Steve Tesich, Kevin Costner et des courses de vélos : il n'en fallait pas plus pour me filer envie de voir ce film américain oublié des années 80. Le premier, Steve Tesich, auteur reconnu sur le tard grâce à son excellent Karoo, en a signé le scénario ; on lui doit aussi celui de Breaking Away, ce très chouette film de Peter Yates qui mettait également la bicyclette à l'honneur. Le deuxième, Kevin Costner, n'était pas encore la gigastar hollywoodienne qu'il s'apprêtait à devenir, mais il fait ici plaisir à voir : il y a une certaine fraîcheur dans son jeu d'acteur et son charisme est au beau fixe, avec une moustache particulièrement fournie qui lui va à ravir. Et enfin, les courses de vélo : elles occupent une place non négligeable, plus d'un tiers du métrage à l'aise, et sont plutôt bien exécutées par un John Badham sérieux et appliqué. Le réalisateur britannique était alors au sommet de sa carrière d'honnête faiseur, lui dont le nom a été effacé derrière les titres à succès qu'il a commis : La Fièvre du samedi soir, WarGames et quelques autres, auxquels nous préférons son trop mésestimé Dracula. Il nous narre ici une histoire de réconciliation familiale, celle de deux frères qui vivent sous l'ombre menaçante d'une maladie héréditaire et se rabibochent définitivement en participant à une course cycliste éprouvante se déroulant en trois étapes dans les montagnes du Colorado.
American Flyers est un film bien de son époque avec ces beaux américains toujours victorieux et ces russes vilains sous tous rapports. Plus rigolo, on y voit beaucoup d'hommes et de femmes soucieux de leurs paraître suer comme des bœufs en salle de muscu puis se gaver de burgers et de coca au premier McDo venu, le tout sur une musique et dans des tenues d'un autre âge... On ressent peut-être la patte de Steve Tesich à travers quelques touches d'humour bienvenues et une paire de personnages secondaires ma foi assez amusants, je pense notamment à cet ado replet que son père, sportif convaincu, encourage à choisir une discipline où aucun noir n'a encore percé afin d'être un pionnier. L'intrigue est cousue de fil blanc, mais les protagonistes, campés par des acteurs agréables (le véritable premier rôle est endossé par David Marshall Grant avec une belle énergie), ne sont pas antipathiques et l'on suit sans déplaisir cette rivalité entre frères qui se transforme en une fraternité retrouvée. Vraiment rien d'essentiel ici, tout cela est somme toute très anecdotique, et je ne vous encourage en rien à redécouvrir ce film-là, mais un "early Costner" méconnu aura toujours sa place dans l'index de votre blog ciné préféré...
American Flyers (Le Prix de l'exploit) de John Badham avec David Marshall Grant et Kevin Costner (1985)