équipe de scientifiques français aurait récemment quitté les lieux dans l'urgence, abandonnant tout leur matériel sur place. Dans ce contexte, Michael découvre un à un des indices de plus en plus étranges et inquiétants, qui semblent lui être destinés... On ne peut pas vraiment en dévoiler davantage sur un scénario dont les contours restent longtemps très flous.
Une fois le film achevé, on repense très vaguement à La Cabane dans les bois, en se disant que Resolution est environ mille fois mieux et, surtout, plus intelligent. Puis on se dit que ce serait ne pas rendre hommage au travail de Justin Benson et Aaron Moorhead de comparer et rapprocher leur œuvre déroutante du bric-à-brac horrifique lourdingue produit par le vilain Joss Whedon. Mais, de la même façon que le film de... de ? Attendez une seconde que je retrouve le nom de cet empaffé sur Google... De la même façon que le film de Drew Goddard, donc, Resolution propose une métadiscursivité qui joue directement avec les connaissances des spectateurs. A la grande différence que, ici, tout cela est construit avec subtilité et finesse, sans facilité, sans effet tape-à-l'oeil, sans donner la désagréable impression qu'on flatte bassement le spectateur pour s'assurer mochement sa complicité. L'aspect "film dans le film" participe dans Resolution au malaise diffus créé par les deux réalisateurs, il amène une réflexion, un doute persistant, on se dit qu'il y a quelque chose à creuser là-dedans, et que le film gagne peut-être à être revu sous cet angle, car cet aspect-là, on ne le découvre que progressivement, comme la piste la plus sûre ouverte par les auteurs. Vous remarquerez aussi que je n'ai repensé au film de Drew Goddard qu'après, pas pendant. Devant Resolution, je n'avais pas vraiment de repère, puisque ses deux auteurs s'amusent à nous laisser deviner un tas de pistes qu'ils n'explorent pas, volontairement, préférant les abandonner à l'imagination du spectateur habitué, en pleine confusion.
A la différence de La Cabane dans les bois, l'aspect métadiscursif n'est donc pas ici un concept de base roublard agissant simplement comme de la poudre aux yeux et tenant en réalité le rôle d'un pur prétexte pour éliminer une bande de jeunes cons dont on se fout éperdument. A ce sujet, les deux personnages centraux de Resolution sont peut-être une des plus grandes réussites du film. On croit sans effort en l'amitié de ces deux types, de plus en plus attachants à mesure que le film avance. On s'amuse des anecdotes passées qu'ils échangent entre eux pendant les rares moments de sérénité. On rigole même parfois aux dialogues placés dans la bouche du gros camé, joué par un acteur barbu très en verve, Vinny Curran. Bref, ce sont deux vrais personnages qu'on tient-là, et que l'on suit avec un vif intérêt. Nous sommes donc d'autant plus inquiets quant à leur destiné très incertaine. A la fin du film, nous les quittons hébétés, bousculés, mais clairement sous le charme de l'habileté et de l'audace avec lesquelles le duo Benson et Moorhead les a menés au but, tout en nous menant par le bout du nez, avec trois fois rien mais plein d'idées, et via une mise en scène d'une étonnante fluidité. Plus qu'un film de petits malins malgré son scénario retors qui fera forcément des insatisfaits, Resolution apparaît à l'évidence comme une vraie bizarrerie qui gagne à se faire connaître.
Resolution de Justin Benson et Aaron Moorhead avec Peter Cilella, Vinny Curran et Bill Orbest Jr. (2013)