Allez, je vous l'avoue d'emblée : je n'aurais sans doute jamais regardé ce film si Mary Elizabeth Winstead ne campait pas le rôle principal. Je préfère jouer cartes sur table ! Rassurez-vous, je n'ai sur mon disque dur aucun dossier caché consacré à quelques photos volées de l'actrice, ni rien d'autre de ce genre. Mais, simplement, le petit charme dont elle dispose est largement suffisant pour me motiver à passer 81 minutes devant un film dont elle est la force centripète, un soir où je n'ai pas la tête à m'envoyer une œuvre plus exigeante ou de qualité forcément supérieure. Il m'en faut peu ! Il n'y a pas de honte à avoir ni à se justifier... MEW m'est visuellement sympathique. Elle doit, sans le savoir, posséder ces proportions tant recherchées et convoitées, celles qui annoncent une fitness maximale. D'instinct, son corps appelle à pratiquer l'acte sexuel, avec l'assurance d'un grand succès reproducteur. Cette jeune fille a exactement mon âge. Et c'est peut-être notre seul point commun... Je ne suis pas le seul à être sous son charme. Mon frère Poulpard, aka Brain Damage, l'est aussi. Quand je lui ai demandé de m'expliquer pourquoi cette jeune femme au faciès agréable mais ma foi assez quelconque avait ce pouvoir sur nous, il m'a simplement répondu "Elle sent la queue". Sur ce, je me sens obligé de passer au paragraphe suivant.
Toujours habillée comme un sac, without makeup, la starlette apparaît ici sans artifice, comme si on l'avait tirée de force de son plumard avant chaque prise. On est loin de sa tenue affriolante de cheerleader dans le Death Proof de Quentin Tarantino. Avec Smashed, la jeune actrice passe un test bien connu de l'actorat américain, un test récemment carbonisé par Denzel Washington dans Flight : celui consistant à jouer le rôle d'un alcolo qui essaie d'abandonner son addiction à la bouteille. C'est donc l'occasion pour la brunette de faire ses preuves, elle qui n'a jamais été véritablement amenée à devoir démontrer ses supposés talents d'actrice et qui s'est le plus souvent appuyée sur son joli minois. Le verdict est étonnant, car il faut bien reconnaître que Mary Elizabeth Winstead s'en tire avec les honneurs et les félicitations de mon pubis, évitant toujours d'en faire trop, faisant réellement vivre son personnage et, surtout, s'extirpant avec la grâce d'une funambule des scènes les plus risquées, c'est-à-dire toutes celles où elle débloque complètement, sous l'emprise de l'alcool, allant jusqu'à faire pipi dans une supérette.
Pour la première fois de sa carrière, la jeune femme joue une scène de coït. Mais elle y garde malheureusement tous ses habits. On se souviendra donc plutôt de cette scène où l'actrice doit faire face au terrible aveu d'un alcoolique anonyme devenu son ami, mais également tombé sous son charme. Ce dernier reconnaît d'abord avec une belle sincérité les sentiments qu'il éprouve pour elle, et termine ce qui commençait comme une déclaration d'amour tout à fait digne par un affreux "J'aimerais goûter à ton onctueuse chatte". Ce dialogue totalement inattendu m'a rappelé le meilleur moment du par ailleurs très pénible Hesher, celui où Natalie Portman doit faire face aux vulgarités de Joseph Gordon-Levitt. Comme Natalie Portman, MEW fait partie de ces jeunes et mignonnes actrices qu'on a envie de voir secouées par quelques horreurs incongrues qui contrastent avec la douceur et l'apparente innocence de leurs traits juvéniles.
Mary Elizabeth Winstead est donc la grande attraction de Smashed, et pratiquement son unique intérêt. Reconnaissons tout de même au jeune James Ponsoldt, qui signait seulement là son second long métrage, une certaine habileté : ce réalisateur a une réelle capacité à nous dépeindre les caractères de ses personnages, les liens qui les unissent ou les tensions qui les éloignent progressivement, en quelques traits, sans jamais tomber dans les lourdeurs qui sont trop souvent de mise dans le cinéma indé américain actuel. La relation de MEW avec son boyfriend est ainsi adroitement brossée, sans surlignage inutile. Smashed reste cousu de fil blanc et je ne le conseillerais pas vraiment, mais il faut bien lui reconnaître ces modestes qualités. Elles en font un film indé tout à fait matable, dont je peux comprendre qu'il ait su se faire remarquer, et dont on se demande bien pourquoi il n'a pas eu l'honneur de sortir sur nos écrans.
Smashed de James Ponsoldt avec Mary Elizabeth Winstead et quelques figurants (2013)