Il était con ce docu quand même... Sorti en 2004, et pourtant déjà si loin et déjà si vieux. Ce documentaire a vieilli plus vite que la nourriture qu'il dénonce. Mais dès le départ l'idée était d'une bêtise incroyable, qui n'a pas empêché le monde entier de voir ce "film"... Morgan Spurlock, l'homme qui a écrit, réalisé et joué dans ce truc, et dont la grosse tronche s'étale sur l'affiche hideuse ci-contre, a cru brillant de nous révéler les dessous de la malbouffe en allant manger matin, midi et soir dans un MacDo, et en prenant toujours le menu le plus gros, pendant des mois. Résultat des courses, l'homme a grossi et fini par mourir. C'est dommage de laisser sa peau dans un documentaire, surtout aussi con. Qui n'a pas eu l'idée, toute bête, de dire à feu Morgan Spurlock de tenter la même expérience dans un restaurant gastronomique de premier choix, un quatre étoiles au sommet du guide Michelin, d'aller manger comme un sagouin matin, midi et soir dans une putain d'adresse de la fine fleur de la cuisine française en prenant à chaque fois le plat le plus terrible, ou même, disons, au hasard, un simple Périgourdin aux morilles, tous les matins, tous les midis et tous les soirs de chaque jour. On ne peut pas parler de malbouffe et pourtant notre homme aurait sans doute clamsé encore plus tôt après avoir quadruplé de volume et s'être recouvert de pustules morbides. L'affiche aurait pu rester la même mais avec autant de boudins noirs dans le gosier de Morgan Spurlock qu'il y a ici de frites. Le rendu graphique en aurait pris un méchant coup, faisant gerber à l'unisson des populations devenues vertes dans les rues du monde entier à la seule vue de ce poster diabolique.
RIP !
Il fallait donc qu'un jobard se sacrifie pour nous rappeler qu'il est bon de varier les aliments et les plaisirs, de ne pas grignoter entre les repas, et de ne pas manger trop salé/sucré. Mais on pardonne presque sa connerie à Morgan Spurlock (d'autant qu'il est enterré six pieds sous terre, qu'un établissement de la firme Quick s'est installée sur sa sépulture, et qu'il manquera à la série Star Trek) car le père de l'un d'entre nous a commis une erreur plus ou moins similaire (en tout cas associée à ce documentaire par le hashtag "DoMac") en allant démonter planche par planche un établissement de la firme de Ronald McDonald lors d'une manifestation un rien bestiale dont il était le chef de meute moustachu et imbibé de la tête aux pieds. Ce bon père de famille, adorable sur le papier mais quand même capable de coups de sang à faire frémir, a vite regretté son forfait lorsque, quelques années plus tard, il a croqué pour la première fois dans un Big Mac mitonné par un connard complètement allumé touché par la grâce, un manager de province zélé qui, ne connaissant pas le fameux "rush" angoissant des fast-food urbains, car œuvrant dans un établissement sis à Castelnaudary, venait de chier le burger parfait. Notre ex-soixante-huitard énervé, précurseur maudit et déchu de cette racaille de Bové José, qu'il nomme "l'imposteur" en glaviotant ici et là, venait de rencontrer la vérité avec un grand "V", une illumination, une épiphanie, doublée d'une grosse trace au fond du slip. Il dira plus tard : "Démonter un MacDo a été la plus grande erreur de ma vie, après mon premier fils et mon bulletin Chirac de 2007". Cette vérité, que ce bon père et ex-militant sosie de Vercingétorix a pris en pleine tronche, la voici, ne t'en déplaise, Spurlock : un gros MacDalle, de temps en temps, typiquement après avoir maté ton documentaire de merde, ça reste un pur panard.
Super Size Me de Morgan Spurlock avec feu Morgan Spurlock (2004)