J'ai eu la sale idée de regarder ce film un dimanche matin, il m'a mis de mauvais poil pour toute la journée ! On se demande bien ce qui anime ce couple d'autrichiens, ce qui les motive à filmer une telle histoire, déjà vue cent fois et dont le maigre secret est éventé dès les premières images, mais l'on reconnaît sans forcer leur influence, leur maître à penser. Avec leur cinéma terriblement austère et froid, Veronika Franz et Severin Fiala s'inscrivent dans la droite lignée de leur compatriote Michael Haneke. Certes, les images apparaissent d'abord chatoyantes, tout semble tellement précis et appliqué, tout est si joliment éclairé, nous pouvons facilement nous laisser prendre et penser que nous tenons-là un film d'horreur au-dessus du lot. Mais faut-il être un sacré maso pour apprécier un tel film...
Les premières minutes nous montrent deux garçons évoluer dans un très beau décor champêtre, jouer à cache-cache dans les champs de maïs, s'aventurer dans des bois sombres et nager dans un lac placide comme pour tuer une de ces longues journées d'été ; l'ambiance est en apparence paisible mais déjà inquiétante. Cette courte introduction est bien le seul moment du film qui dégage un petit semblant de vie, à même de susciter une certaine curiosité. Quand la mère des enfants revient, elle a le visage recouvert de pansements, comme sortie de l'oeuvre de Franju avec laquelle le film de Franz et Fiala ne partage aucun autre point commun, et se comportera de façon étrange avec les jumeaux. Dès lors, Goodnight Mommy ne quittera plus que très rarement l'austère et luxueuse baraque familiale où reste cloîtrée la mère, et s'enfoncera dans une atmosphère glauque et immobile des plus ennuyeuses, jusqu'à une dernière partie particulièrement laide nous proposant un basculement dans la violence perverse dont on se serait volontiers passé.
A de très rares occasions, Franz et Fiala font preuve d'une belle imagination morbide et retiennent l'attention par des images cauchemardesques ou des micro scènes assez dérangeantes : je repense à cette blatte, déposée sur l'oreiller par les enfants, qui entre par la bouche de leur mère endormie, ou cette même maman, espionnée durant la nuit en train de retirer ses bandages, qui adresse un coup d’œil hideux au jeune voyeur. A part ça, rien à signaler. Goodnight Mommy est cadré, éclairé et filmé avec une rigueur rare et un soin maniaque, mais il est chiant comme la pluie et s'avère même assez détestable dans sa progression méthodique vers une horreur bêtement provocante. La tension ne naît strictement jamais, nous y voyons très clair dans le petit jeu du duo de cinéastes, dans leur scénario elliptique qui se croit beaucoup plus intelligent qu'il ne l'est, et nous nous fichons éperdument de cet énième drame familial marqué par un deuil impossible et une maternité contrariée. C'est environ le millième film d'horreur qui aborde ce sujet et il n'y apporte rien de neuf, si ce n'est son austérité extrême, sa rigueur malsaine et son climax dégueulasse. La longue torture finale de la mère par les deux frères, volontairement filmée dans un style plus brut et "documentaire", finit de nous remplir de mépris envers un couple de réalisateurs dont nous éviterons soigneusement les prochains méfaits. A fuir.
Goodnight Mommy de Veronika Franz et Severin Fiala avec Susanne Wuest, Elias et Lukas Schwarz (2015)