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Une famille à louer

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Peut-être nous sommes-nous montrés trop magnanimes envers Les émotifs anonymes, du même Jean-Pierre Améris, petit film de rien du tout, sympathique à peu de frais, porté par un Benoît Poelvoorde et une Isabelle Carré assez dignes. Il est en revanche tout à fait impossible de faire montre de la même bienveillance à l'égard d'Une famille à louer, y comprisen tâchant de se focaliser sur ses maigres qualités, car le film est une sorte de palette fécale qui n'en possède aucune, à moins de faire une fixette sur l'atout charme Virginie Efira, mais croyez-moi, ça ne suffit pas. Ce film sans queue ni tronche, une plaie de A à Z, raconte l'histoire d'un pauvre type plein aux as, dépressif, solitaire, qui vit dans un manoir et, avant de tenter le suicide, décide de s'ouvrir aux autres. Pour ce faire, il propose à une mère célibataire condamnée pour vol à l'étalage de l'aider à régler ses dettes en échange de trois mois de vie de famille à ses côtés. Sur le papelard, pourquoi pas, sauf qu'à l'écran c'est un supplice. D'abord et surtout parce que le film est atrocement mal écrit. 



Les tristes personnages imaginés par Améris ont constamment le cul entre deux ou trois chaises. D'une scène à l'autre, Poelvoorde incarne un sociopathe incapable d'articuler deux mots en présence d'autrui, puis un type à peu près normal qui fait même preuve d'une belle autorité face à deux chiards mal élevés. Quant à Efira, alors que son entrée en scène tâche d'en faire une sorte de Zézette ultra sexy, une mère Groseille giga bien roulée, une pure beauté affublée d'une démarche, d'un accent et d'un look de ploucarde achevée, on la voit deux minutes après déclamer tout un speech impeccable devant une caméra de télévision. Dans le même dialogue, elle peut faire trois fautes graves de syntaxe comme déclamer des tirades à la Edmond Rouston sans ciller. Cela n'a aucun sens. 




D'un strict point de vue physique, il y a déjà couac. Jean-Pierre Aramis, cinéaste mousquetaire, mise à la fois sur le contre-emploi tonitruant et sur le respect le plus total du sex appeal de son actrice. Il veut nous faire croire à une femme pauvre, vivant avec ses deux gosses dans un cabanon insalubre, couchant avec tout ce qui bouge pour obtenir du boulot, et que la vie a malmenée sans discontinuer, mais oublie un peu vite qu'Efira pète les flammes à l'image, se trouve dépourvue de la moindre petite ride de contrariété et a le grain de peau d'une star qui se tartine chaque soir avec les crèmes de nuit à base de phoque massacré les plus chères du marché. Tout ceci ne tient pas. Pas plus que le script, inepte et téléphoné, qui voit les deux amants contractuels tomber peu à peu amoureux, évidemment... sans d'ailleurs que le spectateur pige quoi que ce soit à leur idylle : on peut facilement comprendre que le personnage de Poelvoorde craque sur son hôte, mais comment expliquer que la jeune femme en pince à ce point pour un type froid, sans intérêt, sans qualités, vide de toute personnalité ? Le pauvre Poelvoorde a dû s'ennuyer ferme sur le plateau. Avoir le belge volant au casting et lui donner un si petit os à ronger, quel gâchis. Amaryllis, la plante à bulbes, a totalement loupé son coup. Il n'y a bien qu'une maigre scène où l'acteur se laisse vaguement aller, quand il rejoint Efira sous une sorte de chapelle bucolique et, au beau milieu d'un moment romantique, s'aventure à déchiffrer un mot gravé dans le bois : "Va te faire enc...".


Une famille à louer de Jean-Pierre Améris avec Benoît Poelvoorde et Virginie Efira (2015)

La Sapienza

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J’étais dans la lecture de Présences, livre d’Eugène Green publié en 2003 dans une belle édition (Desclée de Brouwer / Les Cahiers du cinéma), quand je suis allé voir La Sapienza. Cet ouvrage, sous-titré  « essai sur la nature du cinéma », s’ouvre par le récit succinct de quelques expériences personnelles de son auteur en matière de fantômes. Eugène Green affirme s’être trouvé, à plusieurs reprises, dans le voisinage d’esprits frappeurs. Pas de ces manifestations inquiétantes auxquelles les films d’horreur nous ont habitués, de simples fantômes, assez bruyants, des esprits, présents, probablement en quête de paix. Convaincu que le cinéma n’est rien d’autre que l’art le mieux à même de révéler les présences cachées qui nous entourent, et persuadé que l’avènement d’un art n’est pas seulement fonction des progrès techniques qui l’ont rendu possible mais aussi du besoin des hommes de le susciter à un instant T, Eugène Green cherche, pour mieux comprendre le 7ème art, ce qui en était déjà avant qu’il n’apparaisse, ces œuvres qui, avant la fin du XIXème siècle, ont tenté de révéler les présences invisibles.




L’écrivain-cinéaste se livre d’abord à une analyse de quelques photographies frappantes, vibrantes, de Félix Tournachon dit Nadar (plus grand portraitiste du XIXème, connu pour ses fascinants portraits de grands artistes, notamment romantiques, dont Baudelaire, Nerval ou Hugo, moins connu peut-être pour ses clichés des sous-sols, catacombes et égouts, de Paris), Charles Marville (qui a photographié les rues pittoresques du vieux Paris puis les grandes artères de Haussmann), et Eugène Atget (également photographe de la capitale, des scènes de la vie parisienne, des vitrines marchandes et de quelques intérieurs privés). Après quoi l’auteur s’intéresse aux grands normands, Flaubert et sa Madame Bovary ainsi que les impressionnistes, puis passe entre autres par le théâtre de Maeterlinck et Claudel, par le creusement de la phrase chez un Mallarmé, et par Proust, à contre-cœur.




Tout au long de cette lecture, je n’ai pas arrêté de penser à Manoel de Oliveira, sans trop savoir pourquoi, sinon peut-être parce que Manoel de Oliveira est certainement le cinéaste, aux côtés d’Apitchatpong Weerasethakul, qui, ces dernières années, a le plus subtilement filmé les fantômes, leur présence bienveillante, inspirante, captivante, particulièrement dans L’Etrange affaire Angelica. Or le 2 avril 2015, alors que je m’apprêtais donc à aller voir au cinéma La Sapienza, nouveau film d’Eugène Green, le premier me concernant, j’appris, cinq minutes avant de me mettre en route pour la séance, la mort de Manoel de Oliveira, à l’âge de 106 ans. Cette nouvelle m’a touché, profondément, un peu comme a pu me toucher la mort d’Eric Rohmer en 2010 (un peu comme, seulement, parce que Rohmer m’accompagnait depuis très longtemps), ou celle d’Alain Resnais il y a deux ans. Il faut dire qu'en découvrant, émerveillé, Gebo et l’ombre, Aimer boire et chanter ou Les Amours d’Astrée et de Céladon, on se prenait à croire que ces vieux de la vieille étaient immortels, et que leurs films à venir seraient des trésors inestimables. Nous ne les verrons pas.




Et, plus encore sans doute parce que j’ai appris la mort du plus grand cinéaste portugais quelques minutes avant la projection, La Sapienza fut pour moi un film habité, hanté par la présence de Manoel de Oliveira. J’ai parlé de Resnais, et l’on pourrait y penser, notamment au Resnais de Toute la mémoire du monde, devant certains plans panoramiques d’Eugène Green sur les édifices italiens visités par ses personnages. Rohmer, on peut y penser aussi. Comme devant tout film faisant la part belle aux questions d’architecture et se déroulant en bonne partie en Suisse, surtout quand l’actrice principale (Christelle Prot Landman), d’une beauté inouïe, rappelle par ses traits et sa prestance non seulement la Françoise Fabian de Ma Nuit chez Maud mais l’Aurora Cornu du Genou de Claire*. Mais comment ne pas songer, surtout**, à Manoel de Oliveira, quand il est question d’un personnage d’artiste hanté par un autre, antérieur, et par sa mélancolie (Borromini ou Le Bernin), plus généralement, du poids des figures historiques et de leur folie, ou de cet autre personnage de jeune fille malade, accablée par une sorte de faiblesse du 19ème siècle. Mais je me demande si le fantôme d'Oliveira parcourt à ce point le film, et le parcourra encore la prochaine fois que je le verrai.




