Attention, chaud devant ! Tous aux abris ! Grosse merde en vue ! La bande-annonce laissait présager d'un film larmoyant au possible et vraiment insupportable. Ne me demandez donc pas pourquoi je m'y suis risqué. Pure curiosité mal placée de blogueur ciné. En fin de compte, le film est moins affreux que je ne l'imaginais, mais il est tout de même très mauvais et ne présente surtout à mes yeux aucune sorte d'intérêt. Nous sommes fin décembre 2004 et la petite famille d'Ewan McGregor et Naomi Watts a donc la chic idée de s'envoler pour la Thaïlande pour passer des fêtes de Noël bien tranquilles, au soleil, sous les palmiers. Dans l'avion, la jolie Naomi s'inquiète : "Es-tu sûr d'avoir bien mis en marche l'alarme avant de partir, chéri ?" demande-t-elle à Ewan McGregor, rassurant, le brushing impeccable, la mèche bien relevée sur le côté, nickel. L'espagnol Juan Antonio Bayona nous montre d'emblée une maman qui s'inquiète d'un petit souci banal du quotidien, nous qui savons bien que ce quotidien sera bientôt totalement bouleversé par un raz-de-marée sans précédent. A leur arrivée dans leur superbe résidence de vacances, Naomi, intransigeante, refuse une canette de Coca à l'un de ses fils, pourtant pas bien gros, et lui conseille de se contenter d'un verre d'eau, c'est meilleur pour la santé. Là encore, nous aurons facilement compris l'allusion. Quand ils auront tous reçu une gigantesque vague d'eau sur la tronche, on se dit que la sévère Naomi regrettera d'avoir privé son fils de ce petit plaisir sucré. C'est fin, c'est bien senti, c'est signé Bayona, merci.
Tout le début du film est de cette eau-là. Cela suffit sans doute à titiller les cordes sensibles des spectateurs les plus faciles, impatients de sortir les kleenex, désireux de verser leur petite larme hebdomadaire. En ce qui me concerne, j'étais déjà passablement agacé, me demandant très tôt ce qui m'avait poussé devant un spectacle si pauvre, si convenu et prévisible. C'est qu'on la sent drôlement venir cette vague... Bayona ne fait pas dans la dentelle. Son film, d'une lourdeur sans nom, ne flotterait pas, il coulerait à pic. Il baigne dans la plus totale médiocrité. Et je vais arrêter là mes jeux de mots minables. L'idole de Bayona, sa principale influence ici, est sans conteste Steven Spielberg. Il tente, comme le papa d'ET a déjà pu le faire quelques fois, de nous proposer un drame familial poignant, larger than life, ponctué de quelques scènes spectaculaires et d'autres intimistes, mêlant les deux registres dans un alliage qu'il espère réaliser avec la même habileté que son modèle. Mais Bayona n'est pas tonton Spielby, et comment ! The Impossible ne ressemble même pas à un side project qu'aurait mené un Spielberg fatigué et en mode pilote automatique, car occupé à tourner deux autres films plus ambitieux en même temps.
Que dire de la scène tant attendue, celle dite de la grosse vague bleue ? On ne peut pas dire qu'elle soit ratée. On la mate les yeux grands ouverts, saisis, il est vrai, mais non sans trouver assez ridicules les poses prises par chacun des personnages voyant arriver la flotte déchaînée, déjà visibles dans l'affreux trailer. Ceci dit, quel est réellement le talent du réalisateur espagnol là-dedans ? Tous les films catastrophe, même les plus mauvais (et ils le sont trop souvent !), ont ce pouvoir d'attraction sur le spectateur lors des scènes chocs. On aime tellement quand tout pète et explose dans tous les sens ! Même à la télé, aux infos, on attend que ça, un petit tremblement de terre ou, plus inoffensif et agréable à l’œil, une mignonne éruption volcanique. Notons que les effets spéciaux sont ici très bien faits, le mélange entre images réelles et ajouts de synthèse fonctionne parfaitement, on n'y voit que du feu. Pour le reste, le petit suspense mis en place par Bayona consiste à voir à quel point il va oser s'en prendre à son actrice vedette, par des plans aquatiques où nous voyons son corps fragile agressé par des branchages et autres détritus déchaînés par la vague.
