Il y a deux catégories de films. Ceux dont le titre est, à un moment donné, prononcé, dans le film, par un personnage, et ceux dont ce n'est pas le cas. Sur la première catégorie il y a beaucoup à dire. Car c'est un choix périlleux de la part d'un scénariste que de faire dire le titre qu'il a choisi pour son œuvre à l'un des acteurs au casting, comme pour le justifier dans le récit, par un dialogue providentiel. Parfois, tout se passe bien. On peut penser à Sauvez Willy ou Il faut sauver le soldat Ryan, dans lesquels le titre devait absolument être prononcé in extenso pour lancer l'action. Pensez aussi à ces films comme Ben-Hur, Forrest Gump, Alien 3ou Habemus Papam dont le titre, étant le patronyme du personnage, est obligatoirement répété à plusieurs reprises sans que le spectateur s'en offusque vraiment. Mais dans la plupart des cas, citer le titre du film dans une réplique est une calamité, et un réalisateur qui se laisse aller à ça peut retourner ses fans contre lui-même. Exemple canonique du titre cité dans un dialogue foireux, le fameux Je vais bien ne t'en fais pas. Dans ce film de Philippe Lioret, le spectateur comprend enfin de quoi il retourne quand le père de famille Kad Merad dit à sa propre fille éplorée, interprétée par Mélanie Laurent, qui s'inquiète de ce que devient son frère disparu, cette phrase fatidique, sous-entendant que de son côté ça roule. Là, typiquement, le spectateur a la subite envie de tout annihiler autour de lui.
Et puis il y a la règle qui veut qu'un film dont le titre est prononcé dans une scène qui se veut le climax est, le plus souvent, un film inique, surtout quand ce moment survient dans les dernières minutes du métrage, comme pour justifier tout ce qui vient de précéder. Cas critique : le titre franglais Tout va bien ! The Kids are all rightde Lisa Cholodenko, qui donne lieu en prime à une réplique hideuse... Pire, ces scénaristes qui essaient de refiler un peu de profondeur à leur étron de mots et de papier par un titre hallucinant déballé dans la dernière seconde pré-générique par un acteur qui bafouille faute d'y comprendre quoi que ce soit. C'est le cas notamment de Quantum of Solace, réplique-titre dont Daniel Craig bouffe la moitié des syllabes, impatient que le générique de fin daigne l'interrompre, ne sachant pas de quoi il s'agit, et qui ne vient que jeter un voile d'ombre et de confusion sur l'ensemble du récit, jusqu'alors limpide et clair comme de l'eau de roche car très con. Il y a des exceptions à la règle. Songez à Call Me By Your Name, dont le scénario est une resucée mot pour mot de celui de Philippe Lioret. Plus parlant encore, John Hammond clamant : "Bienvenue à Jurassik Parc !", fier comme Artaban de son parc d'attraction et niant en bloc le fiasco qui vient de coûter la vie à pas mal de monde, juste avant que ne retentissent les accords majeurs de sieur John Williams sur le générique final...
Et puis il y a la règle qui veut qu'un film dont le titre est prononcé dans une scène qui se veut le climax est, le plus souvent, un film inique, surtout quand ce moment survient dans les dernières minutes du métrage, comme pour justifier tout ce qui vient de précéder. Cas critique : le titre franglais Tout va bien ! The Kids are all rightde Lisa Cholodenko, qui donne lieu en prime à une réplique hideuse... Pire, ces scénaristes qui essaient de refiler un peu de profondeur à leur étron de mots et de papier par un titre hallucinant déballé dans la dernière seconde pré-générique par un acteur qui bafouille faute d'y comprendre quoi que ce soit. C'est le cas notamment de Quantum of Solace, réplique-titre dont Daniel Craig bouffe la moitié des syllabes, impatient que le générique de fin daigne l'interrompre, ne sachant pas de quoi il s'agit, et qui ne vient que jeter un voile d'ombre et de confusion sur l'ensemble du récit, jusqu'alors limpide et clair comme de l'eau de roche car très con. Il y a des exceptions à la règle. Songez à Call Me By Your Name, dont le scénario est une resucée mot pour mot de celui de Philippe Lioret. Plus parlant encore, John Hammond clamant : "Bienvenue à Jurassik Parc !", fier comme Artaban de son parc d'attraction et niant en bloc le fiasco qui vient de coûter la vie à pas mal de monde, juste avant que ne retentissent les accords majeurs de sieur John Williams sur le générique final...
