Le Monde fantastique d'Oz est un film pour enfants. Mais des enfants qui seraient d'accord pour se faire chier comme des rats morts pendant plus de 2 heures. Bâti sur une histoire d'une simplicité confondante pour que, justement, le jeune public auquel il est destiné puisse le suivre sans problème, ce film moribond et très laid est porté à bout de bras par James Franco. Or, l'acteur dispose ici du charisme d'un poulet de batterie et de petits bras de T-rex dont la fonction n'était sûrement pas de porter des objets lourds. Ce n'est pas ce genre d'acteur de troisième zone qui peut faire sortir le film de son carcan insipide et froid. Médiocre prestidigitateur sur Terre, James Franco arrive par enchantement dans le pays d'Oz, où il se fait passer pour le Magicien qui, selon la prophétie, doit bouter la méchante sorcière (Rachel Weisz) pour faire à nouveau régner le bonheur. Belle perspective.
De son côté, cette méchante sorcière cache son jeu et sème la terreur tandis que MC Solaar récolte le tempo. Elle est à la tête d'une redoutable troupe de babouins volants armée jusqu'aux dents. Et alors que ces sales bêtes causent panique et désolation, James Franco se laisse attendrir par la détresse des si gentils habitants d'Oz et par les formes "généreuses" de Michelle Williams (preuve qu'il doit s'acheter de nouvelles lentilles de contact). Sentant que ses seules qualités physiques ne lui permettront pas de conclure, il décide d'arrêter d'être un pleutre et de prendre les choses en main. Grâce à sa passion pour Thomas Edison et Alfred Nobel, il arrive à fabriquer tout un tas de petits gadgets inoffensifs mais fort impressionnants (feux d'artifice, bâtons de dynamite et illusions d'optique). En effet, à cause d'une promesse débile faite à Michelle Williams en échange d'un contact rapproché avec ses tétons, James Franco s'est interdit de buter ses ennemis, il peut simplement leur foutre les jetons (référence appuyée à Terminator 2). Cela concerne aussi les féroces babouins volants qui, de leur côté, n'éprouvent aucune sorte de pitié pour qui que ce soit et tuent à tour de bras. Pensez-y : des centaines de babouins volants, avec leurs gros culs rouges et leurs dents acérées. Ils sont l'un des fléaux visuels de ce film hideux.
James Franco, qui jusque-là passait pour un escroc à la petite semaine, sort donc le grand jeu et démontre une bonté d'âme qu'on ne lui soupçonnait pas... Grâce à son stratagème "son et lumière" digne des plus grands spectacles du Puy du Fou, il parviendra à faire fuir la méchante sorcière ("jusqu'à ce qu'elle revienne", précise-t-il, dans le but d'annoncer une éventuelle suite à ce film en contreplaqué) et à rétablir la joie et la paix dans le monde fantastique d'Oz. D'un point de vue personnel, il s'emballe Michelle Williams, et c'est tout ce qui semble compter pour lui. De notre point de vue, c'est une catastrophe. Et les autres acteurs ne sauvent pas les meubles. Michelle Williams, par exemple, incarne une gentille sorcière, toute de blanc vêtue, maquillée à la truelle pour être rajeunie de 20 ans : c'est très laid, on dirait Loana immortalisée par un paparazzi manchot suite à une nouvelle tentative de suicide, mais ça semble fortement plaire à James Franco. Rachel Weisz et Mila Kunis, quant à elles, campent deux soeurs probablement pas du même père ni de la même mère, sans aucun panache. Elles complètent le fade trio de sorcières que l'on peut croiser dans le monde d'Oz. Sam Raimi, le réalisateur de cette saloperie qui a laissé tout son talent dans un magasin Prix-Bas en 1992, essaie un temps de nous faire douter de l'identité de la sorcière méchante, mais même un enfant de 4 ans avec de la merde dans les yeux aura tôt fait de deviner qu'il s'agit de Rachel Weisz.
Les rares satisfactions de ce désastre sont quelques seconds rôles joués par des acteurs vétérans, comme par exemple le rôle de Knuck, un nain black grincheux et agressif, joué par le trop rare Tony Cox (l'inoubliable Shonté dans Fous d'Irène). En fait, il n'y a que lui. Un nain black caustique est donc l'unique highlight de ce blockbuster au budget dépassant les 250 millions de dollars. Sam Raimi, considéré comme un réalisateur de la A-list, l'homme qui peut lever tout l'argent qu'il veut pour faire un film intimiste ou ambitieux et en avoir l'entier contrôle artistique, poursuit donc sa mutation complète en une enflure XXL.
Le Monde fantastique d'Oz de Sam Raimi avec James Franco, Rachel Weisz, Michelle Williams, Mila Kunis et Tony Cox (2013)