Burying the Ex est le dernier film de Joe Dante et espérons pour lui que ce ne sera pas vraiment le dernier. Le cinéaste de 68 ans a dû se lever un beau matin en croyant avoir une idée de génie puis s'en est allé la partager avec des producteurs qu’il sait débiles. "Hé les mecs, imaginez que votre copine soit un zombie ! Ce serait un truc de dingue, non ?!" Non. Eh bien c'est pourtant le pitch de ce film indé qui n'a strictement aucune sorte d'intérêt.
Ce petit paragraphe vous rappelle peut-être quelque chose. C’est peu ou prou le même que celui qu’a écrit Félix il y a quinze jours pour vous parler de Life After Beth. Je n’ai même pas vu ce film descendu par mon acolyte, et pourtant je n’ai cessé d’y penser devant le dernier lontrajmé de Joe Danté, dont le scénario est autrement dit aussi naze que convenu.
Le rôle principal est tenu par Anton Yelchin, ancien athlète paralympique russo-américain qui a dû arrêter sa carrière à cause d’un handicap, et qui parvient peu à peu, de film de merde en film de merde, à se frayer un chemin dans le cinéma américain. Il interprète ici Max, un jeune geek, vendeur dans une boutique dédiée à l’horreur, casé avec Evelyn (Ashley Greene), une fille plutôt pas mal par rapport à lui mais insupportable, parce qu’elle est écolo et qu’elle se fout du cinéma bis, en gros. Blasé de partager sa vie avec elle, notre bonhomme décide de la quitter, mais le jour de la rupture, sa future ex se fait bousiller par un bus et meurt sur le bitume. Après quelques jours de deuil, Max se remet sur vié grâce à Olivia (Alexandra Daddario, célèbre pour n’avoir laissé planer aucun mystère quant à ses attributs féminins dans une scène de la série True Detective qui depuis fait les choux gras de sites tels que Jizzhut.com). C’est une jeune gothique sympathique, fan des grands classiques du cinéma d’horreur et de junk food. Sauf que Max et Evelyn s’étaient jurés de rester ensemble pour toujours et à jamais, devant une sorte de jouet à l’effigie du diable livré sans avoir été commandé dans la boutique de Max : un équivalent de Zoltar dans Big, sauf qu’au lieu de faire d’Anton Yelchin un adulte, ce qui aurait été sympa pour lui, le diablotin en plastique va faire d’Evelyn une zombie.
Et le film, qui choisit très tôt un ton de comédie (et ne jouera pas vraiment d’un choc entre le « rire » et le malaise, contrairement au récent et médiocre The Voices de Marjane Satrapi, auquel on songe parfois), déroule ainsi son petit programme sans anicroches et sans saveur. Evelyn se sait revenue d’entre les morts mais ne s'en émeut guère et entend seulement brûler la vie par les deux bouts, ce qui implique notoirement de se faire ravager au pieu aussi souvent que possible. La demoiselle était d’ailleurs déjà très chaude avant de claquer, tout comme l’autre prétendante de Max, Olivia. Les deux femmes partagent ces trois caractéristiques : elles ont de gros roberts (comme leurs noms l’indiquent, Greene porte un double E, Daddario un double D), aiment s'adonner aux plaisirs de la bourrine et ont un incompréhensible béguin pour Anton Yelchin (dont le teint blanchâtre révèle un excédent alimentaire en lactose). Ce dernier ne s’étonne pas longtemps de voir sa morte revenir frapper à sa porte, mais il rechigne tout de même à l’emmancher, car elle n’est pas de la première fraîcheur. Tout son dilemme sera de ménager les attentes d’Evelyn (qui souhaiterait le manger) et d’Olivia (itou mais in a good way).
Joe Dante nous a certes habitués à mieux. Mais il lorgne sur son époque, notre triste époque, et son film est plein de ce second degré qui anesthésie une bonne partie du cinéma de genre américain depuis des lustres maintenant, et qui ne fait plus sourire personne depuis longtemps. Le personnage d’Evelyn est une vraie tête à baffes, disons-le, mais on la prend en sympathie le temps d’une scène, au début du film, avant sa mort, lors de la première rencontre entre elle et Max d’un côté, et Olivia de l’autre, qui tient une sorte de bar à lait (avec des bzèzes pareils, c’était une voie toute tracée, milk-shake au lait entier directement du producteur au consommateur). Dans cette séquence, Max s’étonne de ce que sa compagne ne connaît pas le nom de tout un tas de pseudo héros populaires, comme celui de Fruit Brute*, une mascotte de boîte de céréales américaines (équivalent du tigre docker Tony de Kellogg's©, du lapin Quicky de Nesquik©, du clébard ivrogne Pico de Chocapic©, ou du mariachi homo Pépito, de Belin©), et il doit lui expliquer tout ça devant Olivia, qui quant à elle ne connaît que ça. Jusqu’à ce qu’Evelyn s’énerve et traite Olivia de pétasse qui se croit géniale parce qu’elle vend de la daube à des gens qui ont les mêmes références culturelles moisies qu’elle. Un point pour la jobarde.