Il y a aussi cette catégorie intermédiaire des films dont le titre est presque prononcé, à un synonyme prêt, par exemple Rester vertical qui se termine sur les mots "Il faut rester debout, droit comme un putain de i, raide mort", ou encore Les Petits mouchoirs, quand Benoît Magimel, ému par l'accident atroce qui vient de couper Jean Dujardin en deux, demande à François Cluzet : "T'aurais pas un petit choirmou ?" Sans oublier Welcome de Philippe Lioret (toujours lui...) dans lequel on entend à un moment Vincent Lindon dire aux flics qui viennent arrêter le jeune réfugié qu'il avait pris son aile : "Bienvenue". Et puis il y a l'autre grande catégorie, celle des films dont le titre n'est jamais dit à l'écran, en général parce qu'il ne peut pas l'être. Exemples terribles : X-Men : l'affrontement final ou encore Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal. Mais sur cette deuxième catégorie, il n'y a pratiquement rien à dire. Et malheureusement pour cet article, The Mountain Between Us en fait partie.
En effet on s'imagine mal Idris Elba hurlant à Kate Winslet qu'ils vont avoir du mal à copuler à cause de cette mountain between them. Oui car le film ne parle pas du tout des Rocheuses, qui sont pourtant bien des mountains between US(of A). Titre non prononcé à l'écran, et Dieu merci, mais trompeur, donc tout de même coupable. Rappel des faits : les deux individus sus-nommés montent à bord d'un vieux coucou pour échapper à la grève de la SNCF et se rendre depuis leur Colorado natal jusqu'à Saint-Brevin-Les-Pins. Le pilote est un vieux briscard incarné par Beau Bridges, qui se vante d'avoir fait le Vietnam et de connaître les hélicos comme sa poche. Pas de bol, il est aux commandes d'un avion, qui part tout droit se crasher dans les Landes. Et là trêve de plaisanteries, car l'AVC que subit le pilote derrière le manche de son cercueil volant, ultra bien joué par l'acteur Beau Bridges, n'est pas seulement joué. Le comédien est resté sur le carreau. La star était tellement dans le rôle que la crise qu'il simulait, lâchant le manche pour se broyer le bras gauche, la bave aux lèvres, s'est transformée en véritable attaque foudroyante. Paix à son âme.
Ne restent donc, paumés de part et d'autre d'une montagne, que les deux cons de passagers. Mais ce n'est pas between them que l'essentiel va se tramer, puisque les deux personnages centraux de la deuxième partie du film ne seront autres qu'un chien et un cougar (pas Kate Winslet). Seul legs de feu le pilote du biplan, un chien surnommé "Dog" va tirer ces deux humains sans reliefs de toutes les embûches qui accompagnent la descente en rappel des volcans d'Auvergne par mauvais temps. C'est ce chien qui va dénicher la cabane où Idris Elba et Kate Winslet pourront se défoncer peinards. C'est aussi lui qui enjambe d'un petit bond facile ce piège à ours dans lequel Idris Elba, qui le suivait avec une confiance aveugle, saute à pieds joints. Et finalement c'est grâce à lui que les deux humanoïdes en présence pourront échapper à un félin de 800kg pour retrouver la civilisation et finir leurs jours ensemble.
Car l'épisode peut-être le plus fameux reste celui où "Dog", sagement couché aux pieds d'une Winslet éclopée dans la carcasse du petit planeur, entendant au loin le rugissement suspect d'un cougar affamé, a la présence d'esprit d'indiquer à son nouveau pote animal le lieu où se caler l'estomac en aboyant trois fois avant de tailler la route à travers bois dans la direction opposée, la queue battant ses flancs, sans omettre de laisser à Kate Winslet un angle de vue imprenable sur son pourtour anal impeccable pour ultime souvenir de sa personne. Dans cette scène-là, le chien, une fois de plus, sauve la mise, bien aidé il faut le dire par le lance-roquette que dégaine Winslet pour dégommer le cougar à bout portant.
Car l'épisode peut-être le plus fameux reste celui où "Dog", sagement couché aux pieds d'une Winslet éclopée dans la carcasse du petit planeur, entendant au loin le rugissement suspect d'un cougar affamé, a la présence d'esprit d'indiquer à son nouveau pote animal le lieu où se caler l'estomac en aboyant trois fois avant de tailler la route à travers bois dans la direction opposée, la queue battant ses flancs, sans omettre de laisser à Kate Winslet un angle de vue imprenable sur son pourtour anal impeccable pour ultime souvenir de sa personne. Dans cette scène-là, le chien, une fois de plus, sauve la mise, bien aidé il faut le dire par le lance-roquette que dégaine Winslet pour dégommer le cougar à bout portant.
The Mountain Between Us de Hany Abu-Assad avec Kate Winslet, Idris Elba et "Dog" (2017)