Un soir, d'un oeil j'ai regardé un match amical de l’Équipe de France, de l'autre j'ai revu Argo pour vous en proposer mon analyse car c'est la meilleure manière d'apprécier ce film à mon avis. Primé aux Golden Globes et aux BAFTA, salué unanimement par la presse, apprécié du grand public, et, ultime récompense de tous les diables, couronné aux Oscars, Argo est le nouveau coup de poing de Ben Affleck, sa troisième réalisation d'ores et déjà considérée comme la plus aboutie après les pourtant remarqués et remarquables Gone Baby Gone et The Town. D'ailleurs, je ne vous ai jamais parlé de The Town, son meilleur film de casse. Amazon le vend à 4€88 en version longue. Je suis très curieux de voir ce film en version longue director's cut, mais 4€88 c'est vraiment cher payé ! J'hésite donc... Bref. Cette fois-ci, l'acteur-réalisateur s'attaque à une histoire vraie qui a marqué son temps : la crise des otages de l'ambassade américaine en Iran en 1979. Tout le monde en a entendu parler, les pires spéculations ont été entendues quant aux raisons de la durée si excessive de cette prise d'otages (suivez mon regard : je fixe la tombe de Ronald Reagan). Argo s'intéresse justement à la petite histoire derrière la grande. En effet, le film raconte comment la CIA est parvenue à exfiltrer six américains qui avaient réussi à s'enfuir et à se réfugier dans l'ambassade canadienne. Je sais déjà que je suis en train de perdre mes auditeurs/lecteurs/fans mais il faut bien replacer l'histoire dans son contexte pour pouvoir analyser cette œuvre, car chez Il a osé ! on se targue de réfléchir sur un film, de placer une analyse digne de ce nom et de mettre en exergue le propos caché de l'auteur (comme dans cet article, CQFD) plutôt que d'écrire quatre lignes ordurières. Je ne vise personne mais je vise quand même mes "amis-ennemis au fil de la mélodie".
Dans son film, Ben Affleck s'est réservé la part du lion : premier rôle, rôle principal et premier rôle masculin. Il est partout, et de tous les plans ! C'est à se demander si c'est réellement lui qui a filmé... Blague à part : je me suis toujours demandé comment les acteurs-réalisateurs arrivaient à se filmer dans leurs propres films alors qu'ils sont en même temps à l'image, la plupart du temps en plan américain... Je vous invite à me proposer des réponses car ça m'a toujours tué. On a par exemple jamais vu Luc Besson dans l'un de ses films. Est-ce un mal pour un bien ? Certaines personnes bien informées me certifient qu'il joue Bétamèche le minimoi dans Arthur et les minimois. Mais revenons à Benoît Affleck. C'est bien dommage qu'il soit à l'écran, car je le trouve laid. Je le préfère largement derrière la caméra. Ici, il joue un agent de la CIA spécialisé dans l'exfiltration de ressortissants américains. Qu'est-ce que l'exfiltration, me demanderiez-vous ? C'est tout simplement le contraire de l'infiltration, c'est l'antonyme de ce mot mieux connu et plus sexy. L'exfiltration, c'est permettre à une personne de sortir de manière discrète et sans être vue d'un endroit, d'une zone géographique. Qui se souvient du jour où Jesse Owens s'est baladé sur Unter der Linden en 1938 sous les yeux de sympathisants nazis médusés ? Personne, parce qu'il a été exfiltré avec brio par Ben Affleck et la CIA. Qui se souvient de la tentative échouée d'exfiltration de Nelson Mandela à Bloemfontein en 1970 ?