L’histoire est celle d’Alexandre Schmid, architecte reconnu, la cinquantaine, qui remet en question son travail et son couple et décide de partir en Italie avec sa femme, Aliénor, pour préparer un livre sur Francesco Borromini, architecte qui le fascine. Mais à Stresa, sur les rives du Lac Majeur, le couple en rencontre un autre, deux jeunes gens, Goffredo et Lavinia, frère et sœur, et Aliénor refuse de repartir tant que la jeune fille, qui souffre de langueur, ne sera pas remise sur pieds. Oliveira est là, aussi, d’une certaine façon, quand Green filme les visages de ses acteurs dans des gros plans frontaux extrêmement lumineux et laisse se dérouler des phrasés lents et riches qui bercent et éclairent un film tranquille, serein, capable du reste de respirer à travers de brèves saynètes de comédie malicieusement saupoudrées.




La Sapienza, qui s'achève sur de très belles répliques échangées par le couple (Alexandre fait le point sur son voyage d'étude, sous le regard bienveillant de sa femme : « La source de la beauté est l'amour, et la source du savoir est la lumière »), est avant tout un film follement lumineux (la sapience, sorte de sagesse-somme clairvoyante, comme nous le rappelle le film, est lumière). Eugène Green éclaire les espaces, les constructions, par sa façon de les regarder, de les filmer, avec autant de soin et de patience qu'il le fait pour ses acteurs et personnages, qu’il tâche d'aimer, d’aider, de sauver. Quand le cinéaste apparaît lui-même dans le film, dans le rôle d'un migrant, et dit à sa comédienne : « Vous, on va vous construire un lieu, car on vous aime », c’est plus que jamais Green lui-même qui parle. Aimer ses personnages, c’est aussi leur offrir une trajectoire intelligente, et c’est une des forces du scénario, qui refuse de consommer la rupture du « vieux » couple en en créant de nouveaux. Green préfère créer des dialogues intergénérationnels où les plus vieux se livrent aux plus jeunes qui, en retour de ces dons d’expérience, leur offriront une nouvelle vigueur et un nouvel élan. Il s'agit d'un grand film sur la transmission, laquelle, Eugène Green le sait et le montre très bien, ne peut pas être unilatérale et exclusivement descendante, mais permet, en effet, l'amour, et consiste à « donner un lieu à ceux qui cherchent la lumière ».

* Les allergiques au phrasé duracien d’Hiroshima mon amour et au parler (plus ou moins) faux des comédiens de Rohmer (sans parler des réfractaires aux voix blanches bressonniennes, référence plus avouée de Green), resteront d’ailleurs possiblement hermétiques aux dialogues foisonnants et tout en liaisons z'insistantes de La Sapienza.

** Je ne voudrais pas multiplier davantage les ouvertures, mais je dois bien dire que le film fait aussi parfois penser à Copie conforme, qu’un plan rappelle celui, final, du génial Va et vient de João César Monteiro, et que la réplique finale sonne comme celle de Lady Chatterley.


La Sapienza d'Eugène Green avec Fabrizio Rongione, Christelle Prot Landman, Ludovico Succio et Arianna Nastro (2015)

Z for Zachariah

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Craig Zobel avait réussi à faire parler de lui avec son second long métrage, Compliance, remarqué au festival de Sundance en 2012. Ce huis clos était la très plate mise en image d'un fait divers mettant en scène une gérante de McDo qui appliquait à la lettre les consignes données au téléphone par un soi-disant flic pour interroger l'une de ses employées suspectées de vol. Le film parvenait facilement à captiver mais ne laissait aucune trace. S'estimant peut-être attendu au tournant, Craig Zobel avait envie de surprendre son monde et souhaitait se faire définitivement un nom en adaptant cette fois-ci un roman de science-fiction post-apocalyptique, Z for Zachariah*. Autant le dire tout de suite : l'anonymat tend désormais les bras à notre ami Craig Zobel car cet énième "post-nuke" n'a aucune sorte d'intérêt.




Rien ne nous est dévoilé sur l'origine du désastre qui a éliminé toute la population, Z for Zachariah faisant partie des mille films de ce genre qui croient original de ne rien dévoiler. En effet, il vaut toujours mieux ça qu'une explication bidon racontée par une voix off affreuse en introduction... L'action se situe dans un très joli petit coin de terre à l'abri des radiations et Margot Robbie est convaincue d'être la dernière survivante avant qu'elle ne rencontre Chiwetel Ejiofor. Ce dernier, agréablement surpris par le physique de la dame (on choisit rarement Yolande Moreau pour ce genre de rôle) et pas tout à fait remis des coups de fouets administrés par Steve McQueen, se laisse volontiers soigner et héberger. Progressivement, une petite vie de couple se met en place entre les deux personnages, ce qui nous vaut quelques dialogues passionnants sur les croyances de chacun et deux ou trois bonnes scènes de gueuleton en tête à tête. Malgré les avances assez claires de Margot Robbie, en recherche de contact humain rapproché après avoir passé l'hiver collée à son clebs pour se réchauffer, Chiwetel Ejiofor choisit, tel un véritable gentleman, de ne pas consommer cet amour naissant, de faire durer le plaisir. Il le regrettera amèrement lorsque Chris Pine, élément perturbateur de ce si triste scénario, débarquera de nulle part et honorera son nom de famille en se montrant bien moins timide envers la jeune femme, profitant d'une porte de salle de bains laissée entrouverte pour s'introduire. S'instaure alors un climat plutôt malsain entre les deux hommes, le premier reprochant au second d'être allé un peu vite en besogne avec celle qu'il avait choisie pour repeupler la planète et comptait féconder au moment le plus opportun. Il ne reste plus qu'un quart d'heure de film.




Si mon article ne vous a guère passionné, dites-vous que ce triangle amoureux soporifique vous fera le même effet puissance mille. Z for Zachariah est d'un ennui mortel, il m'a donné l'impression que je simulais un voyage vers Mars en solo ! Je dis tout ça en essayant d'être le plus objectif possible, statut de blogueur ciné oblige, parce qu'au fond, sachez que cela m'embête un peu de dire du mal de Craig Zobel. Ce réalisateur, qu'il m'arrive de fréquenter, est un type très sympa, chaleureux, simple et accessible. Un soir, il m'a gentiment invité à dîner chez son père Roger. Il m'a annoncé d'emblée "Tiens, je vais te faire goûter un truc sensass' que j'ai inventé pas plus tard qu'hier soir". J'étais très curieux, alors je lui ai demandé plus de précision. "C'est tout con, tu fais cuire un steak haché façon bouchère et tu le manges entre deux tranches de pain ! Un putain de pied mec, surtout si tu rajoutes du ketchup et de la moutarde !". C'était pas une vanne, j'étais sur le cul !




* Si le titre vous tape déjà sur le système, sachez qu'il s'agit d'une référence à un bouquin peu laïque que l'héroïne feuilletait quand elle était gamine pour apprendre à lire. "A pour Adam," premier mec sur Terre, "Z pour Zachariah", le dernier.


Z for Zachariah de Craig Zobel avec Margot Robbie, Chiwetel Ejiofor et Chris Pine (2015)

La 5ème vague

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Encore une saga pour ados, avec des ados, basée sur une trilogie de bouquins pour ados. Encore un film de studio mal écrit, mal produit, mal filmé et mal joué. Encore un film de science-fiction dans lequel un gros vaisseau alien vient poser son énorme cul dans les nuages pour nous ramasser la tronche. Encore une histoire de destructions massives, d’extraterrestres qui prennent forme humaine et de jeunes gens embrigadés, entraînés, armés, manipulés qui finissent par se rebeller et sauver le monde. La 5ème vague fait suite aux Hunger Games, Le Labyrinthe et autres Divergente, et Chloë Grace Moretz emboîte le pas à Jennifer Lawrence, Dylan O'Brien et Shailene Woodley dans le rôle de la jeune fille qui veut venger ou sauver les siens et qui, devenant une femme, apprend à manipuler tous les genres de gros calibres qu’on peut imaginer. Il ne lui faut d’ailleurs pas bien longtemps pour savoir s’en servir, quitte à en tenir un dans chaque main et à tirer un coup à droite, un coup à gauche.




Le film fait mal par où il passe, cumulant les fautes graves. Quid des gros couacs de scénario : les extraterrestres coupent l’électricité sur toute la planète, ce qui stoppe net toutes les bagnoles, et les personnages se mettent donc à la marche à pied, niant tout simplement l’invention fabuleuse du vélo, et celles, moins admirables mais tout de même honorables, du skate et de la trottinette… On donne aussi dans le placement de produits. Comme il n’y a plus d’eau courante, les maisons ne servent plus à rien, on leur préfère les tentes, et par conséquent tout le film se transforme en un vrai défilé haute-couture pour Quechua.




