On comprend mieux le niveau de revues comme Studio ou Première quand on a vu tous les films de leur fondateur, Marc Esposito, et notamment le dernier, Le Cœur des hommes 3, navet énorme, ferme, laiteux, parfait, digne du potager d'Asafumé Yamashita, le maraicher japonais qui cague trois navets par an mais des navetons de compétition, qu'il vend 150 000 euros pièce aux trois chefs multi-étoilés imposés sur la fortune de Paname. On souffre à un point inimaginable dès le générique d'ouverture du film : un panoramique sur le ciel parisien tartiné par l'ignoble chanson I'll stand by you des Pretenders, mélasse sentimentale merdique des années 90, dont on se demande comment elle peut atterrir dans un film de 2013, et comment ce film a pu obtenir un visa d'exploitation. C'est insensé. Et c'est idem pour la totalité du long métrage, qu'il faudrait montrer dans toutes les écoles de cinéma, projeté sous de gigantesques kakemonos (mot compte quadruple au Scrabble) prévenant l'audience : Du pire usage de la musique dans un film en particulier, et du pire usage du cinématographe en général.
Mais si ce n'était que ça… Tout est du même tonneau, à commencer par les cadrages. Je pense très sincèrement que Marc Esposito souffre de cécité, il est impossible autrement de tourner des plans aussi laids. Ne parlons même pas du montage : on appréciera tout particulièrement la séquence, dans le bureau de Marc Lavoine, où son personnage de strict enfoiré est sur le point de rencontrer son fils de 10 ans, né d'un adultère parmi cent autres. La scène est scindée en deux par un plan sur un nuage, qui veut signifier une ellipse de deux minutes avant l'entrée du gamin dans la pièce. Montage littéralement hallucinant. Quant aux acteurs, on sait, rien qu'en les regardant faire, à quel point ils se morfondent à en crever. Ils n'ont aucune envie de jouer tout ça, c'est très net à l'oeil nu, et ça fait de la peine. Faut dire que les dialogues sont eux aussi voisins de l'altitude zéro. Au mieux les répliques sont complètement creuses, au pire elles essaient de faire rire à coups de petites saillies vulgaires, écrites par un beauf fini. C'est à Esposito, toujours lui, que l'on doit le scénario, ce script inique qui découpe les tranches de vie comme Daroussin, pas tellement investi dans son rôle de boucher-charcutier parisien, découpe du rumsteck, autrement dit c'est pas de la dentelle, et mieux vaut surkiffer le gras... La plupart des saynètes ne présentent strictement aucun intérêt, ne racontent rien, quand elles ne brassent pas un air violemment nauséabond. Un certain nombre d'éléments de récit sont même complètement abandonnés en cours de route, sans doute pour trouver leur résolution dans le numéro 4.
Et il y aura un numéro 4, soyez-en sûrs. D'abord parce qu'Esposito n'a semble-t-il pas beaucoup d'autres idées (ou alors ça donne Mon Pote, un autre film de potes à se tuer). Ensuite parce qu'il adore reprendre ses gimmicks : le long plan, lointain et tremblotant, qui cadre les quatre vieillards marchant vers la caméra au milieu de la foule dans une rue commerçante ; ce lent panoramique sur les quatre mêmes queutards à la manque qui marchent de profil dans le sable, à Cabourg, après avoir empoché des tonnes de fric au Casino ; celui où ils se vissent le cul dans le sable et répètent « Rah putain, on n'est pas bien là ? », comme pour s'en convaincre ; ou le plan final légendaire, repris sur chaque affiche, qui voit nos trois tocards de base tremper leurs vieux panards dans la piscine, en faisant ressortir leurs gros orteils à la surface pour les agiter sous notre nez, comme pour nous les faire humer. Il faudra quand même s'accrocher pour pondre un énième chapitre de la vie de ces débris sans se répéter, parce que ça fait déjà trois films que Campan tombe amoureux d'une nouvelle femme mariée en fétichisant une partie de son corps (après les pieds et le foie, ici c'est la toison – il les aime « ultra touffues » (sic) – et plusieurs dialogues tournent uniquement autour de ça). Voilà trois films que Lavoine se dispute avec sa femme débile et vociférante parce qu'il a branché son canal déférent sur toutes les prises femelles de la capitale (et sur quelques prises mâles). Trois films que Darroussin reste un mec bien (quoiqu'un peu sanguin, quand il menace le copain de sa fille de lui tirer « cinq balles dans la tronche » (sic) s'il la fait chier ; notre homme a semble-t-il oublié son vieil adage du premier film : « Qu'est-ce que je ferais si j'étais un peu moins con ? »), attaché à sa Florence Tomassin nature, un peu bébête, et désormais cancéreuse, quitte à tirer un trait résigné sur le véritable amour de sa vie, une blonde tirée dans un hôtel pendant une semaine dans le deuxième épisode, si je me souviens bien. Rien sur Darmon, qui n'a pas signé pour ce film, car il n'est pas complètement con, remplacé par Eric Elmosnino, nouveau cœur à sonder pour Esposito (qui a déclaré que l'acteur était de sa famille, à quelques lettres près), dans le rôle d'un papa divorcé dont la vie consiste exclusivement à s'envoyer pas mal de gonzesses nettement plus jeunes que lui, comme de bien entendu.
