Minka Kelly. Leighton Meester. Si vous ignorez qui se cache derrière ces petits noms, vous ne comprendrez pas qu'on puisse être tombé dans les griffes de ce film. Le peu de personnes qui l'ont vu à ce jour ont deux couilles et peu de fierté. Nous en faisons partie. On a pourtant longuement hésité à écrire cette critique, d'abord parce que le titre est très difficile à orthographier ("The Roommate", deux "o", deux "m", deux "chiennes"), sans doute le seul mot du lexique mondial avec deux "o" et deux "m" accolés, ensuite parce qu'on craignait de tomber dans le piège habituel qui consiste à axer la critique sur le physique plutôt avantageux des deux actrices principales, comme cela nous arrive encore trop souvent. En même temps l'affiche y invite, qui dit "Which one will you get ?", question rhétorique qui s'annule de facto puisque Minka Kelly et Leighton Meester se ressemblent comme deux gouttes d'eau.
In bed with Minka Kelly, à gauche, et Leighton Meester, à droite. Même si c'est Vaio© qui reste le mieux éclairé dans ce plan, notebook qui à lui tout seul en dit long sur le budget du film.
Concentrons-nous donc plutôt sur l'histoire. Minka Kelly, du haut de ses 33 ans, débarque à la fac après avoir eu son bac L avec mention Assez-Bonne. Arrivée dans une cité universitaire anonyme du campus, elle découvre qu'on lui a automatiquement attribué une colocataire, la fameuse "roommate" du titre. Au départ, les deux jeunes femmes se découvrent quelques atomes crochus, à base de marques connues qu'elles apprécient de concert (elles raffolent toutes les deux de la firme H&M), de groupes indés adulés (The Shins, notamment) ou de plats tout préparés qui font toujours mouche (avec un gros faible pour le cassoulet "La Belle Chaurienne"). Mais très vite, Minka Kelly réalise que sa nouvelle meilleure amie présente quelques symptômes typiques du sociopathe avéré. Tout commence quand cette dernière invite l'innocente Minka au vernissage d'un peintre contemporain à l'esprit putain de torturé, dont les œuvres consistent en un étalage de barbaque peu éclairé. Minka se fend d'un poli "Ah oui, j'aime bien son style", mais sa grimace de mauvaise actrice dit bien qu'elle a reniflé l'embûche. L'étau se resserre. Très vite l'entourage de Minka fond comme neige au soleil. Le gros chien des quais qu'elle avait rencontré dans un concert de The Shins et sur lequel elle fondait quelque espoir génital s'éclipse comme par enchantement.... Le petit chat qu'elle avait recueilli dans les détritus fait quant à lui ses adieux dans un dernier "MIAOU !" tragique avant de retourner d'où il venait : dans la benne à ordures la plus proche. Et puis vient ce moment où, non contente d'avoir écarté son petit copain et son chat, Leighton Meester se met à porter les slips sales de Minka Kelly, et se fait graver sur le sein le prénom de la sœur jumelle défunte de sa malheureuse victime. C'est là que Minka Kelly se met à chercher une autre coloc sur LeBonCoin.fr.
La vie d'Adèle, Chapitre 0.
Vous vous demandez sans doute comment tout cela se termine. Résolution classique. Échange de coups de feu, intervention inespérée du petit copain rencontré au concert de The Shins, véritable canis ex machina du métrage, et puis une balle perdue qui vient faire sauter l'opercule crânien de la démoniaque Leighton Meester et conclure un film qui n'aura pas tenu ses promesses "sexy". Nous avons vu The Roommate parce qu'en tant que cinéphiles, nous tenions à avoir un pied dans l'actualité. En effet, des raisons personnelles nous empêchent d'aller voir La Vie d'Adèle en salles, et on pensait avoir trouvé là, après des recherches considérables sur le net, un équivalent à la Palme d'Or d'Abdellatif Kechiche. Peut-être même le Chapitre 0 des fameuses aventures homosexuelles de ces deux jeunes femmes qui découvrent la vie, un prequel au coming of age lezbdo dont tout le monde parle. C'est raté. Le réalisateur de ce film (sorti dix ans jour pour jour après la catastrophe d'AZF) se nomme Christian E. Christiansen. Avec un blaze pareil, il aurait pu mener l'équipe nationale de football du Danemark vers les sommets et succéder à la génération Laudrup, au lieu de ça il a choisi de filmer des femmes de footballeurs. Ça se défend.
The Roommate de Christian E. Christiansen avec Leighton Meester et Minka Kelly (2011)