L’Art de la fugue fait partie de ces trucs qu’on a tellement vus et revus qu’à chaque fois, et tant pis pour la redite, le même besoin se fait ressentir : comment se retenir, devant un film qui nous a tant pompé l’air, de lui lâcher ne fût-ce qu’une petite vesse* dans la gueule ? D'abord, vous présenter l’affaire... Le résumé hallucinant d’Allociné donne une assez rapide idée du désastre : « Antoine vit avec Radar, mais il rêve d’Alexis... Louis est amoureux de Mathilde alors il va épouser Julie... Gérard, qui n’aime qu’Hélène, tombera-t-il dans les bras d’Ariel ?… Trois frères en pleine confusion... Comment, dès lors, retrouver un droit chemin ou ... échapper à ses responsabilités ?… C’est là tout L’Art de la Fugue… ». Normalement j’aurais dû ponctuer cette citation de quelques points de suspension mais je crois que ça va aller.
En fait, dès l’affiche, mons-tru-euse, on sait que L’Art de la fugue sera un film choral, donc un film d’acteurs. Et quels acteurs. Au centre, Antoine (Laurent Lafitte), puis ses deux frères, Louis et Gérard (Nicolas Bedos et Benji Biolay : on se demande qui de plus exaspérant aurait pu se glisser dans cette fratrie de la mort, qui ? Yann Barthes ? Il a failli faire partie du casting, véridique). Ils incarnent trois fils. De pute, certes. Mais aussi trois fils de commerçants acariâtres (Marie-Christine Barrault et Guy Marchand, ou Guy Charmand pour les intimes, déjà papa accablé du duo de frères morbides Romain Duris et Louis Garrel dans Dans Paris ; film pénible jusque dans son titre, qui force la répétition, "dans Dans" : lourd...). Le premier fils, Lafitte, est un galeriste bobo, homo, amoureusement instable et sensible, le deuxième, Bedos, un homme d’affaire égoïste, putanier et traitre, et le dernier, Biolay, un chômeur sentimental suicidaire, qui vivent et pensent forcément l’amour très différemment. C’est pas mal original. Et assez surprenant, ces tempéraments, associés à ces statuts sociaux. Du jamais vu. Et puis autour d’eux gravitent quelques tronches connues, comme Agnès Glaoui ou Bruno Puducu. On se demande comment un scénario aussi immonde (adapté d’un bouquin de l’américain Stephen McCauley, auteur déjà porté à l’écran par Sam Karmann dans le tout aussi choral et fumeux La Vérité ou presque, film culte dans lequel Dussolier et Cluzet échangeaient leurs sexes) a pu attirer autant de gens. Ce type de film devrait se tourner à deux ou trois, par des crève-la-faim, dans des caves. Il paraît qu’on n’attire pas les mouches à merde avec du vinaigre, mais ce long métrage prouve, et il n’est malheureusement pas le seul, qu’on peut les attirer avec d’autres mouches. Lequel, parmi ce brillant casting, a signé le premier ? Mystère. Mais les autres, en voyant son blaze qui tache associé au projet, ont cru flairer le bon plan et se sont jetés dans la gueule du loup.
Et puis le copinage n’y est sans doute pas pour rien : on va faire mumuse avec les copains. Benjamin Biolay avait déjà joué pour et avec Agnès Jaoui dans Au bout du conte. Comme on se retrouve ! Et cette fois-ci il a ramené avec lui Elodie Frégé, qui n’est là que pour être à poil et la fermer. Cette dernière confirme, même si tout le monde s’en foutait, qu’elle n’est pas encore actrice (on l’avait déjà vue dans Potiche), tout comme l'horripilant Nicolas Bedos**, dont on espère quant à lui qu'il ne s'acharnera pas davantage à le devenir, acteur, et qui se contente ici de s’admirer beaucoup et de s’écouter parler, comme d’hab'. Les autres ne sont pas tous détestables en règle générale, et peuvent même se montrer plutôt bons, y compris Laurent Lafitte (que j’ai peut-être la naïveté de ne pas condamner tout de suite à la chaise électrique, mais il est à ça...) et Bruno Putzulu, sôciétaires la cômédie frônçaise, mais le film est si atroce qu’ils ne peuvent que l’être aussi. On devine d’ailleurs qu’ils le savent, que le réalisateur le sait. Que tous ces gens sont courant qu’ils sont en train de tourner une minuscule chose hideuse et absolument nulle, mais ils le font quand même, parce que c'est sans doute moins désagréable que de ne rien faire. De notre côté, on préférerait ne rien voir.
