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Channel: Il a osé !
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Parlez-moi de la pluie

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Depuis près de cinq ans une hernie pointe tout doucement le bout de son nez sur le côté gauche du dos du Poulpe, notre rédacteur associé. Ce dernier est allé voir Parlez-moi de la pluie au cinéma sur un coup de tête et il ne nous en avait rien dit depuis tout ce temps. Il avait gardé ça pour lui. Et comme il livre les horreurs qu'il a dans la tronche au compte-goutte, l'autre soir il nous a révélé ça. Pour nous c'était donc plutôt un bon soir vu que la veille il nous avait avoué avoir plongé un chat dans l'essence pour lui foutre le feu à l'âge de deux ans et demi. A chaque soir sa petite révélation, et pour lui c'est toujours un poids en moins, un sacré soulagement, une opération à coeur ouvert. Depuis qu'il nous a dit qu'il a vu Parlez-moi de la pluie, son hernie discale, chopée pendant la séance du film de Jaoui à force de contorsions sur un siège en bois, a cédé la place à un side-tattoo à l'effigie de Ian McKellen grimé en Gandalf, dédicacé à l'aiguille à tricoter par l'acteur sexagénaire. Le pire, c'est que nous aussi nous avons vu ce film, en avant-première à l'époque, et en présence de l'équipe s'il vous plaît.




On nous avait vendu ce film comme la vérité sur la perte du bras de Jamel. Il n'en est rien. Au contraire même, puisque le grand défi sur ce film pour le couple Jabac (Jaoui-Bacri), comme nous l'apprend la fameuse page "Le saviez-vous" sur Allociné, c'était de ne pas inclure dans le récit l'handicap de Jamel et de nous faire croire qu'il avait retrouvé son bras le temps du tournage. Mais à mi-parcours les artifices usés par la réalisatrice ont montré leur limites : Jamel ne pouvait décidément pas jouer toutes ses scènes adossé contre un mur. Jaoui fit appel à Stan Winston, qui devait animer le bras animatronic de Jamel, mais qui est mort entre-temps. Le génie des marionnettes mécaniques et des effets spéciaux artisanaux est enterré avec ce bras bionique de toute beauté qui n'a jamais servi. Au final Jamel, las de tourner toutes ses scènes à moitié planqué derrière un arbre, a fini par refuser le défi. D'ailleurs non seulement l'intrigue n'avançait pas mais le discours du film, véritable main tendue aux français d'origine maghrébine, en aurait pâti. 




Parlez-moi de la pluie est une histoire de gros bobos constamment surpris par la pluie mais bienveillants à l'égard des immigrés. A vrai dire on s'en souvient très mal. Bacri doit faire la tronche, Jaoui doit chanter (faux) une ou deux fois, et Jamel doit tourner un docu-fiction sur les femmes politiques hautaines et chiantes. Point positif : l'absence de Marilou Berry, qui avait plombé le précédent Jabac, déjà bien rance, Comme une image, dans lequel elle fréquentait à distance un autre beur vaguement boloss et aux yeux bleus, assurant le quota. Autre point positif : l'absence de meurtre non-simulé en caméra subjective ultra gore. Il n'y avait aucune chance pour qu'on voie ça dans ce film mais on cherche des qualités où on peut !




Dans ce film, Jaoui réalisatrice perd de vue les dernières traces de son talent d'antan, qui remonte à l'époque où elle et Bacri savaient encore écrire des textes drôles et créer des personnages attachants, et prend définitivement un melon gros comme ça. Et Bacri avec, qui à l'avant-première s'excitait lors du speech post-projection, se justifiant toutes les trois minutes d'être plein aux as et de quand même aimer les arabes, alors que personne ne lui avait rien demandé, et s'en prenant à toute la planète ciné pour vanter le courage de sa femme et louer les mérites de son propre film, dans lequel, affirmait-il le poing serré, "aucun personnage ne sert la soupe aux autres". On a vu, de nos yeux vu, et ça on s'en rappelle, au moins trois personnages du film, sans noms, sortis de nulle part, servir littéralement des plats de soupe froide (du gaspacho) aux trois stars dans une des pires scènes de ce long métrage lymphatique, avant de complètement disparaître de l'écran, sans même être cités au générique de fin. Il n'y avait vraiment pas de quoi parader pour ce film tombé au fin fond des oubliettes, dont on ne se souviendra peut-être qu'à chaque nouvelle sortie d'un nouveau film merdique de Jabac, condamné à son tour à sombrer dans les méandres de l'indifférence générale.


Parlez-moi de la pluie d'Agnès Jaoui avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri et Jamel Debbouze (2008)

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