Le réalisateur, J Blakeson (vous avez bien lu, ce n'est pas "J.", c'est bien "J", la lettre J est donc son prénom, comment voulez-vous filer droit ?), nous gratifie aussi d’œillades maladroites, façon Claude Lelouch, la mitraillette à clins d’yeux de malades. Dans une même scène, celle où Maria Bello (qui a réellement une façade de martienne) montre un soi-disant alien à ses jeunes recrues, le cinéaste convoque à la fois They Live et Alien, deux classiques de la SF qui, s’ils en avaient l’occasion, répondraient à cet appel du pied par un gros direct du droit sur la glotte. Ne serait-ce que pour ces ralentis atroces sur le visage viandeux de Chloë Grace Moretz en train de cavaler (elle ajoute une ligne à raturer d’urgence sur son CV, qu’elle a pris l’habitude d’imprimer sur planche d’ébène à force de s’entendre dire qu’il était « en bois »). Liev Schreiber (ce con), nous fait plus d’effet. Sans parler des effets spéciaux qui nous rappellent que s’il y a un Dieu, il a bel et bien juré de ne pas intervenir sur le monde qu’il a créé, en en particulier chez les infographistes morts-nés de chez Sony International Torture.


La 5ème vague de J Blakeson avec Chloë Grace Moretz, Liev Schreiber, Alex Roe, Nick Robinson, Maïka Monroe et Maria Bello (2016)

Les Visiteurs : La Révolution

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Est-ce que cela vaut vraiment le coup de parler d'un tel film ? Ne vaut-il pas mieux se taire et faire comme si de rien n'était ? Quand on sort de la séance, on se regarde simplement les uns les autres avec l'air le plus dépité possible et ça vaut tous les mots du monde... Même dans nos pires cauchemars, nous n'aurions pas pu imaginer un truc aussi raté. On se demande à quoi l'on a affaire. Qu'est-ce qu'ils ont voulu faire ?! Du cinéma expérimental ? Cela justifierait ce montage hystérique (pas un plan qui dépasse la seconde !) et ces prises de vue ignobles dans des angles impossibles (la fameuse patte Jean-Marie Poiré !). De la comédie absurde et avant-gardiste ? Cela expliquerait peut-être pourquoi on ne comprend qu'un mot sur dix, tous les acteurs hurlant leurs répliques sur un débit frénétique, calquant leur jeu sur celui d'un Christian Clavier qui n'est que le triste fantôme de cette caricature de lui-même qu'il nous propose depuis tant d'années. L'acteur parvenait parfois à nous faire rire dans ces petites comédies de rien du tout comme On ne choisit pas sa famille et Une heure de tranquillité, où, branché sur 100 000 volts, il pète les plombs à intervalles réguliers, hurle aussi beaucoup mais paraît bien plus à l'aise dans la peau de ce personnage si antipathique dans lequel il a fini par s'enfermer totalement. On ne rit strictement jamais devant Les Visiteurs 3 : aucune scène, aucun dialogue, aucune situation, aucun moment, même fugace, n'émerge de cette infâme bouillie sans queue ni tête.




Les Visiteurs 3 est un supplice absolu. De la première minute, avec ce pathétique rappel écrit des épisodes précédents et cette scène onirique d'introduction au Moyen-Âge sans aucune sorte d'intérêt, à la dernière, quand les deux zouaves atterrissent sous l'Occupation nazie et que l'on espère enfin avoir droit à un gag efficace qui n'arrivera jamais. Strictement rien à sauver. La Terreur est une période historique qui offrait assez peu de ressorts comiques et de décalages possibles, c'est en tout cas un constat dans lequel nous conforte ce nouvel épisode, alors pourquoi y être resté 1h40 pour un surplace incompréhensible et un scénario qui ne va jamais nulle part ?! C'est à n'y rien comprendre. Ce troisième film réussit à nous rendre sacrément nostalgique du second, ce qui en dit assez long... Seuls les costumiers et les maquilleurs, exempts de tout reproche, semblent avoir pris du plaisir à faire leur travail. Ils s'en sont sans doute donnés à cœur joie puisqu'on leur a tout de même permis d'inventer des nez d'une laideur inouïe à Jean Reno et de faire pousser deux couilles géantes sans poil sous le menton de Christian Clavier, notre duo étant progressivement déformé par les couloirs du temps. L'aspect de Clavier durant ces très longues minutes où il se trimballe avec une énorme paire de testicules lisses à la place du goitre vient également renforcer la thèse d'une nouvelle forme d'humour pour laquelle nous ne sommes pas préparés. Nous ne le serons jamais. Les Visiteurs 3 est un véritable calvaire.


Les Visiteurs : La Révolution de Jean-Marie Poiré avec Christian Clavier, Jean Reno, Karin Viard, Franck Dubosc, Marie-Anne Chazel, Sylvie Testud et Pascal Nzonzi (2016)

La vierge, les coptes et moi

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En zieutant trop viteuf on peut lire "Les vierges, les capotes et ouam..." Tu parles d'un putain de titre. On s'est vite jeté là-dessus puis on a rebroussé chemin fissa.


La Vierge, les coptes (?) et moi... de Nabir Abdel Messeeh (2012)

Cookie

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C'est pas très beau ce qu'on va faire, mais c'est simplement pour vous montrer le traitement lambda qu'on réserve à ce genre de film, le seul traitement qu'il mérite.

Échanges de mails...

- Toi aussi tu vas dl Cookie pour les kilos de boobs à l'affiche ?
- C'était pas prévu. Léa Fazer putain... Mais rien que parce que tu m'as dit ça je viens de le lancer (salop).
- La même ! (même si Taglioni a perdu à tous les niveaux...)
 
15 minutes après.

- 56:51 de Cookie !!!
- Arrête-toi ! Le téléchargement a planté à cause de la connexion. Je viens d'ouvrir un troisième paquet de Granola à tremper dans mon kéfir. Fais-moi rêver !
- Franchement, pas grand chose. Si c'est ça le moment le plus "sexy" du film - et ça en a tout l'air d'après mon scannage rapide - c'est triste, étant donné les forces en présence. Mais que peut-on espérer de Léa Falzar ?... On voit Taglioni surprise en soutif par deux malabars. Elle se planque aussitôt les seins. Elle porte une sorte de push-up, donc ils ont l'air fringuant. Mais on voit pas grand chose et les couleurs sont ultra blafardes (ce qui semble être la règle pendant tout le film, avec parfois une sorte de halo sombre entourant l'image, et ça vient pas du divx !). C'est filmé par une femme qui n'a pas sa place. Je vais le virer fissa et je vais m'éviter d'avoir ça de côté à blanc...
- Finalement je remercie ma connexion. Vive la fibre !






Cookie de Léa Fazer avec Alice Taglioni, Virginie Efira et Mehdi Nebbou (2013)

007 Spectre

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C'est quand même dingue que l'on puisse se passionner depuis tant d'années pour les aventures d'un tel connard. Excusez-moi d'employer ce terme, mais il n'y a pas d'autres mots pour qualifier un type comme ça. James Bond est un sombre abruti et il le démontre de films en films. C'est quand même le seul héros de cinéma capable de pratiquement violer une veuve endeuillée venant tout juste d'enterrer son mari. C'est ce qui arrive dans Spectre au personnage campé par Monica Bellucci, je n'invente rien. Bond a besoin d'infos sur le défunt, il les obtient en plaquant la pauvre femme à peine consentante contre le mur et en faisant sa petite affaire en bel égoïste qu'il est. Dès que la meuf est potable, James Bond doit se la faire, quelles que soient les circonstances. C'est comme ça... Le nombre de gosses illégitimes qu'il doit laisser derrière lui, je vous raconte pas... A part ça, James Bond est totalement obnubilé par les belles bagnoles, qu'il aime abandonner dans un fleuve après un petit ride à travers la ville. Beau bilan carbone là encore... James Bond aime placer ses collègues de travail en porte-à-faux. Il aime mettre la vie de centaines de civils en danger pour faire la peau d'un seul vilain. Il aime défigurer les centres historiques des métropoles qu'il traverse. James Bond est un con, il n'y a pas d'autres mots. 