Le film, à l’image de la boutique de Max et de celle d’Olivia (qui ne font plus qu’une à la fin), est un conglomérat de citations clins d’œil qui ne servent qu’à faire du coude au spectateur à intervalles réguliers dans tout ce fatras de dérision. Ils sont nombreux à bénéficier d’un petit coucou : Corman, Burton, Lewton, Romero (pape du film de zombie dont le nom apparaît sur un camion au début du film, sous la mention ô combien explicite de "Romero & Sons", avant que Max et Olivia n’aillent, beaucoup plus tard, batifoler dans un cimetière où l’on projette La Nuit des morts-vivants), et tant d’autres, à commencer par Dante lui-même, puisqu'il affirme que ce film est pour ses fans (on retrouve le vieux Dick Miller, acteur fétiche du cinéaste, dans le mini-rôle d'un vieux flic grincheux). Le problème c'est que Dante convoque tous ces blazes plus ou moins illustres et toutes ces références pour torcher une petite farce insignifiante. Dommage.
* j'ai appris, en me renseignant vite fait sur ce personnage, et la mort dans l'âme, que Quentin Tarantino a conservé une boîte de ces céréales après 1983, date à laquelle on a cessé de les fabriquer, pour pouvoir citer la marque dans ses films, ce qu'il a fait à trois reprises.Maintenant que j'y pense, je crois me souvenir d'un paquet de Fruit Brute sur la table du banquet donné par DiCaprio à la fin de Django Unchained.
Burying the Ex de Joe Dante avec Anton Yelchin, Ashley Green, Alexandra Daddario, Oliver Cooper et Dick Miller (2015)
Ce petit paragraphe vous rappelle peut-être quelque chose. C’est peu ou prou le même que celui qu’a écrit Félix il y a quinze jours pour vous parler de Life After Beth. Je n’ai même pas vu ce film descendu par mon acolyte, et pourtant je n’ai cessé d’y penser devant le dernier lontrajmé de Joe Danté, dont le scénario est autrement dit aussi naze que convenu.
C'est un peu gratuit et pas magnifique. Mais je peux comprendre qu'on ait envie de faire tourner ça à Anton Yelchin.
Le rôle principal est tenu par Anton Yelchin, ancien athlète paralympique russo-américain qui a dû arrêter sa carrière à cause d’un handicap, et qui parvient peu à peu, de film de merde en film de merde, à se frayer un chemin dans le cinéma américain. Il interprète ici Max, un jeune geek, vendeur dans une boutique dédiée à l’horreur, casé avec Evelyn (Ashley Greene), une fille plutôt pas mal par rapport à lui mais insupportable, parce qu’elle est écolo et qu’elle se fout du cinéma bis, en gros. Blasé de partager sa vie avec elle, notre bonhomme décide de la quitter, mais le jour de la rupture, sa future ex se fait bousiller par un bus et meurt sur le bitume. Après quelques jours de deuil, Max se remet sur vié grâce à Olivia (Alexandra Daddario, célèbre pour n’avoir laissé planer aucun mystère quant à ses attributs féminins dans une scène de la série True Detective qui depuis fait les choux gras de sites tels que Jizzhut.com). C’est une jeune gothique sympathique, fan des grands classiques du cinéma d’horreur et de junk food. Sauf que Max et Evelyn s’étaient jurés de rester ensemble pour toujours et à jamais, devant une sorte de jouet à l’effigie du diable livré sans avoir été commandé dans la boutique de Max : un équivalent de Zoltar dans Big, sauf qu’au lieu de faire d’Anton Yelchin un adulte, ce qui aurait été sympa pour lui, le diablotin en plastique va faire d’Evelyn une zombie.
Après avoir fabriqué des chaises dans Like Crazy et conduit une bagnole en relief dans Dying of the Light, Anton Yelchin confirme son goût pour les moyens de locomotion à risque dans Burying the Ex, où il sublime la trottinette.
