Attention, il s'agit du premier film jamais réalisé sur la crise économique. Benoît Graffin, le réalisateur, met les deux pieds dans le plat, il saute dedans à pieds joints et ses chaussures sont pleines de merde. Il se permet même une pique ad hominem contre François Hollande, même si, avec ce film, Benoît fait plus de mal au cinéma français, donc à la France, que l'autre enclume. C'est l'histoire d'un type qui perd son job (Edouard Baer) et qui devient aussi sec une serpillère, il se met à dormir sous une tente dans son propre salon, fait le sourd quand ses gosses ou sa femme (Sandrine Kiberlain) lui demandent un truc et fouille dans les poubelles du quartier pour trouver des déchets de valeur à revendre, car il est très con. Du coup sa femme le trompe avec un tombeur irrésistible, j'ai nommé Benjamin Biolay. Voilà plusieurs fois que Biolay incarne les matamores, les bourreaux des cœurs, les tombeurs de ces dames, Jésus Christ multipliant les coups de pine. Je pense notamment à son rôle dans Au bout du conte d'Agnès Jaoui. Il ne joue que deux types de rôles : le Casanova du tiéquar ou le détritus humain dépressif et suicidaire. Beaucoup plus crédible dans le second.
Toujours est-il que Baer va tout pardonner à sa femme et la récupérer en regagnant de la thune (sa fille d'abord, puis toute la famille, profite du décès de la vieille voisine acariâtre, raciste et conne, pour la voler). En interview, Graffin se la joue grand gauchiste avec des saillies du genre : "Après tout, cet argent qui va retourner à l’État, pourquoi cette petite famille n'en profiterait pas ?", mais son personnage principal évoque plutôt Sarkozy faisant les poches de Liliane Bettencourt en lui braquant un flingue sur la tempe. C'est une resucée plan par plan, et je dis bien plan par plan, de L'Argent de la vieille, que je n'ai pas vu. On nage en plein dans la comédie sociopolitique, dans la veine de Fun with Dick and Jane, sans l'humour, donc plutôt dans la veine tranchée dans le sens de la longueur par une lame rouillée de Une pure affaire, avec François Damiens et Pascale Arbalète. On pouvait espérer quelque chose des retrouvailles d'Edouard Baer et Sandrine Kiberlain, qui avaient déjà joué ensemble devant la caméra de Pascal Bonitzer, dans Rien sur Robert, où Baer initiait Kiberlain à la sodomie. Mais Encore heureux est un film Europacorp, et par conséquent c'est ici le spectateur qui a tout d'un coup la sensation de se faire enculer.
J'ai décidé d'illustrer cet article avec la photo d'un vrai beau gosse.
Toujours est-il que Baer va tout pardonner à sa femme et la récupérer en regagnant de la thune (sa fille d'abord, puis toute la famille, profite du décès de la vieille voisine acariâtre, raciste et conne, pour la voler). En interview, Graffin se la joue grand gauchiste avec des saillies du genre : "Après tout, cet argent qui va retourner à l’État, pourquoi cette petite famille n'en profiterait pas ?", mais son personnage principal évoque plutôt Sarkozy faisant les poches de Liliane Bettencourt en lui braquant un flingue sur la tempe. C'est une resucée plan par plan, et je dis bien plan par plan, de L'Argent de la vieille, que je n'ai pas vu. On nage en plein dans la comédie sociopolitique, dans la veine de Fun with Dick and Jane, sans l'humour, donc plutôt dans la veine tranchée dans le sens de la longueur par une lame rouillée de Une pure affaire, avec François Damiens et Pascale Arbalète. On pouvait espérer quelque chose des retrouvailles d'Edouard Baer et Sandrine Kiberlain, qui avaient déjà joué ensemble devant la caméra de Pascal Bonitzer, dans Rien sur Robert, où Baer initiait Kiberlain à la sodomie. Mais Encore heureux est un film Europacorp, et par conséquent c'est ici le spectateur qui a tout d'un coup la sensation de se faire enculer.
Encore heureux de Benoît Graffin, avec Edouard Baer, Sandrine Kiberlain, Benjamin Biolay et Bulle Ogier (2016)