Je venais de lire un recueil de critiques de Luc Moullet, l'excellent Piges choisies (de Griffith à Elroy), édité chez Capricci et accompagné du livre d'entretiens Notre alpin quotidien, quand j'ai vu ce film au cinéma il y a déjà quatre ans. Il me faudrait le revoir pour trancher car je garde une vraie sympathie pour ce film tout en ne sachant pas s'il la mérite vraiment ou si c'est celle de son auteur qui rejaillit sur lui. Car Luc Moullet est un personnage éminemment sympathique, et ce film, qui est un vrai documentaire, lui ressemble en cela qu'il est impérieusement sérieux et néanmoins comique. Notre homme est un pince sans rire notoire (dans ses écrits comme dans ses films, rappelons-nous par exemple de son excellent court-métrage Foix, mockumentaire affûté sur une ville immonde).
La Terre de la folie est lui aussi un presque mockumentaire (pour ceux qui l'ignorent : "mockery" + "documentary" = mockumentary), alors que ça n'est pas du tout un rockumentaire (pas de bande originale dans le film, sauf un morceau de 13 secondes), ce n'est pas à proprement parler un faux-cumentaire (documentaire de type hypocrite), ni un documenteur (faux-reportage, qui peut se coupler de mockumentaire pour donner un mockumenteur, un faux documentaire moqueur). Ce n'est pas non plus un tractumentaire (films qui ont une portée documentaire sur un ou plusieurs engins de type tracteur, ou dont le script focalise en grande partie sur des tractopelles de tous modèles, genre cinématographique que David Lynch a inventé et enterré avec Une Histoire vraie), ce n'est pas davantage un trocumentaire (documentaire sur les trocantes et brocantes, et par extension sur tous les échanges commerciaux répondants aux critères du troc, catégorie trainée dans la boue par Victor Lanoux pendant des années dans Louis la brocante), pas non plus un phockumentaire ("phockery" + "documentary" = phockumentaire, document sur la vie des phoques, une spécialité de YAB, Yann Arthus-Bertrand), encore moins un orcumentaire (le doc sur les orques, dernier exemple en date, le traumatisant Blackfish), ni un tocumentaire (sur les différents types de tocs dont souffrent différents types de tocards, sujet favori des charognards de la télé-réalité, de feu Jean-Luc Delarue aux actuels Tellement vrai et autres ersatz de la télé-poubelle actuelle). Enfin ce n'est pas non plus un filmumentaire (à la fois film de fiction et making-of, genre très rare mais très prisé par Danièle Thompson et qui consiste en un film de fiction, interprété par des acteurs, mais qui laisse parfois entrevoir les moyens de production, allant du fauteuil du dirlo photo visible dans le champ à la tignasse de la réalisatrice couvrant la moitié de l'objectif, en passant par le micro qui tutoie les comédiens ou fait du djembé sur le sommet de leurs crânes, chauves de préférence, cf. Le Code a changé, un filmumartyr de première).
La Terre de la folie est lui aussi un presque mockumentaire (pour ceux qui l'ignorent : "mockery" + "documentary" = mockumentary), alors que ça n'est pas du tout un rockumentaire (pas de bande originale dans le film, sauf un morceau de 13 secondes), ce n'est pas à proprement parler un faux-cumentaire (documentaire de type hypocrite), ni un documenteur (faux-reportage, qui peut se coupler de mockumentaire pour donner un mockumenteur, un faux documentaire moqueur). Ce n'est pas non plus un tractumentaire (films qui ont une portée documentaire sur un ou plusieurs engins de type tracteur, ou dont le script focalise en grande partie sur des tractopelles de tous modèles, genre cinématographique que David Lynch a inventé et enterré avec Une Histoire vraie), ce n'est pas davantage un trocumentaire (documentaire sur les trocantes et brocantes, et par extension sur tous les échanges commerciaux répondants aux critères du troc, catégorie trainée dans la boue par Victor Lanoux pendant des années dans Louis la brocante), pas non plus un phockumentaire ("phockery" + "documentary" = phockumentaire, document sur la vie des phoques, une spécialité de YAB, Yann Arthus-Bertrand), encore moins un orcumentaire (le doc sur les orques, dernier exemple en date, le traumatisant Blackfish), ni un tocumentaire (sur les différents types de tocs dont souffrent différents types de tocards, sujet favori des charognards de la télé-réalité, de feu Jean-Luc Delarue aux actuels Tellement vrai et autres ersatz de la télé-poubelle actuelle). Enfin ce n'est pas non plus un filmumentaire (à la fois film de fiction et making-of, genre très rare mais très prisé par Danièle Thompson et qui consiste en un film de fiction, interprété par des acteurs, mais qui laisse parfois entrevoir les moyens de production, allant du fauteuil du dirlo photo visible dans le champ à la tignasse de la réalisatrice couvrant la moitié de l'objectif, en passant par le micro qui tutoie les comédiens ou fait du djembé sur le sommet de leurs crânes, chauves de préférence, cf. Le Code a changé, un filmumartyr de première).
Bref, le film de Moullet est juste un documentaire teinté d'humour, et c'est déjà pas mal. Le pentagone tracé grâce à des punaises reliées par des élastoques que vous voyez sur l'affiche désigne une certaine aire dans le sud-est de la France que Luc Moullet désigne preuves à l'appui comme "Terre de la folie". C'est une région dans les Alpes de Haute-Provence notoirement sujette aux crimes de folie, impulsifs, sans mobile et sauvages de préférence. Les raisons de ces assassinats incompris, parfois irrésolus, sont probablement nombreuses mais demeurent hypothétiques. Moullet mène l'enquête et propose des pistes de réponses, qui vont du paysage noir des Tourbières au vent qui rend fou, en passant par l'isolation des maisons et des villages où "personne ne vous entend crier", façon Alien, le huitième passager. Mais au vu du QI moyen dans la région, qui vole en rase-mottes, on pense plutôt à un cross-over américano-franco-belge des films de Ridley Scott et de Jaco Van Dormael :Alien, le huitième jour. Et Moullet déroule cet éventail des possibles dans une enquête scrupuleuse, souvent drolatique, d'un humour noir sympathique, peut-être simplement deux fois trop longue pour nous tenir en haleine tout du long. J'ai quand même été amusé de constater que pile au centre dudit pentagone se trouve le village de mon enfance, et il est rare que l'auteur d'une critique - actuellement face aux flics et spot dans la gueule - se trouve incarner l'astuce aux énigmes criminelles posées par le film... Petit conseil, pour finir : faites-moi pas trop chier.
La Terre de la folie de Luc Moullet avec Luc Moullet (2010)