Naomi Watts passe ensuite 80% du film en position allongée, recouverte d’hématomes et de blessures en tous genres, à demander dans quel état est sa jambe la plus amochée les rares fois où elle trouve la force de prononcer quelques mots. C'est donc aujourd'hui ce qui suffit à être en position de favorite pour l'Oscar de la Meilleure Actrice. Hollywood aime décidément les femmes, de préférence séduisantes, qui osent s'amocher méchamment pour les besoins d'un rôle taillé sur mesure. C'est pour cela qu'il n'aurait pas du tout été étonnant de retrouver à nouveau Marion Cotillard parmi les nominées, pour son rôle de cul-de-jatte dans l'atroce De Rouille et d'os. On se réjouit de son absence ! Naomi Watts aura toutefois fort à faire face à Emmanuelle Riva, également en lice pour la prestigieuse récompense en toc, et qui la dépasse largement en terme de souffrances subies par Amour pour le sage tyran Haneke.
Mais revenons à l'Impossible. Quand la famille, déchirée par la vague, se découpe en deux, nous sommes sans doute supposés attendre avec le cœur serré qu'ils se retrouvent enfin. Personnellement, je n'avais qu'une hâte : que la sympathique Watts retrouve ses guibolles et aille piquer une ou deux têtes en monokini ! Non en réalité, je n'étais pas si naïf, j'attendais tout simplement qu'on en finisse, que le papa ours retrouve enfin maman ours, et que leurs trois petites enflures de gosses puissent enfin s'embrasser à nouveau, en chialant en harmonie, avant d'aller jouer au ballon en attendant la rentrée. Ça a bien fini par arriver, mais je dois vous avouer que j'ai eu eu recours à un dispositif particulièrement pratique, de taille réduite, fonctionnant par infrarouge ou ondes radio, permettant d'assister aux pires catastrophes sans perdre son temps, le séant bien enfoncé dans son fauteuil. Faut dire que j'en avais ras-le-cul !
Le film nous annonce fièrement dès le générique d'ouverture qu'il se base sur ce qu'a réellement vécu une famille espagnole ayant miraculeusement survécu au tsunami du 26 décembre 2004 qui a ravagé l'Asie du Sud Est. Dans un souci de rendre l'histoire du film plus universelle et donc encore plus dénuée d'identité propre, la nationalité espagnole des protagonistes a été purement et simplement gommée. Nous savons que le fantomatique Ewan McGregor (qui garde sa chevelure parfaite avant, pendant et après le tsunami !) bosse au Japon, mais qu'il a le mal du pays, et la famille projette de déménager, on ne sait où, et à vrai dire, on s'en fout. C'est une famille sans charme, sans attache, sans identité, sans caractère, incarnée par des acteurs plus lisses que jamais nageant dans un film qui leur ressemble affreusement. On préférait Bayona orphelin.
Tout le début du film est de cette eau-là. Cela suffit sans doute à titiller les cordes sensibles des spectateurs les plus faciles, impatients de sortir les kleenex, désireux de verser leur petite larme hebdomadaire. En ce qui me concerne, j'étais déjà passablement agacé, me demandant très tôt ce qui m'avait poussé devant un spectacle si pauvre, si convenu et prévisible. C'est qu'on la sent drôlement venir cette vague... Bayona ne fait pas dans la dentelle. Son film, d'une lourdeur sans nom, ne flotterait pas, il coulerait à pic. Il baigne dans la plus totale médiocrité. Et je vais arrêter là mes jeux de mots minables. L'idole de Bayona, sa principale influence ici, est sans conteste Steven Spielberg. Il tente, comme le papa d'ET a déjà pu le faire quelques fois, de nous proposer un drame familial poignant, larger than life, ponctué de quelques scènes spectaculaires et d'autres intimistes, mêlant les deux registres dans un alliage qu'il espère réaliser avec la même habileté que son modèle. Mais Bayona n'est pas tonton Spielby, et comment ! The Impossible ne ressemble même pas à un side project qu'aurait mené un Spielberg fatigué et en mode pilote automatique, car occupé à tourner deux autres films plus ambitieux en même temps.
