Les affiches, celle ci-à gauche ou d'autres, sont à l'image du film : une belle fellation prodiguée à un Matthew McConaughey consentant, qui s'en donne à cœur joie avec son accent sudiste à couper à la hallebarde. Le début du film, pourtant, n'est pas trop mal : je parle des 4 minutes où l'on voit une bataille opposant nordistes et sudistes, et où les soldats sont pâles comme des morts, semblent se chier littéralement dessus en marchant vers les balles ennemies. Il y a quelque chose de frappant dans ces visages livides, dans l'attitude hébétée des hommes aux corps sans force, ce n'est peut-être pas grand chose mais c'est déjà quelque chose. Puis, après ça, on comprend vite qu'en réalité le film prendra le contrepied parfait de ces images : nous auront simplement droit à un festival McConaughey, dans un rôle de super-héros sans peur et sans reproche prêt à tous les sacrifices pour sauver la veuve et l'orphelin, le genre de personnage dont on se demande comment on peut encore les écrire et les interpréter sérieusement.
Attention : tiré d'une histoire vraie. McConaughey prête sa belle gueule au chevalier blanc Newton Knight, le sublime et gentil infermier blancas de peau et humaniste qui fit sécession parmi les sécessionnistes et monta une armée dissidente campée dans les marais pour affronter le camp confédéré que Knight et ses hommes venaient de déserter, avec l'aide de quelques anciens esclaves (qui tomberont forcément tous amoureux de lui, et de l'un de ces mille coïts Homme-mecs-meuf dans l'eau saumâtre du Mississippi naîtra un enfant métisse, pratique pour remplacer le premier fils de Knight, dont il n'a plus rien eu à foutre un beau jour, sans raison). C'est triste parce que le récit est, à de rares moments, coupé pour laisser place à un tribunal de 1985 mettant en cause le descendant de notre saint homme (le fameux métisse, accusé de n'être pas blanc), et le contraste, sans transition, entre les deux époques a quelque chose de vaguement original, en tout cas la première fois qu'il a lieu, surgissant sans crier gare, mais là aussi, la première bonne impression s'estompe, et le film est en définitive très plat. Il est même parfois plus plat que plat, quand il ne va pas pile poil là où on l'attendait : alors que la plus grande ville prise par l'armée des déserteurs est sur le point d'être attaquée par un général sudiste et 1000 hommes, et tandis que l'on s'attend au moment de bravoure du film (la grande bataille sacrificielle et héroïque finale, façon Glory), il s'avère qu'elle n'est pas filmée. Grande ellipse et on retrouve nos glandus quelques mois plus tard, qui disent qu'ils ont gagné (on se demande bien comment) et doivent affronter une Amérique réunifiée mais toujours aussi raciste. C'est le grand sujet du film, traité bon an mal an par une équipe trop obnubilée par sa vedette (ce problème n'est pas sans rappeler la triste apparition de Brad Pitt dans 12 years a slave, mais le phénomène est ici généralisé à tout un film), au point de reléguer les actrices et acteurs noirs ainsi que l'ambition de réaliser un film pas trop naze au second plan.
Free State of Jones de Gary Ross avec Mathew McConaughey, Keri Russell, Gugu Mbatha-Raw et Mahershala Ali (2016)
Attention : tiré d'une histoire vraie. McConaughey prête sa belle gueule au chevalier blanc Newton Knight, le sublime et gentil infermier blancas de peau et humaniste qui fit sécession parmi les sécessionnistes et monta une armée dissidente campée dans les marais pour affronter le camp confédéré que Knight et ses hommes venaient de déserter, avec l'aide de quelques anciens esclaves (qui tomberont forcément tous amoureux de lui, et de l'un de ces mille coïts Homme-mecs-meuf dans l'eau saumâtre du Mississippi naîtra un enfant métisse, pratique pour remplacer le premier fils de Knight, dont il n'a plus rien eu à foutre un beau jour, sans raison). C'est triste parce que le récit est, à de rares moments, coupé pour laisser place à un tribunal de 1985 mettant en cause le descendant de notre saint homme (le fameux métisse, accusé de n'être pas blanc), et le contraste, sans transition, entre les deux époques a quelque chose de vaguement original, en tout cas la première fois qu'il a lieu, surgissant sans crier gare, mais là aussi, la première bonne impression s'estompe, et le film est en définitive très plat. Il est même parfois plus plat que plat, quand il ne va pas pile poil là où on l'attendait : alors que la plus grande ville prise par l'armée des déserteurs est sur le point d'être attaquée par un général sudiste et 1000 hommes, et tandis que l'on s'attend au moment de bravoure du film (la grande bataille sacrificielle et héroïque finale, façon Glory), il s'avère qu'elle n'est pas filmée. Grande ellipse et on retrouve nos glandus quelques mois plus tard, qui disent qu'ils ont gagné (on se demande bien comment) et doivent affronter une Amérique réunifiée mais toujours aussi raciste. C'est le grand sujet du film, traité bon an mal an par une équipe trop obnubilée par sa vedette (ce problème n'est pas sans rappeler la triste apparition de Brad Pitt dans 12 years a slave, mais le phénomène est ici généralisé à tout un film), au point de reléguer les actrices et acteurs noirs ainsi que l'ambition de réaliser un film pas trop naze au second plan.
Free State of Jones de Gary Ross avec Mathew McConaughey, Keri Russell, Gugu Mbatha-Raw et Mahershala Ali (2016)