En même temps c'est pas comme si Esposito craignait la redite. Il nous replace, à l'identique, dans le même décor, dite sur le même ton, avec le même champ-contrechamp qui navigue entre la bande des quatre morbacs et un quatuor de vieillardes déambulant sur la plage, sa plus fameuse blague : « Elles ont morflé les Spice Girls... », vanne déjà faite dans le premier film, et qu'il décline encore quand, dans un bar, Elmosnino balance, à propos d'un serveur musclé aux longs cheveux blonds : « Elle a morflé Madonna... ». Et toute la bande de s'estrasser de rire sous nos yeux malheureux… Quand la seule blague de ta comédie c'est ça, et quand en prime tu la fais trois fois, on peut dire que tu fais une croix sur l'humour. Mais sans même parler d'humour, puisqu'il ne faut pas parler des absents, que pourrait-il arriver de neuf à nos quatre braves types dans le prochain opus ? Personnellement j'imagine bien, par exemple, dans le prochain épisode, la femme multi-cocue de Lavoine virer sa cuti le temps d'un été. Il n'y a pas un homo dans cette série. Esposito rate son époque à tous les niveaux, coincé dans les 90s avec ces enflures de Pretenders (« I'll stand by you, tadadadidoudou, I'll stand by youuuu », cette horreur reste dans le crâne, c'est un truc de dingue). Alors pourquoi pas jeter une gousse dans le potager, et pourquoi pas la femme de Lavoine ?
Ca donnerait lieu à tout un tas de situations cocasses et de dialogues savoureux, du genre : « Avec toutes les bonnes femmes que tu te tapes en douce, j'ai bien le droit de m'en faire une ou deux non !? », ou : « Réjouis-toi, au moins moi je risque pas de te faire un enfant dans le dos ! Encore que t'es pas à l'abri mon p'tit père… Une bonne PMA de derrière les fagots et le tour est joué. Salooop !! ». On peut même imaginer Lavoine (qui récolte en général les répliques les plus débiles d'Esposito, toutes ses vannes en-dessous de la ceinture et du niveau de la mer), entouré de ses potes, en plein footing, disant : « J'avoue que ça me fait bien chier mais je préfère ça qu'un mec... Et même que ça m'excite un peu moi... Mais putain bordel, les moules printanières j'aime ça que si je peux y tremper ma grosse frite ! Vous me suivez les gars ?! ». Et les trois autres de rire comme des baleines, OUAHAHAH, en short, dans un jardin public, entourés de bonnasses à peine majeures prêtes à craquer sur leurs vieux culs ridés. Je vous assure que les dialogues des trois premiers films de la série sont pile poil de cet acabit, peut-être même plus cons. Mieux ! Fatche, ça fuse dans ma tronche : la nouvelle copine gouine de la femme de Lavoine pourrait être une ancienne conquête de ce fumier, vu qu'il s'est enfilé tout Paname et sa périphérie. Quiproquos, rebondissements, twists à Saint-Tropez, tout y est. Cocagne ! Range ton stylo Esposito, je t'envoie ce script pourri en recommandé. Rien qu'en laissant pisser mon vieux cervelet reptilien deux minutes je fous la race à tous tes scénarios réunis, je me mets en mode « dégueule sans réfléchir » et je te fais du Esposito 2.0.
