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Channel: Il a osé !
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Magic Mike

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Il fallait ne rien connaître de la carrière contemporaine de Steven Soderbergh pour se laisser tenter par ce Magic Mike. Nous avons vu, fascinés, tous ses films, et particulièrement les plus récents, les Contagion et autresPiégée, et pourtant nous avons quand même regardé le dernier... Faut-il être de bonne volonté ou complètement con. Après avoir fait un film sur une actrice porno, My Super-Ex Girlfriend Experiment, avec Sasha Grey, puis un film sur une catcheuse, Piégée, avec Gian Luigi-Buffon, mais encore un film sur le Ché, Ché, avec Guillermo del Toro, Soderbergh poursuit son entreprise naturaliste, que l'on pourrait comparer à celle de Balzac en son temps, avec La Comédie Humaine, celle de Zola avec les Rougon-Macquart et le Chelsea FC, ou du transformiste Jean-Baptiste Lamarck avec les girafes et les tatous. Ses films nous apparaissent comme des démarches scientifiques, des laboratoires d'une heure et demi dans lesquels Soderbergh pose des hypothèses nulles qu'il tente de réfuter. Fils d'un père sage-femme et d'une mère bûcheron, Soderbergh semblait né pour analyser les travers de la société mais surtout le quotidien d'êtres humains dédiés au spectacle. Dans Magic Mike, il s'intéresse de près, de très près, au stripteaseur-charpentier Channing Tatum, élu cette année "homme le plus sexy de la planète Terre", en s'inspirant de la propre vie de l'acteur, qui est aussi scénariste du film et chef décorateur.




Quand on s'interroge sur le fait que Soderbergh s'acharne à filmer des gens qui utilisent directement et de façon un peu spéciale leur propre corps dans leur métier, on pourrait se dire qu'il est en dialogue avec son contemporain Daren Aronofsky, qui a filmé un catcheur lui aussi (The Wrestler), puis une danseuse étoile (Black Swan), sauf que le Palmé d'Or 1989 n'a mais alors mais riiiiiien à voir avec le boloss d'origine polonaise. Son film nous fait plutôt penser à un épisode de Melrose Place un peu plus long que d'habitude et peut-être un poil mieux filmé, mais guère. Nous suivons Channing Tatum, maçon le jour, call girl la nuit, imitant l'écureuil de la Caisse d’Épargne, plus fourmi que cigale, foutant du pognon de côté en attendant non pas de trouver un métier un peu moins con mais de pouvoir monter sa petite entreprise à la Pierre Jolivet. Il a le projet étrange de monter une boîte de spectacle où il jonglerait chaque soir et où le jour il pourrait vendre des tables basses recyclées fabriquées de ses propres mains. Tatum prend sous son aile un jeune golio qu'il initie au monde de la nuit et à "l'argent faciiiiile", comme le dit Edward Furlong dans Terminator 2. Mais notre bel auto-entrepreneur tombe amoureux de la sœur de son pigeon, incarnée par une Franka Potente du pauvre (Franka Potente étant déjà à la rue), et s'ensuit une histoire à mourir debout. A noter toute une scène orange, en couleur saturée orange, si vous êtes friands de ça, de lomographie. Pour ceux qui n'en sont pas friands, tracez le plus loin possible de ce film à mi-chemin entre le docu, l'épisode final de Melrose Place, et finalement dans le néant total, dernière ligne en date d'une filmographie que nous imprimons régulièrement sur du papier toilette en taille 6 pour se torcher avec. Steven Soderbergh est décidément un cinéaste "qui compte" et à la "carrière foisonnante" dont on se fout éperdument.


Magic Mike de Steven Soderbergh avec Channing Tatum, Matthew McConaughey, Olivia Munn, Cody Horn, Alex Pettyfer et Mathieu Bodmer (2012)

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