* petit pet silencieux et malodorant.
** petit petsilencieux et malodorant.
Nestor Burma passe tout le film à essayer de planquer son braquos en présence d'Élodie Frégé. Ce que tous les acteurs autour de lui sont incapables de dissimuler en revanche, c'est leur profonde gêne. Pas celle de voir papa triquer à mort sur son lit de mort, mais bien celle de faire partie de cette fétide entreprise.
En fait, dès l’affiche, mons-tru-euse, on sait que L’Art de la fugue sera un film choral, donc un film d’acteurs. Et quels acteurs. Au centre, Antoine (Laurent Lafitte), puis ses deux frères, Louis et Gérard (Nicolas Bedos et Benji Biolay : on se demande qui de plus exaspérant aurait pu se glisser dans cette fratrie de la mort, qui ? Yann Barthes ? Il a failli faire partie du casting, véridique). Ils incarnent trois fils. De pute, certes. Mais aussi trois fils de commerçants acariâtres (Marie-Christine Barrault et Guy Marchand, ou Guy Charmand pour les intimes, déjà papa accablé du duo de frères morbides Romain Duris et Louis Garrel dans Dans Paris ; film pénible jusque dans son titre, qui force la répétition, "dans Dans" : lourd...). Le premier fils, Lafitte, est un galeriste bobo, homo, amoureusement instable et sensible, le deuxième, Bedos, un homme d’affaire égoïste, putanier et traitre, et le dernier, Biolay, un chômeur sentimental suicidaire, qui vivent et pensent forcément l’amour très différemment. C’est pas mal original. Et assez surprenant, ces tempéraments, associés à ces statuts sociaux. Du jamais vu. Et puis autour d’eux gravitent quelques tronches connues, comme Agnès Glaoui ou Bruno Puducu. On se demande comment un scénario aussi immonde (adapté d’un bouquin de l’américain Stephen McCauley, auteur déjà porté à l’écran par Sam Karmann dans le tout aussi choral et fumeux La Vérité ou presque, film culte dans lequel Dussolier et Cluzet échangeaient leurs sexes) a pu attirer autant de gens. Ce type de film devrait se tourner à deux ou trois, par des crève-la-faim, dans des caves. Il paraît qu’on n’attire pas les mouches à merde avec du vinaigre, mais ce long métrage prouve, et il n’est malheureusement pas le seul, qu’on peut les attirer avec d’autres mouches. Lequel, parmi ce brillant casting, a signé le premier ? Mystère. Mais les autres, en voyant son blaze qui tache associé au projet, ont cru flairer le bon plan et se sont jetés dans la gueule du loup.
Élodie Frégé, dans l'émission Au Battle Field Earth de la Nuit, présentée par Michel Battle Field Earth, nous parle du film. Là elle essaie de résumer son personnage.
Et puis le copinage n’y est sans doute pas pour rien : on va faire mumuse avec les copains. Benjamin Biolay avait déjà joué pour et avec Agnès Jaoui dans Au bout du conte. Comme on se retrouve ! Et cette fois-ci il a ramené avec lui Elodie Frégé, qui n’est là que pour être à poil et la fermer. Cette dernière confirme, même si tout le monde s’en foutait, qu’elle n’est pas encore actrice (on l’avait déjà vue dans Potiche), tout comme l'horripilant Nicolas Bedos**, dont on espère quant à lui qu'il ne s'acharnera pas davantage à le devenir, acteur, et qui se contente ici de s’admirer beaucoup et de s’écouter parler, comme d’hab'. Les autres ne sont pas tous détestables en règle générale, et peuvent même se montrer plutôt bons, y compris Laurent Lafitte (que j’ai peut-être la naïveté de ne pas condamner tout de suite à la chaise électrique, mais il est à ça...) et Bruno Putzulu, sôciétaires la cômédie frônçaise, mais le film est si atroce qu’ils ne peuvent que l’être aussi. On devine d’ailleurs qu’ils le savent, que le réalisateur le sait. Que tous ces gens sont courant qu’ils sont en train de tourner une minuscule chose hideuse et absolument nulle, mais ils le font quand même, parce que c'est sans doute moins désagréable que de ne rien faire. De notre côté, on préférerait ne rien voir.
* petit pet silencieux et malodorant.
** petit pet
L'Art de la fugue de Brice Cauvin avec Laurent Lafitte, Nicolas Bedos, Benjamin Biolay, Bruno Putzulu, Agnès Jaoui, Guy Marchand, Marie-Christine Barrault et Élodie Frégé (2015)