Quand j'ai su que le jadis prometteur Ti West allait s'essayer au found footage j'ai eu du mal à comprendre, tant cette exaspérante ramification faisandée du cinéma d'horreur n'a jamais rien apporté de bon et me semble à mille lieues de la veine assez classique dans laquelle s'est engagée, plutôt avec talent, le réalisateur depuis ses débuts. Mais j'espérais tout de même, tout au fond de moi, que le jeune américain réussisse à signer un film de qualité et rompe ainsi avec les tristes standards du genre. J'ai hélas bien vite déchanté. Si The Sacrament se hisse, sans grande difficulté, au-dessus de la moyenne de sa catégorie (dont je situerai la note à 1,75/10 environ), il s'agit d'une nouvelle déception et peut-être du plus mauvais film de son auteur, ici produit par Eli Roth (c'était mauvais signe...).
Ça commence mal : une introduction très brouillonne et visuellement agressive nous révèle d'emblée tous les enjeux du scénario, elle est ponctuée de panneaux explicatifs lourdingues venant simplement répéter, via quelques phrases très sommaires, ce que les personnages nous apprennent déjà à l'écran. Il est donc question de retrouver la sœur d'untel partie à la recherche du bonheur dans une communauté religieuse perdue au milieu d'un pays tropical, un prétexte comme un autre pour que deux journalistes décident de suivre leur ami afin de réaliser un reportage sur ce qui s'avérera bien entendu être une secte des plus inquiétantes dominée par un pasteur tout-puissant et révéré...
L'idée de nous laisser poireauter quelque temps avant de découvrir enfin ledit pasteur n'est pas mauvaise. Celle de nous faire d'abord entendre, de façon tout à fait inopinée, son inquiétante voix donner ses consignes quotidiennes, diffusée par les hauts-parleurs du camp, est encore meilleure et contribue à nous intriguer davantage. La scène-clé du film, où le pasteur est interviewé face à ses fidèles par l'un des journalistes, est plutôt réussie, elle nous rappelle que Ti West sait créer de la tension avec trois fois rien, patiemment et habilement. Les acteurs, des gueules connues du cinéma d'horreur indé US (AJ Bowen, Joe Swanberg et Amy Seimetz, que l'on retrouve au grand complet dans You're Next), sont tous bons. Hélas, en disant tout cela, je crois avoir déjà fait le tour du rayon des satisfactions...
L'un des personnages est caméraman de formation, cela permet au film d'éviter quelques uns de ces tics hideux chers aux found footage. Mais ça ne suffit pas... Ce qu'il y a peut-être de plus agaçant dans The Sacrament est cette incohérence formelle de chaque instant. Rien ne tient debout. A quoi bon choisir la forme du found footage si c'est pour ne jamais s'y tenir ? On se le demande... Je ne veux pas passer pour un type borné, à cheval sur certains principes, mais quand l'illusion est maintenue, même très artificiellement, et quand on nous permet réellement de croire que nous sommes en train de regarder un "enregistrement retrouvé", l'immersion a plus de chance de fonctionner. Ce n'est apparemment pas dans l'idée de respecter et de justifier les codes du genre que Ti West s'est lancé dans son entreprise, bien au contraire. Rien ne tient la route, le montage n'a aucun sens, les images nous viennent d'on ne sait où, en particulier lors du final, et la musique, trop présente, n'a pas lieu d'être, elle a l'air d'avoir été mise là pour sauver les meubles. C'est assez triste à voir.
Cette histoire devrait nous saisir par les tripes, nous faire froid dans le dos, nous laisser sur le cul, ce que vous voulez... Elle parvient tout juste à nous amener à lire la page Wikipédia consacrée au suicide collectif de Jonestown dont le film s'inspire et, ce faisant, à ressentir, à éprouver davantage ce terrible abîme d'incompréhension et de mystère vers lequel Ti West a été bien incapable de nous pousser. On relit Wiki les larmes aux yeux, non pas pour les victimes, mais en pensant au film à côté duquel nous sommes passés. On se fiche pas mal de ce qui se déroule à l'écran, on n'y croit pas, c'est aussi simple que ça. Aussi gênants puissent être les nouveaux arrivants pour cette secte, nous n'arrivons pas une seconde à penser que leur présence est une raison suffisante pour faire basculer la communauté entière dans le chaos et finalement opter pour l'autodestruction. L'inéluctabilité de la conclusion connue d'avance pourrait ajouter à l'horreur ambiante, mais que nenni, cela contribue seulement à rendre le film d'autant plus plat et anecdotique. Ti West paraît s'être saisi d'un sujet trop lourd, il n'en tire finalement rien du tout. The Sacrament nous révèle cruellement toutes ses limites et nous plonge même dans le doute quant à son réel talent.
