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Channel: Il a osé !
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Glass

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On le sait, on connaît notre Schumi, quand il est attendu au virage, en général il ne tourne pas et ça se finit dans un grand bruit de tôle froissée. Cette phrase risque cependant de brouiller les pistes chez nos lecteurs·trices, car il se pourrait qu'elle ne reflète et n'annonce qu'à moitié la teneur de cette critique, qui risque de se constituer de nombreuses antiphrases. En effet, au sein des bureaux de la rédaction (soyons honnête, il n'y en a qu'un, que l'on se partage, et c'est plutôt une table basse qu'autre chose, une palette sur deux parpaings, parsemée de cadavres de pistaches et de quelques douzaines d'épaves de bouteilles de Cacolac), il y a schisme, scission, split. L'un essaie de rasséréner l'autre, l'autre enfonce le doigt où ça fait mal, pour zéro effet. Le premier ne bougera pas d'un iota, l'autre adore qu'on lui enfonce le doigt où ça fait mal. Film déceptif pour l'un, décevant pour l'autre (les deux finissant par s'envoyer des baffes au sujet de la définition exacte du mot "déceptif", pour finalement se mettre d'accord sur la gémellité parfaite des deux termes : déceptif = décevant, ce sont ce qu'on appelle des faux-amis qui mettent à mal notre amitié).




On est quand même d'accord sur certains points, notamment sur l'idée que le film est aussi déceptif que décevant. Plus l'un que l'autre, pour l'un, plus l'autre que l'un, pour l'autre. Mais ça se joue à des détails. Le problème, qui est peut-être aux fondements du projet Glass, c'est que l'on a tous les deux été déçus, mais l'un plus que l'autre. L'un parvient à étouffer sa déception en mettant en avant ce qui mérite de l'être à ses yeux (et pas aux yeux de l'autre). L'autre se laisse dévorer par la déception, ne procède que par insultes, emploie des mots forts, irréversibles, rares quand il s'agit de Schumi (signe d'une vraie trahison), et tourne fou depuis la sortie du film car dans sa tête tourne en boucle le slogan "Car Glass répare, car Glass remplace" (la tagline originale du métrage à Pondichéry). Celui des deux qui demeure magnanime, et qui a quitté la salle dans un état d'excitation intense, au point de refaire le film dans sa tête toute la nuit durant, voyait là l'avènement semi-décevant, l'aboutissement semi-déceptif de pas moins de quinze ans d'attente (toute une vie d'adulte, et la moitié de la sienne). Il fallait voir les larmes que la guichetière du cinéma a larguées sur son clavier quand cet aveu est sorti tout seul au moment d'acheter le ticket magique (11,90€, tarif local qui ne permet guère de sortir en colère vu qu'on entre déjà avec la rage et que le travail psychologique de pré-achat a duré des mois, comme pour toute dépense à deux chiffres).




Pour faire court et ne pas prendre le risque de vous saouler, car on sait qu'on a quand même un peu tiré sur la corde avec les deux premiers paraphets, la scène finale cristallise nos positions respectives. Quand, à l'évocation de cette séquence, l'un ouvre les hostilités en jurant que le parking qui sert de triste cénacle à l'opposition volontairement déceptive des trois guignols dotés de super-pouvoirs du film semble filmé avec la bite, l'autre rétorque du tac au tac, dans une répartie qui a cela de flippant qu'elle a l'air instinctive alors qu'elle n'a rien de naturel, que la bite de Shyamalan fait mieux que les deux mains d'un Quentin Dupieux. Et au blog ilaosé (cliquez sur le lien pour y accéder) de retrouver son noyau dur, sa cohésion, son sens tout simplement, et la vie de suivre son cours. Schumi a grillé une cartouche auprès de l'un et a déçu l'autre, mais il reste dans nos petits papiers.


Glass de M. Night Shyamalan avec Bruce Willis, Samuel L. Jackon et James McAvoy (19/01/2019)

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