Dieu vivant il y a un peu moins de deux ans, au nom porteur d'une aura terrible, Terrence Malick semble être aujourd'hui devenu un tocard de première, à l'heure où plus personne ne pense à lui pour établir un beau bilan de fin d'année. Rien d'étonnant quand on essaie de se souvenir de ce triste film. Rien que la bande-annonce de A la merveille (quel titre hideux), ce petit condensé de la bouillie Malick, suffit à vous fendre la rétine en deux, sciée net. Tree of life, qui avait porté un certain nombre de spectateurs parmi nous à ébullition sur grand écran (c'était la première fois de ma vie que je sortais du ciné après 2h18 de supplice en criant au viol), n'était donc pas juste une expérience un peu fumée de la part du grand manitou, c'était la profession de foi d'un vrai "style" revendiqué et ignoble. Avec To the Wonder, le vieillissant Malick s'est définitivement muté en un pur guignol.
Porté aux nues après sa Palme d'Or en 2011, le cinéaste mystérieux a donc déjà atteint ses limites et lassé ses fans avec son esthétique immonde à base d'acteurs qui marchent dans les blés les bras en croix face à mille couchés de soleil, de femmes et d'enfants qui tournoient en riant bêtement sous des jets d'eau dans des jardins, de vues en contre-plongée sur des couples qui s'enlacent en souriant devant des fenêtres aux rideaux blancs soulevés par le vent, de débiles légers qui se toisent de loin en faisant des petits pas chassés sur le sable et s'émerveillent des empreintes de leurs pas et de mouvements de caméra perpétuels, vers l'avant de préférence, sur des amoureux béats qui marchent pieds nus et inspirent tout ce qu'ils peuvent. Sans oublier les raccords dans l'axe, jump cut et faux-raccords à ras-la-gueule, les mouvements circulaires dans le cadre redoublés par ceux de la caméra, les travellings de suivi vaporeux rythmés par un montage poétique à la noix, et les images atroces de balançoires, de parcs pour enfants et d'églises recouvertes en voix-off par des murmures, au choix, lénifiants et débiles (les dialogues sont d'ailleurs tout aussi minables) ou d'une religiosité extatique pas mal exaspérante : "The sky... the sky... you shall love... whether you like it or not... you shall shove it up your ass, pleeeeeeease God help me...".
On ne compte plus les horripilants topoï malickiens, ici ressassés jusqu'à la lie avec une complaisance qui confine à l'auto-parodie. Le "style" Malick apparaît là dans toute sa laideur et toute sa vacuité. Si vous avez vu une seule de ces pubs récentes et toujours insupportables pour des appareils photo ou autres iphones, qui vous vendent, dans un montage de métronome, rythmé par une jolie musique pop ou autre chorale solennelle et euphorique, une suite de "beaux moments", des gens qui écoutent par exemple de la musique en admirant la beauté d'un paysage, qui rient, tournoient sous la neige, s'embrassent dans des starbucks, prennent leur pied devant un coucher de soleil dans le Sahara ou s'extasient devant le spectacle d'une ville portuaire illuminée la nuit, vous pouvez affirmer connaître le Malick dernière mouture sur le bout des doigts, quand bien même vous seriez miraculeusement passé à travers les gouttes des deux dernières saillies de l'illustre imposteur. Comment peut-on tenir d'un bout à l'autre de ce vaste clip publicitaire ridicule ? Cet aspect lisse et séduisant se retrouve même dans le choix des acteurs, de Ben Affleck, playboy sans charisme, à Olga Kurylenko, mannequin russe de derrière les fagots. Certains des plus ardents défenseurs et admirateurs du cinéaste eux-mêmes n'en peuvent plus. N'étant pas un grand fan (doux euphémisme) de l’œuvre de Terrence, j'ai tendance à penser qu'il a malencontreusement réalisé une paire de films non totalement dépourvus de qualités au tout début de sa carrière avant que sa médiocrité criante ne le rattrape. Mais pour ne pas trop froisser les fans de ce monsieur, qui ont déjà maille à partir avec la dernière farce intégrale et pontifiante (cela dure en prime près de deux heures) livrée par leur gourou, cet "merveille" plutôt merdique et, pour tout dire, irregardable, on dira que l'homme est peut-être juste devenu totalement sénile, gâteux, et qu'il fait partie de ces artistes qui ramollissent du cigare en vieillissant, tel Léo Ferré et son attrait tardif pour les macaques. On imagine très bien Malick se faufiler à Cannes l'année prochaine avec une guenon pendue au cou.
