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Channel: Il a osé !
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Les Rayures du zèbre

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Eh bien, on a connu Benoît Mariage un peu plus inspiré que ça... Les Rayures du zèbre est son premier film depuis sept ans, il y retrouve son acteur fétiche, Benoît Poelvoorde, et s'attaque à un sujet rarement abordé au cinéma : le petit monde du ballon rond ou, plutôt, l'envers de ce petit monde, en nous proposant de suivre les déboires d'un recruteur belge parti en Côte d'Ivoire à la recherche de nouveaux talents. Voir Benoît Poelvoorde dans la peau d'un recruteur forcément volubile était une belle promesse pour tous ceux qui, comme moi, sont nostalgiques des inoubliables saillies du comédien dans ses sketchs en Monsieur Manatane. Mais très vite, nous sommes fixés : le film de Benoît Mariage n'est pas destiné à faire rire ou, si c'est le cas, se plante totalement. En réalité, nous ne savons pas vraiment ce que cherche à faire le réalisateur et nous sommes mal à l'aise pendant les 88 petites minutes que dure un film qui paraît infiniment plus long. 




On devine que le cinéaste wallon souhaite nous parler des rapports malsains de domination Nord/Sud à travers son histoire qui relègue le foot en simple toile de fond, mais son discours est si convenu et si mochement édicté que nous aurions largement préféré qu'il revoie ses ambitions à la baisse et qu'il se contente de mettre son acteur vedette dans les meilleures dispositions. Benoît Poelvoorde est irréprochable, il joue parfaitement ce qu'on lui demande de jouer, réussissant parfois miraculeusement à faire poindre une certaine émotion dans ses interactions avec le jeune ivoirien qu'il embarque en Belgique, mais quelle tristesse de voir l'acteur cantonner à ce rôle et, surtout, quelle cruauté de nous priver de son pouvoir comique ! C'est bien la première fois que Benoît Mariage exploite si peu et si mal le potentiel de sa star. Pour cela, il aurait déjà fallu allonger les scènes, lui laisser le temps de s'y installer et nous avec lui, et donner ainsi au film un tout autre rythme, car le réalisateur nous propose ici un interminable enchaînement de scènes très brèves tout à fait indigeste et incompréhensible. C'est presque insupportable, vraiment.




Les Rayures du zèbre est donc un film franchement raté, à déconseiller aux footeux comme aux fans de Poelvoorde. Un film qui pourra même provoquer votre colère par le traitement méprisant et méprisable qui est réservé au personnage du jeune espoir africain. Après nous avoir fait suivre ses laborieuses mésaventures, échouant à nous le rendre sympathique mais réussissant pleinement à nous le faire prendre en pitié, Benoît Mariage fait mourir son personnage tout à fait gratuitement dans une scène ô combien ridicule. Le film touche alors le fond, comme le bolide flambant neuf du jeune attaquant, nouveau riche et surdoué du ballon mais ne sachant pas se servir d'un levier de vitesse : cette scène minable nous le montre en effet chuter dans un lac en faisant une marche arrière en trombe vers le précipice. Faut-il mépriser son personnage pour lui réserver un tel sort ? Mais ça n'est pas tout ! Cherchant peut-être à se racheter, Mariage nous croque un ultime plan, d'une laideur inouïe, à la mémoire du disparu : il filme une vieille bouteille d'eau en plastique contenant les cendres du footballeur et on découvre que celle-ci fait office de poteau pour les buts d'une partie de foot improvisée entre les gamins de son village natal (visité en héros par un Poelvoorde enfin rattrapé par un petit sentiment de culpabilité légitime). C'est peut-être supposé être touchant, c'est simplement honteux. Cette conclusion morbide a le seul mérite d'achever un film qui était à l'agonie dès son coup d'envoi. 


Les Rayures du zèbre de Benoît Mariage avec Benoît Poelvoorde et Marc Zinga (2014)

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