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Channel: Il a osé !
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Les Amants du Texas

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Ain't them bodies saints, littéralement "Ne sont-ce pas leurs corps saints", est devenu par chez nous Les Amants du Texas, un titre peut-être moins artificiellement poétique mais sans doute plus honnête sur la marchandise. Qui dit Texas et film indé américain, dit forcément Terrence Malick, la figure tutélaire d'un certain cinéma se déroulant dans ce coin-là des États-Unis. Toutes les critiques l'ont signalé, je ne voulais donc pas nécessairement le rappeler, mais comment faire autrement !? On pense inévitablement à Terrence Malick devant le film de David Lowery, qui cherche à s'inscrire dans l'héritage du cinéaste-philosophe et atterrit dans un sous-embranchement mort-né, putréfié, condamné d'avance. On pense en effet au pire de Malick, on pense à tous les affreux tics que le vieux texan a su inséminer dans les esprits les plus abrutis de ceux qui ont découvert et continuent de regarder ses premiers films (Badlands et Les Moissons du ciel) avec des yeux gros comme des boules de pétanque, admiratifs, tels le loup de Tex Avery, avec un calepin dans une main et un crayon mal affuté dans l'autre. Ce sont souvent ces deux films qui ont fait naître des vocations chez ces cinéastes en herbe ne désirant alors qu'une chose : reproduire la même chose. Je n'ai pas besoin de demander à ce David Lowery quels sont ses films de chevet, je les connais par cœur et sa réponse serait à l'image de son film, terriblement fade et prévisible.




Badlands et Les Moissons du ciel sont de beaux films, je n'en dirai ici aucun mal, je les apprécie, et c'est d'autant plus douloureux de voir David Lowery les traîner dans la boue en les parodiant de cette façon. Quand il filme le triste couple formé par Casey Affleck et Rooney Mara se tournant autour et s'embrassant, se susurrant des horreurs à l'oreille et se promettant monts et merveilles, le soleil dans l'objectif, on a les yeux qui piquent. Lowery pense tutoyer les sommets mais pond en réalité une esthétique de publicité dégueulasse. Alors qu'il croit mettre en scène les nouveaux Bonnie & Clyde (let me laugh !), Lowery serait à peine capable de nous vendre un jean délavé et une veste en velours. Tout paraît forcé et affecté. Les comédiens n'aident en rien. Rooney Mara ressemble très exactement à un mannequin La Redoute, ni plus ni moins. Elle n'est pas désagréable à l’œil, mais terriblement lisse et terne. Ses petites manières de mauvaise actrice finissent d'exaspérer. Je pense par exemple à ses deux mèches de cheveux, toujours symétriquement disposées, face à ses yeux et voilant à peine son regard vide quand elle contient ses émotions, ou qu'elle place derrière ses écoutilles lorsqu'il s'agit de les exprimer un brin. C'est insupportable. On a envie de lui coller des baffes, on rêve de voir surgir dans le champ quelques zozos venus de nulle part pour dérider la jeune dame. Je parle de zozos et non d'acteurs pornos, c'est vous qui avez les idées mal placées. Je me fous éperdument de la genèse de ce film mais je serais curieux de m'infliger le making off uniquement dans l'espoir de voir ce que ça donne quand Rooney Mara sourit spontanément, affiche une expression naturelle. Quant à Casey Affleck, que dire... Il y a des coups de pied au derche qui se paument... A une époque, on faisait de lui un espoir du jeune actorat américain, on pensait qu'il s'agissait d'un gars intéressant, pas con, à suivre de près. Depuis, il y a eu The Killer Inside Me et, coup sur coup, Les Amants du Texas et Les Brasiers de la colère, deux films méprisables qui représentent bien tout ce qui se fait de plus mauvais outre-Atlantique dans un cinéma indépendant plus rance que jamais, piloté par des petits auteurs aux esprits étroits et dangereux.




Tout, dans ce film, sent la mort. On se fiche de tout, on attend qu'une chose : que ces deux amants séparés par leurs démêlés avec la justice se retrouvent enfin pour mieux les quitter une bonne fois pour toutes. Les blu-ray du film devraient simplement être diffusés à la fnac, rayon télé, pour que l'on puisse apprécier la qualité des écrans vendus. Cette photographie tellement léchée qu'elle pue la salive de macchabée pourrait me filer la gastro. Ce maniérisme déplacé et insoutenable m'a rappelé le pauvre film de John Hillcoat, Des Hommes sans loi. On sent chez Lowery la même volonté de signer son petit film de gangsters, la même démarche aussi vaine que superficielle. Tout, dans ce cinéma, est sinistrement décoratif et insignifiant. Il n'y a rien de plus triste qu'un premier long métrage si vide et sans vie, surtout quand on constate a posteriori qu'il s'agit en réalité du second film de son auteur ! Comment un film comme Badlands, important à mes yeux, peut-il accoucher de quelque chose qui se situe à l'opposé de ce que j'aime au cinéma ? Je préfère laisser la question en suspend car elle me fait vaciller sur mes propres certitudes de blogueur ciné !


Les Amants du Texas de David Lowery avec Rooney Mara, Casey Affleck et Ben Foster (2013)

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