Vous l'aurez compris, le métier d'exfiltrateur à la CIA est une profession très compliquée. En effet, un bon exfiltrateur est aussi un excellent infiltré. Car pour pouvoir exfiltrer, il faut d'abord infiltrer. D'où l'obligation de posséder un physique de "monsieur tout le monde". Taille moyenne, poids moyen, QI en dessous de la moyenne, des yeux qui ne témoignent que de la présence d'une araignée au plafond, un nez quelconque, une tignasse achetée à Prisunic et une beubar d'un mois fabriquée à partir de poils de chiens morts : Ben Affleck EST the regular average caucasian guy. Il est cet inconnu que l'on a tous croisé un jour et dont personne ne se souvient. C'est le parfait zonard des seventies. Avec ce physique banal, Ben Affleck parvient à accomplir ses missions d'exfiltration avec succès. Par contre, sa vie privée est un désastre : séparé de sa femme, fâché avec son fils, il vit dans un appartement miteux à un jet de pierre des bureaux de la CIA et possède une tv de moins de 36 centimètres de diagonale. Pas trop d'occasions pour prendre son pied. Quand on lui propose une mission des plus délicates, à savoir exfiltrer les six ressortissants américains de Téhéran, Ben Affleck trouve l'idée géniale qui permettra à tout ce petit monde de quitter l'Iran la tête haute et les épaules bien droites. En effet, il décide de les faire passer pour une équipe de tournage pour un film de science-fiction dans un décor arabisant comme c'était à la mode à la toute fin des années 70 (Star Warsétait passé par là...). Le titre de ce faux film : Argo. Cette nouvelle réalisation d'Affleck est donc un exemple typique de film dans le film, une pure mise en abyme à étudier dans toutes les mauvaises écoles de cinéma, et c'est sans doute ce qui a plu aux critiques, friands de métadiscursivité (pourtant absente ici).
Le gros problème d'Argo, c'est que Ben Affleck essaie d'en faire un film plein de suspense alors qu'on en connaît déjà le dénouement heureux. Les difficultés rencontrées pendant l'exfiltration et le sauvetage in extremis des otages est pas mal, intéressant même, mais il ne fait ni chaud ni froid puisque l'on sait déjà que ça va arriver. Ça fait maintenant partie de l'Histoire : ils s'en sont tirés ! Je le rappelle pour les amnésiques. On sent qu'Affleck a les mains et les pieds liés par le respect de la vérité historique. On aurait aimé qu'il prenne quelques libertés et qu'il fasse par exemple intervenir une armée de chiens Terre-Neuve pour le grand sauvetage. On aurait préféré qu'il se refuse le premier rôle et qu'il le propose au sous-utilisé et sous-estimé Michael Clarke Duncan, sous la forme d'un hommage posthume. J'ai récemment pu discuter avec Affleck sur Twitter pour lui faire part de toutes mes remarques. Je vous copie-colle le texte brut de ses réponses à mes questions. "No I don't think so, I'm proud and glad of my movie". "Please, stop harassing me. I'm not your bro. I'm not your whore. And no, I don't think that my ass and your two-headed dick should meet. Please, stop the persecution". Vous noterez que ce dernier tweet dépasse les 140 caractères. Mystère. C'est le seul tweet à ma connaissance qui a été autorisé à dépasser cette limite.
P.S. : Ça y'est, j'ai sauté le pas ! J'ai acheté The Town en blu-ray. Par contre, jusqu'à la fin du mois : ceinture !
Argo de Ben Affleck avec Ben Affleck, John Goodman, Alan Arkin et Bryan Cranston (2012)
Du talent et une beubar à faire pâlir Tonton Spielby, Ben Affleck sait comment se faire respecter.
Dans son film, Ben Affleck s'est réservé la part du lion : premier rôle, rôle principal et premier rôle masculin. Il est partout, et de tous les plans ! C'est à se demander si c'est réellement lui qui a filmé... Blague à part : je me suis toujours demandé comment les acteurs-réalisateurs arrivaient à se filmer dans leurs propres films alors qu'ils sont en même temps à l'image, la plupart du temps en plan américain... Je vous invite à me proposer des réponses car ça m'a toujours tué. On a par exemple jamais vu Luc Besson dans l'un de ses films. Est-ce un mal pour un bien ? Certaines personnes bien informées me certifient qu'il joue Bétamèche le minimoi dans Arthur et les minimois. Mais revenons à Benoît Affleck. C'est bien dommage qu'il soit à l'écran, car je le trouve laid. Je le préfère largement derrière la caméra. Ici, il joue un agent de la CIA spécialisé dans l'exfiltration de ressortissants américains. Qu'est-ce que l'exfiltration, me demanderiez-vous ? C'est tout simplement le contraire de l'infiltration, c'est l'antonyme de ce mot mieux connu et plus sexy. L'exfiltration, c'est permettre à une personne de sortir de manière discrète et sans être vue d'un endroit, d'une zone géographique. Qui se souvient du jour où Jesse Owens s'est baladé sur Unter der Linden en 1938 sous les yeux de sympathisants nazis médusés ? Personne, parce qu'il a été exfiltré avec brio par Ben Affleck et la CIA. Qui se souvient de la tentative échouée d'exfiltration de Nelson Mandela à Bloemfontein en 1970 ?
