Alejandro Gonzalez Iñarritu aime filmer crûment la vie, les gens, sans concession, parce qu'il s'est rendu compte que c'était vendeur. Dans The Revenant il filme les violences entre Indiens et colons avec âpreté, tout comme la lutte sans merci entre Léo "Le Câpre" et Tom "Godeffroy" le Hardy. Il fait de même dans Birdman, une sorte de film intimistico-fantastique ronflant qui se veut une prouesse technique en un seul plan séquence artificiel, où il colle au plus près ses acteurs névrosés (ce qui nous donne envie de mettre Emma Stone à sa juste place : dans un aquarium). Avant cela, le cinéaste s'était fait connaître grâce à sa balourde "trilogie de la mort" : Amours chiennes, 21 Grammes et Babel. Trois films qui ne supportent pas d'être revus aujourd'hui, pesant dix tonnes chacun malgré leurs titres mensongers, où des acteurs qui en font des caisses courent après un rein, un fusil, un Oscar ou un clébard, dans des histoires parallèles sordides toutes reliées par un même évènement tragique (en général un accident de bagnole ou de bus). Tout ça pour dire que le réalisateur mexicain, charlatan pur jus récompensé par les plus hautes distinctions, chef de fil autoproclamé d'une petite bande de guignols originaires du même pays que lui (Alfonso Cuaron et Guillermo Del Toro) et aujourd'hui président du jury cannois, trace son sillon morbide depuis belle lurette et il ne va certainement pas s'arrêter en si bon chemin. Au sein d'une filmographie à se flinguer, Biutiful est sans doute son film le plus fétide et cafardeux.
Tout est gris béton armé, jaune pisse, rouge sang-séché, vert glauque, noir désespoir et bleu hématome. A l'aide de cette colorimétrie diabolique, Iñarritu met en scène le quotidien de la misère à Barcelone avec, en star filmée en gros plan 80% du temps, Javier Bardem. Et ça dure 2h27 ! 2 plombes 30. Cette performance dépressive de premier plan et ces gros plans sur son nez de catcheur difficiles à assumer ont valu à Bardem de recevoir, de la part d'un jury aux abois, le prix d'interprétation à Cannes et de produire une anthologique déclaration enflammée en direction de Pénélopé Cruz, sa compagne, qui lui a permis, sans aucun doute, d'exorciser les démons accumulés depuis ce film âpre et le harcèlement continu de la caméra survoltée d'Iñarritu. Bardem y joue un père de famille qui vivote de petits trafics et doit élever seul ses deux gamins car sa femme, dont il est séparé (mais il l'aime toujours, misère de misère !), est bipolaire et donc incapable de gérer quoi que ce soit. Comme si ce n'était pas assez, il apprend qu'il a un cancer incurable et qu'il n'a plus que quelques mois à vivre. Par dessus ça, il est atteint de dons de voyance et arrive à communiquer avec les défunts ou à voir les morts prochaines des gens. Et c'est pas fini, car son frère est un connard qui se tape sa propre femme.
Et attendez, il reste la cerise sur le gâteau de ce drame étouffant, qui enfonce un clou dont on ne voit déjà plus la tête ! Comme il se sait condamné par le cancer et qu'il veut mettre sa famille à l'abri du besoin, Bardem trafique dans des trucs de moins en moins nets, en particulier des ateliers de confection clandestins remplis de clandestins chinois de tous sexes et de tous âges qui vivent et travaillent dans des conditions absolument épouvantables. Ils ont surtout très froid. Et comme Bardem n'est pas un salaud et qu'il a aussi un cœur, il achète quelques systèmes simples de chauffage au gaz, ce que lui permettent ses maigres ressources, des bonbonnes branchées à un brûleur, comme on en voit sur les terrasses des pires bars l'hiver. Évidemment, une nuit, alors que les Chinois dorment profondément dans leur atelier insalubre, le système se met à déconner, les brûleurs s'éteignent mais le gaz continue à se propager, tuant tout le monde dans l'atelier. Tout cela est filmé par un Iñarritu survolté qui a chaussé ses plus gros sabots et enfonce ses personnages dans la même misère que celle dans laquelle se trouve son cerveau trépané (et le spectateur courageux qui a tenu tout le film). Il paraît que ça plait aux gens. Pourquoi ? Pas à oim, DSL !
Et attendez, il reste la cerise sur le gâteau de ce drame étouffant, qui enfonce un clou dont on ne voit déjà plus la tête ! Comme il se sait condamné par le cancer et qu'il veut mettre sa famille à l'abri du besoin, Bardem trafique dans des trucs de moins en moins nets, en particulier des ateliers de confection clandestins remplis de clandestins chinois de tous sexes et de tous âges qui vivent et travaillent dans des conditions absolument épouvantables. Ils ont surtout très froid. Et comme Bardem n'est pas un salaud et qu'il a aussi un cœur, il achète quelques systèmes simples de chauffage au gaz, ce que lui permettent ses maigres ressources, des bonbonnes branchées à un brûleur, comme on en voit sur les terrasses des pires bars l'hiver. Évidemment, une nuit, alors que les Chinois dorment profondément dans leur atelier insalubre, le système se met à déconner, les brûleurs s'éteignent mais le gaz continue à se propager, tuant tout le monde dans l'atelier. Tout cela est filmé par un Iñarritu survolté qui a chaussé ses plus gros sabots et enfonce ses personnages dans la même misère que celle dans laquelle se trouve son cerveau trépané (et le spectateur courageux qui a tenu tout le film). Il paraît que ça plait aux gens. Pourquoi ? Pas à oim, DSL !
Biutiful de Alejandro Gonzalez Iñarritu avec Javier Bardem et des miséreux (2010)