Ça commence mal : une introduction très brouillonne et visuellement agressive nous révèle d'emblée tous les enjeux du scénario, elle est ponctuée de panneaux explicatifs lourdingues venant simplement répéter, via quelques phrases très sommaires, ce que les personnages nous apprennent déjà à l'écran. Il est donc question de retrouver la sœur d'untel partie à la recherche du bonheur dans une communauté religieuse perdue au milieu d'un pays tropical, un prétexte comme un autre pour que deux journalistes décident de suivre leur ami afin de réaliser un reportage sur ce qui s'avérera bien entendu être une secte des plus inquiétantes dominée par un pasteur tout-puissant et révéré...
L'idée de nous laisser poireauter quelque temps avant de découvrir enfin ledit pasteur n'est pas mauvaise. Celle de nous faire d'abord entendre, de façon tout à fait inopinée, son inquiétante voix donner ses consignes quotidiennes, diffusée par les hauts-parleurs du camp, est encore meilleure et contribue à nous intriguer davantage. La scène-clé du film, où le pasteur est interviewé face à ses fidèles par l'un des journalistes, est plutôt réussie, elle nous rappelle que Ti West sait créer de la tension avec trois fois rien, patiemment et habilement. Les acteurs, des gueules connues du cinéma d'horreur indé US (AJ Bowen, Joe Swanberg et Amy Seimetz, que l'on retrouve au grand complet dans You're Next), sont tous bons. Hélas, en disant tout cela, je crois avoir déjà fait le tour du rayon des satisfactions...
L'un des personnages est caméraman de formation, cela permet au film d'éviter quelques uns de ces tics hideux chers aux found footage. Mais ça ne suffit pas... Ce qu'il y a peut-être de plus agaçant dans The Sacrament est cette incohérence formelle de chaque instant. Rien ne tient debout. A quoi bon choisir la forme du found footage si c'est pour ne jamais s'y tenir ? On se le demande... Je ne veux pas passer pour un type borné, à cheval sur certains principes, mais quand l'illusion est maintenue, même très artificiellement, et quand on nous permet réellement de croire que nous sommes en train de regarder un "enregistrement retrouvé", l'immersion a plus de chance de fonctionner. Ce n'est apparemment pas dans l'idée de respecter et de justifier les codes du genre que Ti West s'est lancé dans son entreprise, bien au contraire. Rien ne tient la route, le montage n'a aucun sens, les images nous viennent d'on ne sait où, en particulier lors du final, et la musique, trop présente, n'a pas lieu d'être, elle a l'air d'avoir été mise là pour sauver les meubles. C'est assez triste à voir.
Cette histoire devrait nous saisir par les tripes, nous faire froid dans le dos, nous laisser sur le cul, ce que vous voulez... Elle parvient tout juste à nous amener à lire la page Wikipédia consacrée au suicide collectif de Jonestown dont le film s'inspire et, ce faisant, à ressentir, à éprouver davantage ce terrible abîme d'incompréhension et de mystère vers lequel Ti West a été bien incapable de nous pousser. On relit Wiki les larmes aux yeux, non pas pour les victimes, mais en pensant au film à côté duquel nous sommes passés. On se fiche pas mal de ce qui se déroule à l'écran, on n'y croit pas, c'est aussi simple que ça. Aussi gênants puissent être les nouveaux arrivants pour cette secte, nous n'arrivons pas une seconde à penser que leur présence est une raison suffisante pour faire basculer la communauté entière dans le chaos et finalement opter pour l'autodestruction. L'inéluctabilité de la conclusion connue d'avance pourrait ajouter à l'horreur ambiante, mais que nenni, cela contribue seulement à rendre le film d'autant plus plat et anecdotique. Ti West paraît s'être saisi d'un sujet trop lourd, il n'en tire finalement rien du tout. The Sacrament nous révèle cruellement toutes ses limites et nous plonge même dans le doute quant à son réel talent.
The Sacrament de Ti West avec AJ Bowen, Joe Swanberg, Amy Seimetz et Gene Jones (2014)