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Channel: Il a osé !
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Course contre l'enfer

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Deux amis, Frank (Warren Oates) et Roger (Peter Fonda) partent en vacances avec leurs épouses à bord d'un camping-car flambant neuf. Lors d'une halte, ils sont témoins bien malgré eux d'un rituel satanique impliquant le sacrifice d'une femme. Repérés par les membres de cette étrange secte, ils prennent la fuite et alertent immédiatement les autorités locales. Personne ne les prend hélas véritablement au sérieux, alors qu'ils se sentent de plus en plus menacés... Réalisé par Jack Starrett en 1975, Course contre l'enfer (en version originale, Race with the Devil) est un road-movie satanique et paranoïaque porté par deux symboles du cinéma américain de cette période, j'ai nommé Peter Fonda et Warren Oates, l'un pour son rôle aux côtés de Dennis Hopper dans l'incontournable Easy Rider, l'autre pour ses apparitions inoubliables chez les grands Monte Hellman et Sam Peckinpah. Il s'agit du deuxième des trois films (parmi lesquels L'Homme sans frontière) que les deux acteurs ont tourné ensemble, et une vraie complicité se dégage de la présence des deux hommes, servant de socle décisif à l'ensemble. On a aucun mal à croire à leur vieille amitié malgré les rares scènes qui lui sont réellement consacrées, l'action ne tardant pas à dicter le rythme du film et à emporter l'adhésion du spectateur avec elle. Leur entente palpable et leur jeu très décontracté participent à l'authenticité de ce film, fait avec trois francs six sous, mais non sans ambition, et avec à l'évidence beaucoup d'amour et de conviction.




Par sa mise en scène à l'inspiration inégale mais traversée de quelques fulgurances étonnantes, Jack Starrett parvient à nous dépeindre très simplement une Amérique profonde à la dérive et littéralement hantée par des rednecks faisant froid dans le dos. Le trait n'est toutefois jamais suffisamment grossier pour que cela puisse être tourné en dérision au détriment de la tension que Starrett parvient à développer crescendo. En outre, le réalisateur fait preuve d'un savoir-faire indéniable lorsqu'il met en boîte des scènes de course-poursuite très tendues qui ne manquent jamais de nous scotcher au fauteuil. Son film apparaît comme une influence certaine de Quentin Tarantino (Death Proof), mais aussi du Red State de Kevin Smith pour les thèmes abordés. La liste des cinéastes et spectateurs qui ont hissé Course contre l'enfer au rang de petit film culte doit cependant être bien plus longue.




Quand il insiste sur la paranoïa croissante ressentie par l'une des épouses, en filmant ces personnages inquiétants et envahissants qui s'invitent tout sourire dans le camping-car de nos quatre victimes désemparées, ou observent avec insistance la plus vulnérable d'entre elles, son film rappelle curieusement le Rosemary's Baby de Roman Polanski. On pourrait parler d'une sorte de Rosemary's Babyà l'horizontale, sillonnant les routes américaines dans une caravane de plus en plus détériorée, dont on finit par se dire qu'il n'en restera que le châssis cramoisi, le tout mêlé à un Délivrance aride, au doux parfum de macadam et d'essence. Ou bien, plus simplement, de la rencontre inattendue entre Easy Rider et The Wicker Man. On ressort de ce mélange explosif, situé quelque part entre le western moderne et l'horreur sectaire, avec le plaisir trop rare et revigorant d'avoir vu un film aussi humble et sincère qu'énergique et haletant. Surtout, on laisse le glaçant générique final défiler sous nos yeux avec la très vive envie de réussir à mettre la main le plus rapidement possible sur d'autres petites pépites de ce calibre.


Course contre l'enfer de Jack Starrett avec Peter Fonda, Warren Oates, Loretta Swit et Lara Parker (1975)

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