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Channel: Il a osé !
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The Thing (2011)

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J'ai vécu ce que tout cinéphile peut désormais s'attendre à vivre un jour. J'ai vu naître le remake de l'un de mes films cultes. Comment ai-je vécu ça ? Comment m'en suis-je remis ? Je suis là pour vous en parler, pour vous faire part de mon expérience qui, sans doute, sera familière à bon nombre d'entre vous. Bien sûr, tout a commencé dans une sorte d'indifférence protectrice, toutefois mêlée à une curiosité malsaine, déplacée, celle-là même qui m'a personnellement amené à éventrer les sacs poubelle de mes voisines ou, pour prendre un exemple plus parlant et trivial, celle qui nous fait régulièrement checker les comptes Facebook de nos exs. Je ne voulais rien savoir de ce projet blasphématoire et à la fois je me tenais au courant, de loin et l'air de rien, des dernières infos. J'ai d'abord su qu'il s'agirait en réalité d'un prequel. D'un remake prequel. Un prequake. Appelez ça comme vous voulez. Ils doivent faire ça quand ils ont une très mince idée pour une histoire se déroulant avant les évènements du film en question, mais pas suffisamment de suite dans cette idée pour torcher à partir d'elle un vrai film à part entière. Bref. Déjà, c'était mauvais signe. Cela aurait pu être pire, bien sûr, ils auraient pu vouloir faire une suite. Mais non, ça, tout de même, ils n'ont pas osé. Peut-être bientôt, qui sait...


MacReady découvrant ce que devait être le dénouement de The Thing (2011).

The Thing version 2011 allait donc nous raconter ce qu'il s'était passé dans la station scientifique norvégienne, celle que visitait Kurt Russell au début de l'original de Carpenter lors d'une fabuleuse scène d'investigation à la lampe à pétrole. Nous allions ainsi savoir ce qui était arrivé à ces curieux scientifiques après leur découverte incroyable de cette Chose venue de l'espace et endormie dans la glace, qu'ils eurent la sale idée de réveiller... Ok, pourquoi pas, les quelques balises laissées par le film de Carpenter sur ces évènements antérieurs permettaient aux nouveaux scénaristes de ne pas trop se fouler tout en les incitant d'une certaine façon à créer et inventer à partir de cela. Ou pas. Première innovation : le casting de ce remake ne serait pas purement masculin, contrairement à l'original, puisque le premier rôle allait être tenu par Mary Elizabeth Winstead, dans la peau d'une paléontologue américaine venue prêtée main forte à ces norvégiens incapables et ignorants.


Mary Elizabeth Winstead, dont le dernier tweet, "Sucking some dicks in toilets", a fait le buzz.

Mary Elizabeth Winstead aka MEW (soit, en français, "MIAOU") est l'un des premiers noms qui fut attaché au projet et l'annonce de cette nouvelle provoqua la gronde des nombreux fans de l'original. Les plus intégristes d'entre eux, ardents nostalgiques de Kurt Russell, reprochaient principalement à MEW de ne pas pouvoir porter de barbe. Loin de ces considérations assez terre-à-terre, le choix de cette actrice, au physique de baby-sitter rêvée, révélait surtout la véritable nature du public désormais visé par ce remake horrifique : la tranche des 12-16 ans, ni plus ni moins. Entr'aperçue en tenue de cheerleader dans le méprisable Death Proof de Tarantino, héroïne de l'épisode 87 de la saga Destination Finale, petite fille de John McClane dans le ridicule Die Hard 4 et fantasme humain de l'insupportable Michael Ceara (dont le frère est ailier gauche au Paris Saint-Germain) dans Scott Pilgrim, MEW n'a jamais rien fait de plus qu'incarner un faire-valoir, un attrape-ados et un hameçon à adultes lubriques, à commencer par mon frère le Poulpe aka "The Human Wound". The Thing 2011 permettrait à la jeune actrice d'incarner pour la première fois le rôle d'une femme en doudoune, lourdement vêtue, et personne n'avait réellement hâte de voir ça. Le reste du casting serait composé de rescapés du petit écran et du monde du porno.


Il n'existe pas de photo de Matthijs van Hejiningen Jr, j'ai donc choisi de mettre celle d'un tocard lambda.