007 Spectre de Sam Mendes avec Craig Daniel, Christoph Waltz et Léa Seydoux (2015)

La Prophétie des ombres

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Le film qui m’a fait réaliser que Richard Gere est le sosie chevelu de Zinedine Zidane ! Zinedine Zidane, dit "Zizou", oui, le célèbre footeux, le divin chauve, comme mon gland, triple Ballon d’Or, deux fois vainqueur de la Coupe du Monde et plus grand joueur de l’Histoire dans une dimension parallèle où le coup de boule n’existerait pas. Dans ce film, The Mothman Prophecies aka La Prophétie des ombres, Dick Gere arbore une chevelure de choix d’une couleur qui échappe aux mots, une couleur tombée du ciel, d’un gris roux doré, un peu comme une boule de pétanque que l’on aurait trempée dans l’huile d’olive. Des vagues de mèches folles, entre l’ombre et la lumière, survolent son crâne infernal. On dirait un vieux renard fatigué de tirer des coups à droite à gauche. A ce détail près (son cuir chevelu), il est bel et bien la copie conforme de Zizou, avec ses petits yeux plissés et son nez busqué. Deux beaux gosses, y’a pas à chipoter là-dessus, je comprends leur succès auprès des demoiselles... Mais aussi deux piètres comédiens…



Richard Jouir retrouve ici Laura Linney (prononcer Liné tout bêtement), sa partenaire fétiche, qu’il avait déjà côtoyée dans Peur Primale, le film définitif sur la peur des primates, à une lettre et un scénario près. Problème de titre, comme pour La Prophétie des ombres, qui aurait mieux fait de s’appeler La Prophétie des papillons pour ainsi être le cousin ailé de La Prophétie des grenouilles, le film d'animation préféré de mon petit neveu. Dick Gere incarne ici un pigiste du Washington Post DC en proie à des visions de papillons qui parasitent sa vie quotidienne. Ces visions le perturbent tout particulièrement lorsqu’il est au volant de sa Volvo. Ça l’amène à se prendre des arbres. Il découvre progressivement qu'il n'est pas le seul à souffrir de telles visions et comprend que celles-ci viennent annoncer un malheur prochain. Fin du pitch, début des emmerdes pour notre ami Gere, le bouddhiste aux cheveux d'ange.



Les symboles de lépidoptères sont légion dans La Prophétie des Ombres. Dès qu’apparaît à l’image une forme plus ou moins symétrique, des seins timides de Laura Linney au pare-brise étoilé de Gere en passant par les terribles néons de sa salle de bains, on peut donc déceler la présence néfaste du Mothman du titre original. Le réalisateur n'en loupe pas une. Il s'agit d'autant d’apparitions du papillon maléfique qui hante littéralement ce film. On recense 189 plans de papillons selon le site IMDb. Ça en fait le cas unique de long-métrage lépidoptériste dans l’histoire du cinéma.



Blague à part, ce film s’inspire d’une histoire vraie. Dans le Wyoming, plusieurs personnes auraient été sujettes à ces visions mystérieuses. Les témoignages s’accordent à dire qu’il s’agissait d’un connard géant doté de grandes ailes translucides et de yeux rouges. Cet être mystique à l'allure unique n’avait en réalité rien de méchant puisqu’il serait simplement venu annoncer des catastrophes. Hélas, il n’a pas été pris au sérieux par les autorités. A la fin du film, le pont de Brooklyn se casse en deux, causant une trentaine de morts, et l’homme-papillon mate tout ça les mains sur les hanches, l’air dépité. Il avait tout vu venir, et il avait essayé de nous prévenir via des coups de fil il est vrai pas toujours rassurants, en vain. Le film termine sur la phrase « Si c’est ça j'me casse », crachée par le Mothman (littéralement "homme motte") du titre original, dégouté. Ce Mothman a les yeux sur le torse, là où nous autres avons nos mamelons, et il n’a donc pas vraiment de tronche. Vraiment folklo ce film ! Les humains n’ont pas cru en ses mises en garde, et Dick Gere en premier, tout juste bon à sauver Laura Linney de la noyade au dernier moment. J'aurais fait pareil. 30 morts pour 1 rescapée blonde et garantie à vie, je signe tout de suite.


La Prophétie des ombres de Mark Pellington avec Richard Gere, Laura Linney et Will Patton (2002)

Un Moment d'Égarement (2015)

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Un moment d'égarement, ça pourrait être le titre du moment de la vie où JF Richet a décidé de faire du cinéma, ou celui où Claude Berri a eu un rapport sexuel neuf mois avant la naissance de son fils Thomas, ou encore le moment où Lisa Azuelos a commencé à écrire des histoires dans son petit cahier à spirales. Ces gens-là font tant de mal au cinéma... Quand on voit ce vilain remake, qui n'a rien à voir avec l'original, ça nous rappelle qu'on vit une époque d'une infinie tristesse. Dans les années 70, Marielle fautait avec la toute jeune et bustée Agnès Soral, il culpabilisait certes, il se rendait compte qu'il avait déconné. Agnès Soral s'amusait à le faire chanter pour avoir d'autres moments intimes avec lui (et y parvenait) mais il y avait tout de même une attirance mutuelle entre les deux protagonistes, une tendresse, ce n'était pas seulement à cause d'une soirée trop arrosée et d'une fille résolument en chaleur que le padre merdait, ça durait toutes les vacances sans que ça devienne un drame du niveau d'un mauvais fait-divers relaté sur NRJ12 par Morandini. Ici Cassel, une fois le moment d'égarement accompli, passe son temps à repousser avec les yeux exorbités et sans aucune délicatesse la jeune gourgandine, paniqué par son comportement, en fin psychologue qu'il est. Dès qu'elle s'approche de lui, on dirait un chat surpris qui se met à bondir toutes griffes dehors, alors que dans l'original Marielle avait son slip de bain trop serré à cause de son érection incontrôlable. Même triste constat pour la fille du quadragénaire égaré : la gamine de Marielle faisait la part des choses et finalement se réjouissait que son amie soit amoureuse de son père et partageait ce secret ; en 2015, la merdeuse de Cassel est seulement outrée, presque prête à aller dénoncer son père aux flics et à lui cracher à la gueule tout en considérant son amie comme une pute psychopathe. Autre temps, autres mœurs vous me direz. En tout cas il n'y a plus aucune légèreté, seulement les gros sabots plein de merde de Jeff Azuelos et Lisa Richet.

  


Mais parlons du pire de ce film (si on met de côté le trio infernal Langman-Richet-Azuelos), j'ai nommé Cluzet. Alors que dans l'original, Lanoux joue un homme plein de colère rentrée, qu'on sent bouillir et prêt à exploser, ici on a un Cluzet totalement et constamment sur 10 000 volts ! Il se caricature, il joue un père facho, vulgaire, avec 25 de tension, un insupportable connard. Il faut le voir le flingue à la main en train de se dire qu'il va ruiner le DJ qu'il soupçonne de harponner sa fille, ou encore courser des sangliers en pleine nuit autour de son jardin, toujours le flingue à la main. Et on se demande bien pourquoi Cassel finit par lui avouer que c'est lui le salaud qui a dégommé sa fille au moment où ces deux cons sont isolés dans le maquis et que Cluzet a (encore) une carabine chargée à la main. La seule fois où il a joué aussi mal, c'est dans Les Petits mouchoirs de sinistre mémoire.




Cerise sur le gâteau, le film se termine à la lueur ocre du soleil levant sur plusieurs gros plans des principaux protagonistes, souriants tous les uns aux autres alors que la veille au soir ils se battaient, se tenaient en joue ou s'insultaient sans réserves. Tout est bien qui finit bien, n'est-ce pas ? Même si ce qu'expriment les personnages dans cette minable scène de fin est en contradiction totale avec le reste du film. J'ai eu envie de jeter ma godasse sur la télé, mais je me suis rappelé qu'elle valait cher, contrairement au talent des gens derrière ce film.





Jeff Richet continue tranquillement et sûrement sa descente aux enfers. Lui donner les moyens, de temps en temps, de faire un film ne fait que confirmer ce constat. Il n'est pas étonnant de voir Lisa Azuelos au scénario quand on constate à quel point c'est mauvais, elle, la grande spécialiste des selles sur pellicule. Alors, avec elle et JF Richet qui se sont mis à deux sur ce scénario, la notion de synergie prend tout son sens. Je marcherais volontiers sur toute l'oeuvre de Lisa Azuelos du pied gauche, ça me porterait chance. La même chose avec les "films" de JF Pichet, j'aurais doublement de la chance et je trouverais peut-être un travail ! Mais n'oublions pas Thomas Langmann. A t-il voulu "tuer le père" en produisant ce remake navrant ? Quoi qu'il en soit, ce garçon continue avec brio son oeuvre de fossoyeur du cinéma.


