/Dossier #11 - Western/
Quelle fausse bonne idée que ce film. Nous n'étions pas beaux à voir le jour où on a lancé Bandidas. Nous en étions alors à notre cinquième année de colocation et de célibat et avions profondément envie de bandider devant ce film aux mille promesses. Désœuvrés, nous étions prêts à nous lancer dans notre première séance de stimulation de zones érogènes commune, voisine. Mais rien à faire. On aurait dû flairer l'embuscade quand on a vu le nom de Luc Besson au générique, à côté du label "producteur" (tout le monde sait que tu réalises aussi ces daubes Luc, à quoi bon se planquer quand on est gros comme un camion !). Luc Besson a-t-il déjà fait triquer quelqu'un, à part quelques garçons manqués venus des balkans ? Et pourtant, une fois n'est pas coutume, il n'a pas tapé dans le tas d'os blond platine pour Bandidas, il est allé puiser dans le vivier hispanique à cheveux d'ébène, à bonnets triple-E et à regard de braise avec Pénélopé Cruz sur ma gauche et Salma Hayek sur ma droite.
Le pire c'est que les deux actrices ne sont pas vraiment farouches, surtout Pénélopé Cruz, qu'on a déjà vue nue recto-verso mille fois mais qui s'avère étonnement frileuse sous le cagnard texan. Alchimie forcée entre ces deux actrices d'un autre monde. Rien ne se passe à l'image. On est loin de la tradition des chest-sterns (western with chests) dont Bandidas se veut l'héritier direct, fier de s'afficher en remake de cette saloperie qu'était Les Pétroleuses, avec Brigitte Bardot et surtout Claudia Cardinale, qui se plaçait "là" comme on dit, à un tout autre niveau. On est loin aussi de Belles de l'ouest, ce film qui marqua nos années de CP/CE1 avec son défilé de femmes de tous poils : Madeleine Stowe, femme froide en apparence mais nympho pure et dure en sous-sol, Andie MacDowell, qui faisait encore consensus à cette époque-là, on ne peut pas le nier, et deux connasses blondes dont, pour les plus vulgos d'entre nous, Drew Barrymore, avec son charme ricain au rendez-vous scabreux.
Marée basse à domicile, nos colts perso sont restés en west-berne devant ce film puritain, cette pure opération marketing vouée à piéger des desperate housewives dans notre genre. On sent que Steve Zahn et Sam Shepard, les seconds couteaux du film, se sont laissés berner eux aussi, quand le dernier plan du film nous les montre chevauchant au soleil couchant, bras dessus bras dessous, l'ombre de leurs gaules d'outre-tombe dessinée sur le sable chaud et remplaçant celles des cactus attendus. Finalement ce film n'est rien de plus qu'un de ces dvds-blagues qu'on offre à nos oncles à Noël. "Ah c'est ce Noël-là où tu m'avais offert Bandidas, gros fumier ! Acheté à 2 euros chez Disc King juste pour me faire chier !"
NB. L'affiche de ce film fait partie de celles qui ont été réalisées par des schnocks de première, infoutus de coller le bon nom sur la bonne actrice. Ca pose aussi problème dans Men In Black.
Bandidas de Joachim Roenning et Espen Sandberg avec Penelope Cruz et Salma Hayek (2006)