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Channel: Il a osé !
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Alien 3

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Il est toujours difficile pour nous d'aborder la sortie d'un nouveau Fincher. Pas tellement par crainte de ne pas piger le titre, ni de découvrir des goofs insensés, ou de se retrouver nez à nez avec Mr. Tissier, le dentiste de Limoux, sosie officieux de La Finche, qui voulait absolument combler mes dents du bonheur en quatrième, alors qu'elles font "mon charme" selon les meufs. Non, s'il est si difficile de se rendre dans une salle obscure pour un nouveau Fincherman friend, c'est parce que Le Mal, un ami très proche de notre mentor Le Tank, a perdu la vie lors de l'avant-première d'Alien 3, ou Alienε, à l'instant même où Sigourney Waffer se jetait dans les flammes. Le Tank se plait d'ailleurs à raconter cette anecdote selon laquelle à l'enterrement, où chacun répétait "Il est parti trop tôt", il avait trouvé bon de rétorquer "Trop tôt, trop tôt, il s'est quand même fadé 2 heures de péloche...". Il faut quand même préciser que Le Mal était aveugle et sourd, "Mais hélas pas muet !", renchérit Le Tank...


Une vue de la plage où les parents du Mal ont échoué après le Vietnam...

Le Mal ne devait ce sobriquet qu'à son état civil. En effet, ses parents vietnamiens, boat-people fraichement débarqués en Lorraine par l'intermédiaire du Tank, avaient eu le malheur de déclarer leur enfant devant l'employée de mairie de Thionville, ouvertement raciste. Ils proposèrent le prénom "Max" (qui sonnait américain, ce qui devait les protéger), mais la secrétaire crut entendre "Marc", ce à quoi les parents répondirent "Non, non, c'est entendu mal" avec un accent à couper au couteau. La chargée de l'état civil, un poil procédurière, leur annonça alors que le "Mal"était fait, et en cela devenait le prénom officiel de l'enfant, en vertu de la règle dite du photomaton "La deuxième photo sera la bonne, de toute façon pas le choix". Pas rancunier, Le Mal s'asseyait quelques 20 années plus tard au guichet de cette même mairie, vivant une existence plutôt paisible, laissant la vie de débauche au Tank, le sauveur de ses parents, qui avait pourtant pris le "petit malin", comme il aimait à l'appeler, sous son aile.


Chez Lerouge, les meilleurs rillons de porc de Lorraine !

Mais un malheureux accident de la vie allait tourner irréversiblement Le Mal vers le malin, au grand plaisir de notre mentor... Victime d'un faux pas et d'un clebs un peu trop collant lors du montage de sa véranda, Le Mal s'encastrait dans la baie vitrée, entre les deux yeux, devenant définitivement aveugle. Entré dans une rage folle après qu'on lui ait signifié qu'il ne pouvait plus officier à l'accueil des nouveaux Thionvillois, le Mal sombra définitivement : il se mit à fixer le Soleil chaque jour durant de longues heures, bien décidé à devenir sourd... "Appelez moi Alain Keller !", vociférait-il. Le Tank exauça finalement le vœu de celui qu'il avait vu naître (littéralement), en hurlant dans un mégaphone porté successivement à ses deux oreilles "Tu fais quoi p'tit malin ? Tu regardes les étoiles couillon ?". Après cette nuit, Le Mal pouvait enfin jouer au dur, prétendant devoir son infirmité à la guerre en Afghanistan, celle-ci n'ayant pourtant pas encore eu lieu...


Charles Dance n'est pas verni : après s'être fait bouffer par un Alien, son personnage de Tywin Lannister se fait assassiner à l'arbalète par son propre fils dans le dernier épisode de Game of Thrones *spoiler off*

Le Tank, voyant enfin son protégé marcher dans ses pas, devenait alors son meilleur et, à vrai dire, seul ami. Le Mal croyait correspondre avec lui en morse (code qu'il ne maitrisait pas), tandis que le Tank s'amusait seulement à le malmener en lui envoyant des coups de lattes dans les cuisses avec sa jambe de bois. Un beau soir de 1979, après une exténuante journée de roadtrip dans la campagne mosellane et alors que le Tank ruinait une nouvelle fois le jambon de son pote, le Mal déchiffra dans la souffrance le message que lui envoyait son terrible ami : "taaak... taktaktaktaktaktak... tak, tak, tak, taaaaak". Traduction : "On se fait une petite toile ?". Réponse : "J'vois que dalle et j'entends rien, tu me prends pour un con ?". Taktaktaktak ratatatatatatak. "Bon allez, banco, j'te suis !".


La derrière échographie du Tank avant son opération de l'appendicite... Pas de nouvelle du médecin...

C'est ainsi que le Tank et le Mal se retrouvèrent devant Alien, après une course d'éclopés pour choper du popcorn avant le début des pubs. Le Mal se découvrit alors une vibrante passion pour le ciné... Surtout le ciné avec du gros son, comme cette stéréo six pistes qui officiait sur l'opus de Ridley Scott. A chaque moment de tension, de vibrations, on pouvait entendre Le Mal suffoquer, s'étrangler, lâcher des "OOOOOOH PUTAIN", "Vous l'avez senti ?", "Raaaaah c'est boooohonhon", "Puissaaaaant". Invariablement, la salle sortait exaspérée, à bout, devant un Tank hilare, qui profitait du générique pour labourer le flanc droit du Mal en mode "On se casse, c'est fini le film !",  qui était systématiquement reçu par un "Attends... y'a surement un bêtisier..." plein d'espoir. En plein essor de cette merveille technologique qu'était la VHS, le Mal s'était offert une petite télé de "9 pouces/ongles, je sais plus...", uniquement pour pouvoir la raccorder à son magnétoscope, mais surtout au système de son Philips haute fidélité afin de profiter de ces trois K7 vidéo : Alien, Aliens et E.T...


Le chant du cygne de Ripley, le dernier râle du Mal...

Malheureusement tel Boris Vian, fauché dans un cinoche devant une adaptation de son œuvre, c'est devant Alien 3, ce film maudit à tous les niveaux, sur un ultime "raaaaaaaaaaaah", un saut de Sigourney dans le vide, une piste Dolby Surround réglée un peu fort que Le Mal s'est soudainement éteint. Les médecins légistes n'ont jamais su élucider les circonstances de sa mort, mais le Tank jure avoir vu Le Mal se tourner vers les chiottes vers une heure et demie de film. "Je ne sais pas ce qu'il avait, mais il était parti vomir, comme une meuf enceinte. J'ai mis ça sur le compte du dégout devant ce qui avait été fait des deux premiers films... Mais maintenant que j'y repense, je me dis que je ne crois pas aux coïncidences...".

Depuis ce jour-là, le Tank s'empresse de voir tous les Fincher, "pour se vider la tronche". Pour s'exorciser aussi, peut-être. Nous, on a toujours peur d'y entrer avec lui, on ne sait jamais ce qui pourrait sortir de son bide...

† RIP LE MAL †


Alien 3 de David Fincher avec Sigourney Weaver, Charles Dance, Lance Henriksen, Pete Postlethwaite et Charles S. Dutton (1992)

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