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Channel: Il a osé !
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Garden State

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Qui se souvient de ce film ? Qui se souvient de ce film à part Zach Braff himself ? Il se résume pour lui en une "occasion manquée", lui qui a maintenant une poupée vaudou de Benjamin Millepied sur sa table de chevet. Il lui plante rageusement des aiguilles dans le ventre chaque matin en se levant et il est sans doute responsable des légendaires maux d'estomac du nouveau Directeur de la Danse de l'Opéra de Paris. Zach Braff était pourtant à deux doigts ! A deux doigts de conclure avec celle qui émoustillait déjà la planète entière et qui mit le groupe The Shins sur orbite avec cette seule réplique : "Listen to it, it gonna change your life". Que dire de ce film en dehors de ces quelques remarques ? Va-t-on saluer la performance de Ian Holm en père absent ? Va-t-on applaudir l'interprétation à la limite du hors-jeu de Peter Sarsgaard, plus occupé à s'inquiéter de la gestation de sa femme qu'à interpréter le pote paumé de l'acteur-réalisateur ? Non, rien de tout cela, Garden State est typiquement le faux feel-good-movie à ne jamais voir une deuxième fois sous peine de s'autotraiter de connard. Rappelez-vous pourtant du petit phénomène que fut ce film à sa sortie ! Zach Braff est passé du jour au lendemain du statut de tête de nœud de série télé à celui de réalisateur prometteur du cinéma indé américain ! Aujourd'hui, on attend encore son second long métrage pour lequel il mendie quelques sous à ses rares amis !




Garden State s'inspire très fortement de la vie de son auteur. Petit rappel des faits : Zach Braff est un acteur raté qui a voulu tenter sa chance à Los Angeles et qui gagne sa vie en tant que serveur dans un resto chinois. Sa mère casse sa pipe, ce qui l'incite à retourner au bled pour assister à l'enterrement. Le bled étant le New Jersey, surnommé "le Garden State", seule chose que le film nous aura appris à nous autres non-américains. De retour dans sa ville natale, Zach Braff renoue le contact avec ses amis banlieusards qui n'ont pas bougé d'un iota en dehors du fait qu'ils abusent dorénavant de toutes sortes de drogues pour oublier leur quotidien cafardeux fait de solitude, de consanguinité, de chômage et de désœuvrement. Cependant, le hasard lui fera croiser la route d'une fan des Shins (groupe inconnu à son bataillon personnel) qui provoquera de manière incontrôlé un petit tiraillement curieux et pas désagréable juste au-dessus de ses deux couilles. Cette rencontre l'ouvre à la musique du monde.

 


Petit aparté sur la bande-son aux petits oignons du film, choisie par Zach Braff dans le but de nous proposer un best of de la pop indé américaine du moment. Inutile de revenir sur The Shins, qui a trusté les premières places au hit-parade suite au succès du film et qui dorénavant envoie chaque année son nouvel album à Zach Braff plus une photo du cul de James Mercer légendée "Whenever wherever". On retrouve également feu Nick Drake, traîné dans la boue et condamné à accompagner les balades en mobylette de l'idiot du village accroché à la tarée du bled. De son vivant, nul doute que le mage dépressif de Rangoon aurait empêché de toutes ses maigres forces cette utilisation frauduleuse de l'une de ses chansons. Moins étonnante, la présence de "Don't Panic", le tube de Coldplay, chanson jetable par excellence et utilisée au premier degré par Zach Braff lors d'une de ses fréquentes crises d'angoisse, nous prouvant là toute sa subtilité. Il est presque bizarre de ne pas entendre "Oops I Did It Again" lorsque Zach Braff éjacule précocement à l'intérieur de son froc, mais il y a quand même cette séquence poignante où l'acteur-réalisateur-scénariste-chef-chauffagiste précise à sa comparse qu'il n'a jamais rien baisé en dehors de son futal, avec l'hymne pré-pubère de Madonna "Like a virgin" qui résonne à cet instant précis.
 



Natalie Portman incarne une jeune fille détraquée qu'on a envie d'encore plus détraquer. Il faut la voir dans la première scène où elle apparaît, les genoux sous le menton, un casque géant sur les oreilles, à rire pour un rien, prête à montrer sa teuch au plus curieux, prête à soulever son t-shirt sous les yeux exorbités et à jamais globuleux du fils du voisin en s'étonnant d'avoir des boobs. De quoi rendre enragé le plus chaste d'entre nous. Ce film tire sur la corde raide en essayant de nous faire culpabiliser d'éprouver un désir coupable pour une mineure de 25 balais. Qui n'a pas déjà à demi craqué sur une jeune femme perchée au point de chialer comme un oignon devant un hamster crevé ? Qui ne s'est pas involontairement attendri pour une gamine débile se comportant comme la dernière des excentriques insupportables ? Qui n'a jamais eu envie d'enterrer vivant ce type d'individu particulièrement excitant ? Qui peut rester zen devant ce personnage bouffon qui amasse plus de connerie qu'il n'y en a jamais eu sur Terre ? Qui peut endurer sans craquer ce moment où elle rend tout à coup la vie merveilleuse à Zach Braff en lui donnant un espoir copulatoire s'il parvient à être l'auteur d'un geste unique, d'une mimique nouvelle, d'une expression improbable, d'un pet, d'un bruit totalement inédit ? Natalie Portman est donc ce genre de femme devant qui il faut inventer un pet extraordinaire pour parvenir à ses fins. Zach Braff est ce genre d'homme assez con pour mordre à l'hameçon. La scène où ils enterrent le hamster Tonton David fait partie du zapping des pires moments filmés des années 2000.
 


Zach Braff parsème son film d'idées de court métrage à gerber. On pense par exemple à cette image où l'apprenti cinéaste porte une chemise en accord parfait avec son papier peint. On se souvient aussi avec horreur de cette scène innommable où il reste immobile sur un canapé lors d'une soirée tandis qu'autour de lui les personnages boivent, fument, baisent, jouent au Kéno en avance rapide. Le pire est peut-être cette scène exutoire où les trois jeunes protagonistes se mettent à hurler sur le toit d'un bus désaffecté pour se purger de leur mal-être, accroissant de manière exponentielle celui du spectateur. Subir ça de nouveau aujourd'hui, c'est la garantie de tout casser chez soi. C'est un truc à faire si, en tant que locataire, vous avez décidé de ne pas vous faire rembourser votre caution. C'est une idée à garder en tête si la décoration entière de votre salon est à revoir. Zach Braff est au cinéma ce que le phoque est au règne animal : un enculé. 


Garden State de Zach Braff avec Natalie Portman, Zach Braff, Peter Sarsgaard et Ian Holm (2004)

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