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Channel: Il a osé !
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Monuments Men

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Il m’arrive parfois, quand je lance trop tardivement un bon film un peu long et que je me sens piquer du nez, de mettre la pause, de me lever, d’aller dans la cuisine, de choper le premier truc à bouffer qui se présente, et de revenir boulotter ma trouvaille devant la suite du film. Impossible de s’endormir en mangeant. Faites le test. A chaque fois que vous avez peur de pioncer (ça peut être sur votre canapé devant Nostalghia de Tarkovski, ça peut aussi être au volant, sur l’autoroute, à contresens, plus problématique), faites une pause, garez-vous sur le bas côté, allez brûler 500 balles durement acquis dans un paquet « maxi » de trois club sandwiches thon crudités avariés chez le voleur de nuit le plus proche, remontez sur votre bahut (canap ou cametard) et tracez la route bouche pleine, doigts de pieds en éventail. Aucune chance de sombrer, éteignez même vos veilleuses pour économiser sur la batterie, vos yeux seront des phares à eux seuls. Il faudra peut-être s'arrêter régulièrement au pipi-room, parce que ces club-cendars, c'est pas du bio, mais pissez plutôt dans votre réservoir à essence, avec un club trio dans l'estomac votre vessie sera l'équivalent d'une pure raffinerie à pétrole et fournira du Gazole Excellcium à revendre. Prenez deux paquets « maxi » si vous faites les deux à la fois, Nostalghia et transport routier de marchandises : il a bien dû se trouver un ou deux routiers allumés dans le monde pour s'enfanguer un petit Tarko de derrière les fagots sur l’écran 2 pouces noir et blanc de la cabine tapissée de putes aux nibards réchappés de leur poids-lourd. Probabilité non nulle !


Typiquement le mec qui matait Andreï Roublard dans son cametard...

J’ai lancé Monuments Men en plein petit-déjeuner, aux alentours de treize heures, un jour de vacances où je m’étais levé assez tard, après une bonne nuit de sommeil, et le film a réussi à me faire pioncer comme un loir au bout d'une petite trentaine de minutes alors que j’étais en plein cœur de mon repas, la fourchette entre les dents, au beau milieu d'une mastication lambda. Je me suis réveillé plus d’une heure et demi après, avec le générique de fin de Clooney, la fourchette toujours enfoncée dans le râtelier. Une chance que je n’aie pas sombré en prenant une rasade d’eau plate au goulot pour me rincer le gosier, je serais mort noyé à l’heure qu’il est, rempli comme une outre sur mon clic-clac. Mon premier paragraphe n'en est pas caduque pour autant. C'est l’exception qui confirme la règle. Ne vous laissez pas inquiéter et pensez à grailler si vous êtes en train de lire cette critique sur votre iphone au volant d’un semi-remorque : 90% du temps, ça marche tout le temps. Mais le film de George Clooney déroge forcément à la règle, et j’en ai vu assez pour vous dire que c’est un monument de merde.


Vraiment ça valait le coup de s'expatrier Jean ! On espère qu'Omar Sy sera aussi brillant dans Jurassic Park 4 ! La tronche de Dujardin qui essaye de lire sur les lèvres me donne envie de chialer... « On devine à sa courtoisie qu'il est absent», comme disait Valéry.

Dès le début, quand, régulièrement interrompu par le générique d'ouverture, et sur une musique qui aurait sa place dans La 7ème compagnie au clair de lune, Clooney part recruter ses bras cassés pour une mission spéciale « Il faut sauver les chefs-d’œuvre des musées européens », on a envie de foutre le camp. Quand chaque acteur de choix (Matt Damon, Bill Murray, Bob Ballaban, Jean Dujardin, John Goodman...) fait son petit numéro face caméra, on a bizarrement envie d'en prendre un pour le bousiller sur l'autre. Et quand, avant le départ pour la France, Clooney déballe à sa troupe tout un discours sur l’importance de l’art comme ciment de la culture et de la civilisation, débitant ses niaiseries à travers une radio qu'il vient de réparer en se vantant auprès de ses potes de n'être pas "qu'une belle gueule", le tout sur fond de touches de piano éparses tout sauf bouleversantes, c’en est trop. On le sait, on n’aura pas la patience de subir cette purge comme on en a tant vues jusqu’au bout. Celle-ci moins qu'une autre, dont le filmage est d’un académisme épuisant et l'écriture d’une banalité catastrophique, et qui souffre en prime d’un montage ultra maladroit et de lenteurs ô combien pesantes. Historiquement nul et non avenu, comme cela a été démontré en maints endroits, le film de George Clooney se torche non seulement avec les beaux-arts (comme cela a été dit aussi, réduisant les œuvres à sauver - soit tout l’enjeu de l’affaire - à de simples noms connus énumérés au petit bonheur la chance par des acteurs qui n'en ont manifestement jamais entendu parler) mais en tout premier lieu avec le septième.


Monuments Men de George Clooney avec George Clooney, Bill Murray, Matt Damon, Jean Dujardin, John Goodman, Bob Ballaban et Cate Blanchett (2014)

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