Que dire de la scène tant attendue, celle dite de la grosse vague bleue ? On ne peut pas dire qu'elle soit ratée. On la mate les yeux grands ouverts, saisis, il est vrai, mais non sans trouver assez ridicules les poses prises par chacun des personnages voyant arriver la flotte déchaînée, déjà visibles dans l'affreux trailer. Ceci dit, quel est réellement le talent du réalisateur espagnol là-dedans ? Tous les films catastrophe, même les plus mauvais (et ils le sont trop souvent !), ont ce pouvoir d'attraction sur le spectateur lors des scènes chocs. On aime tellement quand tout pète et explose dans tous les sens ! Même à la télé, aux infos, on attend que ça, un petit tremblement de terre ou, plus inoffensif et agréable à l’œil, une mignonne éruption volcanique. Notons que les effets spéciaux sont ici très bien faits, le mélange entre images réelles et ajouts de synthèse fonctionne parfaitement, on n'y voit que du feu. Pour le reste, le petit suspense mis en place par Bayona consiste à voir à quel point il va oser s'en prendre à son actrice vedette, par des plans aquatiques où nous voyons son corps fragile agressé par des branchages et autres détritus déchaînés par la vague.
Naomi Watts passe ensuite 80% du film en position allongée, recouverte d’hématomes et de blessures en tous genres, à demander dans quel état est sa jambe la plus amochée les rares fois où elle trouve la force de prononcer quelques mots. C'est donc aujourd'hui ce qui suffit à être en position de favorite pour l'Oscar de la Meilleure Actrice. Hollywood aime décidément les femmes, de préférence séduisantes, qui osent s'amocher méchamment pour les besoins d'un rôle taillé sur mesure. C'est pour cela qu'il n'aurait pas du tout été étonnant de retrouver à nouveau Marion Cotillard parmi les nominées, pour son rôle de cul-de-jatte dans l'atroce De Rouille et d'os. On se réjouit de son absence ! Naomi Watts aura toutefois fort à faire face à Emmanuelle Riva, également en lice pour la prestigieuse récompense en toc, et qui la dépasse largement en terme de souffrances subies par Amour pour le sage tyran Haneke.
Mais revenons à l'Impossible. Quand la famille, déchirée par la vague, se découpe en deux, nous sommes sans doute supposés attendre avec le cœur serré qu'ils se retrouvent enfin. Personnellement, je n'avais qu'une hâte : que la sympathique Watts retrouve ses guibolles et aille piquer une ou deux têtes en monokini ! Non en réalité, je n'étais pas si naïf, j'attendais tout simplement qu'on en finisse, que le papa ours retrouve enfin maman ours, et que leurs trois petites enflures de gosses puissent enfin s'embrasser à nouveau, en chialant en harmonie, avant d'aller jouer au ballon en attendant la rentrée. Ça a bien fini par arriver, mais je dois vous avouer que j'ai eu eu recours à un dispositif particulièrement pratique, de taille réduite, fonctionnant par infrarouge ou ondes radio, permettant d'assister aux pires catastrophes sans perdre son temps, le séant bien enfoncé dans son fauteuil. Faut dire que j'en avais ras-le-cul !
Le film nous annonce fièrement dès le générique d'ouverture qu'il se base sur ce qu'a réellement vécu une famille espagnole ayant miraculeusement survécu au tsunami du 26 décembre 2004 qui a ravagé l'Asie du Sud Est. Dans un souci de rendre l'histoire du film plus universelle et donc encore plus dénuée d'identité propre, la nationalité espagnole des protagonistes a été purement et simplement gommée. Nous savons que le fantomatique Ewan McGregor (qui garde sa chevelure parfaite avant, pendant et après le tsunami !) bosse au Japon, mais qu'il a le mal du pays, et la famille projette de déménager, on ne sait où, et à vrai dire, on s'en fout. C'est une famille sans charme, sans attache, sans identité, sans caractère, incarnée par des acteurs plus lisses que jamais nageant dans un film qui leur ressemble affreusement. On préférait Bayona orphelin.
The Impossible de Juan Antonio Bayona avec Naomi Watts, Ewan McGregor et des gosses sur lesquels je ne mise pas un kopeck (2012)