98% de critiques positives sur Rotten Tomatoes, 55 millions de dollars engrangés au box office pour un budget dix fois moindre, 7,7/10 sur IMDb, une première très remarquée au festival de Sundance... Produit par Judd Apatow, réalisé par Michael Showalter mais piloté par le comique Kumail Nanjiani, acteur principal et scénariste, The Big Sickétait l'un des plus grands succès du cinéma indépendant américain en 2017. Puisqu'il nous raconte, dans un style semi-autobiographique, les déboires amoureux de son personnage principal, un comique de stand-up ayant du mal à tout gérer à la fois (Kumail Nanjiani, dans son propre rôle), nous aurions pu espérer un pendant masculin au sympathique Crazy Amy, la comédie assez réussie portée par l'énergique Amy Schumer sortie il y a quatre ans.
En réalité, The Big Sick se concentre essentiellement sur la rencontre entre Kumail et Emily et l'histoire d'amour compliquée qui en découle, le premier, issu d'une famille pakistanaise traditionaliste, ne pouvant pas s'engager avec la seconde, quant à elle très simple, directe et entière dans sa façon de vivre et d'exprimer ses sentiments. Progressivement, le film de Showalter et Nanjiani apparaît comme une vieille romcom dénuée de véritable pouvoir comique, à la progression trop prévisible et lourdingue. On est finalement bien loin de Crazy Amy, qui reste pour nous un bon souvenir, avec ses quelques scènes marrantes, ses personnages secondaires amusants et un schéma de romcom qui, pour une fois, passait plutôt bien. Ici, bien que les personnages et leurs interprètes ne soient pas antipathiques (mention spéciale à Zoe Kazan), ils ne sont pas particulièrement attachants et, hélas, jamais drôles. Les quelques passages de stand-up sont d'ailleurs d'une affligeante pauvreté.
Kumail Nanjiani a co-écrit le scénario avec sa compagne à la ville, Emily V. Gordon, pour mieux nous narrer leur propre rencontre, comme si celle-ci avait réellement quelque chose d'exceptionnelle. Il faut dire qu'après avoir mis un terme à leur relation, vaincue par la barrière infranchissable que semble être la culture pakistanaise et dégoûtée, surtout, par le manque d'implication de Kumail, Emily tombe gravement malade et finit à l'hosto, dans le coma. C'est alors que, de son côté, Kumail se réveille et mesure enfin les sentiments qu'il éprouve pour la malade. Il se rapproche durant cette épreuve des parents d'Emily (la mère est incarnée par une méconnaissable Holly Hunter), avant de renouer définitivement avec celle-ci, une fois tirée d'affaire. Quelle sublime love story... Le couple Nanjiani - Gordon paraît vouloir jouer la carte de la sincérité mais il signe en fin de compte un film bien tiède et presque agaçant qui échoue strictement à tous les niveaux.
Nous ressortons de là avec la désagréable impression d'avoir regardé un mauvais épisode de sitcom long de deux heures dont une et demie de trop. Parce qu'il essaie de mêler les larmes aux rires, The Big Sick veut ratisser le plus large possible et ça se voit. Une romcom indé de plus à foutre à la poubelle.
The Big Sick de Michael Showalter avec Kumail Nanjiani et Zoe Kazan (2017)