Regardez les trois photos illustrant cet article et analysez l'expression faciale de Benny Ben. Vous remarquerez qu'il a tellement de talent qu'il arrive à plaquer exactement la même expression faciale dans les trois photos. Et c'est la même chose dans tout le métrage. A ce niveau là, c'est du génie.
Vous l'aurez compris, le métier d'exfiltrateur à la CIA est une profession très compliquée. En effet, un bon exfiltrateur est aussi un excellent infiltré. Car pour pouvoir exfiltrer, il faut d'abord infiltrer. D'où l'obligation de posséder un physique de "monsieur tout le monde". Taille moyenne, poids moyen, QI en dessous de la moyenne, des yeux qui ne témoignent que de la présence d'une araignée au plafond, un nez quelconque, une tignasse achetée à Prisunic et une beubar d'un mois fabriquée à partir de poils de chiens morts : Ben Affleck EST the regular average caucasian guy. Il est cet inconnu que l'on a tous croisé un jour et dont personne ne se souvient. C'est le parfait zonard des seventies. Avec ce physique banal, Ben Affleck parvient à accomplir ses missions d'exfiltration avec succès. Par contre, sa vie privée est un désastre : séparé de sa femme, fâché avec son fils, il vit dans un appartement miteux à un jet de pierre des bureaux de la CIA et possède une tv de moins de 36 centimètres de diagonale. Pas trop d'occasions pour prendre son pied. Quand on lui propose une mission des plus délicates, à savoir exfiltrer les six ressortissants américains de Téhéran, Ben Affleck trouve l'idée géniale qui permettra à tout ce petit monde de quitter l'Iran la tête haute et les épaules bien droites. En effet, il décide de les faire passer pour une équipe de tournage pour un film de science-fiction dans un décor arabisant comme c'était à la mode à la toute fin des années 70 (Star Warsétait passé par là...). Le titre de ce faux film : Argo. Cette nouvelle réalisation d'Affleck est donc un exemple typique de film dans le film, une pure mise en abyme à étudier dans toutes les mauvaises écoles de cinéma, et c'est sans doute ce qui a plu aux critiques, friands de métadiscursivité (pourtant absente ici).
Il est de tous les plans je vous dis !
Le gros problème d'Argo, c'est que Ben Affleck essaie d'en faire un film plein de suspense alors qu'on en connaît déjà le dénouement heureux. Les difficultés rencontrées pendant l'exfiltration et le sauvetage in extremis des otages est pas mal, intéressant même, mais il ne fait ni chaud ni froid puisque l'on sait déjà que ça va arriver. Ça fait maintenant partie de l'Histoire : ils s'en sont tirés ! Je le rappelle pour les amnésiques. On sent qu'Affleck a les mains et les pieds liés par le respect de la vérité historique. On aurait aimé qu'il prenne quelques libertés et qu'il fasse par exemple intervenir une armée de chiens Terre-Neuve pour le grand sauvetage. On aurait préféré qu'il se refuse le premier rôle et qu'il le propose au sous-utilisé et sous-estimé Michael Clarke Duncan, sous la forme d'un hommage posthume. J'ai récemment pu discuter avec Affleck sur Twitter pour lui faire part de toutes mes remarques. Je vous copie-colle le texte brut de ses réponses à mes questions. "No I don't think so, I'm proud and glad of my movie". "Please, stop harassing me. I'm not your bro. I'm not your whore. And no, I don't think that my ass and your two-headed dick should meet. Please, stop the persecution". Vous noterez que ce dernier tweet dépasse les 140 caractères. Mystère. C'est le seul tweet à ma connaissance qui a été autorisé à dépasser cette limite.
P.S. : Ça y'est, j'ai sauté le pas ! J'ai acheté The Town en blu-ray. Par contre, jusqu'à la fin du mois : ceinture !
Argo de Ben Affleck avec Ben Affleck, John Goodman, Alan Arkin et Bryan Cranston (2012)