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Channel: Il a osé !
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Phone Game

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L'affiche de ce film ne nous évoque rien de bien agréable, à cause de sa tagline : "Raccroche et tu es mort". C'est ce que nous disent nos compagnes à chaque fois qu'on les a au bout du fil... Pourtant, ce poster symbolise une heure et quart de pur bonheur. Une heure et quart en compagnie de Colin Farrell in a glass case of emotion. L'acteur est pris au piège d'une cabine téléphonique. La caméra est coincée entre ses sourcils de dingue et le combiné. A l'autre bout de la ligne, pointant sans relâche le canon scié de son fusil à lunette sur Farrell, un acteur dont la voix commençait à peine à être reconnaissable, alors qu'elle est aujourd'hui une signature, au point que quiconque découvre le film de nos jours saura dès le départ qui incarne le vilain : Jack Bauer. Mais ça n'a finalement que peu d'importance tant le suspense et la tension instaurés par Joel Schumacher reposent sur un pitch minimaliste dont on mesure aujourd'hui toute l'importance dans l'histoire des scripts à Hollywood. 


Le regard du type qui se dit : "Putain il vise pas trop maaaaal..."

Combien de films découlent en droite lignée de Phone Game ? On peut penser à Buried, à Locke, à Frozen, à Wrecked et tant d'autres, qui s'appuient tous sur une unité de lieu, de temps et d'action réduite au maximum pour un suspense d'autant plus grand et des rebondissements forcément percutants. Combien d'acteurs s'inspirent par ailleurs du jeu de sourcils de Colin Farrell ? En 2002, à l'aube d'internet, alors que minitels et fax se disputent encore le bureau de papa, Joel Schumacher a déjà flairé tous les changements à venir dans le domaine des communications, actant tout simplement la mort de la cabine téléphonique en tant que telle et de tout ce qui est filaire en général. Une anecdote assez connue raconte que durant la promotion de ce film, à un journaliste malicieux et encore sous le choc de la projection qui lui demandait : "Comment voyez-vous le futur Monsieur Schumacher ?", le cinéaste répondit en pointant tous les recoins de la pièce du bout d'un index giratoire : "Tu vois tous ces fils qui traînassent par terre ? Bientôt y'en aura plus". 


Le visionnaire, entre deux éclairs de génie.

Artiste visionnaire, Schumacher n'en est pas moins un bras cassé, un facho affirmé et depuis peu un taulard dont on attend la sortie de coma après une chute en rollers lors d'un séjour de villégiature dans le sud de la France, plus précisément à Rouffiac-d'Aude, où nous avons nous-mêmes de la famille. Toujours dans les bons coups, notre clébard, Baltasar Kormákur, au volant de son pick-up, pris dans son élan, n'a pas freiné à temps et a heurté Joel (avec ce bruit que fait un bouchon de champagne qui saute) tandis que le cinéaste sortait chercher son journal. On est donc aux premières loges de ce drame, pour lequel nous éprouvons tout de même une once de culpabilité. Ne laissez pas conduire vos clebs, même quand ils semblent savoir piloter. Rassurez-vous, notre Baltasar fait ses nuits, pas troublé le moins du monde.


Phone Game de Joel Schumacher avec Colin Farrell, Kathie Holmes, Rada Mitchell et Kiefer Sutherland (2002)

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