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Le Hobbit : un voyage inattendu

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A déconseiller fermement à tous les réfractaires au Seigneur des Anneaux, qui auront envie de se pendre et trouveront le temps de mettre leur plan morbide à exécution avant le début de la fin du film, qui est très long. Mais comme ce n'est pas vraiment mon cas je l'ai maté, avec quand même une petite appréhension. Je vais commencer par vous faire la liste de mes craintes. J'ai eu un peu peur au départ des nains. D'abord parce que j'ai un peu peur des nains dans la vie, ensuite parce que ceux de Peter Jackson sont éminemment laids et qu'ils chantent, deux ou trois fois au début du film, or les chansons débiles dans les films ça me fusille l'humeur à bout portant. J'ai eu peur aussi parce que j'ai cru dans la première scène que le film s'adressait très directement, voire exclusivement, aux gosses, la faute aux nains avec leurs gros nez en plastique et leurs perruques de prisunic, à leurs chansons à la con bien sûr et aussi à Gangstarap le black, petit magicien accro à la ganja qui se fait littéralement tirer par des lapins surexcités.


 Je reste un peu déçu par le design de Smaug, le grand dragon de feu, j'avoue.

J'ai cru enfin que Le Hobbit, voyage inattendu dans lequel j'ai embarqué sans paquetage et sans m'être renseigné sur la destination ni sur les escales (et encore moins sur le prix du billet si vous voyez ce que je veux dire), avait été réalisé avec la moitié des moyens du premier épisode de LOTR, vu que dans l'introduction, où un dragon de feu fout la merde, Peter Jackson filme à peine le bout de la queue (et un bout de son autre queue aussi, si on met l'image au ralenti au bon moment on peut la voir se balancer de droite et de gauche dans l'écran) de l'immense Smaug (aka "Bill Callahan", en langage elfique),dragon supposé immanquable qui vient cramer le cul des nains dans leur montagne bourrée de dollars. Mais en fait non, le film est rempli de fric comme ladite montagne des nains et c'est une grande fresque d'aventure pleine à gueule-que-veux-tu d'effets spéciaux, de bastons et de tout ce qu'il faut pour occuper les fans pendant près de 3 jours de métrage.


Et ça c'est censé être un nain ? Je rappelle aux premiers intéressés que Warwick Davis, qui s'actualise chaque mois très assidument au Pôle Emploi depuis 1996 et son rôle pitoyable dans Leprechaun 4 : In Space, vient de créer son millième "espace candidat" sur le site de l'organisme.

Et quand on ne perd pas les eaux devantLe Seigneur des anneaux, on mate ça comme on mate Le Seigneur des anneaux, c'est-à-dire qu'on le mate comme s'il n'y avait rien de mieux à foutre, like there was no tomorrow. C'est plein d'histoires là-dedans, ça regorge d'épisodes, des géants de pierre qui se bastonnent gratos au milieu d'un orage (on s'interroge quand même sur le fait que des montagnes portent des slips et des gants de boxe et qu'une troisième caillasse fasse l'arbitre…), des trolls transformés en pierre par le soleil, des aigles qui sauvent les gentils nains grâce à Gandalf, qui souffle son haleine putride dans un petit papillon jusqu'à ce qu'il gonfle suffisamment pour pouvoir porter une poignée de nabots en armures sur son dos, pareil que dans la trilogie, et puis on se régale des aventures du fameux magicien fumé aux oinjs qui s'est fait chier dessus par une mouette d'envergure et qui se trimballe avec du guano séché sur la joue pendant tout le film. J'en passe et des meilleures.


S'il paraît assez évident que Peter Jackson s'est lancé dans une nouvelle trilogie de l'anneau pour à nouveau perdre quelques millions de kilos et gagner quelques millions de millions depesos, il n'est pas impossible que les spectateurs du film, aidés par les déguisements antidatés des nains, perdent quelques années et regagnent leur enfance via un voyage inattendu vers quelques films tels que L'Histoire sans finou Willow (avec Warwick Davis, qui arrive au bout de ses droits !).

Et de la même façon qu'on retrouve les "meilleurs" acteurs de la trilogie, on retrouve aussi les "meilleures" scènes de la trilogie. Peter Jackson nous refourgue la même pitance et comme pour bien nous le signifier il est allé récupérer tous les décors du Seigneur des anneaux pour filmer à nouveau dedans à moindres frais (y compris les fonds bleus voués à être recouverts des mêmes CGI aux formats .jpeg et .png). Soit Jamel Radagast Reykjavik (J.R.R. pour les non-initiés) Tolkien tournait lui-même méchamment en rond sur son stylo bic quatre couleurs, soit c'est Pierre Jackson qui nous la refait à l'envers, mais le coup de la nuit passée sur le sommet d'une vieille ruine, celui de la bataille contre les gros chats sauvages dans la plaine ou celui de la baston contre les orques et les gobelins sur les escaliers de la mine, c'est du réchauffé, sans parler de Gandalf le gland qui n'arrête pas de hurler "Run, da fools !" comme dans chaque épisode du Seigneur des Anneaux (et il le refait ici au moins dix fois !).


Énième film dont les fans nous diront qu'il "fallait le voir avec...". En l'occurrence il fallait peut-être mater ce gros film d'écolo avec Cécile Duflot en guise d'accoudoir et avec quelques champignons hallucinogènes mortels dans l'estomac. (En tout cas pas avec Warwick Davis, qui a officiellement mis la tête de Peter Jackson à prix d'or).

Bref, je ne vais pas faire le résumé. Et je ne vais pas le faire parce que ça prendrait la journée vu que le film est putain de long. C'est son gros défaut. Il dure une éternité qui en parait le triple, même si c'est bourré d'action. La faute à des séquences qui durent et qui durent au-delà du nécessaire et du raisonnable, et pour rien en prime : on observe les nains qui mangent et qui font la vaisselle pendant vingt minutes, de même qu'on subit la mort dans l'âme le jeu de devinettes entre Bilbo (interprété par un Martin Freeman dénué de tout charisme, Morgan Freeman eût fait un bien meilleur hobbit) et Gollum (toujours campé par l'infatigable Marion Cotillard without make-up), qui dure une bonne plombe et n'impressionnera que le Père Fourra. On sent que Jackson a étiré pour étirer, pour faire trois films au lieu d'un très long à partir d'un bouquin de trente pages à tout casser (dans la traduction de Daniel Lauzon et Michael Laudrup), et c'est chaud. Mais ça se mate. Quand on n'est pas encore vacciné contre les grands mouvements d'appareil épiques opérés depuis un hélicoptère en rase-motte sur des kilomètres de tapis vert par Andrew Lesnie, et contre la musique ronflante d'Howard Snore, ça se mate tranquillement, comme si c'était fin août début septembre (pas le film d'Assayas) et qu'on ne voulait surtout pas rentrer à l'école, quitte à perdre ses cheveux devant trois plombes de grappes de nains maquillés par un alcoolique anonyme et filmés par un cachalot devenu sardine avant que de retourner cachalot.


Le Hobbit : un voyage inattendu de Peter Jackson avec Martin Freeman, Ian McKellen, Christopher Lee, Ian Holm, Hugo Weaving, Cate Blanchett et une chiée plus quinze de nains hideux (2012)

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