On rassure tout le monde d'emblée : malgré son patronyme francophone, Jean-Marc Vallée n'est PAS français, il est canadien, et si ça ne tenait qu'à moi, il le RESTERA. Si, avec Demolition, il voulait démolir le concept même de cinéma, il y est parvenu ! Si, avec Demolition, il voulait démolir la carrière de Naomi Watts, il y est arrivé. Si, avec Demolition, il voulait démolir l'avenir de Jake Gyllenhaal, il a atteint son but. Si, avec Demolition, il voulait démolir ma soirée, il a dépassé ses objectifs en fusillant ma semaine à bout portant parce que j'ai dû en regarder 15 minutes par jour pour ne pas imiter Gyllenhaal et tout casser chez moi. Une semaine marquée du sceau de l'infamie !
Je m'autoproclame martyr de Jean-Marc Vallée. Cet homme a le tout Hollywood dans sa poche. McConaughey a tapé du poing sur la table pour qu'il réalise Dallas Buyers Club, Whitherspoon a exigé que ce soit lui qui mette en image son livre de chevet, Jake Gyllenhaal n'a rien demandé, il l'a simplement confondu avec Villeneuve (pas le réalisateur mais le pilote Formule 1).
Dans ce film, tout est cliché. Jake Gyllenhaal, trader dans l'entreprise de son beau-père, perd sa femme dans un accident de voiture. Il n'arrive pas à éprouver du chagrin, il est insensible. Le jour de l'accident, il est plus marqué par le fait qu'un distributeur automatique lui ait volé 1$ que par la mort de sa femme. C'est ainsi que lors de la cérémonie funèbre il s'isole pour écrire une longue lettre à la société qui gère les distributeurs automatiques pour exiger un remboursement mais surtout pour déblatérer sur sa vie. C'est déjà lourd de vous l'écrire alors imaginez donc le film. La voix off de Gyllenhaal cynique et désabusée lit à nos pauvres oreilles ces lettres imbuvables. Il finit par rencontrer la responsable du SAV de cette société, fascinée par ces écrits, qui n'est autre que Naomi Watts. Une amitié teintée d'intimité se met alors en place entre les deux personnages tandis que Gyllenhaal prendra son métier un peu par dessus la jambe et préfèrera payer des artisans démolisseurs pour l'aider à démolir diverses maisons, d'où le titre moisi du film.
Pour finir, une pensée pour le personnage de la femme décédée de Gyllenhaal, qui passe pour une fille à papa, adultère, faisant la gueule à sa mère pour une histoire de serviettes de bain et qui conduit sans regarder la route. De petit connard de trader participant à foutre la planète dans la merde, Gyllenhaal devient, après l'avoir perdue, un grand philanthrope auprès des enfants trisomiques qui réussit même à rendre le sourire à son beau-père irascible. Une belle histoire d'amour en creux...
Demolition de Jean-Marc Vallée avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts et le beau-père de Jake Gyllenhaal (2016)