Time Out est de A à Z le bébé d'Andrew Niccol. Andrew Niccol, à ne pas confondre avec Mike Nichols, le réalisateur des excellents Carnal Knowledge ou La Guerre selon Charlie Wilson, à ne pas confondre non plus avec Jeff Nichols, jeune cinéaste américain très talentueux et ultra prometteur, auteur de Shotgun Stories et de Take Shelter, ni avec Nicolò Cherubin, latéral gauche du Bologne Football Club 1909, auteur de trois buts depuis le début de sa carrière professionnelle. Non Andrew Niccol est le triste bonhomme à l'allure de banquier malade qui, après avoir fait briller une lueur d'espoir dans l’œil des amateurs de science-fiction avec Bienvenue à Gattaca, s'est rendu coupable de deux étrons cinématographiques : S1mOne, film qui a contribué à faire passer Al Pacino de la vie à la mort, puis l'infâme Lord of War, navet pseudo politique et visuellement affreux avec au premier plan un Nicolas Cage maniaco-dépressif sous l'emprise de la coke. Voilà qui se cache derrière le nom d'Andrew Niccol, un réalisateur médiocre qui creuse sa propre tombe avec énergie, et Time Out ("In Time" en VO, merci aux distributeurs français d'avoir rendu le titre beaucoup plus clair) est son bébé, il l'a écrit et réalisé : accrochez vos ceintures, ça vole en rase-motte !
Dommage qu'Andrew Niccol ait choisi pour décor de son film d'action et de science-fiction futuriste les rangées de garages d'un immeuble de la banlieue de Roubaix.
Le projet de ce nouveau film d'anticipation, pessimiste par définition, s'annonçait bien mal, entre autres à cause de la présence en tête d'affiche du pâle Justin Timberlake, le rappeur blanc adulescent embauché comme sextoy humain chez Giorgio Armani. Et le couac filmique annoncé sur le papier se concrétise à l'écran sous la direction d'un Niccol qui n'a pas décidé d'être doué ! L'histoire repose entièrement sur une seule idée, à priori pas bête et finalement très conne, comme souvent dans ce genre de film (l'idée ultra symbolique qui tient sur un feuillet de PQ étant l'apanage des maîtres du genre, de Richard Matheson à Philip K. "Huge" Dick, mais tout le monde n'a pas leur talent). L'idée de Niccol ? "Le temps c'est de l'argent". Vieil adage s'il en est, pris au pied de la lettre par un cinéaste dont les neurones jouent des coudes sous nos yeux. Mais comment adapter cette mise à plat d'un proverbe universel à un scénario de deux heures ? Niccol est aux manettes et il a la tronche dans le guidon, jugez plutôt : dans le film les gens ne vieillissent que jusqu'à l'âge de 25 ans, âge à partir duquel leur corps n'évolue plus et reste à jamais le même. La mère de Justin Timberlake semble avoir le même âge que son jeune fils alors qu'elle se paye la cinquantaine en réalité. Mais pourquoi avoir engagé Olivia Wilde ? Pourquoi avoir casté cette actrice bangbros au rabais, sosie d'Anita Dark qui à moins de 24 ans semble plastifiée de la tête aux pieds, pour incarner la mère du héros ? Cet élément de scénario était déjà assez difficile à accepter comme ça pour ériger un tel rempart à notre crédulité. Voir Justin Timberlake dire "Merci m'man !" à une playmate au look de gogo danseuse trash transsexuelle qui lui sert son bol de chocapic matinal en tenant une bouteille de lait coincée entre ses deux plastic boobs en pneus réchappés, bizarrement ça ne passe pas. Par ailleurs le scénario ne dit rien des complexes d’œdipe morbides que ce mode de vie futuriste doit engendrer, ni des ravages psychologiques que doit provoquer chez certaines jeunes filles la seule idée de triquer à mort sur leur grand-père, ou chez certaines arrière-arrière-arrière-grand-mères bodybuildées celle de faire danser le slip de leur ptit ptit ptit ptit ptit fillot, mais passons.
"Salut m'man !"
Toujours est-il que les gens doivent donc gagner du temps en guise d'argent, à la sueur de leur front, travaillant d'arrache-pied pour recevoir non pas un salaire en cash mais quelques heures, voire quelques minutes, avec lesquelles ils sont supposés acheter tout ce qui se vend sans oublier d'en garder sous le coude pour ne pas passer l'arme à gauche au moindre découvert bancaire. Ils ont tous un compte à rebours luminescent incrusté dans l'avant-bras (cf. l'affiche du film) - qui rappelle les tatouages par lesquels les nazis marquaient les juifs des camps, mais le scénario ne fait rien de cette idée que Niccol n'a manifestement pas fait exprès d'avoir - et si ce compte à rebours atteint zéro, son porteur meurt comme d'un arrêt cardiaque. Dans ce monde-là les riches sont immortels et les plus pauvres crèvent à 25 balais et une seconde, pour résumer.
