Série-B de science-fiction de la fin des années 50, produite par Roger Corman, Les mangeurs de cerveau (The Brain Eaters) trempe complaisamment dans le grand bain des films de genre paranoïaques de la période, avec son histoire de vaisseau extra-terrestre sorti de terre (comme dans La Guerre des mondes), contenant de petites bestioles informes, rampantes, qui s’agrippent à la nuque des humains pour contrôler leur cerveau en toute discrétion. Les petits trous que laissent les aliens dans la nuque de leurs victimes ne sont pas sans rappeler Les Maîtres du monde, film de science-fiction sympathique de 1995 signé Stuart Orme, avec Donald Sutherland et l'éternel Keith David de They Live (découvert lors de la fameuse Nuit extra-terrestre présentée par Monsieur Manatane, alias Benoît Poelvoorde, sur Canal+, en l'an de grâce 1997). Mais c’est bien la seule trace que laissent ces bestioles, qui semblent sorties de nulle part et ne font rien, sinon empêcher mollement les secours d’envahir leur zone d’invasion. A la question, jadis posée par Monsieur Manatane en préambule à son documentaire : "Les extra-terrestres sont-ils aussi cons qu'on le dit ?", ce film répond "Oui".
Toujours bien faire gaffe à la petite molette de réglage sur les briquets... C'est pas fait pour les ienchs.
Côté terriens, nous ne suivons que deux ou trois agents gouvernementaux (Leonard Nimoy, aka Spock dans Star Trek, joue paraît-il dans ce film). Ils ne sont d'aucun intérêt mais s'avèrent beaucoup plus alertes que leurs ennemis, pigeant très vite tout ce qui se passe et luttant contre l’envahisseur venu d'ailleurs. Pas de véritable paranoïa donc, pas de personnage central retourné, comme dans L’invasion des profanateurs de sépulture, pas de vrai danger. Rien en fait. Le film ne raconte pas grand chose, alors qu’il était permis, avec une histoire pareille, de créer quelques situations sympathiques. Une des rares idées du scénario : filmer les deux ou trois victimes des extra-terrestres luttant contre leur propre cerveau pour en reprendre le contrôle, fixant du regard leurs propres mains récalcitrantes, mais on est loin de l'auto-baston de Jim Carrey dans les chiottes de Menteur Menteur. Une chose surprend cependant : à la fin du film, l’affaire n’est pas du tout réglée, et les personnages se remettent en route pour aller arrêter une invasion qui ne fait que commencer. L'ennui c’est que ça ressemble moins à une idée de non-fin concertée par des scénaristes malicieux qu’à un simple manque de temps et d’argent pour boucler le film, qui s'arrête faute de pouvoir continuer. Pour finir sur un mot gentil : l’affiche, qui nous vend un film bien meilleur que ce Brain Eaters, a de l'allure !
Les Mangeurs de cerveaux de Bruno VeSota avec Leonard Nimoy, Ed Nelson, Alan Jay Factoret Cornelius Keefe (1958)