J'ai ensuite appris le nom du "réalisateur" (notez les guillemets) : Matthijs van Heijningen Jr. Alors là... Personne n'a d'explication. J'ai d'abord pensé qu'ils avaient choisi d'embaucher un norvégien pour plus facilement filmer ses semblables. Mais pas du tout, son nom a plutôt un fort arrière-goût d'edam... Engager un hollandais rêvant d'Amérique pour filmer des américains se prenant pour des suédois, à quoi bon ? Je me suis ensuite dit que, pour l'effet prévu au générique d'ouverture, il leur était peut-être utile d'avoir un réalisateur dont le nom contient plusieurs fois les lettres "t", "h", "i", "n" et "g" afin de fondre ensuite tout cela dans le titre du film, qui pourrait éclater à l'écran de la même façon qu'en 1982. Mais cette hypothèse, bien qu'assez maligne, ne tenait pas la route et, surtout, ne pouvait justifier à elle seule le choix de ce vidéaste débutant. Je n'ai pas d'exemples qui me viennent à l'esprit, mais ce type-là ne doit pas être le seul à proposer un tel infernal combo alphabétique.


Un étonnant petit caméo d'Alexandre Astier, victime de la Chose, devenue si propre en 2011...

Et puis évidemment, il y a eu la bande-annonce, brillamment décortiquée sur le vif par notre collègue Arnaud. Elle m'a surtout permis de constater, à la vue des SFX hideux utilisés pour les apparitions de la créature, que l'on a souvent plus d'imagination quand on est techniquement limité. Le film de Carpenter propose parmi les effets spéciaux les plus réussis et estomaquant (c'est le cas de le dire) de l'histoire du cinéma d'horreur, des effets d'une inventivité rare qui n'ont toujours pas pris une ride justement parce qu'ils ont été faits de façon artisanale, sans ces images de synthèses qui, à l'époque, n'auraient pas du tout autorisé la même débauche. Des effets, il faut aussi le préciser, rendus possibles par le talent inouï d'un Rob Bottin complètement allumé, qui termina le tournage à l'hosto, à bout de forces (je place ici une anecdote que je connais), et bien évidemment magnifiés par le style inimitable de John Carpenter. Ce nouveau film a quant à lui naturellement choisi de tout faire par ordinateur, proprement, sans trop s'embêter, et à l'écran, ça donne euh... ça donne quoi ? J'ai vu le film il y a quelques jours et je ne m'en souviens déjà plus ! La Chose n'a plus grand chose à voir avec celle d'il y a 30 ans, elle n'a pas l'air réel ou palpable un seul instant. La bande-annonce nous apprenait donc déjà qu'il n'y aurait rien à attendre de ce côté-là, c'est-à-dire du seul où l'on aurait pu espérer un peu, avec curiosité, puisque ce faux prequel devait logiquement nous montrer la Chose dans son état initial.


Il n'y a que dans les films qu'on tient les lampes-torches de cette façon. Je me suis toujours demandé pourquoi...

Quoi d'autre ? On apprend que la Chose, quand elle imite les personnes dont elle s'est emparée, rejette les plombages et autres éléments non-organiques de ce genre qu'elle ne peut reproduire. Du coup, l'inoubliable scène du test sanguin est remplacée par un moment de cinéma des plus ridicules qui aura l'air tout à fait banal pour nos amis orthodontistes : MEW fait ouvrir grand la gueule à chacun des personnages pour inspecter leurs dentitions à tour de rôle. C'est à pleurer ! A la fin du film, la Chose essaie de manger MEW en prenant la forme d'une énorme teucha. Faut-il y voir un message ? Une réponse à ceux qui considèrent que le seul personnage féminin du premier film est la Chose elle-même ? Je ne crois pas, je pense qu'il s'agit simplement d'une nouvelle facétie des gros geeks malades qui faisaient encore office d'experts en effets spéciaux, coutumiers du fait (cf. le monstre final de Prometheus). Cette transformation en immense sexe de femme est en tout cas le passage le plus étonnant de ce film de monstre finalement très basique ressemblant à mille autres, les plus mauvais, et qui s'applique à démolir le mystère du chef d’œuvre de Carpenter. Ne faites pas comme moi, ne le regardez pas, c'est inutile. Regardez plutôt ce que je considère comme le meilleur remake de Carpenter réalisé à ce jour : la version de The Thing signée Lee Hardcastle !


The Thing de Matthijs van Heijningen Jr avec Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton et Ulrich Thomsen (2011)

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