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Channel: Il a osé !
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Pain & Gain

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Avec seulement 20 millions de dollars en poche, Michael Bay s'essaie au film d'auteur indépendant d'art et essai underground. Ses acteurs, très impliqués dans le projet, ont accepté un paycheck anormalement maigre, à commencer par Marky Mark Wahlberg, dont l'amitié avec Michael Bay est telle qu'il est déjà annoncé dans les prochains Transformers. L'acteur semble se faire un malin plaisir à malmener le cinéphile qui a reconnu quelque chose en lui et qui cherche à le cerner depuis maintenant près de vingt ans, ce cinéphile qui l'a croisé dans quelques bons films, notamment chez James Gray, James Gray qui a dit un jour que l'acteur était d'une intelligence supérieure et que l'on n'avait pas fini de découvrir toutes les facettes de son talent. Ce même cinéphile qui pleure en suivant le fil RSS consacré à la star bodybuildée, jamais lassée d'enchaîner les projets testostéronés avares en propositions de cinéma tels que le Pain & Gain dont il est ici question. Wahlberg et The Rock y incarnent deux abrutis obnubilés par le sempiternel "rêve américain" et bien décidés à le vivre de toutes les façons possibles. Et Michael Bay, pas plus malin que ses personnages, se plaît à nous rappeler, à chaque nouvel épisode plus débile que le précédent des aventures de Tête de nœud et Tronche de con, que tout cela est tiré d'une histoire vraie. Rappelez-vous que le cinéaste avait voulu utiliser la même technique de persuasion dans Bad Boys 2 et dans Transformers 3, jusqu'à ce que son ami et tuteur Jerry Bruckheimer lui dise : "Là ça ne passera pas, y'a que toi qui y crois".




Le film durant 2h20 (rassurez-vous il y a 20 minutes de générique de fin, nouvelle tendance du cinéma de merde hollywoodien, Star Trek Into Darkness est un autre exemple), on pense d'abord avoir affaire à ce qu'on peut typiquement appeler un "plaisir coupable", volontairement régressif et bête, où les acteurs s'en donnent à cœur joie. En ce sens, Mark Wahlberg confirme son aisance dans le registre comique après Very Bad Cops, et montre qu'il est capable d'asséner avec le plus grand sérieux du monde des répliques d'une débilité achevée. Il faut aussi reconnaître quelques lueurs de génie à The Rock (qui avait justement côtoyé Wahlberg sur le tournage de Very Bad Cops, où il n'était pas le dernier à donner dans l'autodérision de bon aloi), permettant de pouffer une fois ou deux. On aimerait voir ces acteurs dans une vraie comédie (sauf si c'est pour subir Ted 2, le premier, à pleurer, étant bien loin de la folie comique de Will Ferrell), car le film de Bay se révèle vite tourner en rond (à l'image de ces travellings circulaires, seul outil de la grammaire cinématographique maîtrisé par Bay, qui en use et en abuse), et se contente de montrer des débiles de façon débile, avec à la clé quelques effets de manche bien pitoyables baignés par des voix-off incessantes. On s'ennuie ferme devant ce chapelet de connards imbuvables, pourtant presque attachants au départ, et on mate sa montre en attendant que ça passe, tristes de croiser Ed Harris dans un tel taudis, un merdier de film dont on n'a aucune envie de gratter le fond d'idéologie rance et gerbante (car étant donné la manière qu'a Michael Bay de dépeindre les femmes, les juifs et les homosexuels, on se dit qu'on ne l'inviterait pas à dîner tous les dimanches, parce qu'il ferait sacrément la paire avec tonton Scefo le gros facho). On imagine très bien ce film trôner fièrement au sein du top 2013 de Quentin Tarantino aux côtés de Pacific Rim,Young Adult, Django UnchainedThe Bling Ring, Hobbo with a Shotgun et quelques autres merdes.


Pain & Gain de Michael Bay avec Marc Wahlberg et The Rock (2013)

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