Un Moment d'Égarement de Jean-François Richet avec Vincent Cassel, François Cluzet, Lola Le Lann et Alice Isaaz (2015).

Sherlock Holmes

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Ce film atteint le plus bas degré de nullité. Même dans la catégorie des films d'action tout public populaires pour adolescents lobotomisés, et même pour ces gens pourtant adultes et si nombreux qui passent leur temps à se vanter d'aimer ce qui se fait de pire (ceux qui répètent : "Mais tu te prends trop la tête, les films bien cons c'est cool aussi, et puis ça plaît à la majorité des gens ! C'est quand même agréable, en semaine, après une grosse journée de boulot bien abrutissante de pouvoir s'abrutir un peu. Il faut se détendre, se laisser aller, regarder une merde, scruter de la chiasse, pour se vider le cerveau un bon coup… Ou alors le week-end, pour se délasser enfin après tout le boulot de la semaine, c'est quand même agréable de mater une grosse daube infâme pour ne penser à rien, juste consommer une maxi-merde, peinard comme un poiscaille rouge dans l'eau, un petit poisson, avec une mémoire de cinq secondes chrono, etc. etc. etc."), même pour ces gens-là, pour qui il semble donc primordial de se ruiner la caboche devant de grosses saloperies nulles à dégueuler les soirs de semaine ainsi que le week-end, même pour eux, ce film et ses semblables devraient devenir indigestes à la longue. Mais soyons tolérants, après tout, ceux qui ont envie de se délester de leur cervelet pendant deux heures et de se ruiner les yeux devant une bonne grosse merde ont le droit de le faire. Il ne reste plus qu'à espérer pour eux qu'ils savent ce qu'ils regardent, qu'ils ne prennent pas les grosses vessies de Guy Ritchie pour des lanternes et savent que ces films sont indignes d'eux, indignes de nous tous.


Devant ce genre de film je me surprends à rêver de voir le personnage de Bob Danette Junior se faire descendre en mode "bullet-time", mais le héros ne meurt jamais.

Godard a dit il y a peut-être 30 ans que depuis 30 ans on ne voyait jamais que le même film avec un titre différent (et encore), un "nouveau" film qui n'est que la reprise à l'identique de tous les précédents mais qui parvient pourtant à leurrer les spectateurs. Hollywood notamment veut nous faire croire qu'on va voir quelque chose d'à peu près neuf à chaque fois alors que, sauf très rare exception, on fixe du regard le même film nul depuis 30 longues années au moins, basé sur la recette des succès précédents et calibré pour faire un nombre d'entrées, assurant aux producteurs de rentrer dans leurs frais. La phrase de Godard s'applique à ravir à ce type de gros film d'action populaire surfait et rachitique qu'Hollywood régurgite chaque année sans se lasser et, apparemment, sans lasser sa large audience. Il faut peut-être féliciter les faiseurs qui arrivent à vendre le même et unique film absolument médiocre depuis 30 ans et qui ont su fidéliser le public au point qu'il paye systématiquement et indéfiniment pour le revoir des millions de fois.


Caffi de tablettes de chocolat pour un rôle pourtant fort laid, et filmé par un Guy Ritchie légèrement concupiscent (qui lui chantait la superbe chanson de son frère troubadour à l'oreille avant chaque plan "all night lo-ong, all niiight... all night lo-ooong, all niiiight...), Robert "Down on my knees, i'm bagin' you ! Please, please don't leave me..." Junior apparaît ici dans toute sa splendeur.

Mais revenons à Sherlock Holmes, encore que ce soit dispensable. Il y a tellement tout et rien à dire sur ce film, et sur tous ceux qui sont sa copie conforme, parmi lesquels il faut compter le deuxième épisode évidemment, Sherlock Holmes jeu d'ombres, qui répète la même histoire avec les mêmes personnages, les mêmes effets spéciaux hideux, les mêmes filtres colorés, les mêmes costumes ridicules, les mêmes cascades pourries, le même scénario miteux, les mêmes fausses blagues pour rythmer les mêmes scènes d'action et ainsi de suite. On commence à connaître la chanson. Le titre de la franchise se revendique d'une icône du polar pour en faire toute autre chose, une version soi-disant modernisée mais en réalité simplement écervelée : adieu les détectives anglais fumant la pipe habillés de velours façon Wes Anderson et résolvant des affaires criminelles par l'astuce et un esprit retors, bonjour les deux gros cons (Jude Law et Robert Downey Jr, respectivement Hercule et Sherlock), les deux playboys de mes deux revêtus par Laggerfeld qui niquent à tours de bras et qui gagnent à la fin en foutant des pains à droite à gauche et en réduisant gaiement la ville à feu et à sang.


 Quelque chose vient de tomber, sur les lames de ton plancher, toujours le même filmeu qui passe, Le mèèm filmeu qui pass.

Mais il faut quand même une plus-value pour espérer ébahir le public : cette mise en scène ultra maniérée et infecte qui fait la "patte" Guy Ritchie et qui consiste à utiliser jusqu'à la lie l'effet "bullet-time", ridicule à souhait et d'une laideur maximale, complètement has-been depuis la première projection-crash-test de Matrix. Ce pauvre Guy refait exactement et inlassablement tous les films qu'il a déjà faits, avec ses tics horribles, et il imite en prime Fight Club et mille action flicks beaucoup plus nazes, en pire. Qui aurait cru qu'un jour le distingué et brillant Sherlock Holmes serait incarné à l'écran par Bob Downey Junior ? Que dire de ce vide abyssal qui caractérise ce film minable et ses semblables, de la violence gratuite et volontiers séductrice affichée à l'écran dans une esthétique vendeuse, publicitaire, parfaitement calamiteuse et qui, pire, fait des petits (le Stalingrad de Fyodor Bondarchuk, succédané du style Guy Ritchie, que nous n'avons pas vu et qui nous fait encore plus amèrement regretter le film que Leone voulait tirer de cette bataille), que dire de l'intelligence (prétendue) du personnage uniquement reléguée à une intelligence du combat physique glorifié, de ces dialogues à se pendre, de cette histoire abominable, de ces plans monstrueusement nuls. Bref, on sait tout ça, on l'a déjà vu, revu, revu, revu, revu,revu,revu, revu...


Sherlock Holmes de Guy Ritchie avec Robert Downey Junior et Jude Law (2010)

Le Monde, la Chair et le Diable

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The World, The Flesh and the Devil, sous son titre plaisant bien qu’un peu pompier, est un petit film de science-fiction américain réalisé en 1959 par un scénariste de renom, Ranald MacDougall, qui termina sa carrière comme triste égérie d’une célèbre chaîne de restauration rapide spécialisée dans le hamburger, déguisé en con de clown. Le film, comme beaucoup d’autres après (et peut-être avant) lui, dépeint une sorte de fin du monde bien précise : celle où l’humanité s’est volatilisée. Un seul quidam demeure, ici nommé Ralph Burton et interprété par le beau Harry Belafonte. Mineur de son état, Ralph se retrouve bloqué sous terre par un éboulement. Après avoir appelé à l’aide en vain, il finit par s’extirper du sous-sol par ses propres moyens et découvre un monde totalement désert. On saura bientôt que suite à une guerre nucléaire, les populations ont vidé les villes et l’humanité s’est éteinte. Ou presque, puisqu'il reste Ralph, seul au monde.




Les plans qui nous le montrent parcourant les immenses artères d'une New-York absolument déserte sont d’ailleurs magnifiques. Quand on se souvient de tout le tapage qu’on nous avait fait autour de Vanilla Sky et de Tom Cruise conduisant sa bagnole dans la grosse pomme miraculeusement vide… quel exploit. Ranald MacDougall s’en était autrement mieux tiré il y a plus de soixante ans, et s’était même laissé grisé par son idée au point de péter vaguement plus haut que son cul et de nous offrir un menu maxi best of en refaisant la scène du Cuirassé Potemkine avec les statues de lions qui s’animent grâce au montage, sauf qu’ici le lion réveillé image par image ne s’articule pas à la canonnade d'un QG d'officiers mais à la prière de Ralph dans une église elle aussi désespérément vide.




