En pleine convalescence, au sortir de l'hosto, la tronche encore enfarinée par l'anesthésie générale, québlo sur mon canapé, je cherchais un film susceptible de me détendre, de me faire voir la vie en rose, de me laisser fumer des mauves tranquille. Sur une pauvre clé USB, déjà tanquée dans mon lecteur dvd/bluray, deux films. J'avais le choix entre Green Grass de Paul Greenzone, film sur la guerre en Irak et les mensonges éhontés de ces enfoirés de Bush et Blair à propos des armes de destruction massive de Saddam, qui avait 9 chances sur 10 de me foutre la rage, et Ce sentiment de l'été. On est en novembre, il fait pas toujours clair dehors, pas toujours chaud dedans, avec un titre pareil, mon choix fut vite fait. En prime, le casting pouvait se pointer dans mon salon sans que je trouve à gueuler : Anders Danielsen Lie, le jeune homme d'Oslo 31 août, deux acteurs rohmeriens, Marie Rivière et Feodor Atkine, la sympathique Laure Calamy d'Un monde sans femmes et de Rester vertical, et au milieu de tout ça la jeune première Judith Chemla, la Chem'.
Le film commence plutôt bien. On observe une jeune femme qui se réveille toute nue auprès de son compagnon (Danielsen Lie), qui va se faire un café, traîne sur son balcon au soleil, se douche, part au boulot, fait son taff - qui semble agréable - avec le sourire, mange un morceau, s'y remet, baignée d'une lumière ma-gni-fique, toujours aussi zen, lumineuse, puis elle sort du boulot, elle fait dix mètres dans un parc et tombe raide morte. Rupture d'anévrisme ? En tout cas les symptômes sont les mêmes. Elle a cané. Euh, ok. Après on suit la famille et le petit copain, qui souffrent, se regardent en silence, ne pigent rien, sont dévastés par la tristesse. Et apparemment le film va consister à les regarder en chier plus ou moins. Et ça s'appelle Ce sentiment de l'été. Titre presque aussi traitre et salaud que celui de Quelques heures de printemps. J'ai quand même tenu une grosse demi heure à partir du moment où celle qui nous était présentée comme l'héroïne joviale et rayonnante se vautre décédée au bout de trois minutes de métrage. Puis après avoir bien cherché les rayons de soleil dans tout ce merdier j'ai tout arrêté. Le film est peut-être bien malgré tout. Je n'en sais rien. J'ai préféré lancer le dernier épisode de Jason Bourne. C'est de la merde mais là au moins on s'attend aux ruptures d'anévrisme, et on sait qu'elles ne débarqueront pas sans prévenir, en général elles sont précédées par un coup de feu, ou alors par un coup sec du tranchant de la main de Jason Bourne sur les cervicales de ses potes, accompagné d'un bruit de cagette brisée. CLAC.
Ce sentiment de l'été de Mikhaël Hers avec Anders Danielsen Lie, Judith Chemla, Marie Rivière et Feodor Atkine (2016)