L’engouement frénétique absolument généralisé autour de Mad Max Fury Road donne envie, avant d’aller découvrir le film, de se replonger dans les opus précédents, de retourner aux origines du mythe. Et force est de constater que le bon souvenir laissé par le premier épisode de la franchise a du mal à tenir le choc de la redécouverte. Sympathique par moments, tout à fait tranquille à suivre sur la durée, Mad Max premier du nom est tout de même un film relativement faible dans son ensemble. Et peut-être en premier lieu à cause de son personnage. Ce Max supposé Mad qui donne son titre au film n’existe pratiquement pas (peu aidé par un Mel Gibson sorti du berceau et assez mauvais acteur). Max Rockatansky est un flic, il a bonne réputation (sans qu'on sache trop pourquoi, mais il conduit un "Interceptor" et on nous le présente par petits bouts : ses bottes, ses gants, ses lunettes, ce qui en fait un sacré type), il aime sa femme (la jolie Joanne Samuel, une Karen Allen du pauvre qui n'a pas fait carrière, réduite dans ce film à un joli minois, une grosse permanente et deux répliques à tout casser), il aime aussi ses potes, enfin son pote, car il n'en a qu'un, et il a un peu peur de péter un câble à force de traquer des malades.
C’est tout. Et ça s’arrêtera là. Si ce n’est qu’à la fin de l’histoire il deviendra, comme il le craignait plus ou moins, vaguement fou, fou de colère, pendant cinq minutes. Parce qu’on a foutu le feu au froc de son copain blond, "Mother" Goose, et parce qu'on a roulé sur sa femme et son gamin. Sa femme est d'ailleurs encore vivante (alors que le gamin est allé ad patres), mais on ne la reverra jamais car Max s'en branle, il a des salopards à trucider (et c'est bien légitime, faut croire), en usant de cruauté si possible. On peut supposer que sa femme, désormais en très mauvais état, ne lui sert tout simplement plus à rien, qu'elle n'existe plus. De la même manière, plus tôt dans le film, en quittant la chambre d'hôpital de son ami brûlé au dernier degré quoique toujours vivant lui aussi, Max s'est écrié : "Ce n'est pas Goose, ça ce n'est pas Goose", rayant aussi sec son méga pote de la carte.
Mon nom est Mad Maximus, père d'un fils assassiné, époux d'une femme assassinée... et j'aurai ma vengeance, dans cette vie ou dans l'autre.
C’est tout. Et ça s’arrêtera là. Si ce n’est qu’à la fin de l’histoire il deviendra, comme il le craignait plus ou moins, vaguement fou, fou de colère, pendant cinq minutes. Parce qu’on a foutu le feu au froc de son copain blond, "Mother" Goose, et parce qu'on a roulé sur sa femme et son gamin. Sa femme est d'ailleurs encore vivante (alors que le gamin est allé ad patres), mais on ne la reverra jamais car Max s'en branle, il a des salopards à trucider (et c'est bien légitime, faut croire), en usant de cruauté si possible. On peut supposer que sa femme, désormais en très mauvais état, ne lui sert tout simplement plus à rien, qu'elle n'existe plus. De la même manière, plus tôt dans le film, en quittant la chambre d'hôpital de son ami brûlé au dernier degré quoique toujours vivant lui aussi, Max s'est écrié : "Ce n'est pas Goose, ça ce n'est pas Goose", rayant aussi sec son méga pote de la carte.
La Famille Bélier.
L’histoire aussi est donc assez plate. Les flics crâneurs d’un côté, les motards tarés de l’autre, et ils se rendent coup pour coup jusqu’à ce que, quelques morts plus tard, le héros l’emporte. Il faut tout de même se faire violence pour trouver ça passionnant. Certes, en bon western post-moderne, le film tient sur sa ligne claire de strict récit de vengeance, mais ledit récit est si cousu de fil blanc, si anodin, et sa résolution si paresseuse, que les bagnoles fusent au final dans le vent. D'autant que l'idée d'un western d'anticipation ne déboule sur rien, et que la pseudo-post-apocalypse passe limite inaperçue. Dans le deuxième épisode, avec sa fin du pétrole et son essence précieuse, son fortin pris d'assaut, et son clébard sidekick malin comme un singe, personnage ô combien plus fascinant que l'épouse et le bambin de Max réunis, le récit prendra une autre dimension.
Philippe Katerine post-nuke.
Mais en attendant il faut se contenter de bien peu, à tel point que le film ressemble à une sorte de prologue du vrai film : Mad Max II (dont le prologue est par ailleurs affreux). C'est un genre de prequelétalé sur une heure et demi, et tout au long duquel il est contre-indiqué d’être allergique aux musiques lourdingues (le saxo cher aux années 80 fait ici des ravages) ou aux grands méchants grotesques (loins des tarés d’Orange Mécanique, les motards penchent plus vers ceux des tristes premiers films de Luc Besson - nul doute que Hugh Keays-Byrne, interprète de Toecutter, le chef de la bande sur deux roues, aura eu plus de chance dans le quatrième et nouvel épisode, où l'acteur reprend du service après avoir explosé contre un camion, mort aussi bête et expédiée que son personnage, à la fin du premier Mad Max qui nous intéresse ici). Reste une qualité qu’on ne peut pas enlever à George Miller (et qu’il n'a apparemment pas perdue, si l'on prête foi aux innombrables admirateurs de Fury Road), qui est que l’homme s’y entend pour filmer des scènes de course poursuite. Mais ça ne suffit pas toujours, et ça ne suffit pas vraiment dans ce premier jalon boiteux d’une saga qui commence vraiment au numéro 2 et qui vient peut-être, on ira vite vérifier, de trouver, 36 ans après, son acmé.
Mad Max de George Miller avec Mel Gibson, Steve Bisley, Joanne Samuel et Hugh Keays-Byrne (1979)