Le Coeur des hommes 3 de Marc Esposito avec Marc Lavoine, Jean-Pierre Darroussin, Bernard Campan, Eric Elmosnino, Florence Thomassin, Catherine Wilkening et Zoé Félix (2013)
Marc Esposito s'amuse à tourner des scènes les yeux fermés.
Mais si ce n'était que ça… Tout est du même tonneau, à commencer par les cadrages. Je pense très sincèrement que Marc Esposito souffre de cécité, il est impossible autrement de tourner des plans aussi laids. Ne parlons même pas du montage : on appréciera tout particulièrement la séquence, dans le bureau de Marc Lavoine, où son personnage de strict enfoiré est sur le point de rencontrer son fils de 10 ans, né d'un adultère parmi cent autres. La scène est scindée en deux par un plan sur un nuage, qui veut signifier une ellipse de deux minutes avant l'entrée du gamin dans la pièce. Montage littéralement hallucinant. Quant aux acteurs, on sait, rien qu'en les regardant faire, à quel point ils se morfondent à en crever. Ils n'ont aucune envie de jouer tout ça, c'est très net à l'oeil nu, et ça fait de la peine. Faut dire que les dialogues sont eux aussi voisins de l'altitude zéro. Au mieux les répliques sont complètement creuses, au pire elles essaient de faire rire à coups de petites saillies vulgaires, écrites par un beauf fini. C'est à Esposito, toujours lui, que l'on doit le scénario, ce script inique qui découpe les tranches de vie comme Daroussin, pas tellement investi dans son rôle de boucher-charcutier parisien, découpe du rumsteck, autrement dit c'est pas de la dentelle, et mieux vaut surkiffer le gras... La plupart des saynètes ne présentent strictement aucun intérêt, ne racontent rien, quand elles ne brassent pas un air violemment nauséabond. Un certain nombre d'éléments de récit sont même complètement abandonnés en cours de route, sans doute pour trouver leur résolution dans le numéro 4.
L'un des nombreux plans signatures d'Esposito.
Et il y aura un numéro 4, soyez-en sûrs. D'abord parce qu'Esposito n'a semble-t-il pas beaucoup d'autres idées (ou alors ça donne Mon Pote, un autre film de potes à se tuer). Ensuite parce qu'il adore reprendre ses gimmicks : le long plan, lointain et tremblotant, qui cadre les quatre vieillards marchant vers la caméra au milieu de la foule dans une rue commerçante ; ce lent panoramique sur les quatre mêmes queutards à la manque qui marchent de profil dans le sable, à Cabourg, après avoir empoché des tonnes de fric au Casino ; celui où ils se vissent le cul dans le sable et répètent « Rah putain, on n'est pas bien là ? », comme pour s'en convaincre ; ou le plan final légendaire, repris sur chaque affiche, qui voit nos trois tocards de base tremper leurs vieux panards dans la piscine, en faisant ressortir leurs gros orteils à la surface pour les agiter sous notre nez, comme pour nous les faire humer. Il faudra quand même s'accrocher pour pondre un énième chapitre de la vie de ces débris sans se répéter, parce que ça fait déjà trois films que Campan tombe amoureux d'une nouvelle femme mariée en fétichisant une partie de son corps (après les pieds et le foie, ici c'est la toison – il les aime « ultra touffues » (sic) – et plusieurs dialogues tournent uniquement autour de ça). Voilà trois films que Lavoine se dispute avec sa femme débile et vociférante parce qu'il a branché son canal déférent sur toutes les prises femelles de la capitale (et sur quelques prises mâles). Trois films que Darroussin reste un mec bien (quoiqu'un peu sanguin, quand il menace le copain de sa fille de lui tirer « cinq balles dans la tronche » (sic) s'il la fait chier ; notre homme a semble-t-il oublié son vieil adage du premier film : « Qu'est-ce que je ferais si j'étais un peu moins con ? »), attaché à sa Florence Tomassin nature, un peu bébête, et désormais cancéreuse, quitte à tirer un trait résigné sur le véritable amour de sa vie, une blonde tirée dans un hôtel pendant une semaine dans le deuxième épisode, si je me souviens bien. Rien sur Darmon, qui n'a pas signé pour ce film, car il n'est pas complètement con, remplacé par Eric Elmosnino, nouveau cœur à sonder pour Esposito (qui a déclaré que l'acteur était de sa famille, à quelques lettres près), dans le rôle d'un papa divorcé dont la vie consiste exclusivement à s'envoyer pas mal de gonzesses nettement plus jeunes que lui, comme de bien entendu.
