On savait que ce serait une épreuve. On se doutait bien qu'Aronofsky tentait le diable et qu'il allait se néguer, renouant avec les prémices malheureux de sa carrière. Mais, avant de lui jeter toutes les caillasses de la Terre, rappelons que Darren a voulu réaliser son rêve de gosse en adaptant sur écran géant une histoire qui le hantait depuis toujours. Pour preuve, le poème que le cinéaste a écrit au collège, qui lui avait valu la note C- et qui a servi de base au script de ce blockbuster. Le poème a déjà été traduit sur le web mais comme toute œuvre d'art qui se respecte, il mérite la traduction de deux artistes au moins, aussi avons-nous décidé de nous y coller pour vous. Le poème de Darren donc, traduit par nos soins :
Le Savon
Le mal régnait dans le monde
Le mal régnait dans le monde
Là où riait tout le monde
Laissant Russell Crowe sur son arche
Suivi dans sa marche par des animaux et Stéphane Guivarc'h
Quand la pluie commença à tomber
Mieux valait laisser pisser
L'homme ne pouvait pas emporter la couronne du malaise avec lui
Mais il fut autorisé à emporter sa collection de magazines Lui
La pluie continua toute la nuit
Et aux hommes de pousser leurs cris
L'arc flottait
Jusqu'à ce que la colombe revienne avec dans sa gueule un bouquet
Le mal existait toujours
Quand les arc-en-ciel chatouillaient l'abat-jour
L'humble personnage et sa famille savaient ce que cela signifiait
Les animaux rampaient et volaient en paix avec leurs nouveaux-nés
La grenouille s'éveilla et le soleil brilla
Ca sentait la pisse par là
Et bientôt elle éclaboussait le cœur de l'homme.
Il savait que le mal reviendrait
Puisque le mal et la guerre ne pouvaient être éradiqués
Mais pas plus que les pets
Le mal est dur à achever et les pets sont durs à larguer
Mais l'arc-en-ciel et le savon Dove vivront toujours
Dans les cœurs, chaque jour.
Daren, 4ème SEGPA, 13/01/1982
Cette image n'est pas tirée de Noé mais d'une référence affirmée d'Aronofsky, nous avons nommé Michel Ocelot (à propos, savez-vous quel jour est né Michel Ocelot ? Un 31 août).
Au finish on peut dire qu'Aronofsky a vachement bien adapté son poème puisque le film laisse la même impression. On en ressort des images plein la tête, de ces images qui font tourner fou. Quittant le ciné, on se surprend à hurler, tel un Trent Reznor habité : "And All That Could Have Been. Could Have Been... Could Have Been !"
Noé de Darren Aronofsky avec Russell Crowe, Emma Watson, Jennifer Connelly, Douglas Booth et Anthony Hopkins (2014)