Le film ne s’en prend pas seulement au nucléaire, il s’attaque surtout au racisme. Car bientôt Ralph découvre qu’il n’est pas totalement seul. Après s’être amouraché d’un mannequin de vitrine (ce qui n’est pas sans rappeler les mésaventures de Will Forte dans la récente série Last Man on Earth, où l’on retrouve d’ailleurs, comme dans le film de MacDougall, ce petit couac typique des films du genre : jamais le personnage ne tombe sur le moindre cadavre…), Ralph pète un plomb et balance la femme en plastique par la fenêtre quand il entend soudain un cri, qui ne vient pas du mannequin mais d’une vraie femme, en chair et en os, qui le guettait depuis longtemps en cachette et, voyant le mannequin s'écraser au sol, a cru à un suicide. Ralph rencontre ainsi Sarah Crandall (Inger Stevens), autre survivante, et les deux tourtereaux vont tenter de se plaire et de s’aimer, même si rien, au fond, ne les rapproche. Ils passent en réalité la majeure partie de leur temps à se disputer. Le bât blesse quand Sarah s’emporte et lâche à Ralph qu’elle est une femme « libre et blanche », laissant sourdre un vieux fond de racisme latent (faut-il l’être au moins un peu pour ne pas craquer devant Harry Belafonte, ma parole).




Et lorsqu’un troisième larron, Ben (Mel Ferrer, croisé chez Lang et Renoir ainsi que dans pas mal de films historiques), débarque à Manhattan, notre bon Ralph s’éclipse (il consacre la plupart de son temps à chercher des rescapés ou à sauver les livres de la bibliothèque du coin) pour laisser s’ébattre le joyeux couple blanc. Mais le deuxième homme sur terre ne l’entend pas de cette oreille et préfère faire le ménage pour couler des jours heureux seul avec sa nouvelle Eve. S’ensuit une très belle scène finale de chasse à l’homme, où Ben, juché sur les toits de New-York avec un fusil à lunette, traque Ralph, tapi dans l’ombre des rues. Tout un symbole, qui pourrait être lourd s’il n’était pas si dignement mis en scène, et si la fin du film n’était pas aussi simple et bienvenue : le « The Beginning » qui clôture le film, tandis que les trois survivants s'éloignent main dans la main, évoque la célèbre dernière réplique de Casablanca (« This is the beginning of a beautiful friendship »), et sonne moins comme un tour de manche que comme une intéressante conclusion : ouverte et ambigüe, heureuse et compliquée.


Le Monde, la Chair et le Diable de Ranald MacDougall, avec Harry Belafonte, Inger Stevens et Mel Ferrer (1959)

Les Délices de Tokyo

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Je viens de voir le dernier film de Naomi Kawase, Les Délices de Tokyo. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est un joli film. On passe deux heures dans la petite échoppe d'un type qui vend des dorayakis. Je ne ne connaissais pas cette pâtisserie japonaise. J'ai découvert son existence en regardant ce film. C'est du bon infotainment. Les dorayakis, c'est deux pancakes superposés, avec entre les deux une pâte de haricots rouges confis. Au départ les dorayakis sont dégueulasses, car le cuistot dépressif achète les haricots tout prêts. Mais une petite vieille lui offre ses services, elle a le coup de main. Résultat, tout le monde prend son pied sous les cerisiers en mangeant ces petits délices. Je me demande bien à quoi ça ressemble, quel goût ça peut avoir... Si jamais quelqu'un lit ce billet de blog et sait faire les dorayakis aussi bien que la petite vieille du film, merci de m'en envoyer à l'adresse du blog : ilaose.leblog@gmail.com.




Les Délices de Tokyo de Naomi Kawase avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida (2015)

Et ta sœur

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Bon, à ce stade de la critique, il faut que le lecteur soit au courant : la réalisatrice de ce film, Marion Vernoux, est, avec Friedrich Murnau, ma cinéaste favorite. Commençons par le titre de son nouveau film (le premier que je vois de Marion Vernoux) : Et ta sœur. Notez bien qu'il n'y a pas de point d'interrogation : ça porte malheur au cinéma. Comme Marion Vernoux. On note par ailleurs la richesse du jeu de mot puisque l'expression colle ici au scénario. C'est l'histoire d'un type qui va fricoter avec deux sœurs coup sur coup, dont l'une est homosexuelle et l'autre sa meilleure amie. L'histoire est originale. Il s'agit d'un remake. Plus précisément d'un remake de Ma meilleure amie, sa sœur, mon slip et moi, de Lynn Shelton (qui est habituée à ce que les français rendent hommage à ses déjections cinématographiques puisqu'Yvan Attal a aussi remaké le triste Humpday dans l'encore plus triste Do not Disturb). 


Grégoire Ludig, Géraldine Nakache et Virginie Efira, prenant la pose, quelque part.

Ensuite, les aspects techniques. Le film est en couleur. Bon point. Cela permet à ses admirateurs d'admirer la couleur de peau unique au monde de Virginie Efira. L’œuvre a aussi un bon format. Assez large. Ce qui accueille bien la gaule permanente du comédien principal, Grégoire Ludig, le comique troupier, tête pensante du tandem du Palmashow (si quelqu'un peut expliquer ce mot ?), qui incarne dans ce film de belle facture un trentenaire balloté entre les nichons d'Efira et les lunettes de Géraldine Nakache. Il s'agit donc d'un triangle amoureux bisexuel, qui obéit aux mêmes lois géométriques que le triangle rectangle selon cette enflure de Thalès : le carré de l’hypoténuse (la teub du héros) est égal à la somme des carrés des six glandes opposées (deux boobs pour Efira ; deux glaucomes + deux couilles pour Nakache). Ce format, proche du 16/9 à quelques encablures près, correspond aussi idéalement aux écrans domestiques d'aujourd'hui, auxquels le film se destine.


On connaît le secret beauté de Virginie Efira : clope et yoga. Par contre le froc Desigual© est à deux doigts de tout foutre en l'air.

La durée. Le métrage excède largement la longueur idéale d'un film préconisée par Jean-Luc Godard, soit 1h30. Ici on va jusqu'à 1h35... A cinq minutes près c'était le film parfait adoubé par Godard. Cinq minutes ça correspond à quoi ? Les trois premiers noms du casting supprimés du générique de fin ? Une petite scène qui pue la mort en moins ? Le film en regorge ! Celle où la blonde LGBT sûre d'elle, Efira, dépose négligemment la capote avec laquelle Ludig vient de la baiser sur le rebord du conteneur à ordures où la bonne copine à lunettes triple foyer, Nakache, la retrouvera peu de temps après, par exemple ? Toute l'équipe du film aurait mieux fait d'aller ramasser les déchets sur les plages de Bretagne au lieu de les saloper avec leurs camions, leurs trépieds de caméra et leurs capotes trouées dégueulasses. Y'a mille fois plus malin à faire que ce film. Si Marion Vernoux continue comme ça, je lui prédis une fin à la Mesrine.


Et ta sœur de Marion Vernoux avec Grégoire Ludig, Virginie Efira et Géraldine Nakache (2016)

Frankenhooker

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Frankenhooker, de Frank Henenlotter (étrange comme le titre ressemble à son nom), est une reprise du mythe de Frankenstein, plutôt fauchée, vaguement gore, légèrement sexy et un peu conne sur les bords. C'est l'histoire d'un jeune type, Jeffrey Franken, genre savant fou du dimanche, qui broie sa fiancée avec une tondeuse à gazon télécommandée de son cru, sans faire exprès. Du coup, le garçon, déprimé et à moitié fou, très bavard aussi (il parle tout seul dans plusieurs scènes), va essayer de ramener sa chère et tendre à la vie. Il a conservé le joli minois de sa bienaimée décapitée, et dîne régulièrement en tête-à-tête avec elle. Pour la réanimer, il décide d'aller se servir en organes et en membres féminins de choix dans le bar à putes (d'où le titre) d'un quartier malfamé de New-York. L'idée, c'est de neutraliser les prostituées avec des pilules de crack augmenté, sauf que cette drogue a finalement la vertu étrange de faire littéralement exploser ses victimes.




Le résumé ci-dessus donne un bon aperçu du grand n'importe quoi du scénario. Mais tout ça passe sans problème. La seule vraie bizarrerie dans cette affaire, ce sont les scènes où le héros utilise une perceuse pour se "vriller le cerveau", quand il commence à dérailler. On le voit s'enfoncer la mèche de sa perceuse dans le crâne, prendre son pied, et retrouver une sorte de stabilité aussitôt après. Pourquoi pas. Mais il ne saigne pas en se perçant la tête, la tige d'acier enfoncée dans son ciboulot jusqu'à la garde ne laisse aucune trace, pas la moindre plaie. Et ça, j'y crois pas une seconde. Ces scènes fichent toute ma croyance de spectateur en l'air. On accepte sans ciller les morceaux du cadavre de la fiancée conservés dans une glacière pleine de liquide violet, les cachets de drogue qui font exploser, la foudre qui ranime un être fait de membres disparates cousus grossièrement, la femme ravivée dont la personnalité est un pot-pourri de celles des putes démembrées qui lui servent désormais de châssis, et le reste. Mais la crédulité a des limites. Comme quand les enfants écoutent des histoires complètement folles et absurdes sans broncher mais se butent face à un détail qui ne fait pas vrai.