Déjà trois films qu'ils passent à courir et pourtant ils sont toujours aussi lourds...
En même temps c'est pas comme si Esposito craignait la redite. Il nous replace, à l'identique, dans le même décor, dite sur le même ton, avec le même champ-contrechamp qui navigue entre la bande des quatre morbacs et un quatuor de vieillardes déambulant sur la plage, sa plus fameuse blague : « Elles ont morflé les Spice Girls... », vanne déjà faite dans le premier film, et qu'il décline encore quand, dans un bar, Elmosnino balance, à propos d'un serveur musclé aux longs cheveux blonds : « Elle a morflé Madonna... ». Et toute la bande de s'estrasser de rire sous nos yeux malheureux… Quand la seule blague de ta comédie c'est ça, et quand en prime tu la fais trois fois, on peut dire que tu fais une croix sur l'humour. Mais sans même parler d'humour, puisqu'il ne faut pas parler des absents, que pourrait-il arriver de neuf à nos quatre braves types dans le prochain opus ? Personnellement j'imagine bien, par exemple, dans le prochain épisode, la femme multi-cocue de Lavoine virer sa cuti le temps d'un été. Il n'y a pas un homo dans cette série. Esposito rate son époque à tous les niveaux, coincé dans les 90s avec ces enflures de Pretenders (« I'll stand by you, tadadadidoudou, I'll stand by youuuu », cette horreur reste dans le crâne, c'est un truc de dingue). Alors pourquoi pas jeter une gousse dans le potager, et pourquoi pas la femme de Lavoine ?
Beau personnage féminin de femme giga-trompée qui vocifère de temps en temps mais qui garde le sourire et reste sagement amoureuse.
Ca donnerait lieu à tout un tas de situations cocasses et de dialogues savoureux, du genre : « Avec toutes les bonnes femmes que tu te tapes en douce, j'ai bien le droit de m'en faire une ou deux non !? », ou : « Réjouis-toi, au moins moi je risque pas de te faire un enfant dans le dos ! Encore que t'es pas à l'abri mon p'tit père… Une bonne PMA de derrière les fagots et le tour est joué. Salooop !! ». On peut même imaginer Lavoine (qui récolte en général les répliques les plus débiles d'Esposito, toutes ses vannes en-dessous de la ceinture et du niveau de la mer), entouré de ses potes, en plein footing, disant : « J'avoue que ça me fait bien chier mais je préfère ça qu'un mec... Et même que ça m'excite un peu moi... Mais putain bordel, les moules printanières j'aime ça que si je peux y tremper ma grosse frite ! Vous me suivez les gars ?! ». Et les trois autres de rire comme des baleines, OUAHAHAH, en short, dans un jardin public, entourés de bonnasses à peine majeures prêtes à craquer sur leurs vieux culs ridés. Je vous assure que les dialogues des trois premiers films de la série sont pile poil de cet acabit, peut-être même plus cons. Mieux ! Fatche, ça fuse dans ma tronche : la nouvelle copine gouine de la femme de Lavoine pourrait être une ancienne conquête de ce fumier, vu qu'il s'est enfilé tout Paname et sa périphérie. Quiproquos, rebondissements, twists à Saint-Tropez, tout y est. Cocagne ! Range ton stylo Esposito, je t'envoie ce script pourri en recommandé. Rien qu'en laissant pisser mon vieux cervelet reptilien deux minutes je fous la race à tous tes scénarios réunis, je me mets en mode « dégueule sans réfléchir » et je te fais du Esposito 2.0.
Le Coeur des hommes 3 de Marc Esposito avec Marc Lavoine, Jean-Pierre Darroussin, Bernard Campan, Eric Elmosnino, Florence Thomassin, Catherine Wilkening et Zoé Félix (2013)