C'est d'ailleurs sur cet écart entre les plus riches et les plus démunis que s'étend Niccol, heureux d'étaler ses trois idées : les pauvres de la banlieue périphérique vivent le plus vite possible (idée dont le réalisateur ne fait pas grand chose non plus du reste) et subsistent difficilement à l'aide de secondes grappillées ici ou là tandis que les super-riches du centre-ville s'ennuient à mourir et se dorent la pilule pendant les siècles des siècles. C'est tout ce que le film tire de son thème initial, une parabole enfantine et usée jusqu'à la corde sur les inégalités et l'injustice sociale. Après avoir reçu en don un milliard d'années (un peu plus, un peu moins, qu'est-ce qu'on s'en fout) de la part d'un jeune-vieux riche lassé de vivre, Timberlake voit sa mère mourir dans ses bras à une seconde près à cause d'un bus raté. La poisse. Tarder à déposer son chèque de paie n'est pas un projet dans ce monde de merde. La jeune maman de Justin, aux mollets et au cul galbés par des jours et des nuits de fitness hardcore, au visage creusé par les régimes et les anabolisants, aurait dû courir plus vite vers son fiston plein aux as prêt à lui refiler un peu de son fluide temporel, mais elle se traîne, trottine à deux à l'heure et s'éteint à un mètre des bras et de la verge tendus de son bambin incapable de se retenir de raidir devant un tel phénomène malgré le lien de famille étroit qui les unit... Contrarié par ce décès, Timberlake décide de s'infiltrer dans le centre-ville, fort de sa nouvelle fortune tant convoitée par les affamés du temps, afin de foutre la merde dans le système avec l'aide d'une gosse de riche au physique pourtant très pauvre, pressée quant à elle de vivre l'aventure. Il vaincra à coups de bras de fer (véridique) et de courses à pied, puis il partagera la richesse des milliardaires - soit des centaines et des centaines d'années de vie - avec tous les pauvres de son quartier. C'est pitoyable.
Time Out d'Andrew Niccol avec Justin Timberlake, Cillian Murphy et Olivia Wilde (2011)
A en juger par le torticolis que s'inflige Timberlake, Amanda Seyfried, qui ne vieillit pas non plus mais dont la coupe de cheveux a environ mille ans, ne lui convient pas comme female partner.
C'est d'ailleurs sur cet écart entre les plus riches et les plus démunis que s'étend Niccol, heureux d'étaler ses trois idées : les pauvres de la banlieue périphérique vivent le plus vite possible (idée dont le réalisateur ne fait pas grand chose non plus du reste) et subsistent difficilement à l'aide de secondes grappillées ici ou là tandis que les super-riches du centre-ville s'ennuient à mourir et se dorent la pilule pendant les siècles des siècles. C'est tout ce que le film tire de son thème initial, une parabole enfantine et usée jusqu'à la corde sur les inégalités et l'injustice sociale. Après avoir reçu en don un milliard d'années (un peu plus, un peu moins, qu'est-ce qu'on s'en fout) de la part d'un jeune-vieux riche lassé de vivre, Timberlake voit sa mère mourir dans ses bras à une seconde près à cause d'un bus raté. La poisse. Tarder à déposer son chèque de paie n'est pas un projet dans ce monde de merde. La jeune maman de Justin, aux mollets et au cul galbés par des jours et des nuits de fitness hardcore, au visage creusé par les régimes et les anabolisants, aurait dû courir plus vite vers son fiston plein aux as prêt à lui refiler un peu de son fluide temporel, mais elle se traîne, trottine à deux à l'heure et s'éteint à un mètre des bras et de la verge tendus de son bambin incapable de se retenir de raidir devant un tel phénomène malgré le lien de famille étroit qui les unit... Contrarié par ce décès, Timberlake décide de s'infiltrer dans le centre-ville, fort de sa nouvelle fortune tant convoitée par les affamés du temps, afin de foutre la merde dans le système avec l'aide d'une gosse de riche au physique pourtant très pauvre, pressée quant à elle de vivre l'aventure. Il vaincra à coups de bras de fer (véridique) et de courses à pied, puis il partagera la richesse des milliardaires - soit des centaines et des centaines d'années de vie - avec tous les pauvres de son quartier. C'est pitoyable.
Timberlake n'est pas près de franchir la Ligne Seyfried !
Pour finir, une trivia allociné m'apprend que c'est le film le plus cher dans lequel ait joué Justin Timberlake, après Shrek le troisième et ses 160 millions de dollars flingués en airbooks, en palettes graphiques et en club sandwichs destinés à nourrir les geeks obèses qui se dépatouillaient de leurs gros doigts boudinés sur tout l'appareillage Apple offert par leurs patrons pour accoucher de gros connards verts. Justin T. a prêté son filet de voix pour ce film d'animation, malheureux de ne pas pouvoir faire reluquer sa plastique de rêve à des enfants condamnés à s'extasier devant l'âne de merde et le chat poté de mes deux. Time Out a coûté 40 millions de dollars, sachant que le seul effet spécial du film c'est le beeper implanté sous la peau du bras de l'acteur. Et si, comme a voulu me l'apprendre le bienveillant et si éclairé Andrew Niccol, "le temps c'est de l'argent", entendu que je n'ai pas dépensé un kopeck pour me procurer sa connerie de film, je m'estime en droit de lui réclamer mon dû : une heure et demi. Une heure et quarante et une minutes précisément, fusillées par ce ramassis de lieux communs estramassés dans un scénario infâme, mis en scène par ce qu'il faut bien appeler un pur zonard.Time Out d'Andrew Niccol avec Justin Timberlake, Cillian Murphy et Olivia Wilde (2011)