Et le film, qui choisit très tôt un ton de comédie (et ne jouera pas vraiment d’un choc entre le « rire » et le malaise, contrairement au récent et médiocre The Voices de Marjane Satrapi, auquel on songe parfois), déroule ainsi son petit programme sans anicroches et sans saveur. Evelyn se sait revenue d’entre les morts mais ne s'en émeut guère et entend seulement brûler la vie par les deux bouts, ce qui implique notoirement de se faire ravager au pieu aussi souvent que possible. La demoiselle était d’ailleurs déjà très chaude avant de claquer, tout comme l’autre prétendante de Max, Olivia. Les deux femmes partagent ces trois caractéristiques : elles ont de gros roberts (comme leurs noms l’indiquent, Greene porte un double E, Daddario un double D), aiment s'adonner aux plaisirs de la bourrine et ont un incompréhensible béguin pour Anton Yelchin (dont le teint blanchâtre révèle un excédent alimentaire en lactose). Ce dernier ne s’étonne pas longtemps de voir sa morte revenir frapper à sa porte, mais il rechigne tout de même à l’emmancher, car elle n’est pas de la première fraîcheur. Tout son dilemme sera de ménager les attentes d’Evelyn (qui souhaiterait le manger) et d’Olivia (itou mais in a good way).
Réveil après une scène de plumard à l'arrière d'une bagnole. Anton Yelchin est allé acheter des céréales pour accompagner son lait matinal.
Joe Dante nous a certes habitués à mieux. Mais il lorgne sur son époque, notre triste époque, et son film est plein de ce second degré qui anesthésie une bonne partie du cinéma de genre américain depuis des lustres maintenant, et qui ne fait plus sourire personne depuis longtemps. Le personnage d’Evelyn est une vraie tête à baffes, disons-le, mais on la prend en sympathie le temps d’une scène, au début du film, avant sa mort, lors de la première rencontre entre elle et Max d’un côté, et Olivia de l’autre, qui tient une sorte de bar à lait (avec des bzèzes pareils, c’était une voie toute tracée, milk-shake au lait entier directement du producteur au consommateur). Dans cette séquence, Max s’étonne de ce que sa compagne ne connaît pas le nom de tout un tas de pseudo héros populaires, comme celui de Fruit Brute*, une mascotte de boîte de céréales américaines (équivalent du tigre docker Tony de Kellogg's©, du lapin Quicky de Nesquik©, du clébard ivrogne Pico de Chocapic©, ou du mariachi homo Pépito, de Belin©), et il doit lui expliquer tout ça devant Olivia, qui quant à elle ne connaît que ça. Jusqu’à ce qu’Evelyn s’énerve et traite Olivia de pétasse qui se croit géniale parce qu’elle vend de la daube à des gens qui ont les mêmes références culturelles moisies qu’elle. Un point pour la jobarde.
Joe Dante guinche de l'oeil vers tous les films d'horreur qu'il kiffe. Il doit aimer L'Exorciste, alors il nous envoie une bourrade amusée dans les côtes. On le regarde faire, avec un sourire poli.
Le film, à l’image de la boutique de Max et de celle d’Olivia (qui ne font plus qu’une à la fin), est un conglomérat de citations clins d’œil qui ne servent qu’à faire du coude au spectateur à intervalles réguliers dans tout ce fatras de dérision. Ils sont nombreux à bénéficier d’un petit coucou : Corman, Burton, Lewton, Romero (pape du film de zombie dont le nom apparaît sur un camion au début du film, sous la mention ô combien explicite de "Romero & Sons", avant que Max et Olivia n’aillent, beaucoup plus tard, batifoler dans un cimetière où l’on projette La Nuit des morts-vivants), et tant d’autres, à commencer par Dante lui-même, puisqu'il affirme que ce film est pour ses fans (on retrouve le vieux Dick Miller, acteur fétiche du cinéaste, dans le mini-rôle d'un vieux flic grincheux). Le problème c'est que Dante convoque tous ces blazes plus ou moins illustres et toutes ces références pour torcher une petite farce insignifiante. Dommage.
J'avais pas l'air plus frais devant le film.
* j'ai appris, en me renseignant vite fait sur ce personnage, et la mort dans l'âme, que Quentin Tarantino a conservé une boîte de ces céréales après 1983, date à laquelle on a cessé de les fabriquer, pour pouvoir citer la marque dans ses films, ce qu'il a fait à trois reprises.Maintenant que j'y pense, je crois me souvenir d'un paquet de Fruit Brute sur la table du banquet donné par DiCaprio à la fin de Django Unchained.
Burying the Ex de Joe Dante avec Anton Yelchin, Ashley Green, Alexandra Daddario, Oliver Cooper et Dick Miller (2015)