A la merveille de Terrence Malick avec Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams et Javier Bardem (2013)
Porté aux nues après sa Palme d'Or en 2011, le cinéaste mystérieux a donc déjà atteint ses limites et lassé ses fans avec son esthétique immonde à base d'acteurs qui marchent dans les blés les bras en croix face à mille couchés de soleil, de femmes et d'enfants qui tournoient en riant bêtement sous des jets d'eau dans des jardins, de vues en contre-plongée sur des couples qui s'enlacent en souriant devant des fenêtres aux rideaux blancs soulevés par le vent, de débiles légers qui se toisent de loin en faisant des petits pas chassés sur le sable et s'émerveillent des empreintes de leurs pas et de mouvements de caméra perpétuels, vers l'avant de préférence, sur des amoureux béats qui marchent pieds nus et inspirent tout ce qu'ils peuvent. Sans oublier les raccords dans l'axe, jump cut et faux-raccords à ras-la-gueule, les mouvements circulaires dans le cadre redoublés par ceux de la caméra, les travellings de suivi vaporeux rythmés par un montage poétique à la noix, et les images atroces de balançoires, de parcs pour enfants et d'églises recouvertes en voix-off par des murmures, au choix, lénifiants et débiles (les dialogues sont d'ailleurs tout aussi minables) ou d'une religiosité extatique pas mal exaspérante : "The sky... the sky... you shall love... whether you like it or not... you shall shove it up your ass, pleeeeeeease God help me...".
On ne compte plus les horripilants topoï malickiens, ici ressassés jusqu'à la lie avec une complaisance qui confine à l'auto-parodie. Le "style" Malick apparaît là dans toute sa laideur et toute sa vacuité. Si vous avez vu une seule de ces pubs récentes et toujours insupportables pour des appareils photo ou autres iphones, qui vous vendent, dans un montage de métronome, rythmé par une jolie musique pop ou autre chorale solennelle et euphorique, une suite de "beaux moments", des gens qui écoutent par exemple de la musique en admirant la beauté d'un paysage, qui rient, tournoient sous la neige, s'embrassent dans des starbucks, prennent leur pied devant un coucher de soleil dans le Sahara ou s'extasient devant le spectacle d'une ville portuaire illuminée la nuit, vous pouvez affirmer connaître le Malick dernière mouture sur le bout des doigts, quand bien même vous seriez miraculeusement passé à travers les gouttes des deux dernières saillies de l'illustre imposteur. Comment peut-on tenir d'un bout à l'autre de ce vaste clip publicitaire ridicule ? Cet aspect lisse et séduisant se retrouve même dans le choix des acteurs, de Ben Affleck, playboy sans charisme, à Olga Kurylenko, mannequin russe de derrière les fagots. Certains des plus ardents défenseurs et admirateurs du cinéaste eux-mêmes n'en peuvent plus. N'étant pas un grand fan (doux euphémisme) de l’œuvre de Terrence, j'ai tendance à penser qu'il a malencontreusement réalisé une paire de films non totalement dépourvus de qualités au tout début de sa carrière avant que sa médiocrité criante ne le rattrape. Mais pour ne pas trop froisser les fans de ce monsieur, qui ont déjà maille à partir avec la dernière farce intégrale et pontifiante (cela dure en prime près de deux heures) livrée par leur gourou, cet "merveille" plutôt merdique et, pour tout dire, irregardable, on dira que l'homme est peut-être juste devenu totalement sénile, gâteux, et qu'il fait partie de ces artistes qui ramollissent du cigare en vieillissant, tel Léo Ferré et son attrait tardif pour les macaques. On imagine très bien Malick se faufiler à Cannes l'année prochaine avec une guenon pendue au cou.
A la merveille de Terrence Malick avec Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel McAdams et Javier Bardem (2013)