Peter Jackson a reçu onze Oscars pour Le Seigneur des anneaux 3. Parmi les onze grands chauves dorés qui lui furent remis certains étaient des récompenses dites "techniques", mais Jackson, en tant que "director", peut se vanter d'avoir remporté onze Oscars. Je dis bien onze, plus de statuettes qu'il n'a de doigts pour les compter, de quoi se fabriquer un baby-foot en or massif (avec une seule équipe pour gagner par Knock Out à tous les coups). Or Peter Jackson a dit et répété n'avoir réalisé ses neuf premiers films, dont le lauréat des onze Oscars en question (qu'on devrait lui retirer), dans le seul but de pouvoir filmer un jour le King Kong. En 2005, fort du succès démentiel de la trilogie de l'Anneau et couvert d'or, Jackson a réalisé son rêve. Nous nous sommes donc retrouvés devant ce film de 180 minutes (3 heures grosso modo) dans lequel une séquence de trois quarts d'heure montre un gorille immense se bastonnant selon les règles du kung-fu contre trois tyrannosaures en chute libre dans un canyon traversé en contrebas par un troupeau de diplodocus numériques effarés. En s'attaquant à King Kong, littéralement "le roi des cons", son rêve de gosse, le film de chevet qu'il rêvait de remaker depuis tout ce temps, Peter Jackson voulait enfin se faire un ami en la personne du seul type plus gros et plus poilu que lui à Hollywood, et je ne veux pas parler de l'acteur Jack Black mais bien du gorille éponyme.
Peter Jackson a signé son autobiographie avec ce film au budget de 207 millions de dollars. Il raconte l'histoire d'un gros gorille né sur l'île de Pukerua Bay le 31 octobre 1961, jour d'Halloween, et débarquant 44 ans plus tard aux USA pour foutre la merde en grimpant sur des immeubles. En réalité Jackson n'a pas vissé son cul sur l'Empire State Building, comme on le voit dans le film lors d'une bataille finale du plus bel effet entre Elvis, aka le King, et un avion à réaction, mais sur les deux tours jumelles du World Trade Center. On a mis la chute des Twin Towers sur le dos d'attentats islamistes commandités par Ben Laden alors que c'était juste la suite logique de la visite de Peter Jackson dans l'une puis l'autre tour un certain matin de septembre 2001, et quand les deux colonnes ont fini par s'écrouler Jackson était déjà loin, sans doute un pied dans le MacDo du coin en train de déguster un CBO et l'autre dans le Quick voisin à boulotter un Quick'n'toast en attendant d'entamer le second, offert pour un euro de plus grâce à sa carte d'étudiant en infographie falsifiée, ignorant que ses entrées répétées dans les ascenseurs du complexe, survenues pourtant quelques heures avant le casse-dalle morbide quotidien, avaient fissuré les poutres porteuses des deux bâtiments à tout jamais. D'où le deuxième volet de la trilogie de l'anneau, Les deux tours, qui tentait d'imposer dans les esprits la théorie de l'attentat en désignant les Hobbits, petits êtres grassouillets et velus aux grands pieds, parmi lesquels le cinéaste passerait inaperçu, comme l'axe du Bien, et Ben Laden comme l'axe du Mal, sous les traits de Sauron du Mordor toujours bien planqué sous un tchador. Fierrot le pou, aka Mathieu Kassovitz, toi et ton pote Bigard pouvez repartir de zéro... Mais revenons au récit de ce film autobiographique : le gigantesque singe finit en meneuse de revue dans une salle de spectacle à Manhattan, offrant un show pathétique à des foules en manque de sensations fortes. C'est ainsi tout le parcours de Peter Jackson (sauf que dans la vraie vie la bête ne s'est pas emballé la belle Naomi Watts en lui roulant une pelle à New-York, sous la neige, devant une pleine lune digitale d'outre-tombe, dans un happy end monstrueusement laid) qui nous est restitué dans un calvaire interminable de surenchère pyrotechnique, de connerie scénaristique et de pure chienlit cinématographique. Le cinéaste néo-zélandais aurait déjà entamé l'écriture du scénario de la suite (car, comme son public, il aime les séries sans fin), dont le working title n'est autre que "Slim Fast".
Vous allez me dire que s'attaquer au physique, ça ne se fait pas, mais je ne peux pas faire l'insulte à Peter Jackson de m'attaquer à sa psychée, à son intelligence ou à sa sensibilité, il l'a fait lui-même, non pas dans des films impersonnels comme ceux de la trilogie du Seigneur des anneaux, mais dans un film tel que Lovely Bones, et le résultat fut un massacre du cinéma en deux heures et huit minutes seulement. A tel point que Peter a décidé de faire comme George Lucas en se concentrant plutôt sur ce qu'il maîtrise et qui fait entrer des tonnes de pognon dans les caisses des grands studios et dans les poches sans fond de ses anciens bermudas convertis en tantes Quetchua depuis son régime Dukan. Jackson préfère ne pas avoir à se creuser les méninges ni à produire aucun effort artistique (en réalisant Lovely Bones il a moins "fait un effort artistique" que "laissé parler le taré XXL qui sommeillait en lui"), et il va donc se contenter de répéter les formules qui marchent et nous pondre le prequel en trois parties de sa trilogie fantasy à base de minimoys écolos et de magiciens pédophiles, ainsi que les deux suites du Tintin de Spielberg. L'homme est physiquement passé de Carlos à Kate Moss mais niveau ciné il reste lourd.
King Kong de Peter Jackson avec Naomi Watts, Jack Black, Adrien Brody et le King Kong (2005)