Certains amateurs de frissons ont reconnu en The Jane Doe Identity (titre "français" de The Autopsy of Jane Doe, allez comprendre...) un film d'horreur efficace remplissant parfaitement son office : faire peur. On ne peut pas vraiment les contredire mais nous pouvons toutefois regretter que le deuxième long métrage du norvégien André Øvredal ne soit que ça, une petite frayeur non déplaisante, car il aurait pu être bien mieux encore. En effet, la majeure partie du film installe une ambiance pesante et singulière dans laquelle on se fond avec délice. Les Tilden, père (Brian Cox) et fils (Emile Hirsch), médecins-légistes doués, doivent autopsier le cadavre d'une femme non-identifiée (et donc nommée, génériquement, Jane Doe) et trancher sur la nature de sa mort, son corps immaculé les laissant dans l'expectative la plus totale. Au cours de ladite autopsie (tout le film consiste en cela, comme quoi le titre original n'était pas si mal...), les Tilden vont de surprise en surprise tandis que des phénomènes étranges et angoissants se produisent autour d'eux. Un huis clos efficace se met alors en place dans le laboratoire très austère des médecins-légistes, bloqués dans leur vieux sous-sol par une tempête qui fait rage à l'extérieur.
Avec une belle économie de moyens et sur un rythme bien calculé, le réalisateur, déjà auteur du relativement sympathique The Troll Hunter, parvient sans souci à nous immerger dans son ambiance lugubre et à nous rendre impatients d'assister aux découvertes successives des personnages principaux, campés avec sérieux par deux acteurs crédibles en père et fils, Brian Cox et Emile Hirsch. Ainsi, sur les 80 petites minutes que dure le film, les 50 premières sont donc très bonnes. Hélas, elles aboutissent à un dernier tiers très décevant, où la tension minutieusement développée auparavant s'effondre petit à petit. Le voile se lève sur la dénommée Jane Doe, sur son origine et les raisons de son étrangeté, des actes de plus en plus irréversibles se déroulent en sous-sol, d'autres cadavres se pointent, du sang se met à couler, des visions, des fantômes et d'autres événements chelous s'enchaînent mais, avec ça, toute notre curiosité s'estompe. En même temps que celle du cadavre vedette, l'identité du film apparaît enfin dans son entièreté et il ne s'agit pas, malheureusement, de la franche et modeste réussite que l'on aurait pu espérer, mais bien d'un petit coup de flip pas désagréable, qui assurera une soirée de frayeurs inoffensives, sans réellement laisser de trace ni titiller notre imaginaire. Vite vu, et avec plaisir, mais vite oublié aussi. Dommage...
The Jane Doe Identity d'André Øvredal avec Emile Hirsch, Brian Cox et Olwen Catherine Kelly (2017)