Mais ça n'empêche pas d'apprécier l'ensemble, pour ce qu'il est. Quelques scènes restent bien en mémoire : celles où le jeune savant dessine patiemment les plans de sa future créature ; celle, assez longue, où les putes volent en éclat sous l'effet de la drogue surpuissante (la caméra s'amusant à suivre le trajet d'une jambe tranchée) ; celles où la fiancée ressuscitée (la jolie Patty Mullen, playmate de profession, qui avait dévoilé ses charmes avant de jouer dans ce film, je laisse à chacun le soin d'aller vérifier) déambule dans New-York, affublée d'une démarche et de mimiques délectables ; le moment où Zorro, le maquereau bodybuildé vexé d'avoir paumé ses employées, dévisse la tête de la Frankenputain d'un coup de poing ; et l'ultime scène du film, où les morceaux de putes non utilisés s'amalgament et forment des monstres répugnants (pas si loin de certaines créations de Rob Bottin pour The Thing), sortes d'amas de femmes déstructurés, concupiscents et hilares, prêts à se venger du gros bœuf qui les avait marquées au fer rouge d'un Z qui veut dire Série Z.
 
 
Frankenhooker de Frank Henenlotter avec James Lorinz et Patty Mullen (1990)

Encore heureux

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Attention, il s'agit du premier film jamais réalisé sur la crise économique. Benoît Graffin, le réalisateur, met les deux pieds dans le plat, il saute dedans à pieds joints et ses chaussures sont pleines de merde. Il se permet même une pique ad hominem contre François Hollande, même si, avec ce film, Benoît fait plus de mal au cinéma français, donc à la France, que l'autre enclume. C'est l'histoire d'un type qui perd son job (Edouard Baer) et qui devient aussi sec une serpillère, il se met à dormir sous une tente dans son propre salon, fait le sourd quand ses gosses ou sa femme (Sandrine Kiberlain) lui demandent un truc et fouille dans les poubelles du quartier pour trouver des déchets de valeur à revendre, car il est très con. Du coup sa femme le trompe avec un tombeur irrésistible, j'ai nommé Benjamin Biolay. Voilà plusieurs fois que Biolay incarne les matamores, les bourreaux des cœurs, les tombeurs de ces dames, Jésus Christ multipliant les coups de pine. Je pense notamment à son rôle dans Au bout du conte d'Agnès Jaoui. Il ne joue que deux types de rôles : le Casanova du tiéquar ou le détritus humain dépressif et suicidaire. Beaucoup plus crédible dans le second.


 J'ai décidé d'illustrer cet article avec la photo d'un vrai beau gosse.

Toujours est-il que Baer va tout pardonner à sa femme et la récupérer en regagnant de la thune (sa fille d'abord, puis toute la famille, profite du décès de la vieille voisine acariâtre, raciste et conne, pour la voler). En interview, Graffin se la joue grand gauchiste avec des saillies du genre : "Après tout, cet argent qui va retourner à l’État, pourquoi cette petite famille n'en profiterait pas ?", mais son personnage principal évoque plutôt Sarkozy faisant les poches de Liliane Bettencourt en lui braquant un flingue sur la tempe. C'est une resucée plan par plan, et je dis bien plan par plan, de L'Argent de la vieille, que je n'ai pas vu. On nage en plein dans la comédie sociopolitique, dans la veine de Fun with Dick and Jane, sans l'humour, donc plutôt dans la veine tranchée dans le sens de la longueur par une lame rouillée de Une pure affaire, avec François Damiens et Pascale Arbalète. On pouvait espérer quelque chose des retrouvailles d'Edouard Baer et Sandrine Kiberlain, qui avaient déjà joué ensemble devant la caméra de Pascal Bonitzer, dans Rien sur Robert, où Baer initiait Kiberlain à la sodomie. Mais Encore heureux est un film Europacorp, et par conséquent c'est ici le spectateur qui a tout d'un coup la sensation de se faire enculer. 


Encore heureux de Benoît Graffin, avec Edouard Baer, Sandrine Kiberlain, Benjamin Biolay et Bulle Ogier (2016)

Replicas

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Selma Blair, son mari et leur gamin partent en vacances dans un hameau reculé. Un beau matin, les voisins tapent à la porte. Toc toc toc. "Qui est là ?""Nous sommes vos replicas et nous venons prendre votre place" déclare d'emblée le voisin, accompagné de sa femme et de leur seul enfant, se tenant tous alignés sur le seuil, droits comme des I, tel un miroir angoissant et à peine déformé de leurs incrédules vis-à-vis. "Et sinon on se connaît ?" répond Selma Blair. "Je pourrais écrire une thèse entière sur vos us et coutumes.""Flippant... Bon, j'ai du louper un épisode. On va reprendre depuis le début si vous le voulez bien, enchaîne avec enthousiasme la Blair, peu soucieuse des sombres projets riverains. Comment va ?". "Comme un lundi." répond aussi sec l'autochtone. "Mais nous sommes samedi. On est le week-end ! Ça devrait aller !" Mais non, tout commence mal dans Replicas et rien ne va en s'arrangeant à mesure que défilent, très lentement, les minutes de l'affichage du lecteur divx...




Ce récit, quelque peu amélioré, du début du film est là pour vous donner un aperçu à la fois fidèle et moins douloureux que mon vécu personnel. Replicas est un home invasion pur et dur. Une pure merde dure à encaisser. Tout est archi prévisible. C'est un enchaînement de situations vues et revues mille fois. Gris, en plus. Tout est gris et terne comme l'affiche originale ! A commencer par la mauvaise mine de Selma Blair, actrice définitivement perdue, fantomatique, dans les limbes. La fameuse question est de savoir jusqu'où iront les voisins récalcitrants, bien décidés à s'approprier la maison, la vaisselle et l'identité de leurs victimes. Le labrador sera-t-il froidement abattu ? Oui. Pas étonnant. Pauvre bête. Le frérot, débarqué là par hasard, sera-t-il, lui aussi, froidement abattu ? Oui. Wrong time, wrong place, comme ils disent. Le seul moment un peu amusant est celui où les deux gamins s'affrontent aux jeux vidéo et que, d'un seul coup, ça tourne mal. Le fils des tarés se met à tabasser l'autre sauvagement après avoir perdu la partie de trop. C'est plaisant, ça m'a rappelé mon enfance. J'étais un gamin assez sanguin et impulsif. Je pouvais sauter à la gorge de mon prochain, tout particulièrement quand celui-ci s'appelait Glue 3, pour une mauvaise partie de petits chevaux. Depuis, j'ai retrouvé la paix intérieure. J'arrive même à m'envoyer de tels films sans perdre mon calme.


Replicas (In Their Skin) de Jeremy Power Regimbal avec Selma Blair, Joshua Close, Rachel Miner, James d'Arcy et Paf le iench (2012 - mais sorti en 2014 en DTV en France, ce qui en dit long !)

La Dernière femme sur Terre

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Un homme d’affaires, Harold, sa femme, Evelyn, et leur jeune avocat, Martin, sont en croisière à Puerco Rito. Pas d'Orson Welles à l'horizon pour tourner en bourrique au milieu de ses hôtes, comme sur le yacht des Bannister dans La Dame de Shangaï. On est ici dans une série Z signée Roger Corman et à peine inspirée de The World, The Flesh and The Devil, sorti un an plus tôt. En pleine séance de plongée sous-marine, la petite dame de la troupe est à deux doigts de harponner l’avocat pour le défendre d’une raie tandis qu'il matait la sienne. Ce sera le pseudo-péché originel de cette Eve moderne, aussi maladroite et coupable que l’originale (les gonzesses...). Lorsqu’ils remontent à la surface, nos trois nageurs sont pris de légers malaises et découvrent le corps sans vie du pilote de leur yacht, mort asphyxié. Ils décident de garder leur masque à oxygène sur le nez et de rejoindre la côte en barque. C'est là qu'ils se rendent compte que toute autre vie vient d’être balayée de la surface du globe par une sorte d’extinction d’oxygène temporaire.




