Je me suis surpris à passer un bon moment devant le dernier film des "frères" Wachowski, Jupiter Ascending, space opera pur jus, assez froidement accueilli à sa sortie en début d'année. Peut-être étais-je dans un bon soir, peut-être avais-je tout particulièrement envie d'un film de ce genre-là et que les Wachowski sont tombés à pic. Le fait est que j'ai plutôt accroché à cette histoire qui apparaît comme une sorte de croisement entre Star Wars et Matrix, dans laquelle une jeune femme (Mila Kunis) voit sa morne vie totalement chamboulée quand elle apprend qu'elle fait partie d'une des familles les plus puissantes de l'Univers. Embarquée dans une folle aventure qui la mènera jusque dans les tréfonds de Jupiter, elle sera défendue par un homme-loup (Channing Tatum) dont elle tombera rapidement amoureuse. Et je n'irai pas plus loin dans la présentation du pitch, par peur de déjà refroidir la plupart d'entre vous !
Moi qui avais dû déclarer forfait devant Cloud Atlas, leur précédent opus, beaucoup mieux reçu il y a deux ans et auquel je suis à présent bien motivé à redonner une chance, je dois aujourd'hui reconnaître que, par les temps qui courent, les Wachowski sont des cinéastes à part, qui méritent pleinement d'être salués et défendus. Ces deux-là sont quasiment les seuls à encore proposer des blockbusters si ambitieux, généreux et originaux. Face à Jupiter Ascending, on ne doute jamais de leur sincérité et de la noblesse de leurs intentions. Leur film, un brin foutraque, a certes des défauts évidents, tutoie parfois le kitsch, et pourra sûrement en fatiguer plus d'un dans sa volonté d'en mettre plein la vue, notamment lors de scènes d'action toujours très lisibles mais un peu longuettes. Le scénario, assez fouillis, paraît étonnamment condensé sur deux heures, avec quelques ellipses et un montage un peu déconcertants en ces temps sombres où il est plutôt de coutume d'étaler ce genre d'histoires sur de longues et pénibles trilogies (quand ça n'est pas davantage...) pour s'assurer un maximum de recettes au box office. Cela ne m'étonnerait donc guère qu'un director's cut sorte bientôt en vidéo mais, en l'état, j'ai personnellement trouvé tout à fait compréhensible ce film assez osé que beaucoup se sont plu à traîner dans la boue.
Il faut reconnaître aux Wachowski une vraie inventivité visuelle et une certaine habileté pour la création d'un univers captivant, dont on a envie de mieux comprendre les rouages. Les acteurs aussi ont l'air de croire en ce qu'ils font, malgré le côté grotesque de leurs rôles et de certaines situations. Je pense par exemple à cette scène où Channing Tatum explique qu'il a davantage en commun avec un clébard qu'avec la charmante Mila Kunis. Cette dernière lui rétorque alors spontanément qu'il ne s'agit pas d'un grand problème parce qu'elle a toujours aimé les chiens, et cela donne lieu à un moment assez comique, où la touche d'humour fait d'autant plus plaisir dans le sens où il ne s'agit pas du second degré ou des références lourdaudes dont on nous abreuve ailleurs (notons toutefois un curieux passage ouvertement parodique, épinglant la bureaucratie extraterrestre et se terminant même par un cameo de Terry Gilliam). Eddie Redmayne, récemment récompensé d'un Oscar pour son interprétation de Stephen Hawking, campe ici un méchant plutôt convaincant, sa tronche assez flippante, dominée par une bouche étrangement gonflée, convient tout à fait au rôle.
Bien sûr, les moins friands de science-fiction auront un mal fou à supporter Jupiter Ascending, qui est un gros space opera comme il s'en produit finalement fort peu ; mais les amateurs ont tout intérêt à s'y risquer. Ils pourront peut-être, comme moi, y trouver un plaisir qu'ils n'avaient pas ressenti depuis longtemps devant un tel spectacle. Ils pourront aussi, et c'est plus probable, revenir sur cette page pour m'insulter. Je me sentirai alors encore plus seul, mais je suis prêt à assumer...
Moi qui avais dû déclarer forfait devant Cloud Atlas, leur précédent opus, beaucoup mieux reçu il y a deux ans et auquel je suis à présent bien motivé à redonner une chance, je dois aujourd'hui reconnaître que, par les temps qui courent, les Wachowski sont des cinéastes à part, qui méritent pleinement d'être salués et défendus. Ces deux-là sont quasiment les seuls à encore proposer des blockbusters si ambitieux, généreux et originaux. Face à Jupiter Ascending, on ne doute jamais de leur sincérité et de la noblesse de leurs intentions. Leur film, un brin foutraque, a certes des défauts évidents, tutoie parfois le kitsch, et pourra sûrement en fatiguer plus d'un dans sa volonté d'en mettre plein la vue, notamment lors de scènes d'action toujours très lisibles mais un peu longuettes. Le scénario, assez fouillis, paraît étonnamment condensé sur deux heures, avec quelques ellipses et un montage un peu déconcertants en ces temps sombres où il est plutôt de coutume d'étaler ce genre d'histoires sur de longues et pénibles trilogies (quand ça n'est pas davantage...) pour s'assurer un maximum de recettes au box office. Cela ne m'étonnerait donc guère qu'un director's cut sorte bientôt en vidéo mais, en l'état, j'ai personnellement trouvé tout à fait compréhensible ce film assez osé que beaucoup se sont plu à traîner dans la boue.
Il faut reconnaître aux Wachowski une vraie inventivité visuelle et une certaine habileté pour la création d'un univers captivant, dont on a envie de mieux comprendre les rouages. Les acteurs aussi ont l'air de croire en ce qu'ils font, malgré le côté grotesque de leurs rôles et de certaines situations. Je pense par exemple à cette scène où Channing Tatum explique qu'il a davantage en commun avec un clébard qu'avec la charmante Mila Kunis. Cette dernière lui rétorque alors spontanément qu'il ne s'agit pas d'un grand problème parce qu'elle a toujours aimé les chiens, et cela donne lieu à un moment assez comique, où la touche d'humour fait d'autant plus plaisir dans le sens où il ne s'agit pas du second degré ou des références lourdaudes dont on nous abreuve ailleurs (notons toutefois un curieux passage ouvertement parodique, épinglant la bureaucratie extraterrestre et se terminant même par un cameo de Terry Gilliam). Eddie Redmayne, récemment récompensé d'un Oscar pour son interprétation de Stephen Hawking, campe ici un méchant plutôt convaincant, sa tronche assez flippante, dominée par une bouche étrangement gonflée, convient tout à fait au rôle.
Bien sûr, les moins friands de science-fiction auront un mal fou à supporter Jupiter Ascending, qui est un gros space opera comme il s'en produit finalement fort peu ; mais les amateurs ont tout intérêt à s'y risquer. Ils pourront peut-être, comme moi, y trouver un plaisir qu'ils n'avaient pas ressenti depuis longtemps devant un tel spectacle. Ils pourront aussi, et c'est plus probable, revenir sur cette page pour m'insulter. Je me sentirai alors encore plus seul, mais je suis prêt à assumer...
Jupiter Ascending (Jupiter : le destin de l'Univers) d'Andy Wachowski et Lana Wachowski avec Mila Kunis, Channing Tatum, Sean Bean et Eddie Redmayne (2015)