Seuls survivants sur place, et peut-être dans le monde (il devait bien se trouver quelques autres plongeurs par ci par là, une poignée de sous-mariniers en activité, un type en train de retenir sa respiration le temps d'ouvrir un paquet de Sheba pour son connard de chat obèse et ingrat), nos trois miraculés se réfugient dans une villa de luxe. Pas fous. La femme et l’avocat ne seraient pas contre terminer leurs jours à la fraîche, à ne strictement rien foutre, mais le mari ne l’entend pas de cette oreille. Harold n’a pas fini de siroter son premier mojito les arpions dans l’eau qu’il prévoit déjà de foutre le camp pour échapper à la vermine bientôt sur le pied de guerre, sans oublier d’apprendre à pêcher pour subvenir à ses besoins, et de monter une expédition dans le nord du Canada, glacière naturelle XXL où les vivres se conservent plus longtemps.




Si notre homme n’est pas très marrant, il a le mérite d’être prévoyant. Mais il a un autre défaut : il n’est guère partageur. Or ce petit défaut en devient un gros quand notre petit ménage à trois réalise, tout à coup, que la belle Eve(lyn) est, jusqu’à nouvel ordre, la dernière femme sur terre. Et ses deux compagnons auraient pu tomber plus mal, car il semblerait que Betsy Jones-Moreland leur donne plutôt envie de repeupler la terre sans paumer trop de temps. La question de relancer la vie humaine angoisse d’ailleurs beaucoup plus les deux zonards à ses côtés qu’Evelyn elle-même, que son statut d’ultime spécimen humain femelle ne tracasse pas des masses, et qui voudrait juste se la couler douce avec le plus sympa des deux (qui n’est pas son mari). S’ensuit donc un combat de coqs entre nos deux rivaux, Harold et Maud, combat psychologique d’abord, puis physique, pour savoir qui devra chausser un froc de moine dans un monde sans dieu et qui pourra se reconvertir illico dans le porno sans caméras avant d'aller en serrer cinq au diable. La pauvre Eve se retrouve donc mise en ballotage entre un mari goujat et un amant peu porté sur l’idée de paternité.




Martin annonce à Eve, un peu avant la fin du film, qu’il ne compte pas enfanter avec elle. Un peu comme Russel Crowe dans le Noé d’Aronofsky, il considère que les hommes ont eu leur chance et qu’il vaut mieux déposer le bilan une bonne fois pour toutes. Après s’être respectivement bien rétamé la tronche à coups de lattes, les deux types retrouvent Eve dans une église et Martin, qui refusait de perpétuer l’espèce, meurt de ses blessures (invisibles… trop cher) après avoir lâché un crispant « Nous ne comprendrons donc jamais ! » Eve et son mari Harold ressortent de l’église main dans la main, prêts à se reproduire à fond, et le spectateur est en droit de regretter qu’au lieu de ce semblant de morale douteuse Corman n’ait pas préféré tuer ces deux idiots de mâles dominants pour donner enfin tout son poids au titre du film et conclure sur l'image d'une Eve définitivement seule sur terre, prête à lâcher des caisses à table et à chier la porte ouverte, révisant la célèbre réplique de Jeff "la mouche" Goldblum : « Dieu crée les dinosaures, Dieu détruit les dinosaures, Dieu crée l’homme, deux débiles se flinguent pour ma face et j'hérite de la Terre ». Après avoir tenté d’en flinguer un à coup de harpon, la dernière femme se serait enfin débarrassée de ses boulets en attisant leur concurrence de pacotille pour régner en maîtresse absolue sur la planète bleue. Ça c’était une fin.


La Dernière femme sur Terre de Roger Corman avec Betsy Jones-Moreland, Antony Carbone et Robert Towne (1960)

Hangover Square

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Quand on lui demandait les trois secrets pour réaliser un bon film, John Brahm répondait : "Réussir le début, bien torcher le milieu, et pas chier la fin". C'est exactement ce qu'il s'employa à faire avec Hangover Square, beau film noir, oublié aujourd'hui, et pourtant fièrement porté, de toutes les façons possibles et à bouts de bras, par l'acteur Laird Cregar, un géant aux traits épais et au regard de bête traquée. Ce dernier venait de jouer dans The Lodger du même Brahm, où il incarnait Jack l'éventeur. On est alors en 1945 et c'est Cregar qui insiste pour que le studio achète les droits du bouquin de Patrick Hamilton, c'est lui qui rend le personnage principal inoubliable et c'est lui qui laisse sa peau dans l'entreprise, à seulement 31 ans. Impressionnant dans le rôle d'un petit compositeur du début du XXème siècle (avec les gros doigts du fin poète, dans le genre Guillaume Apollinaire) doublé d'un tueur qui s'ignore, Cregar crève l'écran à chaque instant, et plus encore quand Brahm mitonne des scènes aux petits oignons. 



L'introduction, avec le meurtre au couteau d'un vieil antiquaire dont le visage effaré et hurlant surgit à l'écran comme le meurtrier dans la boutique, et comme la séquence elle-même, sortie de nulle part, juste avant que l'échoppe ne s'embrase, lance le récit sur des charbons ardents. Et le feu, qui dévore le héros de l'intérieur et laisse son visage en sueur, ne manquera pas dans cette histoire, puisqu'il est de retour dans la terrible scène centrale, où le cadavre d'une jeune femme manipulatrice (Linda Darnell) est placé au sommet d'un bûcher lors d'une fête londonienne sous le regard enchanté d'une foule qui ignore tout de ce qu'elle acclame, et à la fin, tandis que notre compositeur monstrueux, après son ultime confrontation avec un agent de Scotland Yard (interprété par ce cher George Sanders), termine de jouer sa partition (signée Bernard Herrmann) au beau milieu d'un théâtre en flammes, dans ce qui s'avère être un finale magistral.


Hangover Square de John Brahm avec Laird Cregard, George Sanders et Linda Darnell (1945)

Demolition

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On rassure tout le monde d'emblée : malgré son patronyme francophone, Jean-Marc Vallée n'est PAS français, il est canadien, et si ça ne tenait qu'à moi, il le RESTERA. Si, avec Demolition, il voulait démolir le concept même de cinéma, il y est parvenu ! Si, avec Demolition, il voulait démolir la carrière de Naomi Watts, il y est arrivé. Si, avec Demolition, il voulait démolir l'avenir de Jake Gyllenhaal, il a atteint son but. Si, avec Demolition, il voulait démolir ma soirée, il a dépassé ses objectifs en fusillant ma semaine à bout portant parce que j'ai dû en regarder 15 minutes par jour pour ne pas imiter Gyllenhaal et tout casser chez moi. Une semaine marquée du sceau de l'infamie !




Je m'autoproclame martyr de Jean-Marc Vallée. Cet homme a le tout Hollywood dans sa poche. McConaughey a tapé du poing sur la table pour qu'il réalise Dallas Buyers Club, Whitherspoon a exigé que ce soit lui qui mette en image son livre de chevet, Jake Gyllenhaal n'a rien demandé, il l'a simplement confondu avec Villeneuve (pas le réalisateur mais le pilote Formule 1).




Dans ce film, tout est cliché. Jake Gyllenhaal, trader dans l'entreprise de son beau-père, perd sa femme dans un accident de voiture. Il n'arrive pas à éprouver du chagrin, il est insensible. Le jour de l'accident, il est plus marqué par le fait qu'un distributeur automatique lui ait volé 1$ que par la mort de sa femme. C'est ainsi que lors de la cérémonie funèbre il s'isole pour écrire une longue lettre à la société qui gère les distributeurs automatiques pour exiger un remboursement mais surtout pour déblatérer sur sa vie. C'est déjà lourd de vous l'écrire alors imaginez donc le film. La voix off de Gyllenhaal cynique et désabusée lit à nos pauvres oreilles ces lettres imbuvables. Il finit par rencontrer la responsable du SAV de cette société, fascinée par ces écrits, qui n'est autre que Naomi Watts. Une amitié teintée d'intimité se met alors en place entre les deux personnages tandis que Gyllenhaal prendra son métier un peu par dessus la jambe et préfèrera payer des artisans démolisseurs pour l'aider à démolir diverses maisons, d'où le titre moisi du film.




Pour finir, une pensée pour le personnage de la femme décédée de Gyllenhaal, qui passe pour une fille à papa, adultère, faisant la gueule à sa mère pour une histoire de serviettes de bain et qui conduit sans regarder la route. De petit connard de trader participant à foutre la planète dans la merde, Gyllenhaal devient, après l'avoir perdue, un grand philanthrope auprès des enfants trisomiques qui réussit même à rendre le sourire à son beau-père irascible. Une belle histoire d'amour en creux...


Demolition de Jean-Marc Vallée avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts et le beau-père de Jake Gyllenhaal (2016)
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